FREE PALESTINE
23 juin 2008

les sioniste veulent reprendre la coopération

Nouveau budget de la Communauté française de Belgique pour la saison palestinienne, V. Teitelbaum

Une délégation des libéraux bruxellois s’est rendue en Israël à l’occasion de Yom Haatsmaout et pour tenter de relancer l’accord de coopération, suspendu, avec la Région Bruxelloise, mais également l’accord avec la communauté française. A son retour, Françoise Bertieaux, Présidente du “MRLibéraux bruxellois” et chef de groupe MR à la communauté française a interpellé la Ministre Simonet. Réponse évasive. Toutefois, je viens d’apprendre que sur sa proposition le gouvernement de la Communauté française va accorder un nouveau budget de 332.000 € pour “Masarat” dans le cadre de la saison culturelle palestinienne [*]. Selon la ministre la contribution à la saison culturelle israélienne pour 2008 est de 30.000 euros. Au niveau fédéral, la Belgique a donné 14 millions € à la Palestine en 2006, contre 11 millions en 2005. Ce qui en a fait le 7ème bénéficiaire de la direction générale de la CD. Pourquoi dès lors refuser de reprendre l’accord de coopération régional avec Israël? Le MR a réagi, mais déjà en 2006 il a déposé au parlement bruxellois une proposition de résolution pour la reprise de l’accord ! - Viviane Teitelbaum.

Interpellation de Mme Françoise Bertieaux à Mme Marie-Dominique Simonet, vice-présidente et ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Relations internationales, relative aux « relations entre l'État d'Israël et la Communauté française » (Article 59 du règlement)

Mme Françoise Bertieaux (MR). – L’État d’Israël vient de fêter ses soixante ans. Dès sa création, ses relations avec la Belgique ont été marquées par une profonde amitié. Le 27 novembre 1947, la Belgique a été le deuxième pays à voter en faveur du partage de la Palestine et donc, de la création d’un État juif indépendant.

Au fil du temps, de nombreux accords bilatéraux de coopération ont été signés dans les domaines de la culture, de la science, de l’économie et de la défense. Ils régissent les relations d’Israël avec les divers gouvernements belges. La Belgique est l’un des partenaires commerciaux les plus importants d’Israël.

La Communauté française, quant à elle, octroie des bourses à des étudiants palestiniens via le CGRI et, grâce à l’Apefe, un projet a permis de créer une école de traduction au sein de deux universités palestiniennes. La Palestine est d’ailleurs considérée comme un pays prioritaire pour la Communauté française.

La Communauté française subventionne l’année de la Palestine, qui sera coordonnée par les Halles de Schaarbeek et comptera de nombreux partenaires artistiques. Elle a également débloqué des budgets pour les soixante ans d’Israël.

Au mois d’octobre 2001, la Communauté française et la Région wallonne ont signé avec Israël un accord de coopération tripartite, portant sur des matières communautaires – la culture, l’enseignement, la coopération académique – et régionales – la recherche scientifique, les technologies nouvelles, le tourisme. Cet accord a été ratifié par Israël en mars 2004. Par contre, le parlement de la Communauté française et la Région wallonne ne l’ont pas entériné en raison d’une suspension des accords, au vu de la situation dans la région.

M. Crucke s’en était inquiété en avril 2005. La ministre lui avait répondu ce qui suit : « Au vu de l’évolution récente, cette suspension ne me semble plus nécessaire. Il est dès lors opportun de marquer notre volonté politique en faveur d’une coexistence pacifique et constructive, notamment en encourageant les collaborations triangulaires. » Elle se proposait de demander à son administration de préparer les textes nécessaires et de soumettre les deux décrets d’assentiment aux deux parlements.

Madame la ministre, le moment me semble venu de faire le point sur ce dossier d’autant que, depuis lors, vous vous êtes rendue en Israël et que vous avez pu vous faire une meilleure idée de la situation. Je suis, moi aussi, allée sur place et je dois dire que vous avez suscité beaucoup d’espoirs auprès de vos interlocuteurs. Ces personnes s’interrogeant sur la concrétisation de ces espoirs, je me suis permis de leur expliquer le contexte politique belge. Je leur ai également fait part de mes doutes au sujet de vos partenaires au sein du gouvernement, lesquels, à mon avis, ne vous facilitent pas les choses.

