FREE PALESTINE
7 septembre 2023

Nouveau rapport de HRW: hausse du nombre d’enfants palestiniens tués par les forces israéliennes

Source: Externe

L’armée israélienne et les forces de la police des frontières tuent des enfants palestiniens dans un contexte où l’obligation de rendre des comptes est quasi-inexistante, a déclaré Human Rigths Watch(HRW) aujourd’hui

 

L’année 2022 a été l’année la plus meurtrière pour les enfants palestiniens en Cisjordanie depuis 15 ans. Mais l’année 2023 est en passe d’atteindre ou de dépasser les niveaux de 2022. Au 22 août, les forces israéliennes avaient tué au moins 34 enfants palestiniens en Cisjordanie. Human Rights Watch a enquêté sur quatre cas de tirs mortels par les forces israéliennes, ayant entraîné la mort d’enfants palestiniens entre novembre 2022 et mars 2023.

"Les forces israéliennes abattent de plus en plus fréquemment des enfants palestiniens vivant sous l’occupation", a déclaré Bill Van Esveld, directeur adjoint de la division Droits des enfants à HRW. "À moins que les alliés d’Israël, en particulier les États-Unis, ne fassent pression sur ce pays pour qu’il change de cap, des enfants palestiniens continueront d’être tués."

Pour documenter les quatre meurtres, les chercheurs de Human Rights Watch ont mené des entretiens en personne avec sept témoins, neuf membres des familles de ces enfants, ainsi que d’autres habitants, des avocats, des médecins, des membres du personnel d’organisations palestiniennes et israéliennes de défense des droits humains, dont certains travaillant sur le terrain.

Human Rights Watch a également examiné des images de vidéosurveillance et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des déclarations des agences de sécurité israéliennes, des dossiers médicaux et des articles de presse.

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HRW a enquêté sur le cas de Mahmud al-Sadi, 17 ans, tué par les forces israéliennes alors qu’il se rendait à l’école près du camp de réfugiés de Jenin le 21 novembre 2022. Sans évoquer spécifiquement ce meurtre, l’armée israélienne a déclaré que ses forces avaient mené plusieurs raids visant à des arrestations dans ce camp, raids au cours desquels elles ont échangé des tirs avec des combattants palestiniens. Cependant, d’après les déclarations des habitants, l’échange de tirs le plus proche a eu lieu dans l’une des maisons d’un combattant présumé, à environ 320m de l’endroit où Mahmud a été abattu.

Mahmoud se tenait au bord d’une route, attendant que cessent les bruits de tirs qu’il entendait au loin, et ne tenait aucune arme ni projectile, a déclaré un témoin. C’est ce qu’a aussi montré la vidéo d’une caméra de surveillance que HRW a examinée. Après que les tirs distants aient pris fin et que les forces israéliennes se soient retirées, une balle tirée depuis un véhicule militaire israélien situé à 100m environ a touché Mahmud, selon le même témoin. Aucun combattant palestinien ne se trouvait alors dans cette zone, a précisé ce témoin. L’endroit où Mahmud a été tué était situé non loin de la rue où les forces israéliennes ont tué la journaliste  Shireen Abu Akleh le 11 mai 2022, à une distance d’un pâté de maisons.Source: Externe

Dans les autres cas examinés par Human Rights Watch, les forces de sécurité ont tué des garçons après qu’ils se soient joints à d’autres jeunes qui affrontaient les forces israéliennes avec des pierres, des cocktails Molotov ou des feux d’artifice. Alors que ces projectiles peuvent gravement blesser ou tuer, les forces israéliennes ont dans ces cas précis tiré à plusieurs reprises au niveau de la poitrine, touchant plusieurs enfants. Et ont tué des enfants dans des situations où ces derniers ne semblaient pas représenter de menace de blessure grave ou de mort, ce qui est la règle en vertu des normes internationales en cas d’utilisation de la force létale par des agents chargés de l’application de la loi. Cela conférerait donc une nature illégale à ces tirs mortels.

Mohammed al-Sleem, 17 ans, a reçu une balle dans le dos alors qu’il fuyait devant des soldats israéliens après qu’un groupe d’amis avec lequel il était aient jeté des pierres, et apparemment aussi des cocktails Molotov, sur des véhicules militaires qui étaient entrés dans un village près de sa ville natale d’Azzoun, dans le nord de la Cisjordanie. Trois autres enfants ont été blessés par des tirs d’armes automatiques alors qu’ils s’enfuyaient.Source: Externe

Selon deux témoins, le 25 janvier 2023 vers 22h, un officier israélien a tiré dans le dos de Wadea Abu Ramuz, 17 ans, alors qu’il était avec un groupe de jeunes qui lançaient des pierres et des feux d’artifice sur des véhicules de la police des frontières à Jérusalem-Est. Un autre garçon du groupe a été blessé par balle.

Les forces de sécurité ont enchaîné Wadea à son lit d’hôpital, ont frappé ses proches et les ont empêchés de lui rendre visite, ont gardé son corps des mois après sa mort et ont exigé de sa famille qu’elle l’enterre discrètement pendant la nuit.

