FREE PALESTINE
23 mars 2020

Covid-19: Netanyahu déclare: «toute l’humanité est dans le même bateau», sauf les Palestiniens (2 articles)

Source: Externe

L’épidémie mondiale de coronavirus entraîne des mesures radicales dans différents pays. Israël a 157 cas d’infection au moment où cet article est écrit

 

L’épidémie, sans précédent dans l’histoire de l’État, s’est aussi attaquée à Israël dans le contexte d’une impasse politique prolongée. L’échec à former un gouvernement s’est jusqu’à présent traduit par trois élections en moins d’un an.

Avec 58 sièges, le bloc de droite de Benjamin Netanyahu est juste en dessous de la majorité à 61 sièges. Le bloc de centre-gauche a en principe la majorité avec 62 sièges, à condition d’y adjoindre les 15 sièges de la Liste unie (principalement représentative des Palestiniens israéliens) comme soutien externe. Le centre-gauche créerait ainsi un «gouvernement minoritaire» dont la Liste unie ne faisait pas véritablement partie.  

Bien qu’on en fût apparemment proche, l’espoir a récemment été anéanti par une dissension interne, non seulement de la part de l’aile droite du parti d’opposition, Bleu et Blanc, mais aussi de l’alliance de gauche Travail-Gesher-Meretz.

Mais, si les mécanismes internes peuvent aboutir à un gouvernement, essentiellement à cause du racisme sioniste-raciste, le coronavirus pourrait peut-être aider. Après tout, les moments extrêmes nécessitent des mesures extrêmes, n’est-ce pas? La seule question est de savoir jusqu’à quelle extrémité aller.

Tandis qu’Israël a élevé sa stratégie anti-coronavirus, fermant les écoles et les universités, on a dit que le premier ministre Benjamin Netanyahu et son rival pour diriger le pays, Benny Gantz considéraient la possibilité d’un gouvernement d’union nationale large réunissant les deux plus grands partis, le Likud et Bleu-Blanc – une perspective qui auparavant paraissait impossible étant donné que Gantz avait exprimé le vœu de ne pas servir un premier ministre menacé de condamnation pour corruption. Le procès de Netanyahu devait commencer mardi.

Dans un discours à la nation, Netanyahu a dit que la flambée de coronavirus signifiait que «toute l’humanité est dans le même bateau». Et sur cette base, il a appelé à un gouvernement d’unité nationale. «Ce serait un gouvernement d’urgence limité dans le temps, et nous combattrons ensemble pour sauver les vies de dizaines de milliers de citoyens» a-t-il dit. Netanyahu aurait invité Gantz à se réunir sur cette base. Gantz, pour sa part, a parlé d’un «gouvernement d’union large».

«Dans une conversation que j’aie eue avec lui, je lui ai dit que nous allions continuer à soutenir toute action destinée à la prévention de la diffusion du coronavirus en Israël, et j’ai suggéré que nos équipes de négociateurs se rencontrent et discutent du besoin et de la possibilité d’établir un gouvernement d’urgence large pour la période à venir» a déclaré Netanyahu.

Mais Gantz a dit que Netanyahu «ne s’est adressé à moi que via les media, comme d’habitude: jusqu’à présent je n’ai pas reçu de réponse sérieuse de sa part. J’attends toujours – parce qu’un gouvernement d’urgence est la bonne solution pour l’État d’Israël actuellement.»

Gantz a insisté pour qu’un gouvernement d’urgence large inclue des éléments de tous les bords politiques – et cela veut dire que c’est aussi la Liste unie. Mais la liste unie est «infréquentable» pour le Likud.

Réponse de Netanyahu: «Ceux qui soutiennent le terrorisme ne peuvent faire partie du gouvernement – ni en temps normal ni en situation d’urgence.» La rhétorique du «soutien au terrorisme» a été la norme pour le Likud, comme une souillure portée par les acteurs politiques palestiniens.

Quand c’est du terrorisme juif c’est bien sûr une toute autre histoire. Netanyahu peut facilement donner l’accolade à Itamar Ben Gvir du Parti du Pouvoir juif, bien que l’homme ait chez lui une photo de Baruch Goldstein, le terroriste juif kahaniste qui massacra 29 fidèles palestiniens en 1994. Ce n’est pas un problème.

«Terrorisme», c’est juste un euphémisme pour «Arabes» pour le Likud et ce n’est jamais «nous». Même pas l’Irgoun pré-étatique qui avait bombardé l’Hôtel King David en 1946. Non, pour Netanyahu, c’étaient des «combattants de la liberté». Le père de Netanyahu était secrétaire privé du leader révisionniste Ze’ev Jabotinsky, dont l’idéologie a formé l’Irgoun et d’autres bandes juives terroristes.

Source: Externe

Le Likud a placé des panneaux montrant Benny Gantz avec les dirigeants de la liste unie, Ayman Odeh et Ahmad Tibi, avec le slogan: Oui à la démocratie juive mais Non aux «soutiens du terrorisme».  