En 2005, vous nous disiez que l’absence de ratification n’avait pas arrêté la coopération avec Israël. Qu’en est-il en 2008 ? Si cette coopération est toujours active, quels en sont les axes principaux ? Pouvez-vous chiffrer les échanges ?

Je voudrais aborder deux projets que j'ai eu l'occasion de découvrir et qui m'ont particulièrement intéressée parce qu’ils œuvrent, à mon sens, en faveur du rapprochement des communautés, des personnes et des mentalités et donc en faveur d'une paix durable.

La plupart du temps, la majorité juive et la minorité arabe d'Israël étudient dans des établissements séparés. Il existe d'ailleurs une pluralité de réseaux d'enseignement. Il n'est ainsi guère plus simple que chez nous de se retrouver dans leurs différents réseaux.

Depuis 1997, le centre Hand in Hand pour l'éducation judéo-arabe en Israël a ouvert plusieurs écoles publiques, et donc subventionnées par l'État d'Israël. Des élèves juifs et arabes y étudient ensemble. J'ai visité ces établissements totalement bilingues. Les classes y sont encadrées dans toutes les matières par des professeurs enseignant en arabe pour les uns, en hébreu pour les autres. Outre l'enseignement de ces langues et des apprentissages de base, ces professeurs veulent également mettre en commun ce qui est normalement opposé. J'ai rencontré les professeurs d'histoire qui se rendent compte de l'existence d'histoires juxtaposées et qui tentent de raconter aux enfants leur histoire, sans antagonismes. Cette intéressante démarche a son prolongement dans l'enseignement secondaire. Cela permet à ces communautés, qui ne se connaissent pas et qui ne dialoguent pas entre elles, de parler la langue, de connaître la culture de l'autre et de vivre ensemble.

J'ai également eu l'occasion de visiter l'hôpital Hadassah, fondé en 1912 afin d'instaurer un système de soins performant en Palestine. Ce centre hospitalo-universitaire de Jérusalem est aujourd'hui une référence pour les soins, l'enseignement et la recherche. Il est toujours fidèle à sa philosophie « Un pont pour la paix à travers la médecine ». Ce magnifique projet avait d'ailleurs été nominé pour le prix Nobel de la paix en 2005.

Dans les deux implantations de cet hôpital, les patients sont accueillis sans aucune distinction de nationalité, d'ethnie ou de croyance. Cette pluralité se retrouve aussi chez le personnel soignant juif, musulman et chrétien qui travaille de concert au sein des mêmes équipes médicales car leur seul objectif est de soigner, guérir et sauver des vies humaines. Hadassah possède aussi une longue tradition d'aide aux pays en voie de développement, surtout en Afrique.

J'ai été impressionnée par le haut niveau des recherches pratiquées à Hadassah et par la compétence de ses équipes médicales. Il s'agit d'un partenaire recherché par de nombreuses institutions. L'UCL et l'ULB ont d'ailleurs des partenariats médicaux et de recherche avec Hadassah. Des progrès très importants sont réalisés par cet hôpital dans des domaines de recherche essentiels. Il serait intéressant pour nous et pour nos chercheurs d'entretenir une coopération accrue avec ce centre hospitalier. Ne serait-il pas pertinent de l'aider dans le cadre des compétences de la Communauté française ? J'ai été saisie de demandes bien précises relatives à des programmes bien précis. Je vous en ferai part, si vous le souhaitez.

(Mme Françoise Bertieaux prend la présidence de la commission.)

Mme la présidente. – La parole est à Mme Jamoulle.

Mme Véronique Jamoulle (PS). – J'ai écouté avec beaucoup d'attention l'interpellation de Mme Bertieaux. Effectivement, soixante ans d'existence d'un État qui s'est créé à la suite de la tragédie de la Shoah et du génocide, c'est un événement important, sans parler de l'évolution de cet État et de tout ce qu'il a réussi à construire en si peu d'années.