Dans tous ces cas, les forces israéliennes ont tiré dans la partie supérieure du corps des enfants, sans sommation, et sans faire usage de mesures courantes moins létales, telles que les gaz lacrymogènes, les grenades à concussion ou les balles en caoutchouc, selon des témoins. Adam Ayyad, 15 ans, a été abattu par derrière dans le camp de réfugiés de Dheisheh le 3 janvier, alors qu’il se trouvait avec un groupe de garçons qui lançaient des pierres et au moins un cocktail Molotov sur les forces israéliennes. Le soldat a également tiré sur un garçon de 13 ans et l’a blessé, selon des témoins.

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Le journal israélien Haaretz a indiqué en janvier que depuis «décembre 2021, les soldats sont autorisés à tirer sur les Palestiniens en fuite s’ils ont précédemment jeté des pierres ou des cocktails Molotov». Le 7 août, HRW a transmis à l’armée et à la police israéliennes des courriers comprenant des questions sur ces quatre affaires, et sur les règles d’engagement des forces israéliennes. Le Bureau du Procureur militaire s’est abstenu de répondre aux questions sur les meurtres à moins que Human Rights Watch ne fournisse une procuration pour chaque affaire, mais a ajouté qu'il répondrait ultérieurement au sujet des règles d'engagement. Une fois que l’armée aura fourni ces informations, HRW rajoutera à ce communiqué un lien vers cette réponse, le cas échéant.

Quant à la police, les règles d’engagement autorisent l’utilisation d’armes à feu contre des personnes qui lancent des pierres, des cocktails Molotov ou des feux d’artifice uniquement s’il existe un «risque imminent pour la vie ou l’intégrité corporelle». La police a également déclaré qu’elle ne pouvait pas fournir d’informations sur l’affaire de Wadea Abu Ramuz, celle-ci faisant l’objet d’une enquête.

Depuis des décennies, les autorités israéliennes font un usage excessif de la force à l’encontre des Palestiniens dans le cadre du maintien de l’ordre. Elles ont régulièrement omis de demander des comptes à leurs forces lorsque celles-ci tuaient des Palestiniens, notamment des enfants, dans des circonstances où le recours à la force meurtrière n’était pas justifié au regard des normes internationales. De 2017 à 2021, moins de 1% des plaintes pour violations commises par les forces militaires israéliennes à l’encontre de Palestiniens, notamment au sujet de meurtres et d’autres abus, ont abouti à des mises en accusation, a indiqué le groupe israélien de défense des droits Yesh Din.

Les forces israéliennes ont tué au moins 614 Palestiniens répertoriés comme civils par l’ONU dans la bande de Gaza et en Cisjordanie au cours de cette période. Mais seuls trois soldats ont été condamnés pour avoir tué des Palestiniens, selon Yesh Din, et n’ont été condamnés qu’à de courtes peines de service militaire d’intérêt général. Le groupe israélien de défense des droits B’Tselem, qui a pendant des décennies déposé des plaintes documentées sur des meurtres auprès de l’armée israélienne, a qualifié le système israélien d’application de la loi de «mécanisme de blanchissement» (whitewash mechanism).

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En 2021, sur les 4.401 plaintes déposées auprès du Département des enquêtes internes de la police, dont des plaintes déposées par des citoyens israéliens, seules 1,2% d’entre elles ont abouti à des inculpations, selon le Bureau de Contrôleur de l’Etat. Ces meurtres ont eu lieu dans un contexte où les autorités israéliennes commettent les crimes contre l’humanité que sont l’apartheid et la persécution des Palestiniens, notamment des enfants, comme l’ont signalé Human Rights Watch et d’autres groupes de défense des droits humains.

En 2021, Fatou Bensouda, alors Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), a ouvert une enquête officielle sur les crimes graves commis en Palestine.

Le Secrétaire général de l’ONU est mandaté par le Conseil de sécurité pour dresser chaque année la liste des forces militaires et des groupes armés responsables de violations graves à l’encontre des enfants dans les conflits armés. Entre 2015 et 2022, l’ONU a attribué aux forces israéliennes la responsabilité dans des incidents où plus de 8.700 victimes étaient des enfants; malgré cela, Israël n’a jamais été mentionné dans cette liste du Secrétaire général. Les rapports ont énuméré à plusieurs reprises d’autres forces qui ont tué et blessé beaucoup moins d’enfants que les forces israéliennes.

Le caractère stigmatisant de la «liste de la honte» du Secrétaire général est considérable, et pour pouvoir être retirées de cette liste, les parties citées doivent élaborer et mettre en œuvre un plan d’action pour des réformes visant à mettre fin aux abus. L’ONU a manqué une occasion de protéger les enfants en omettant de mentionner Israël, a déclaré HRW. Le Secrétaire général devrait utiliser des critères objectifs pour établir sa liste pour 2023.

"Les enfants palestiniens vivent dans un contexte réel d’apartheid et de violence structurelle, où ils risquent à tout moment d’être abattus, sans aucune perspective sérieuse d’obligation de rendre des comptes", a déclaré Bill Van Esveld. "Face à cette sombre réalité, les alliés d’Israël devraient exercer une véritable pression pour que les responsables de ces abus aient à rendent des comptes."

Rédaction agence palestinienne WAFA -

28.09.23

Source: french.wafa.ps

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