!!ALARME!! Génocide à Gaza: J 112!! Puisque les responsables politiques n'agissent pas, les citoyens devront agir
Déluge de bombes sur Khan Younès, dans le Sud de la bande de Gaza, où les hôpitaux sont assiégés
L’armée israélienne a lancé une vaste offensive contre cette ville, qu’elle accuse d’abriter des centres de commandement du Hamas. Ses frappes ont causé la mort de 190 Palestiniens entre dimanche et lundi selon le ministère de la santé du territoire côtier.
Une dernière prière a été prononcée, recouverte par le bourdonnement des drones qui tournoient en continu dans le ciel gazaoui. Les trois dépouilles ont ensuite été ensevelies dans des trous creusés à la hâte dans l’enceinte de l’hôpital Al-Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Des dizaines de corps y ont été enterrés lundi 22 janvier, faute de pouvoir les amener au cimetière. Les snipers israéliens quadrillent la zone et tirent sur tous ceux qui s’aventurent hors de l’hôpital.
Depuis dimanche soir, l’armée israélienne mène une opération d’ampleur dans l’Ouest de Khan Younès. Les combats, les plus meurtriers depuis le début de l’année, devraient durer «quelques jours» a fait savoir l’armée israélienne. Depuis la fin de la trêve, début décembre 2023, l’armée concentre ses assauts dans le Centre et le Sud de l’enclave, où elle fait montre de la même brutalité que lors de l’attaque du Nord du territoire palestinien, en novembre.
"Toute la nuit [de dimanche à lundi], on a entendu des bombardements. Les murs, les fenêtres, le sol, tout tremblait", a rapporté au Monde Léo Cans, chef de mission de Médecins sans frontières (MSF) en Palestine, qui logeait à quelques kilomètres de l’hôpital Al-Nasser et de la zone côtière frappée. "Cela indique qu’il s’agissait de bombes pénétrantes destinées à détruire des immeubles ou de potentiels tunnels. On entendait aussi les navires qui pilonnaient."
Les troupes israéliennes ont atteint pour la première fois les alentours d’Al-Mawasi, vaste étendue sablonneuse, au bord de la mer, où des milliers de déplacés ont érigé leurs tentes ces dernières semaines. L’armée avait désigné le lieu comme «sûr» début décembre 2023 en ordonnant l’évacuation des quartiers est de Khan Younès.
L’étau se resserre
Le ministère de la santé de Gaza a annoncé que 190 personnes ont été tuées en vingt-quatre heures entre le 21 et le 22 janvier. Le Hamas a accusé Israël d’avoir visé cinq abris où s’entassaient quelque 30.000 réfugiés. Les troupes israéliennes ont ainsi attaqué l’université Al-Aqsa où s’étaient réfugiés des déplacés et elles empêchaient «les ambulances de bouger pour aller chercher les corps des martyrs et les blessés dans l’Ouest de Khan Younès», accuse Ashraf Al-Qudra, le porte-parole du ministère de la santé local.
L’Etat hébreu rétorque, comme depuis le début de la guerre qui a causé la mort de plus de 25.000 Gazaouis, en majorité des femmes et des enfants, que le mouvement islamiste «exploite la population civile, les abris et les hôpitaux».
Dans l’Ouest de Khan Younès, ville dont sont originaires le chef du Hamas dans l’enclave, Yahya Sinouar et le commandant de sa branche armée, Mohammed Deif, architectes de l’attaque du 7 octobre 2023 qui a tué 1.140 personnes en Israël (ce chiffre n'est pas correct et est nettement inférieur, mais continue à être repris en boucle par la plupart des rédactions qui n'osent pas le remettre en cause-ndlr-MCP), l’armée cherche à détruire le bastion de la brigade locale. La zone attaquée depuis dimanche abrite «centres de commande et de contrôle, avant-postes du Hamas et quartiers généraux sécuritaires», selon les militaires israéliens.
Bien qu’elle s’en défende, l’armée semble reproduire à Khan Younès les méthodes mises en œuvre lors de ses précédents assauts dans le Nord de l’enclave, en assiégeant notamment les hôpitaux de la zone. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé avoir perdu le contact avec ses équipes dans l’hôpital Al-Amal, bloqué par les troupes israéliennes. La compagnie Paltel a fait état d’une nouvelle coupure des communications, la dixième, selon elle depuis le 7 octobre 2023 dans l’enclave. L’armée a également envahi l’hôpital Al-Khair, arrêtant des membres du personnel de santé, selon les autorités palestiniennes. L’étau se resserre désormais sur celui d’Al-Nasser, dont les environs ont été bombardés dans la nuit de lundi à mardi.
Nulle part où revenir
"La situation est catastrophique", s’alarmait lundi soir le directeur de l’hôpital Al-Nasser, Nahed Abu Taima, dans un message vocal adressé au Monde, entrecoupé de lourds sons d’explosion. Il avait alors déjà reçu "75 martyrs et 100 blessés dont beaucoup dans un état grave ou critique". Son établissement, le plus important dans la bande de Gaza depuis que le complexe Al-Shifa de la ville de Gaza a été largement mis hors service par un assaut de l’armée israélienne mi-novembre 2023, tourne avec moins d’un tiers de son personnel et quasiment sans matériel. Les équipes sont aujourd’hui prises au piège dans l’hôpital, d’où elles ne peuvent ni entrer ni sortir. Tous les patients qui pouvaient encore marcher ont fui samedi et dimanche.
"C’est une façon de terroriser les personnels soignants, ce qui fait que les hôpitaux se ferment d’eux-mêmes", dénonce Léo Cans, joint par téléphone. "MSF n’a jamais vu ça ailleurs. Les hôpitaux sont toujours un peu sensibles, il y a toujours des attaques mais jamais de manière systématique sur l’ensemble d’un territoire." Lors de sa visite dans l’hôpital mi-janvier, il a vu des déplacés installés partout, dans les couloirs et dans un mini-camp monté à la va-vite sur un terrain dans l’enceinte de l’établissement.
L’assaut a été progressif, comme à chaque fois. Il y a eu des tirs de drone, puis, le 15 janvier, "une bombe est tombée à 150m de l’hôpital, faisant huit morts dont deux garçons de 4 et 5 ans", rappelle-t-il. Les soldats ont ensuite envahi le cimetière voisin, probablement à la recherche de corps des otages ou de militaires israéliens avant de revenir dans les environs de l’hôpital dimanche.
Effrayées par cette énième offensive, des familles avaient repris la route, à nouveau, lundi, s’enfonçant toujours plus vers le Sud et Rafah, le cul-de-sac de la bande de Gaza. La ville est déjà saturée de déplacés qui survivent dans des conditions effroyables, s’abritant sous des bâches le long de la frontière avec l’Egypte, coincés dans l’enclave toujours fermée par le siège israélien et interdite aux journalistes étrangers.
Le Caire, inquiet que les Gazaouis soient poussés toujours plus proches de son territoire, a mis en garde lundi soir l’Etat hébreu contre toute tentative de prise de contrôle du corridor de Philadelphie, zone tampon à la frontière entre Gaza et le Sinaï égyptien. Beaucoup de ces déplacés n’ont nulle part où revenir, leurs maisons ayant été complètement détruites.
Ces dernières semaines, plusieurs vidéos de soldats israéliens postées sur les réseaux sociaux les montraient, parfois hilares, en train de faire exploser des blocs entiers d’habitation à Khan Younès.
Clothilde Mraffko -
25.01.24
Source: Aurdip