FREE PALESTINE
2 février 2009

La gauche et l’appui à la résistance

La gauche et l’appui à la résistance         

Nadine Rosa-Rosso (nadinerr@gmail.com)

Intervention au Forum international de Beyrouth pour la résistance,

l’anti-impérialisme, la solidarité des peuples et les alternatives, le 17 janvier 2009

**
Organisations ayant adhéré, appuyé et/ou participé aux travaux du Forum ne figurent pas dans cette liste de nombreuses organisations qui seront ajoutées ulteurieurement
L'union de la jeunesse démocratique Lebanon
Parti Communiste Libanais Lebanon
Réseau des organisations de la jeunesse Palestinienne Palestine
The party of Dignity Egypt
The popular campaign to break the siege on Gaza
KIFAYA (le mouvement egyptien pour le changement) Egypt
Union of Democratic youth Lebanon
Egyptian women issues Association Egypt
Palestinian youth organizations network Palestine
Fédération des Syndicats marocains Morocco
AMCI (The Medi terranean agency for International cooperation Morocco
Arab youth council- and the walkto the arab parliament Morocco
Data and strategic studies center Syria
El Badil regroupement anti globalization Syria
Socialist thinking forum Jordan
Organisation des socialistes révolutionnaires Egypt
All-union Communist Party of Bolsheviks
ALDEA Spain
Paloma valverde of CEOSI Spain
Pamplona – Navarra Spain
sodepao Spain
Scottish Palestine solidarity campaign Scotland
Left Radical of Afghanistan Afghanistan
Left revolutionary resistance Afghanistan Afghanistan
Revolutionary association of the women of Afghanistan (RAWA) Afghanistan
The Marxism – Leninism Today Germany
Defend Palestine NY – committee USA
International action center – USA USA
National Council of Arab Americans USA
The US campaign to end the Occupation USA
Women for mutual security – north America USA
American student in AUC USA - Lebanon
Campaign Iran England
Friends of Lebanon England
Friends of the Earth Middle East (Eco Peace) England
Friendship Across frontiers England
Pakistan institute of labor and education research England
Stop the war coalition The National England
The youth Group: Fist-Fight imperialism stand together England
Troops out now coalition England
West African bar association England
Islamic Motalefeh Party Iran
Neda Institute Iran
Anti-imperialist Camp Italia
IAPSCC Italia
International Federation for peace and conciliation Italia
L'altra Lombardia – Sulatesta Italia
La Pluma Italia
Nino Pasti foundation Italia
Party CARC Italia
Socialist party chowdhury Bangladesh
Csutbc Bolivia
EGTKK /  Bolivia
Global peace and justice coalition Turkey
Tayad (association of the solidarity and aid between prisoners families) Turkey
The Cultural center of IDIL Turkey
The East Conference Turkey
The Front of peoples Turkey
Turkish Youth Union Turkey
Droit des femmes pour le developpement Alger
Rachda Association Alger
AICPB –Russia Russia
Coordinateur national du RTAS Senegal
Nord Sud XXI Switzerland
The international student and youth Movement (ISUM) Switzerland
MLCP North Kurdistan
Democrats Against Occupation Iraq
Youth Aid Foundation International Ghana
Edition Democrate BIP France
Journal Democrate France
De Primera Mano Venezuela
Azequiel Zamora Venezuela
APORREAR Venezuela
NDF Philippines
The Cyprus peace council Cyprus
Soryana – cute Lebanon
Word Federation of Trade Unions Lebanon
FWB / PANAB Libya
Offensiv, journal for socialism and peace Germany
Nasyo Mauritius
Committee of Norway Norway
The party red – Norway Norway
Campanti imperialista Austria
Communist Party in Nepal (CPN) Nepal
Lagos state university Nigeria
University of Ibadan Nigeria
All India anti-imperialist forum India
All India democratic youth organization India
All India mahila sanskritic snagathan India
All India united trade union congress India
International Council of friendship and solidarity with soviet people India
Socialist unity center of India India
Campaign Genova 2001 Greece
Geneva call program officer middle east Greece
Greek delegation; "M.A.D.I.S.A." center for alternative Greece
information and study of the Middle East
"M.A.D.I.S.A." Center for Alternative Greece
information and study of the Middle East
Stop the war coalition – Greece Greece
The Greek committee for international detente and peace (EEDYE) Greece
Women mutual security Greece
World Peace Council Greece

La question clé de ce forum est celle de l’appui aux résistances à l’impérialisme, partout dans le monde. En tant que militante communiste belge indépendante, je voudrais aborder uniquement le problème de la gauche européenne sur cette question.

