FREE PALESTINE
24 août 2021

A chaque jour son meurtre + Infos du jour

Source: Externe

Imad Duikat est le 6è Palestinien à être abattu par les troupes israéliennes d’occupation lors des récentes manifestations contre l’avant-poste de colons d’Evyatar, et le 40è à être tué en Cisjordanie depuis mai

 

Ali est porté dans la pièce dans les bras de son oncle Bilal, le frère de son père. Tout le monde se tait, certains yeux se remplissent de larmes à la vue du petit bébé… Ali n’a pas encore deux mois – et son père a été tué vendredi dernier par les forces de défense israéliennes d’occupation. Une seule balle a été tirée sur lui et l’a frappé à la poitrine à une distance de quelques centaines de mètres.

Imad Duikat, un simple ouvrier, faisait partie des centaines d’habitants du village de Beita, en Cisjordanie, qui se rassemblent chaque vendredi en face d’Evyatar, un avant-poste illégal que les colons ont quitté pour l’instant mais dont les habitations sont toujours là, intactes.

Les dirigeants du village insistent sur le fait qu’ils n’auront pas de repos tant que la dernière pierre n’aura pas été retirée d’Evyatar et que la terre – qui, selon eux, appartient à Beita et à trois autres villages voisins – n’aura pas été restituée à ses légitimes propriétaires.

Duikat, âgé de 38 ans, buvait de l’eau dans un gobelet jetable dans la chaleur de midi lorsqu’il a été abattu. Le gobelet se trouve maintenant au centre du mémorial improvisé – un cercle de pierres – que ses amis ont placé autour de la tache de sang séché où la balle l’a transpercé.

Son fils en bas âge, Ali, et ses quatre sœurs ne le reverront jamais. Le grand-père d’Imad, également prénommé Ali, serre son petit-fils contre son cœur et l’embrasse.

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Cette simple maison, située au cœur de Beita, est plongée dans le deuil. Nous y sommes arrivés en début de semaine pour rendre visite au père, au frère, aux enfants et aux autres parents d’Imad. Les femmes en deuil étaient au premier étage. Un groupe d’hommes de la région s’était réuni pour les condoléances dans une salle au centre du village.

La semaine dernière, nous étions également à Beita pour rapporter le meurtre du plombier local, Shadi Shurafi, 41 ans et père de quatre enfants, au début du mois.

Il a été abattu un soir alors qu’il allait vérifier les principales vannes d’eau du village, près de l’autoroute, en tenant une clé à molette. (Mardi de cette semaine, l’unité du porte-parole des FDI nous a informés que le corps de Shurafi avait finalement été rendu à sa famille pour être enterré, sur directive de certains dirigeants israéliens).

L’encre était à peine sèche sur l’article concernant le plombier paru dans ces pages vendredi dernier, qu’un autre habitant de Beita a été tué.

Duikat est le sixième villageois à avoir été tué depuis le début des manifestations contre 'Evyatar'. Depuis mai, en Cisjordanie, les forces israéliennes ont tué au total 40 Palestiniens – dont la plupart ne mettaient apparemment pas une âme en danger.

La veuve, Samar, est enfermée dans sa chambre. Ses filles orphelines de père, âgées de 10 à 4 ans, sont assises en silence sur le canapé. Le grand-père Ali, 78 ans, en deuil de son fils, porte un keffieh blanc et un costume sombre; il hoquette de temps en temps, involontairement, apparemment par confusion.

Depuis l’installation d’Evyatar sur Jabal Sabeeh, à la périphérie de Beita, début mai, les villageois effectuent leurs prières du vendredi sur la colline d’oliviers située en face.

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C’est devenu un rituel hebdomadaire populaire: tout le village, enfants compris, se rend à pied ou en voiture sur la colline, des camionnettes apportent de la nourriture et des boissons, et les habitants passent l’après-midi, après les prières, en face de l’horreur d’Evyatar. À l’époque où l’avant-poste était habité, les habitants mettaient le feu à des pneus et la fumée dense qui s’en dégageait incommodait les colons.

Un énorme drapeau de la Palestine flotte maintenant de manière provocante dans la brise; des haut-parleurs et des éclairages ont également été installés ici. Vendredi dernier, les villageois se sont rassemblés à nouveau sur cette même colline: on estime qu’entre 1000 et 1500 personnes ont participé à la manifestation, qui était aussi une sorte de pique-nique de masse avec des enfants.

Beita a beaucoup d’expérience dans l’organisation de protestations contre les colons violents qui veulent les déposséder. Il y a un an et demi, des colons ont tenté de s’implanter sur le site voisin de Jabal Orma; cette tentative a échoué dans une lutte qui a coûté la vie à deux villageois.