Contrairement à ce que tout le monde pensait en 1947, la Palestine n'était pas une terre sans peuple pour un peuple sans terre. Un peuple y vivait. L'année 1948 et les différentes étapes qui ont marqué l'histoire du conflit israélo-palestinien ont eu pour conséquence l’apparition de milliers de réfugiés, de milliers de personnes errantes et vivant dans des territoires de plus en plus petits puisqu'on ne parle même plus aujourd'hui des frontières de 1947, que nous avions initialement reconnues, avec les Nations unies d'ailleurs, ni même des frontières de 1967. Quand on regarde la carte d'Israël et de la Palestine et que l'on voit les résultats qu’ont générés la construction du mur et les colonies, on se rend compte qu’on en est bien loin et qu'une solution de paix est pratiquement impossible sur le terrain.

Je ne manquerai pas de remettre à Mme Bertieaux une copie des rapports de l'association israélienne Beit Salem, qui dénonce les dégâts de la colonisation. Comme je l'ai déjà souligné dans une précédente interpellation, après chaque accord de paix, malgré les espoirs suscités, la situation sur le terrain n'a fait qu'empirer. Après Annapolis, plus de 600 nouvelles maisons ont été construites dans les colonies de Jérusalem-est. Je suis consciente que nous entretenons des rapports avec d'autres pays qui ne respectent pas totalement les droits de l'homme – nous en avons encore parlé hier à propos de la Tunisie – mais je ne connais aucun pays qui, comme Israël aujourd'hui, viole autant le droit international et les droits de l'homme, au point que beaucoup ont demandé la suspension des accords de partenariat entre l'Union européenne et Israël, parce que Israël viole clairement l'article 2 des dispositions qui protègent précisément les droits de l'homme.

Mme Bertieaux a parlé de l'école. C'est effectivement une belle initiative, mais qui intéresse surtout les Israéliens – juifs, chrétiens ou arabes – et non les Palestiniens. Pour les Palestiniens, l’accès à l’école n’est pas aisé, car souvent, ils doivent passer des check-points pour s’y rendre. Comme l’association Beit Salem le souligne, il faut tenir compte du nombre d'écoles, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens. De plus, les Palestiniens ne peuvent même pas rénover leurs écoles dans la partie de Jérusalem-est.

Pour l'hôpital, c'est la même chose, Madame Bertieaux. Plus de la moitié…

Mme Françoise Bertieaux (MR). – Madame Jamoulle, normalement les interpellations s'adressent à la ministre. Vous avez souhaité vous joindre à mon interpellation mais cela ne doit pas être l'occasion de faire la leçon à un autre parlementaire et de procéder à un échange de vues interminable qui empêche la ministre de nous répondre.

Mme Véronique Jamoulle (PS). Vous avez raison. Les personnes qui ont accès à l'hôpital sont celles qui résident en Israël. À nouveau, Beit-Salem et l'organisation pour les droits de l'homme dans les territoires occupés des Nations unies relèvent que, chaque jour, une centaine de personnes meurent en Palestine, bloquées dans les check-points, dans l’impossibilité de se rendre à Gaza, et parce qu'elles n'ont pas accès à des soins de qualité ou ne reçoivent pas les médicaments nécessaires.

La moitié du budget soins de santé de l’Autorité palestinienne est utilisée pour payer des transports de malades palestiniens lourds en Jordanie, en Égypte ou dans d’autres pays car ils n’ont pas accès aux hôpitaux de Jérusalem.

Madame la ministre, pensez-vous vraiment que la situation ait évolué à un point tel que l’on pourrait en revenir aux accords ?

(Mme Jamoulle reprend la présidence de la commission.)

Mme Marie-Dominique Simonet, vice-présidente et ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Relations internationales. – Je me suis rendue pour la première fois en Israël et en Palestine. Mon séjour a été très court, un jour en Israël et un jour en Palestine, mais il m’a fort marquée. Jadis, le général de Gaulle a dit : « Je suis parti vers l’Orient compliqué avec des idées simples ». De nos jours, la situation est sans aucun doute encore plus compliquée…

J’ai éprouvé un immense besoin de paix mais je me suis aussi sentie terriblement impuissante. Je m’interroge toujours sur la manière dont nous pourrions modestement contribuer à la pacification de la région. J’ai rencontré, de part et d’autre, des gens exceptionnels. En l’espace de vingt-quatre heures, je suis passée d’un camp à l’autre et j’ai été confrontée à des perceptions diamétralement opposées des réalités. J’ai aussi été interpellée par la situation en Cisjordanie. Comme les Palestiniens, j’ai dû passer l’épreuve des check points, en dépit des laissez-passer mis à disposition du consul général et nonobstant mon statut d’invitée et d’amie.

