FREE PALESTINE
30 août 2011

L’antisémitisme partout - aujourd’hui en France, de Badiou et Hazan

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L’antisémitisme partout - aujourd’hui en France, de Badiou et Hazan

Au début de l’année 2011 paraissait à La Fabrique éditions L’antisémitisme partout – Aujourd’hui en France d’Alain Badiou et Eric Hazan, petit livre qui a pour but de comprendre les origines et objectifs de la traque aux « antisémites », chasse hypocrite reposant principalement sur l’opportunisme, le cynisme ou la naïveté des accusateurs et qui risque bien, à terme, de se retourner contre eux.

L’ouvrage part d’une réflexion sur la dénonciation dans les grands media d’une « vague antisémite » entre 2002 et 2004 : cimetières profanés, « tags hostiles », « insultes proférées contre des juifs », etc. Badiou et Hazan ne nient pas la réalité de ces actes qu’ils condamnent, mais les replacent dans leur contexte pour en reconsidérer la portée. Le contexte était celui du 11 septembre 2001, attaque terroriste décrite par de nombreux journalistes comme menaçante pour la diaspora juive occidentale. Neuf mois plus tard, c’est la présence de Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, événement présenté là aussi comme menaçant pour les juifs français. Surtout, il s’agissait pour certains journalistes ou « intellectuels » de justifier la répression israélienne de la deuxième Intifada puis la guerre menée au Moyen-Orient par « la communauté internationale ». Or, pour cela, rien de mieux que la vieille rengaine antisémite. En réalité, la « vague antisémite » fut partiellement fantasmée : « les actes les plus médiatisés […] furent le fait d’une mythomane (l’ « agression » de Marie L. dans le RER D en juillet 2004) ou d’un pauvre fou, juif de surcroît (l’incendie d’un centre social juif rue Popincourt […]) ». Pis encore, le type d’antisémitisme décrit en 2002-2004 n’existait tout bonnement pas : l’antisémitisme d’opinion, « capable de s’exprimer dans certains journaux [et s’inscrivant] dans une vision du monde chauvine et raciale sans complexe » n’existe plus aujourd’hui en France. Les quelques excités néo-nazis ne constituent ni une force politique ni par conséquent une menace véritable. L’engouement médiatique pour la « vague antisémite » s’est donc fait sur la base d’une réalité tronquée et exagérée.

L’analyse de Badiou et Hazan devient fort instructive lorsqu’elle explique les motifs des accusateurs – journalistes de grands media et « intellectuels ». Tout d’abord, il s’agit pour un certain nombre d’entre eux de légitimer et de justifier (consciemment ou pas) les politiques interventionnistes d’une majorité de pays occidentaux à la suite des attentats contre le World Trade Center en 2001. Pour ce faire, rien de plus pratique que d’accuser ou de soupçonner d’antisémitisme quiconque s’oppose à ces politiques-là. Un peu moins cyniques car plus naïfs, il y a ceux convaincus que l’armée des USA est le dernier rempart des « libertés », que ses interventions n’apportent que la paix et sont dénuées de toute visée stratégique et de tout mensonge ; ceux-ci vous soupçonneront d’abord d’anti-impérialisme, identifié à de l’antidémocratisme et donc à de l’antisémitisme, par la magie d’un glissement pervers analysé ci-dessous (cf. la rhétorique des accusateurs). Plus cynique et désolant encore, il y a ceux qui, par souci d’autopromotion, se servent de cette accusation pour affirmer leur soutien à la politique interventionniste, en d’autres termes leur collusion avec le pouvoir en place.