Les manifestations massives dans les capitales et les grandes villes européennes pour soutenir le peuple de Gaza viennent de mettre encore une fois en évidence le problème central : la toute grande majorité de la gauche, y compris les communistes, accepte de soutenir le peuple de Gaza face à l’agression israélienne mais refuse de soutenir ses expressions politiques, comme le Hamas en Palestine ou le Hezbollah au Liban. Non seulement la gauche ne les soutient pas, mais elle les dénonce et les combat. Son soutien au peuple de Gaza se situe sur le plan humanitaire et non sur le plan politique.

En ce qui concerne le Hamas et le Hezbollah, la principale préoccupation de la gauche est l’appui des masses arabes à ces formations et non l’intention délibérée et hautement proclamée d’Israël de les anéantir. Sur le plan politique, on peut dire sans exagérer que le souhait (plus ou moins ouvertement avoué) de la gauche se situe sur la même ligne que celle du gouvernement israélien : liquider le soutien populaire au Hamas et au Hezbollah. Cette question se pose non seulement pour le Moyen-Orient mais aussi au sein des capitales européennes parce que la grande masse des manifestants à Bruxelles, Londres ou Paris aujourd’hui y est constituée des populations issues de l’immigration maghrébine.

Les réactions de la gauche sur ces manifestations sont tout à fait symptomatiques. Je vous en cite quelques-unes, mais je pourrais en citer des dizaines. Le site de Res Publica, en France, titre après la grande manifestation parisienne du 3 janvier : « Nous refusons d’être piégés par les islamistes du Hamas, du Jihad islamiste et du Hezbollah ! ». « Quelques militants de gauche et d’extrême gauche (qui ont très faiblement mobilisé) se sont retrouvés littéralement noyés dans une foule dont les opinions sont aux antipodes de ce qu’incarne le mouvement républicain français et de ce que prône la gauche du XXIème siècle. Plus de 90 % des manifestants ont défendu une vision du monde intégriste, communautariste, fondée sur la guerre des civilisations, anti-laïque, anti-républicaine et prôné un relativisme culturel dont on connaît toutes les dérives néfastes, notamment en Angleterre ».

Res Publica n’est ni marxiste ni communiste, mais on cherche en vain sur des sites marxistes le moindre mot positif sur Hamas. On trouvera des formulations telles que « Quoiqu’on puisse penser sur le Hamas, une chose est indiscutable : la population palestinienne a élu démocratiquement le Hamas à la direction de Gaza, lors d’élections qui se sont déroulées sous contrôle international[1][1][1]. Et quand on cherche plus loin sur « ce qu’on peut penser du Hamas », on trouve tant sur le site du Parti Communiste Français que sur celui du Parti du Travail de Belgique un article intitulé «  Comment Israël a mis en selle le Hamas ». On y apprend que le Hamas a été soutenu par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, un point c’est tout. Je souligne que cet article a été mis en ligne le 2 janvier, après une semaine de bombardements israéliens intensifs et la veille de l’offensive terrestre dont le but proclamé est la destruction du Hamas.

Je reviens sur la citation de Res Publica parce qu’elle résume assez bien l’attitude générale de la gauche non seulement vis-à-vis de la résistance palestinienne mais aussi des masses arabes et musulmanes eu Europe.

Le plus intéressant de cette citation se trouve dans la parenthèse : la gauche et l’extrême gauche (qui ont très faiblement mobilisé). On pourrait s’attendre, après un tel aveu, à un bilan un tant soit peu autocritique de cette absence de mobilisation, en plein carnage du peuple palestinien.

Mais non, toute la charge est dirigée contre la masse des manifestants (90%) à qui il est reproché de mener la « guerre des civilisations ».

