FREE PALESTINE
15 septembre 2008

Lisez et pleurez

Lisez et pleurez
Par Seth Freedman

Un inquiétant rapport publié cette semaine, met encore en évidence une autre facette du régime israélien dans les territoires occupés, qui détruit la vie des Palestiniens et déchire les familles.
Comme si l'éloignement des Palestiniens de leur patrie d’avant 1948 n'était pas suffisamment accablant pour ceux qui sont touchés, l’étude de Hamoked-B'Tselem révèle une augmentation alarmante des transferts forcés d’habitants de Cisjordanie vers la bande de Gaza, transformant à nouveau les victimes de cette politique répressive en réfugiés.


Les Palestiniens dont l'adresse est enregistrée dans la bande de Gaza ont maintenant l’interdiction de vivre en Cisjordanie, peu importe depuis combien de temps ils s’y sont installés. (
Voir le communiqué de presse de Btselem)

Grâce au mépris des accords d'Oslo d’Israël, le processus de mise à jour des adresses des Palestiniens sur le registre de population a été gelé indéfiniment, transformant toute personne concernée par cette règle en criminel. Cela a eu comme effet de séparer les maris de leurs épouses et les parents de leurs enfants, et d'ajouter encore une autre série de difficultés aux circonstances déjà dures dans lesquelles vivent les Palestiniens.

Selon les auteurs de l'étude, la raison pour laquelle les autorités israéliennes ont récemment intensifié l'application de cette loi, c’est la volonté de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour creuser un fossé entre la Cisjordanie et la bande de Gaza et de les transformer en entités distinctes.
C'est, encore une fois, une violation directe des accords d'Oslo, qui stipulent que les deux régions doivent être considérées comme une seule unité géographique, mais en même temps, c’est entièrement conforme à la stratégie israélienne d’isoler la bande de Gaza comme façon de punir le gouvernement du Hamas.

Jessica Montell de B'Tselem qui a présenté les résultats lors d'une conférence de presse mercredi, a fait observer qu’Israël n'agit pas seul dans sa tentative d'isoler et de diaboliser le Hamas: "Les États-Unis et l'Europe ont travaillé en étroite collaboration avec Israël pour former une position unie envers le Gouvernement du Hamas, et au blocus de Gaza qui en découle".

Montell a décrit les dernières initiatives visant à stopper les soi-disant "étrangers illégaux" en Cisjordanie comme une "aggravation" de cet ostracisme à l'égard des dirigeants du Hamas.

Toutefois, comme l'ont montré les témoignages écrits et filmés par des Palestiniens touchés par les tactiques arbitraires d’Israël, ce sont les civils ordinaires qui souffrent le plus.

Hadeel al-Bardawil, 22 ans, mère de deux enfants, a été séparée de force de son mari pendant plus d'un an, période au cours de laquelle leur deuxième enfant (que son mari Jamal n’a jamais vu) est né. Ni elle ni son mari n’ont pu convaincre les autorités israéliennes d’accorder à l’un ou à l’autre des permis de visite soit en Cisjordanie soit à Gaza, et l'impact sur l'ensemble de la famille a été immense.

"Mes enfants courent maintenant autour de leurs oncles et les appellent «papa», dit-elle. «Je veux qu'ils soient avec leur père comme les autres enfants; tout ce que je demande, c’est de vivre ma vie dans la dignité avec ma famille".

Son histoire n'est pas unique. Un autre homme décrit sa situation comme "anormale - je n'ai pas vu ma fille depuis plus d'un an". Lorsque l'interviewer lui a demandé s'il avait eu un contact téléphonique avec elle, il a répondu amèrement "Nous sommes malades du téléphone, tout le monde pleure toujours". Des dizaines de cas similaires ont été portés à l'attention de Hamoked, bien que, selon Montell, le nombre de personnes concernées par la politique pourrait s’élever à "plusieurs milliers".

En plus du refus d’autorisations pour que les familles soient regroupées, il y a eu une vague de transferts forcés de civils enregistrés à Gaza vivant en Cisjordanie vers la Bande de Gaza, suite à des fouilles de maisons et autres méthodes pour traquer les soi-disant "clandestins".

L'article 49 des Conventions de Genève interdit expressément aux puissances occupantes les "transferts forcés, ainsi que l'expulsion de personnes protégées [n'importe où ailleurs] ... quel que soit le motif".

Amnesty International va plus loin dans sa condamnation de cette pratique, en précisant que le transfert forcé viole également l'article 33 des Conventions de Genève, qui interdit les châtiments collectifs. Toutefois, le penchant d’Israël à ignorer les statuts du droit international n'a rien de nouveau ; la politique actuelle est seulement la dernière en date d'une longue série de contraventions, et ceux qui les enfreignent sont peu susceptibles d'être influencés par la censure de groupes des droits de l'homme et des ONG.

Au lieu de cela, la pression devrait être exercée par ceux qui, actuellement, financent et approuvent sans discussion le régime de plus en plus exigeant d’Israël dans les territoires occupés. Les gouvernements qui se déclarent champions des droits de l'homme et fervent défenseurs des victimes d'abus donnent, en effet, à Israël carte blanche pour qu’il poursuive à son gré son déni des libertés fondamentales aux Palestiniens.

Comme un l’a dit une mère palestinienne désespérée lors de son témoignage, "Pourquoi ne me mettent-il pas tout simplement dans une cage? Au moins, je saurais que je suis en prison, et que j'ai un problème, et ensuite, j'abandonnerais. Dans quel autre pays au monde, une femme vit séparée de son mari sans raison ? "

Sa vie dans l'incertitude est un cauchemar, et tous les gouvernements proches d’Israël, alors qu'il tente de diviser de façon permanente la Cisjordanie et la bande de Gaza, sont tout aussi responsables de son sort que les autorités israéliennes elles-mêmes.

Source : http://www.guardian.co.uk/     Traduction : MG pour ISM

voir aussi :

Des ONG accusent Israël de forcer des résidents de Cisjordanie à retourner à Gaza

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