Peres rejette tout « diktat », Abbas exhorte l’État hébreu à accepter
Le quotidien libanais d'expression française
Vendredi 30 Mars 2007 L’Orient-Le Jour
Peres rejette tout « diktat », Abbas exhorte l’État hébreu à accepter
l’initiative de Ryad
Le sommet arabe a renouvelé son offre de paix à Israël, qui n’en veut
pas en l’état
http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=article&id=338111
Le chef de la diplomatie saoudienne a accusé hier Israël de rejeter
systématiquement les offres de paix des Arabes, après que l’État hébreu
eut refusé d’accepter en l’état une initiative de paix vieille de cinq
ans réactivée par le sommet arabe de Ryad.
«À chaque fois que les Arabes adoptent des résolutions de paix claires
et franches, ils (les Israéliens) les rejettent catégoriquement », a
déclaré le prince Saoud al-Fayçal lors d’une conférence de presse après
la clôture de ce 19e sommet arabe. Il a estimé que l’attitude
israélienne n’était donc « pas étonnante » et « ne reflét(ait) pas la
position d’un État qui veut la paix ».
Dans la matinée, le vice-Premier ministre israélien, Shimon Peres, avait
rejeté tout « diktat » et réitéré qu’il n’était pas question pour Israël
d’accepter cette initiative dans sa forme actuelle, car « des
négociations n’auraient (alors) plus de raison d’être ».
La réaction de M. Peres et la réplique acerbe du prince Saoud al-Fayçal
attestent de l’avenir très incertain de cette initiative de paix,
adoptée par les Arabes lors de leur sommet de 2002 à Beyrouth, mais
restée depuis sans suite.
À l’origine une initiative du roi Abdallah d’Arabie saoudite alors qu’il
était prince héritier, ce plan de paix offre à Israël une normalisation
de ses relations avec tous les pays arabes en échange d’un retrait des
territoires arabes occupés par l’État hébreu depuis 1967, de la création
d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale et d’un règlement
« équitable et agréé » de la question des réfugiés palestiniens.
Pour sa part, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a
déclaré lors de la même conférence de presse qu’Israël était seulement
intéressé par une normalisation de ses relations avec les pays arabes
sans aucune contrepartie. Mais, a-t-il averti, « la position arabe est
que rien n’est gratuit. Si les Israéliens veulent la normalisation, ils
doivent nous montrer ce qu’ils sont disposés à offrir en retour ».
Parlant durant la séance de clôture du sommet, le président palestinien
Mahmoud Abbas avait auparavant exhorté le gouvernement israélien à
accepter cette initiative arabe. « D’ici, je confirme la volonté des
Palestiniens de tendre la main de la paix au peuple israélien »,
avait-il dit. « J’appelle ce peuple et ses dirigeants à répondre à ce
rêve (...) afin que l’on puisse le réaliser ensemble avec l’appui des
États arabes et islamiques, ainsi que de l’ensemble de la communauté
internationale, et que l’on ne rate pas une autre chance » de régler le
conflit israélo-arabe, avait-il ajouté.
De son côté, le Hamas, qui dirige le gouvernement d’union palestinien, a
lui aussi des réserves à l’égard de l’initiative arabe. À Ryad, le
Mouvement de la résistance islamique n’a pas exprimé son opposition mais
demandé aux dirigeants arabes de ne pas faire de compromis sur la
question du droit des réfugiés à revenir là où ils étaient implantés en
1948.
Pour sa part, tout en qualifiant la réponse israélienne à l’initiative
de « très négative », le ministre égyptien des Affaires étrangères,
Ahmad Aboul Gheit, a affirmé que les leaders arabes « ne (la
considéraient) pas comme définitive ».
Fait rarissime, ce sommet de Ryad, qui a tranché sur les précédents
sommets arabes par la discipline et la rigueur avec lesquelles il s’est
déroulé, s’est achevé sans aucun communiqué final, comme c’est pourtant
la tradition. En revanche, toutes les résolutions, au nombre de 32, ont
été publiées dans leur intégralité, une grande première dans l’histoire
de ces sommets. Le prince Saoud al-Fayçal l’a expliqué en déclarant que
« l’action arabe ne (devait) plus être cachée de la nation arabe ».