Dans toutes les manifestations auxquelles j’ai participé à Bruxelles, j’ai demandé à des manifestants de me traduire les slogans scandés en arabe et ils l’ont chaque fois fait avec plaisir. J’ai entendu beaucoup de soutien à la résistance palestinienne et beaucoup de dénonciation  des gouvernements arabes, en particulier du président égyptien Mubarak, des crimes d’Israël, du silence assourdissant de la communauté internationale ou de la complicité de l’Union européenne. Selon moi des mots d’ordre politiques tout à fait appropriés à la situation. Mais sans doute que certains n’entendent que « Allahu aqbar ! » et se font leur opinion sur cette seule base.

Le fait même que des slogans sont criés en arabe suffit parfois à irriter la gauche. Ainsi le comité organisateur de la manifestation du 11 janvier était préoccupé des langues qui y seraient utilisés. Mais ne peut-on tout simplement pas diffuser les traductions de ces slogans ? Ce serait peut-être le premier pas dans la compréhension mutuelle. Quand nous manifestions en 1973 contre le coup d’état militaire pro-américain de Pinochet au Chili, personne ne se serait aviser de dire aux manifestants latino-américains « Scandez en français, s’il vous plait ! ». Pour mener ce combat, nous avons tous appris des slogans en espagnol et cela ne choquait personne.

Le problème est bien dans la parenthèse : pourquoi la gauche et l’extrême gauche mobilisent si peu ? Et pour être plus clair, la gauche et l’extrême gauche sont-elles encore capables de mobiliser sur ces questions ?

Le problème était déjà évident lors de l’invasion israélienne du Liban à l’été 2006.

Je voudrais citer ici un Israélien antisioniste, qui a trouvé refuge à Londres, le musicien de jazz Gilad Atzmon, et qui disait déjà, six mois avant l’invasion : « Depuis pas mal de temps, il est très clair que l’idéologie de gauche se débat désespérément pour trouver sa voie au milieu de la bataille en train d’émerger entre l’Occident et le Moyen-Orient.  Les paramètres de ce qu’il est convenu d’appeler le "clash entre civilisations" sont si clairement en place que le militant de gauche "rationnel" et "athée" est à coup sûr condamné à se retrouver plus près de Donald Rumsfeld que d’un religieux musulman ».

Il est difficile de poser le problème plus clairement.

Parmi les paramètres, je voudrais en traiter brièvement deux qui paralysent littéralement la gauche dans son soutien à la résistance palestinienne, libanaise et plus généralement arabe et/ou musulmane : la religion et le terrorisme.

La gauche et la religion

Atterrée par les sentiments religieux présents dans les masses populaires issues de l’immigration, la gauche, marxiste ou non, brandit régulièrement la célèbre phrase de Marx « La religion est l’opium du peuple ». Elle pense ainsi avoir tout dit. Il faut soumettre le peuple à une sérieuse cure de désintoxication et ceci avant tout autre chose. J’aimerais vous lire la citation de Marx qui aboutit à cette conclusion et si je cite Marx ce n’est pas pour me cacher derrière une sommité mais c’est parce que j’espère ainsi faire réfléchir au moins ceux qui s’en revendiquent.

« La religion est la théorie générale de ce monde, (..) sa logique sous forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son comportement solennel, sa raison générale de consolation et de justification. (…) La misère religieuse est à la fois l’expression de la misère réelle et d’autre part la protestation contre cette misère. La religion est le soupir de la créature accablée, le cœur d’un homme sans cœur, comme elle est l’esprit des temps privés d’esprit. Elle est l’opium du peuple… ».

J’ai toujours été athée et je le reste mais je ne suis pas du tout étonnée de la montée des sentiments religieux dans les peuples. Dans le monde d’aujourd’hui, la plupart des hommes politiques, y compris de la gauche, aiment proclamer leur impuissance : ils ne peuvent rien contre la supériorité militaire des Etats-Unis, ils ne peuvent rien, ou presque, contre les spéculations financières et la logique du profit qui ruinent, affament et tuent des milliards d’êtres humains sur cette planète. Tout cela, c’est « la main invisible du marché ». Mais quelle différence y a-t-il entre une « main invisible » et « l’intervention divine » ? La seule différence, c’est que la théorie de la « main invisible » désarme totalement les masses dans leur soif de justice sociale et économique et que « l’intervention divine » semble souvent les aider à tenir bon et à résister. Que cela nous plaise ou nous déplaise, ce n’est pas en crachant sur des milliards d’être humains que nous allons nous rapprocher d’eux.