Indépendamment de la situation au Proche-Orient, qui évolue très lentement, trop lentement, depuis les discussions qui ont eu lieu à Annapolis à la fin du mois de novembre 2007, il est important que nous soyons actifs avec nos partenaires dans la région. Nous ne pouvons rester passifs face à la souffrance des populations victimes du conflit. La mission que j’ai menée en Israël et en Palestine, du 9 au 12 mars, s’inscrivait dans cette logique. Elle voulait marquer, tant pour la Palestine que pour Israël, l’importance que nous accordons à ces deux coopérations. En 2008, un grand nombre d’initiatives nouvelles seront lancées en direction de nos deux partenaires.

La partie israélienne de la mission illustre la volonté de nos deux gouvernements – Communauté/Région – d’être actifs en rencontrant les priorités et en recherchant les moyens adaptés à la réalité politique et socio-économique du pays. Israël consacre 4,6 % de son PIB à la recherche et au développement. Dans ce domaine, Israël se situe au premier rang des pays de l’OCDE, avant la Suède.

Les objectifs de cette mission étaient d’encourager la coopération dans les secteurs de la culture, de l’enseignement supérieur et de la recherche, ce qui est propre – surtout dans le domaine de la culture – à créer des liens et à favoriser le dialogue. Ces trois secteurs font l’objet d’une réelle demande de la part des opérateurs, tant en Israël qu’en Communauté française. Ils sont de nature à faciliter les contacts, le dialogue et une meilleure connaissance du partenaire.

Je n'étais pas seule. La mission comprenait une importante délégation d'enseignants et de chercheurs de nos institutions d'enseignement supérieur. Elle a permis de mettre en avant une coopération riche qui existait déjà avec les meilleures institutions israéliennes: l'université de Haïfa, l'université Ben Gourion, l'université hébraïque de Jérusalem – où nous avons organisé un double séminaire consacré, d'une part, aux échanges académiques, au financement de la mobilité de la recherche et au processus de Bologne et, d'autre part, aux biotechnologies, aux sciences du vivant et aux nanotechnologies – et l'université de Tel-Aviv. Nous avons également rendu visite à l'Institut Weizmann de Rehovot dont le directeur, le professeur Zajfman, est né en Belgique et a vécu dans notre pays jusqu'à l'âge de 18 ans.

J'ai également eu l'opportunité de visiter l'hôpital Hadassah, de Jérusalem, avec lequel l'UCL mène, depuis quelques années, une coopération développée par les professeurs Raymackers et Judith Melki, dans le domaine de la génétique. Le professeur Melki a découvert le gène responsable de l'amyotrophie spinale, une maladie neurologique héréditaire entraînant, chez les enfants atteints, une faiblesse musculaire pouvant causer prématurément le décès. Voilà un exemple parmi d'autres d'une coopération qui illustre l'excellence scientifique de nos partenariats.

À la suite des évaluations et des bilans que nous avons effectués tant avec nos institutions qu'avec nos partenaires israéliens, de nouvelles pistes de collaboration sont dès à présent envisagées. Je retiens notamment l'importance de sensibiliser nos institutions respectives aux programmes européens de coopération, comme par exemple Eurêka. Israël peut aussi participer aux programmes-cadre de recherche et de développement, de l'Union européenne. À cet égard, on doit constater que cela fonctionne plutôt bien puisque, pour le sixième programme-cadre, pas moins de 52 projets conjoints entre Israël, la Communauté française et la Région wallonne ont été menés, deux d’entre eux bénéficiant d'une coordination israélienne et quatre, d’une coordination assurée par la Communauté française.

Nous pourrions, en outre, renforcer notre coopération en développant l'utilisation des bourses mondialisées. Je pense au nouveau programme WBI.World de la CGRI et de la DRI, aux bourses de recherche et de spécialisation, offertes par Israël, et à la constitution d'une banque de missions d'accueil de courte durée dans des secteurs pour lesquels nos institutions manifestent de l'intérêt: les pôles de compétitivité, les énergies renouvelables, la médecine, les soins infirmiers ou les langues. Ces secteurs sont intéressants par les qualités humaines, le dialogue et la réflexion qu'ils impliquent, ainsi que par l’ouverture sur l'autre.

