FREE PALESTINE
5 janvier 2009

suite a l'article:Un génocide en Palestine ?

suite a l'article:Un génocide en Palestine ?

Au risque de ne pas chanter dans le ton , si je peux reconnaître à l'article proposé le mérite de nous ramener à une réflexion que j'avais alimentée voilà quelques mois déjà quant à l’utilisation du terme « génocide » - sans attendre les images de massacres actuels qui nourrissent probablement chez certains la tornade nationaliste qui les attrape aux tripes et leur anesthésie le cerveau, pour reprendre ce bon mot de l’auteur - j’y exprimerai cependant certaines réserves.

La première se situe au niveau du terme « Shoah » (avec sa majuscule, svp). A cet effet, je renverrai à une réflexion du professeur émérite à l'université Paris-VIII, Henri Meschonnic, parue dans Le Monde le 20.02.05 où il écrit : Comme tout ce qui touche au langage touche à l’éthique d’une société, donc à sa politique, je proposerais, pour qu’au moins une fois on l’entende, qu’on laisse le mot « Shoah » aux poubelles de l’histoire. (…) Le mot "Shoah", avec sa majuscule qui l'essentialise, contient et maintient l'accomplissement du théologico-politique, la solution finale du "peuple déicide" pour être le vrai peuple élu. Il serait plus sain pour le langage que ce mot ne soit plus un jour que le titre d'un film.

Toujours dans la même réflexion, H. Meschonnic indique également pourquoi le terme Holocauste (lui aussi avec sa majuscule) n’est pas plus approprié :  rejeter le terme "Holocauste" pour désigner l'extermination des juifs par le nazisme et par Vichy : puisque le mot désigne un sacrifice offert à Dieu, où, au lieu de manger la bête sacrifiée, on la brûle en entier, c'est-à-dire qu'on l'offre en entier à la divinité (…) D'où le scandale d'user de cette appellation pour dire une extermination voulue par une idéologie sans rapport avec le divin. Appellation qui constitue un "contresens majeur", comme disait Jacques Sebag, mais nullement une "flagrante maladresse de langage". C'est bien plus grave.

La seconde s’inscrit dans ce que j’exprimais dans mon article par ces mots : ne faudrait-il pas saisir l’occasion pour pointer que dans l’évolution souvent agitée de l’histoire des peuples, cette définition arrive toujours « après » les drames ? Soulignant par-là même, notre incapacité à les prévoir ! Si certains semblent dès lors très compétents dans leur analyse des faits qu’ils commentent a posteriori, ils paraissent dans le même temps bien incapables d’éclairer de leur science les évènements qui se préparent(…) Faut-il nécessairement des chambres à gaz ou des fosses communes ? Quand celles-ci prennent les formes insidieuses d’une asphyxie organisée d’un peuple à genoux par privation progressive de tout (et aujourd’hui, eau, énergies, médicaments compris), négation identitaire et transferts de populations, usage de technologies militaires sophistiquées pour massacrer délibérément des civils exténués dont nombre de femmes et d’enfants, cela n’est-il pas suffisant pour craindre qu’un « lent génocide » se déroule sous nos yeux ? Et dès lors, pourquoi la vraie question à se poser serait-elle de s’interroger sur les raisons qui poussent certains à l’utilisation du terme « génocide », et ne serait-elle pas de se demander pourquoi d’autres s’en interdisent l’usage ? Ce n’est pas parce que ce terme est utilisé qu’il empêche de parler dans le même temps de nettoyage ethnique, de crime contre l’humanité, d’extermination d’innocents préalablement emprisonnés collectivement dans un camp géant ou encore de sociocide… Une nouvelle fois, dans mon texte initial j’utilise avec prudence certains de ces termes pour marquer l’escalade dans la répression imposée aux Palestiniens. Mais pourquoi s’arrêter en chemin ? L’armée et le gouvernement d’Israël s’arrêtent-ils dans leurs techniques toujours plus mortifères infligées aux populations occupées ? Si certains en doutent, je les renvoie aux statistiques macabres du nombre de victimes dont la liste n’a de cesse de s’allonger furieusement… et particulièrement, ces derniers mois (l’Etat major israélien vient de se féliciter de l’augmentation du nombre de victimes palestiniennes d’une année à l’autre !)

Raison pour laquelle, toujours dans le même article : (…) avec les réserves que l’on peut émettre sur certaines positions de l’ONU, je ne peux m’empêcher de souligner que les références onusiennes auxquelles je renvoie permettent un consensus sur la question, en lieu et place de l’avis d’untel ou d’un autre sur un sujet aussi grave que délicat. Et si je me permets d’insister autant sur la chose, c’est pour rappeler que ces références ont pour objet non seulement la Répression du Crime de génocide, mais aussi sa Prévention. Ce qui me paraît tout à fait essentiel.

L’adage populaire ne dit-il pas qu’il vaut mieux prévenir que guérir ? La question qu’il convient donc de se poser, en ces temps terribles et perturbés, est bien de savoir si nous avons cette capacité de « prévention » ou si nous attendrons que la tragédie soit consommée pour s’autoriser, après le décompte officiel (bien sûr !) du nombre de victimes, du bout des lèvres et en y mettant les indispensables gants de circonstance, l’utilisation du terme « génocide » dans la tragédie que l’on voit se perpétuer sous nos yeux ?

A l’auteur de l’article et qui a posé la question, de répondre si c’est maintenant, dans la durée, qu’il faudra continuer à faire preuve de sang-froid pour être, si c’est un tant soit peu possible, utile.

Je terminerai en signalant que Michel Warschawski aussi, vient de publier un article où, se remettant courageusement en cause sur cette terminologie qu’il se refusait jusqu’alors d’utiliser, et à la suite de nombreux autres militants engagés, s’autorise cette appellation…

Incapable de manifester sa solidarité sans verser de l’huile sur le feu et irresponsable qui insulte l’avenir, Michel Warschawski ? Que l’auteur de l’article ci-dessus me permette d’en douter…

Daniel Vanhove -

Observateur civil

Auteur de La Démocratie Mensonge - 2008

Pour une rencontre avec l'auteur (interview, conférence de press, rencontre débat,...) n'hésitez pas à prendre contact :

Saïdi Nordine: (0032)0476/84.19.69 ou mcpalestine@netcourrier.com

commande du livre : mcpalestine@netcourrier.com

lire aussi : Sur l'utilisation du terme « génocide » dans le conflit israélo-palestinien.

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