Le véritable message est «oui au racisme» et «non aux Palestiniens». Cette provocation totalement raciste fait l’objet d’un rappel à l’ordre d’Ayman Odeh, et le refus de constituer un gouvernement avec la Liste unie a été condamné ici et là, mais l’attitude consistant à traiter les Palestiniens comme des partenaires non valides, est une attitude complètement dominante qui traverse tout le spectre politique sioniste et a toujours signifié que les Palestiniens peuvent intervenir dans la sphère publique pour voter mais pas jusqu’à gouverner.

Même Dan Meridor, un ancien ministre Likud, s’est interrogé sur le refus par Netanyahu de la Liste unie comme «ne faisant pas partie de l’équationIl fait appel aux racistes. Et cela va contre un principe de base du sionisme: nous aspirions à une majorité juive dans le pays. Le vote des Arabes était affirmé. Sinon, pourquoi avoir besoin d’une majorité?»

Bonne question – si vous allez effectivement appliquer l’apartheid, pourquoi le simulacre du vote? Précisément parce que l’apartheid a besoin d’un voile si vous la jouez «juif et démocratique». Le ministre Likud de la justice, Amir Ohana l’a récemment formulé assez précisément: «Une voix arabe est égale à une juive pour ce qui est des élections au parlement, mais pas pour le gouvernement.»

Ayman Odeh de la liste unie a dénoncé le racisme et l’hypocrisie du refus de se joindre aux Palestiniens, même dans ce moment « d’urgence: aucune équipe hospitalière n’est en majorité juive. Si nous pouvons sauver des vies, nous pouvons aussi prendre des décisions»a-t-il tweeté.

Odeh se référait à la représentation disproportionnée des citoyens palestiniens dans les hôpitaux d’Israël. En employant le terme de «majorité juive», il faisait aussi une citrique directe à la rhétorique de Bleu Blanc. Gantz, tout comme Yair Lapid, use de cette rhétorique, qui suggère une pureté raciale, davantage qu’elle ne désigne vraiment une «majorité».

Et Ahmad Tibi, qui est médecin a posté une photo où on le voit en équipement médical à l’hôpital, avec la légende: 'Ils vont haïr et diviser. Nous tendrons la main, nous nous joindrons au combat et prendrons soin de TOUT LE MONDE.'

Donc, Netanyahu va exploiter l’épidémie de coronavirus pour provoquer les Palestiniens, tout en nous mettant les larmes aux yeux sur 'toute l’humanité dans le même bateau'.

C’est aussi un jeu de nombres. Exclure la Liste unie voudrait dire que le bloc loyaliste de Netanyahu aurait une majorité plus décisive dans le «gouvernement d’union large». Et si Gantz rejette le deal? Eh bien alors il serait considéré comme le saboteur à un moment d’urgence nationale, parce qu’on ne mesquine pas dans de telles circonstances. S’il insiste pour dire que les membres de la Liste unie sont aussi des égaux humains, il prend la défense de ceux qui «soutiennent le terrorisme».

Toute l’humanité est dans le même bateau mais apparemment certains sont considérés moins humains que d’autres.

Jonathan Ofir -

16.03.20

Source: Agence Medias Palestine

Source: Externe

Netanyahu accusé d'instaurer la dictature sous couvert de coronavirus

L'opposition menée par l'ex-général Benny Gantz, majoritaire au Parlement, réagit furieusement à la fermeture de la Knesset ordonnée par son président, Yuli Edelstein, dénonçant une manœuvre visant à soustraire le Premier ministre à tout contrôle législatif

 

 

Chez ses admirateurs comme ses contempteurs, il est un point sur lequel Benyamin Netanyahu fait l’unanimité: son instinct de survie est sans égal, ce conatus politique qui lui a permis de battre tous les records de longévité à la tête de l’Etat hébreu. Face au coronavirus, c’est peut-être ce qui a donné au Premier ministre israélien une petite longueur d’avance. Bien avant la plupart des pays occidentaux, Israël a pris des mesures drastiques, qui semblent avoir jusqu’ici limité le nombre de cas de Covid-19 - aucun décès n’y a été constaté à ce jour, bien que les prévisions s’assombrissent d’heure en heure.

Mais c’est ce même talent à l’autoconservation qui pousse le Premier ministre (officiellement intérimaire depuis près d’un an et trois élections infructueuses) à voir une opportunité dans la crise sanitaire mondiale. Celle de se barricader à la tête de l’Etat en faisant sauter les mécanismes de contrôle de l’exécutif, alors que l’opposition menée par l’ex-général Benny Gantz, chargé par le président de former un nouveau gouvernement, réclame la mise en place de l’alternance sortie des urnes le 2 mars.