La gauche fait exactement la même chose que ce qu’elle reproche aux islamistes : elle n’analyse la situation qu’en termes religieux. Elle refuse d’entendre les propos religieux comme « une protestation contre la misère ». Et on pourrait ajouter aujourd’hui contre l’impérialisme, le colonialisme et le néo-colonialisme. Et par ce refus elle se coupe totalement d’une immense partie des masses populaires. Et je ne peux pas mieux dire que Gilad Atzmon « Plutôt qu’imposer nos croyances à d’autres, nous ferions bien mieux d’apprendre à comprendre ce en quoi les autres croient. ». Parce que si nous continuons à refuser d’apprendre à comprendre, nous passerons le reste de notre vie à nous lamenter sur les sentiments religieux des masses au lieu de les rejoindre dans leur combat pour la paix, l’indépendance et la justice sociale et économique.

A propos de la religion, il est important d’ajouter que le sort réservé à la religion musulmane est fort différent de celui réservé, même par la gauche, à la religion chrétienne. Je n’ai jamais perçu aucune réticence de la gauche à se solidariser avec les évêques latino-américains partisans de la théologie de la libération en lutte contre l’impérialisme yankee dans les année 70, ni avec le catholicisme déclaré de la résistance irlandaise contre l’impérialisme britannique. Je n’ai jamais entendu la gauche critiquer Martin Luther King pour ses références à l’évangile qui ont été un puissant levier de mobilisation pour la masse des travailleurs noirs américains, privés de tous les droits politiques, économiques et sociaux dans les USA des années soixante. La différence de traitement, la méfiance systématique à l’égard des musulmans, tous soupçonnés, sans distinction, de vouloir nous imposer la Charia, ne peut s’expliquer que par l’empreinte indélébile du colonialisme sur nos consciences.  N’oublions quand même pas que les communistes, comme ceux du Parti Communiste Belge, ont réussi à vanter les mérites de la colonisation, colportée avec enthousiasme par les missionnaires chrétiens.

Ainsi, en 1948, au sortir d’une résistance héroïque des partis communistes contre l’occupant nazi, on pouvait lire dans le programme du Parti Communiste de Belgique pour le Congo : « a) Réalisation d'une seule entité économique Belgique-Congo;
b) Développement des échanges avec la colonie et valorisation de ses richesses nationales;
c) Nationalisation des richesses et des entreprises trustées au Congo;
d) Développement du colonat blanc, du paysannat et de l'artisanat noir;
e) Extension progressive aux populations noires des droits et libertés démocratiques
. » C’est ce genre d’éducation politique des travailleurs qui a abouti à l’absence quasi totale de réaction de ces mêmes travailleurs face à l’assassinat de Patrice Lumumba et de Pierre Mulele, comme des dizaines d’autres dirigeants et militants africains anti-impérialistes. Car « notre » civilisation chrétienne est quand même quelque chose de civilisé, n’est-ce pas ? Et nous ne pouvons étendre les droits et libertés démocratiques aux masses du tiers monde que de façon « progressive », vu qu’elles sont trop barbares pour en faire un bon usage.

C’est exactement ce même type de raisonnement politique colonial qui fait qu’aujourd’hui la gauche se mord les doigts d’avoir soutenu les élections démocratiques en Palestine. Dommage, il aurait fallu être plus « progressif » puisque maintenant la majorité a voté Hamas. Pire, la gauche reproche à l’Occident d’avoir « forcé la main à l’OLP pour organiser des élections législatives en 2006 alors que tout indiquait que le Hamas allait les remporter ». C’est ce qu’on peut lire aujourd’hui sur le site du Parti Communiste Français et du Parti du Travail de Belgique.