Le printemps 2008 a également été marqué par une importante manifestation culturelle conjointe pour le 60e anniversaire de l'État d'Israël. Ce sont finalement neuf projets qui ont été retenus par le CGRI et l'ambassade d'Israël pour la saison culturelle en Communauté française, avec un apport financier du CGRI. L'inauguration officielle de la saison a eu lieu en ma présence, le 2 février 2008, à Liège, au Théâtre de la Place, à l'occasion du spectacle I mean I am de la jeune chorégraphe israélienne, Yasmeen Godder.

Outre ces nouvelles initiatives, nous collaborons avec Israël, de manière structurelle. Cette coopération s'est développée, pour les compétences de la Communauté, dans plusieurs secteurs: échange de boursiers, enseignement de langue et littérature françaises, soutien au processus de paix et à la culture, notamment dans les domaines du cinéma, de la danse et de la musique. Le budget pour 2007 s'élevait à 121 000 euros. Il conviendra d'y ajouter 30 000 euros pour 2008 pour la saison culturelle et la mission.

Par ailleurs, je suis disposée à soutenir ou à encourager des initiatives qui associent les partenaires israéliens et palestiniens et qui doivent aussi retenir notre attention.

L'exemple que vous citez est intéressant mais, comme l'a dit Mme Jamoulle, l'école Hand in Hand n'est pas un partenariat israélo-palestinien mais un partenariat d'Israël avec des Arabes d'Israël. Cela ne vise pas les Palestiniens et la nuance est évidemment importante. Ce type de partenariat, ce genre de démarche d'ouverture, d'apprentissage de la langue de l'autre, de découverte de l'autre, va évidemment dans le bon sens.

Comme vous le constatez, notre coopération bilatérale fonctionne bien et ce indépendamment de la non-ratification par les parlements, des accords signés en 2001 avec l'Autorité palestinienne et avec Israël. Cette coopération continue d'ailleurs à fonctionner sur la base de l'accord culturel belge de 1967. Nous avons donc, en quelque sorte, un cadre. La non-ratification ne constitue pas un obstacle. Nous pouvons, là où nous le souhaitons et en fonction de l'évolution de la situation, mener des politiques communes.

Vu l'espoir suscité par l'éclaircie intervenue dans la situation politique au Proche-Orient en 2005, j'avais pris l'initiative, parce que ces deux dossiers me tenaient à cœur, de relancer les deux procédures d'assentiment des accords signés en 2001 avec Israël et l'Autorité palestinienne, accords qui avaient eux-mêmes été suspendus sous la législature précédente, compte tenu de la conjoncture. Je tenais à ce que nous puissions être prêts. Aujourd'hui, la situation est tout autre. Il est illusoire de penser que nous pourrions ratifier un accord et pas l'autre. Ce serait d'ailleurs contre-productif car il faut veiller à « l'équiproximité » dans une situation extrêmement douloureuse et difficile.

La décision, initiée au printemps 2005 par nos deux gouvernements, consiste à poursuivre, de manière parallèle, la procédure de ratification des accords, que ce soit avec Israël ou avec l'Autorité palestinienne. Les positions du gouvernement wallon sont venues confirmer cet objectif. Chacun des accords a été adopté en deuxième lecture, par le gouvernement wallon, en janvier 2006, et par le gouvernement de la Communauté française, le 25 novembre 2005. Tout cela concorde avec l'attitude de l'Union européenne, qui réaffirme l'importance du maintien de l'engagement international en faveur du processus de paix.

Notre volonté est de promouvoir des actions triangulaires, mais encore faut-il des espaces de rencontre. Je ne désespère pas. Le chemin vers la paix est particulièrement sinueux et douloureux. Je pense que nous n'avons pas le droit de perdre espoir. Sinon, quelle issue resterait-il ? J'espère sincèrement pouvoir un jour me présenter devant les deux parlements avec les textes des accords.