En ces temps d’épidémie, celui que tous appellent 'Bibi' est omniprésent, dans l’ombre comme dans la lumière. Chaque soir ou presque, il apparaît à la télévision, expliquant aux Israéliens comment se moucher ou les préparant aux «milliers de morts à venir», entre deux tours de vis supplémentaires dans la lutte contre le coronavirus. Puis, généralement au milieu de la nuit, les décrets tombent, de sa main ou de ses affidés du Likud dans les ministères, floutant les lignes entre intérêt personnel et bien commun.

L’opposition crie au coup d’Etat de velours

Il y a eu d’abord la fermeture des tribunaux et le report de son procès jusqu’à mai, puis la surveillance électronique généralisée de la population (officiellement pour traquer les porteurs du virus et contaminés potentiels) instaurée sans contrôle parlementaire, et enfin la suspension de la Knesset, prenant pour prétexte «l’union sacrée souhaitée par le peuple» et la difficulté de se réunir en plénière, du fait des mesures de distanciation.

Plus concrètement, la mise à l’arrêt de l’assemblée ordonnée mercredi par son président, le likudnik Yuli Edelstein, sert avant tout à empêcher le vote désignant le successeur de ce dernier. Un refus d'abandonner son siège, contraire aux usages, alors que l'opposition entend le remplacer par un député pro-Gantz, afin de prendre la main sur l’agenda et les comités parlementaires. Résultat, l’opposition, désormais majoritaire malgré son caractère hétéroclite, est privée d’un droit de regard sur les actions de Netanyahu et crie au coup d’Etat de velours.

Jamais en Israël, qui s’est longtemps targué d’être «la seule démocratie du Moyen-Orient», la Knesset n’avait été mise en sommeil. Pas même en temps de guerre, rappelle la presse quasi à l’unisson. Le président israélien, Reuven Rivlin, pourtant membre du Likud comme Netanyahu, a appelé Edelstein pour l’implorer de sortir le parlement de la «paralysie»«Nous ne devons pas laisser cette crise, aussi grave soit-elle, saper notre système démocratique.» 

Source: Externe

«Le coronavirus a tué la démocratie»

Dans un message vidéo, Yaïr Lapid, numéro 2 du parti Bleu-Blanc de Benny Gantz, a résumé la situation: «Il n’y a plus de pouvoir judiciaire, ni législatif. Seulement un gouvernement non-élu avec à sa tête le perdant de l’élection. On peut appeler ça par beaucoup de noms, mais ce n’est pas une démocratie.»

Sentiment relayé par les grandes plumes du pays, à commencer par le futurologue au succès planétaire Yuval Noah Harari, qui, sur Twitter, parle d’Israël comme de la première «dictature du coronavirus»«Le coronavirus a tué la démocratie. Bibi a perdu l’élection, fermé la Knesset, donné l’ordre aux citoyens de rester chez eux et impose n’importe quelle mesure d’urgence qui lui chante. Ça s’appelle la dictature.» 

L’éditorialiste vedette Ben Caspit, auteur d’une biographie de Netanyahu, écrit quant à lui: «Le coronavirus finira par passer. Mais après avoir enterré nos morts, il restera à organiser les rites mortuaires pour notre démocratie.» L’Institut pour la démocratie israélienne, think tank des plus pondérés, a lui parlé de «mépris inacceptable et flagrant des règles basiques de la démocratie».

Arrière-pensées

Face aux critiques, Netanyahu fustige à son tour une tentative de putsch: «Alors que je mène la guerre contre le coronavirus pour sauver les vies de nos concitoyens, les députés d’opposition ne pensent qu’à comploter pour renverser le Premier ministre.»

Il est vrai que le front anti-Netanyahu n’est pas sans arrière-pensées. L’ultranationaliste Avigdor Lieberman, ex-âme damnée de 'Bibi' reconverti en Brutus, a déposé trois projets de loi taillés sur mesure pour déloger le Premier ministre inculpé pour corruption. Ces textes prévoient, entre autres, la limitation du terme du Premier ministre à deux mandats et sa destitution en cas de mise en examen. Mais sans nouveau président du Parlement, ni Knesset en état de marche, pas de vote… Se dessine alors la stratégie du Likud: geler la situation sous fonds de coronavirus jusqu’à l’épuisement du délai de Benny Gantz pour former un nouveau gouvernement, d’ici un mois.

Jeudi, Gantz a déposé un recours devant la Cour suprême pour débloquer la situation, alors qu’un convoi de ses supporteurs en route pour la Knesset était arrêté sur l’autoroute entre Tel-Aviv et Jérusalem par la police. Israël n’a pourtant pas encore instauré le confinement obligatoire, seulement la limitation des regroupements et des déplacements dits «non essentiels». Comme le fonctionnement normal des institutions?

Guillaume Gendron -

19.03.20

Source: Libération.fr

Commentaires
Derniers commentaires
Recevez nos infos gratuites
Visiteurs
Depuis la création 865 905
Archives