FREE PALESTINE
24 octobre 2019

Jalazone, un camp de réfugiés entre «friction» et impasses

Source: Externe

Le camp de réfugiés de Jalazone, en Cisjordanie occupée, coincé entre Ramallah, «capitale» malgré elle, et une colonie subventionnée par les émissaires de Donald Trump

Etre réfugié en Palestine (en Cisjordanie occupée ou à Gaza sous blocus), c’est un peu être Palestinien au carré, emmuré par-delà les checkpoints, isolé parmi ses compatriotes.

Dans les camps, le sentiment d’abandon, la colère nihiliste, l’impression que le temps s’est arrêté et que le brouillard ne se lèvera jamais: tout est décuplé.

A 7 kilomètres de Ramallah, capitale malgré elle où l’illusion fugace d’une Palestine bourgeoise advient ici-et-là, se trouve le camp de Jalazone et ses 10.000 habitants, fondé en 1949, peu après la guerre d’indépendance israélienne.

La plupart des familles sont originaires de Lydda (Lod en hébreu), où atterrissent désormais les avions du monde entier sur le tarmac de l’aéroport Ben Gourion.

Les tentes ont depuis longtemps laissé place à un enchevêtrement de mauvais béton aux façades à touche-touche. «Le soleil ne touche jamais ma maison», résume une habitante qui conte sa bataille contre l’humidité perpétuelle et les regards des voisins.

Un employé de l’ONU explique doctement que l’absence d’intimité cause des violences domestiques. Le chômage atteint les 50% chez les moins de 18-25 ans, au quotidien fait d’ennui, de raids nocturnes israéliens et de «Mister Nice Guy» (cannabis de synthèse).

«Vision pour la paix»

Jalazone est, dans le vocable humanitaire, un «point de friction».

A un jet de pierre, au sens propre, de Beit El et ses 7000 âmes. La colonie vit sous perfusion de donateurs américains, dont David Friedman, avocat de Donald Trump et désormais ambassadeur des Etats-Unis en Israël, et les parents de Jared Kushner, gendre du Président et émissaire de sa «vision pour la paix».

Réfugiés et colons peuvent quasiment se regarder dans le fond de l’œil, par-delà barbelés et mirador. Lors des clashs entre Palestiniens à frondes et soldats dans la «zone tampon» hérissée d’oliviers, les cartouches de gaz lacrymogène ricochent jusque sur le toit de l’école de l’UNRWA.

Chaque «mère de martyr» (sept morts les quatre dernières années) est experte en balistique.

D’autres ne sortent du camp que pour prendre d’interminables bus les conduisant à leurs enfants en prison dans le Néguev. Elles portent toutes un médaillon à l’effigie de leur fils sur leurs abayas pastels. 

Source: Externe

«Abbas, un vendu qui distribue les bakchich»

Jalazone fait peu «l’actu». Une recherche sur l’AFP fait remonter deux résultats. La visite de l’icône folk Joan Baez dans les années 1980, et celle du président palestinien, Mahmoud Abbas, en août.

L’impopulaire «raïs» évite les camps de réfugiés depuis des années, mais il avait tenu à marquer le coup après les déclarations annexionnistes du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et l’inauguration de 650 logements à Beit El.

«L’annexion? Quelle affaire… Regardez la colonie, c’est la belle vie: c’est déjà Israël», lance un ancien à qui il manque les incisives, assis sur la placette au centre du camp.

La discussion devant le monument des «martyrs» tourne court: 

Israël? «De la terre arabe volée, des deux côtés du mur.» 

Trump? «Un nazi.» 

Netanyahu? «Un démon.» 

Abbas? «Un vendu qui distribue les bakchich.» 

La fin du conflit? «Dieu décidera.» 

Des impasses, partout...

Guillaume Gendron -

15.10.19

Source: Libération.fr

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