À ce stade-ci, nos espoirs se sont évanouis. Tant qu’une éclaircie durable n’apparaît pas dans les négociations, il ne sera pas possible de progresser. Cela ne signifie pas que nous ne puissions plus rien faire. Nous agissons avec la Palestine, via le programme Massarat entre autres. Nous essayons de créer des espaces de rencontres, de dialogue pour donner une chance à la paix pour les deux peuples.

Mme Françoise Bertieaux (MR). – J’ai beaucoup d’estime et de respect pour Mme Simonet.C’est pourquoi je ne parle pas directement d’hypocrisie, même si la situation peut y faire penser. Si l’on peut comprendre les scrupules et les réserves à ratifier et à signer des accords avec des pays qui soit ne sont pas tout à fait démocratiques, soit ne respectent pas les droits de l’homme, comme Mme Jamoulle l’a souligné, dans le cas présent je ne vois pas pourquoi on ne veut pas ratifier des accords. Toutefois, la ministre a dressé une liste de projets de coopération. Il faut savoir ce que l’on veut : soit on va jusqu’au bout, soit on procède comme à la Région bruxelloise où les accords de coopération ont été suspendus par une majorité PS, cdH et écolo. Cela a le mérite d’être clair.

Mme Marie-Dominique Simonet, vice-présidente et ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Relations internationales. – Pensez-vous que cela fera avancer la question ?

Mme Françoise Bertieaux (MR). – Non, c’est stupide, de mon point de vue, mais ce n’est pas hypocrite. Mme Jamoulle, dans un plaidoyer en faveur des Palestiniens, a avancé des contrevérités. J’espère, Madame Jamoulle, que vous ne croyez pas tout ce qu’on vous raconte. Par exemple, quand vous dites que l’hôpital Hadassah n’accueille pas les patients palestiniens, c’est faux. Le professeur Melki, que nous avons rencontré, Mme Simonet et moi-même, a clairement évoqué le cas de patients palestiniens impliqués dans des processus de recherche. Il ne faut pas intoxiquer les gens en racontant n’importe quoi. Au PS, c’est idéologique et électoraliste, soit. Nous savons que c’est ainsi depuis bien longtemps.

J’espère, madame la ministre que vous pourrez avancer dans la bonne direction lorsque le PS reviendra de sa mission prévue pour septembre. Les représentants israéliens que nous avons rencontrés attendent beaucoup de cette mission, ils espèrent pouvoir s’expliquer auprès de nos collègues.

Mme Véronique Jamoulle (PS). Votre procès d’intention et vos remarques sur l’idéologie sont odieuses, madame Bertiaux. Nous devons travailler pour la paix. Nous avons toujours soutenu l’existence de deux États établis dans des frontières sûres. Je ne dis pas que l’hôpital Hadassah n’accueille pas de patients palestiniens, je dis que ces patients n’arrivent pas à l’hôpital car les ambulances sont bloquées. Il faut lire les rapports des organisations israéliennes des droits de l’homme qui citent le nombre d’accouchements et de crises cardiaques qui surviennent dans des ambulances bloquées aux check points. Ce sont des faits vérifiés par des organisations israéliennes qui ont beaucoup de courage et ne s’avancent pas à la légère.

Avant d'écrire quelque chose dans le rapport, ils en vérifient l’exactitude quatre fois plutôt qu'une. Michel Warschawski, un des militants israéliens pour la paix, est récemment venu à Bruxelles, à l'occasion d'une journée de solidarité avec la Palestine. Il a indiqué qu'il ne franchissait pas la frontière pour participer à la lutte de résistance avec les Palestiniens…

Mme Françoise Bertieaux (MR). – Ce n'était pas l'objet de mon interpellation! Il revient à l'intervenant inscrit de répliquer. J'ai bien voulu vous laisser parler puisque vous trépigniez. Toutefois, si vous refaites une crise de militantisme…

Mme la présidente. – Je ne fais pas une crise de militantisme. J'ai envie de parler de la paix !

Mme Françoise Bertieaux (MR).J'avais l'intention de répliquer mais je ne le ferai pas. Je fais appel à vos responsabilités pour clore l'incident !

Mme la présidente. L'incident est donc clos.

Mis en ligne le 22 juin 2008, par M. Macina, sur le site upjf.org

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