Si l’on cessait de se focaliser sur les convictions religieuses, on pourrait peut-être « apprendre à comprendre » pourquoi les masses arabes et musulmanes qui manifestent aujourd’hui pour la Palestine crient « zéro » à un dirigeant arabe et musulman comme Mubarak et clament le nom de Chavez, un dirigeant latino-américain et chrétien. Est-ce que ces masses n’expriment pas ainsi clairement que leur grille de lecture n’est pas, en premier lieu, la religion mais bien la position à l’égard de l’impérialisme américain et sioniste ?

Et si la gauche posait le problème radicalement en ces termes, est-ce qu’elle ne pourrait pas retrouver un petit peu du soutien populaire qui a fait sa force ?

La gauche et le terrorisme

La seconde grande source de paralysie de la gauche dans le combat anti-impérialiste est la hantise d’être assimilée au terrorisme.

Le président de la Chambre des représentants allemande, Walter Momper, la chef de la fraction des Verts Franziska Eichstädt-Bohlig, un chef du Linke Klaus Lederer, et d’autres encore ont manifesté à Berlin en soutien à Israël sous le slogan « Halte à la terreur du Hamas »[2]. Il faut savoir que la formation de gauche allemande Die Linke est considérée par beaucoup en Europe comme une alternative crédible et nouvelle pour la gauche.

Toute l’histoire de la colonisation et de la décolonisation est une histoire de terres volées par la force militaire et reconquises par la force. De l’Algérie au Vietnam, de Cuba à l’Afrique du Sud, du Congo à la Palestine, aucune puissance colonisatrice n’a renoncé par la négociation et le dialogue politiques à sa domination. C’est aussi le sens que Gilad Atzmon vient de donner la semaine passée aux tirs de roquette du Hamas : « Cette semaine, nous en avons appris un peu plus sur l'arsenal balistique du Hamas. Il est évident que le Hamas a fait preuve d'une certaine retenue avec Israël depuis trop longtemps. Le Hamas s'est retenu d'étendre le conflit à l'ensemble du sud d'Israël. Il m'est venu à l'esprit que les volées de roquettes qui se sont abattues sporadiquement sur Sderot et Ashkelon n'étaient en réalité rien d'autre qu'un message des Palestiniens emprisonnés. C'était d'abord un message à la terre, aux champs et aux vergers volés : 'Notre terre adorée, nous ne t'avons pas oubliée, nous combattons encore pour toi, au plus vite nous reviendrons, nous reprendrons là où nous avons été arrêtés ». Ce qu’un juif né sur le sol d’Israël peut comprendre, reste incompris et en tout cas indéfendable pour la gauche européenne : la nécessité et le droit des peuples à reprendre par la force ce qui leur a été volé par la force.

Parce que depuis le 11 septembre 2001, tout usage de la force dans la lutte anticoloniale et anti-impérialiste est répertorié dans la catégorie « terrorisme » ; il n’est même plus question d’en discuter.

Il faudrait pourtant rappeler que le Hamas a été placé par les Etats-Unis sur la liste des organisations terroristes bien longtemps avant le 11 septembre, en 1995. C’est en janvier 1995 que les Etats-Unis ont élaboré la « Specially designated terrorist List (STD) » sur laquelle on retrouvait pratiquement tous les mouvements, partis et organisations du tiers monde qui ont recours à la lutte armée contre l’impérialisme. Mais c’est surtout après le 11 septembre, et avec le lancement de la « global war on terror (GWAT) », la guerre globale contre le terrorisme de l’administration Bush, que la capitulation d’une grande partie de la gauche a commencé[3]. La peur d’être classée parmi les terroristes ou parmi des partisans du terrorisme n’est plus seulement politique ou idéologique, elle est aussi pratique. La directive de l’Union européenne pour la lutte contre les organisations terroristes a été traduite dans la plupart des législations nationales par un « copier-coller » qui permet aux tribunaux de poursuivre nombre de militants suspectés de soutenir le terrorisme. A Londres, des militants vendant des brochures comportant une analyse marxiste du Hamas ont été arrêtés et leurs brochures saisies. Autrement dit, se renseigner ou en renseigner d’autres sur le programme politique et sur les agissements du Hamas ou du Hezbollah devient une entreprise illégale.