Pendant les vacances de 'Pessah' en 1988, une randonnée provocatrice de jeunes colons de la région s’est transformée en un incident violent et fatal; dans son sillage, les FDI ont démoli 16 maisons à Beita. En 1991, un colon d’Elon Moreh a assassiné un résident local et a été interné dans un hôpital psychiatrique. 

Il y a deux semaines, le plombier a été tué. Et puis ce fut le tour de Duikat. Il était rentré chez lui tôt avec son épouse Samar et leurs enfants. Vers 10h30, il a quitté la maison avec son neveu de 20 ans, Rabia. Ils se sont rendus sur la colline en face d’Evyatar, passant en chemin devant une aire de loisirs et de camping pour les familles.

Les villageois avaient étendu des tapis sur le sol et commençaient leurs prières habituelles de midi, entre les oliviers, sous le soleil. Les structures vides d’Evyatar se profilent sur la colline d’en face, parmi lesquelles une grande structure en forme de ménorah [candélabre], des tours de guet et des drapeaux israéliens.

Il était environ 14h30, après que des centaines de personnes se soient rassemblées, lorsqu’un soldat des FDI a pris son fusil et a tiré une seule balle – une balle “tutu” de calibre 22, selon les villageois – dans la poitrine de Duikat.

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Du sang a jailli de sa bouche; la balle n’est pas ressortie. Il a été déclaré mort à son arrivée à l’hôpital Rafadiya de Naplouse. L’ambulance qui l’a transporté était garée à quelques pas de l’endroit où il a été tué; une deuxième ambulance était garée à proximité. Au moins deux ambulances attendent lors de ces manifestations hebdomadaires, qui se terminent invariablement par un bain de sang.

Vendredi dernier, six habitants ont été touchés par des tirs à balles réelles et plus de 100 ont été blessés par des gaz lacrymogènes et des balles métalliques à pointe en caoutchouc.

Personne ne sait combien de troupes ont été déployées contre eux; le terrain est rocailleux et certains des soldats sont cachés. Certains manifestants affirment qu’ils ont également essuyé des tirs de drones qui planaient au-dessus d’eux. C’est ainsi que cela se passe ici, chaque semaine…

“Ils ne visaient pas nécessairement Imad [personnellement]”, dit Omar Duikat, 51 ans, un oncle du défunt, assis dans la maison familiale. “Ils choisissent une personne et puis c’est fini. Le soldat choisit qui il veut tuer. C’est comme ça que nous avons eu six personnes du village tuées.”

Bilal, âgé de 44 ans, le frère aîné de la victime, serre dans ses bras son petit neveu, le bébé Ali. “Ils l’ont tué en une seconde”, dit-il, puis il se tait. Et Omar d’ajouter: "Sa vie était très simple. Imad n’était pas un joueur de football, il n’était pas un acteur de cinéma ou un chanteur ou un commerçant. Il allait au travail le matin comme ouvrier, rentrait à la maison retrouver sa femme et ses enfants, et allait parfois travailler dans son oliveraie avec la famille".

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“Les colons ne viennent pas à nous avec de bonnes intentions”, poursuit-il. “Ils veulent discuter de la terre. Je n’ai rien contre le peuple israélien. Je travaille à Rishon Letzion, et je tire mon chapeau aux gens de là-bas, mais les colons sont très différents. Les colons qui nous entourent ne sont pas des êtres humains. Ils ne pensent qu’à faire du mal aux gens, et le problème est que l’armée les soutient. Imad est le prix à payer pour sauvegarder nos terres. Nous, dans ce village, nous payons un prix très élevé pour préserver notre terre. Ce village n’est pas prêt à accepter les colons. Nous sommes prêts à payer n’importe quel prix pour ne pas perdre nos terres. Nous voulons la paix, mais nous ne sommes pas prêts à laisser quiconque nous faire du mal.

Les colons n’attendent qu’une occasion de prendre pied, d’ériger un drapeau, d’installer un mobile home et de s’étendre encore plus – mais nous ne sommes pas d’accord pour accepter cela. Nous avons décidé il y a 105 jours, lorsqu’ils se sont installés sur la colline d’en face”, explique Omar, “que cela ne s’arrêtera pas tant que la terre ne nous sera pas rendue. Ce n’était pas 'Evyatar', ce n’est pas 'Evyatar' et ce ne sera jamais 'Evyatar'. C’est exactement le centre du pays, et ils veulent séparer l’est de l’ouest et le nord du sud. Notre lutte continuera jusqu’à ce qu’ils enlèvent la dernière pierre.”