Chacun est donc prié, pour vivre en paix, d’au minimum prendre ses distances et si possible de condamner sans réserve ces formations politiques. Dans ces conditions, on voit mal comment la lutte politique entre la gauche et ces courants pourrait se mener de façon saine.

J’ai donc une proposition très concrète à faire : nous devons lancer un appel pour faire retirer le Hamas de la liste des organisations terroristes. Nous devons nous opposer aux tentatives européennes actuelles d’y placer également le Hezbollah. C’est la moindre des choses que nous puissions faire si nous prétendons soutenir la résistance palestinienne, libanaise et arabe. C’est la condition démocratique minimale pour qu’un soutien à la résistance soit possible et qu’une confrontation des courants politiques différents au sein de la résistance à l’impérialisme soit possible. C’est la condition politique indispensable pour que la gauche ait la moindre chance de se faire entendre par les masses en lutte contre l’impérialisme.

Je suis parfaitement consciente que mes convictions politiques sont minoritaires dans la gauche et en particulier parmi les communistes européens. Cela me préoccupe profondément, non pas pour mon propre sort, je ne suis qu’une militante parmi d’autres, mais pour l’avenir de l’idéal communiste qui est la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme et, dès lors, inéluctablement, l’abolition de l’oppression impérialiste, coloniale et néo-coloniale.

[4] Déclaration du bureau du PTB : arrêter le massacre à Gaza, 31.12.2008

[5]

[6] Pour plus de détails, voir l’article « Gaza : au nom de la lutte contre le terrorisme du Hamas », Luk Vervaet, janvier 2009

Déclaration finale du Forum international de Beyrouth

Pour soutenir la Résistance Anti-Impérialiste des peuples et la construction des Alternatives à la Globalisation

A l'initiative (1) et avec l'appui (**) de nombreux centres de recherche, associations, syndicats et mouvements politiques, culturels ou sociaux , les travaux du Forum international de Beyrouth se sont déroulés les 16-17-18 janvier 2009, en présence de 450 représentations arabes et internationales et de personnalités éminentes, venus de cinq continents (66 pays).
Ce Forum, où étaient fortement représentés l'Amérique Latine, l'Asie et le Proche Orient, incarnait l'esprit de la Tricontinentale.
Deux grandes actualités ont marqué le Forum. D'une part, la résistance héroïque du peuple palestinien de Gaza face à une intensité de violence et une barbarie sans précédent. D'autre part, la crise globale du capitalisme, qui n'est pas seulement financière mais aussi économique, sociale, culturelle et morale, mettant  en danger la survie de l'humanité.
Principes & Droits

Le Forum affirme que :