La réponse qui suit [parfait exemple de novlangue–NdT] concernant l’incident qui a coûté la vie à Imad Duikat est venue du bureau du porte-parole des FDI, cette semaine: “Les FDI effectuent des débriefings dans le but de tirer des conclusions afin de leur permettre à la fois de faire face aux risques sécuritaires et d’éviter, dans la mesure du possible, de nuire aux non-combattants. Le 6 août 2021, une violente perturbation a eu lieu dans les environs de la ‘colline d’Evyatar’ avec la participation de centaines de Palestiniens qui ont jeté des pierres et mis le feu à des pneus. À la suite de l’incident en question, une enquête de la police militaire est en cours, et à sa conclusion, les conclusions seront transmises au bureau de l’avocat général militaire.”

Des agents de la police israélienne des frontières sont stationnés à l’entrée d’Evyatar. La zone où les villageois de Beita organisent leurs protestations est jonchée de restes de pneus brûlés et de douilles d’obus des FDI; une mer de bouteilles et de gobelets en plastique recouvre le sol desséché. Les grillons y chantent à midi, le seul son que l’on entend – jusqu’à la prochaine manifestation et le prochain meurtre.

Gideon Levy -

16.08.21

Source: Chronique de Palestine

Source: Externe

INFOS DU JOUR:

- selon Almanar, l’Autorité palestinienne (AP) a élargi la campagne d’arrestations visant des militants palestiniens en Cisjordanie occupée. Ses services de sécurité ont arrêté 21 militants palestiniens, dont deux femmes, pendant qu’ils organisaient un sit-in condamnant l’assassinat du militant palestinien Nizar Banat.  Parmi les arrêtés figuraient le responsable du mouvement de résistance Jihad Islamique, cheikh Khodor Adnan et l’ex-détenu dans les prisons israéliennes Maher al-AKhras. Ce geste a été condamné par les différentes factions palestiniennes. Le porte-parole médiatique du Jihad islamique, Tariq Salmi, a accusé l’AP de «persister à attaquer les libertés publiques et à compromettre les symboles nationaux». Le mouvement Hamas a condamné «une politique honteuse de l’AP, qui équivaut à un péché national, et une insulte à la longue marche de la lutte palestinienne». Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a lui aussi condamné ces arrestations des militants, en appelant à leur libération immédiate. L’AP a pour sa part justifié ces arrestations, en arguant que  les rassemblements ont eu lieu sans aucune autorisation», soulignant que 24 personnes ont été arrêtées et déférées au ministère public pour prendre les mesures légales conformément aux dispositions de l’article 12 de la loi sur les réunions publiques de 1998. (...) M.Al-Akhras a affirmé avoir été arrêté par des membres de sécurité palestiniens en tenues civiles qui l’ont molesté, et l’un d’entre eux l’a immobilisé en mettant ses genoux sur sa tête. Ce qui lui a fait perdre conscience. «Les services de sécurité exercent un rôle qui est en dehors de celui de protéger les Palestiniens. Ils exécutent des agendas qui nous sont hostiles», a-t-il accusé;

Source: Externe

- selon Presstv, le général de brigade Yitzhak Brick, officier supérieur et ancien commandant de l’armée israélienne, a sévèrement mis en garde contre l'incapacité de l'armée sioniste à se déployer sur plusieurs fronts si une prochaine guerre venait à éclater. Énumérant les faiblesses de l'armée, en particulier celles de la force terrestre, il a qualifié de “canular” le système antimissile américain appelé Dôme de fer. Sur fond de la montée des tensions aux frontières nord et sud des territoires occupés, le régime sioniste n’ayant pas oublié les expériences du passé, continue à appeler à une solution au dangereux défi militaire que posent les missiles de la Résistance. Les milieux politiques sionistes ont d’ores et déjà exprimé leurs inquiétudes quant à la possibilité d'une guerre de missiles sur divers fronts, affirmant qu'une telle guerre est un cauchemar. D’autant plus qu’il est désormais clair que le Dôme de fer n'est pas en mesure d’assurer la couverture complète de toute la Palestine occupée. Les demandes font suite aux tensions militaires avec la bande de Gaza en mai dernier, mais aussi au tir d'un certain nombre de missiles depuis le sud du Liban sur les colonies sionistes situées à la frontière nord de la Palestine occupée à la fin de la semaine dernière. Le général de brigade Y.Brick est un membre haut placé de l'armée sioniste et une figure qui avertit depuis des années qu’Israël est incapable d’entrer en guerre sur divers fronts, ni militairement ni politiquement. Dans son rapport de 270 pages, il a déclaré avoir visité 1400 unités militaires et parlé à des dizaines de milliers de commandants et de soldats au cours de sa carrière, affirmant qu'il a découvert des problèmes complexes aux niveaux logistique, technologique et exécutif, mais surtout une mauvaise organisation qui est un problème profond et non résolu.

Rédaction du MCP -

23.08.21

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