Les peuples ont droit à la résistance et ce dernier doit être inaliénable, soutenu par l'ensemble de la communauté internationale et  reconnu comme tel dans le droit international ;
Le combat de la résistance face au colonialisme est indissociable du combat que mènent les révolutionnaires et hommes libres du monde face au capitalisme globalisé, à l'impérialisme, à la militarisation et la destruction des acquis sociaux. Ceux-ci sont le produit de plus de deux cents années de luttes acharnées des classes laborieuses.
Les peuples ont droit à la souveraineté sur leurs ressources naturelles. Les droits à l'alimentation, à la santé et à l'éducation priment  sur toute considération marchande ;
Chaque culture et tous les savoirs doivent pouvoir contribuer à la construction de biens communs de l'humanité sur la base du respect de la Nature, de la primauté des besoins humains et d'une gestion démocratique des sociétés ;
Le droit au fonctionnement démocratique doit s'exercer non seulement sur le plan politique mais également sur le plan économique et il concerne aussi bien les hommes que les femmes ;
Le droit à la différenciation culturelle et la liberté de culte en refusant toute stigmatisation culturelle et raciale.
Campagnes & Résolutions:
Concernant Gaza
Les participants au Forum affirment leur soutien à la résistance du peuple palestinien de Gaza. Ils condamnent le terrorisme, les crimes, et la violation de toutes les normes et valeurs humaines exercées sur ces populations par Israël.
Aussi, ils appellent à:
L'application de sanctions strictes à l'égard d'Israël, telles : rupture des relations et des conventions et interdiction de toute vente d'armes à ce pays.
Des poursuites contre les Etats et les firmes qui vendent des armes à Israël.
Appeler l'Union européenne à cesser toute collaboration économique politique et culturelle avec Israël et à annuler toutes les conventions et accords qui la lient à ce pays.
Tenir une conférence internationale pour évaluer  les crimes de guerre, et les crimes contre l'humanité exercés sur la population de Gaza, ainsi que les crimes économiques et écologiques, et traduire en justice les responsables de ces faits et de ceux commis au Liban en 2006.
Réhabiliter la résolution de l'ONU N° 3379 assimilant sionisme et racisme et expulser Israël de l'ONU.
Lancer une campagne internationale pour la reconstruction de Gaza, la levée du blocus et la libération des prisonniers politiques.
Concernant le soutien à la résistance 
et la lutte anti-impérialiste
Les participants ont exprimé leur soutien aux deux résistances palestinienne et libanaise dans leur lutte contre l'occupation israélienne ainsi qu'à la résistance irakienne qui se bat contre l'occupation américaine. Ils soutiennent en outre, les efforts du peuple irakien pour préserver son unité territoriale.
Les participants annoncent leur soutien à l'autodétermination du peuple afghan et sa lutte contre l'occupation américaine et atlantique.
Les participants adressent un salut au président vénézuélien Hugo Chavez, ainsi qu'au président bolivien Evo Morales pour leur soutien à la résistance des peuples. Ils expriment un appui total à leur lutte contre l'ingérence des Etats-Unis en Amérique Latine.
Les participants appellent à la levée du blocus sur Cuba et la libération des prisonniers cubains détenus dans les geôles US.
Les participants condamnent l'alliance entre les USA et le gouvernement de Colombie qui depuis quatre décennies terrorise son propre peuple et œuvre à déstabiliser les régimes progressistes de l'Amérique Latine. Aussi ils apportent leur appui aux mouvements révolutionnaires en lutte contre ce régime.
Les participants appellent à la constitution d'une ligue internationale des parlementaires pour défendre les droits des peuples à la résistance et l'autodétermination. Et pour réactiver les accords relatifs à la protection des populations civiles.
Ils appellent à la création d'un réseau médiatique international pour démasquer les propagandes mensongères concernant la nature et les crimes perpétrés par Israël.
La poursuite du travail du tribunal de conscience pour juger les crimes de guerre, notamment la traduction en justice des responsables des crimes de guerre perpétrés au Liban en 2006.
Lancer une campagne pour l'application du conseil consultatif du tribunal de justice international concernant le mur de séparation raciale en Palestine ;
Fonder un réseau international en vue de se coordonner entre représentations locales au moment des crises et des guerres ;
Refuser les menaces et provocations US à l'égard de l'Iran, quant à son droit de développer un programme nucléaire civil dans le cadre des normes internationales. Refuser également les menaces guerrières US à l'égard de la Syrie et du Soudan ;
Contrecarrer les tentatives américaines de vider la législation internationale et humanitaire de son contenu sous prétexte de guerre anti terroriste ;
Les Participants proposent comme alternatives au dictat du marché de :
Sortir l'agriculture et les secteurs liés à l'alimentation des négociations internationales pour libéraliser le marché (Gatt, OMC…)
Récuser les accords et les politiques internationales permettant aux grosses firmes de mettre la main sur le vivant mettant en péril la biodiversité.
Réaliser en opposition au projet néolibéral de Sarkozy, un Marché Commun Méditerranéen, (N'incluant pas l'état colonial d'Israël), basé sur le principe du commerce équitable entre consommateurs et producteurs, du nord et du sud du bassin ainsi qu'à l'intérieur de chaque pays. Ceci dans un processus de construction d'une mésorégion en Méditerranée.
Lutter contre la surexploitation exercée par la pêche industrielle et favoriser la pêche artisanale, en garantissant un coût social.
Préserver le patrimoine commun de l'humanité et les ressources fondamentales pour la vie. En développant l'agriculture organique, et en utilisant les énergies renouvelables.

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