Badiou et Hazan expliquent fort justement ce que révèlent ces accusations d’antisémitisme ainsi que les enseignements à en tirer. Tout d’abord, le rôle conjoint de certains media et de certains « intellectuels » et « philosophes » qui y expriment leurs idées. Il y a là d’ailleurs une vraie question (non approfondie par les deux auteurs) qui remet en cause les fondements de notre supposée démocratie : les quotidiens Le Monde et Le Figaro, dont les capitaux sont partiellement détenus par des marchands d’armes, peuvent-ils évoquer impartialement et sainement les conflits dans lesquels ils sont pourtant directement impliqués par le biais de la vente d’armes ? Il n’est pas inutile de rappeler que le capital du Monde est détenu à 17,27% par Arnaud Lagardère (co-directeur du directoire d’EADS, industrie aéronautique et spatiale, civile et militaire) et celui du Figaro par le groupe Socpresse dont le capital appartient à 87% au groupe Dassault (constructeur aéronautique d’avions d’affaires et militaires). Le Monde, Le Figaro et bien d’autres media savent se faire les porte-paroles de certains « intellectuels » qui se trouvent être parfois les « nouveaux inquisiteurs », traqueurs d’antisémites. Badiou et Hazan leur trouvent un point commun à presque tous : ils viennent de la gauche, souvent de l’extrême-gauche. Claude Lanzmann (ancien résistant), André Glusckmann et Jean-Claude Milner (anciens maoïstes), Pierre-André Taguieff (proche des situationnistes à Nanterre), Jean Birnbaum (du Monde des Livres, ancien de Lutte ouvrière) ou encore Alexandre Adler (ancien communiste). Pour expliquer cela, Badiou et Hazan déplorent les réflexions schématiques très peu en rapport avec le réel et qui sont la marque de bien des courants de la gauche dite extrême : « quiconque proteste contre les exactions du gouvernement israélien en Palestine occupée ou s’inquiète de la persécution policière des jeunes en France est un nostalgique qui […] a remplacé le prolétariat défunt par des terroristes barbus ». Et de terroriste barbu à antisémite, il n’y a qu’un pas, facilement franchi.

La rhétorique de ces « nouveaux inquisiteurs » est aussi fort instructive : de raccourcis abusifs en rapprochements insignifiants, nous voilà dans un pur délire très éloigné de toute forme de philosophie et d’analyse sérieuse. Quel que soit le point de départ de votre critique, on trouvera de quoi vous taxer d’antisémitisme. Même la critique des media en général est cyniquement assimilée à de l’antidémocratisme (pur délire) puis à de l’antisémitisme. Bourdieu en a fait les frais en son temps, Bouveresse plus récemment (cf. son ouvrage Schmock ou le triomphe du journalisme). Ces pratiques malsaines de prétendus intellectuels et de certains journalistes traduisent bien le cynisme ambiant qui est une catastrophe pour l’honnêteté intellectuelle et la vie de la pensée. Peut-être l’ouvrage de Badiou et Hazan aurait-il gagné à expliciter les dangers de telles accusations qui risquent bien de se retourner contre leurs auteurs. On peut en effet légitimement penser que cette accusation d’antisémitisme contribue à maintenir les tensions entre les communautés religieuses (juifs et non juifs) et même entre groupes ethniques (sémites et noirs, par exemple). Il n’est pas étonnant que certains non juifs perçoivent ce phénomène comme une faveur, une protection exagérée et illégitime (car basée sur une description fantasmée) de la communauté juive en France, ce qui accentuera les tensions plutôt que ne les diminuera. Certains esprits peu fins peuvent même à terme tomber dans un antisémitisme primaire (réel cette fois-ci), totalement condamnable mais objectivement provoqué par la déformation de la réalité évoquée ci-dessus.

Badiou et Hazan en profitent au passage pour évoquer deux étrangetés qui faussent le débat. La première, sur les juifs et l’Etat d’Israël. Les dirigeants de l’Etat d’Israël le définissent comme un Etat juif, comme l’Etat des juifs du monde entier. Or, de nombreux juifs dans le monde ne considèrent pas Israël comme leur Etat. De nombreux juifs français par exemple se considèrent français de confession juive, non pas français et israéliens. Badiou et Hazan voient dans cette assimilation de tous les juifs à l’Etat d’Israël une « opération volontaire de stigmatisation » qui permet d’assimiler toute critique de l’Etat d’Israël à une critique des juifs, donc à de l’antisémitisme. La seconde bizarrerie concerne la prétendue culpabilité du peuple français vis-à-vis des juifs français lors de la seconde guerre mondiale. Les deux auteurs estiment que « la notion de culpabilité historique d’un peuple est aussi ancienne que mal fondée ». L’opposition entre un peuple français raciste et l’Etat rationnel (opposition que Bernard Henri-Lévy se plaît à entretenir stupidement) est une « vision truquée » : les persécutions antijuives furent préparées par l’appareil d’Etat pétainiste qui comptait dans ses rangs de vrais antisémites, et « nulle part [ces persécutions] n’ont pris la forme de pogroms populistes ».

En somme, le constat auquel ce petit livre mène est assez accablant : la dénonciation de l’antisémitisme en France ne répond que rarement à l’exigence de vérité et de loyauté par rapport aux faits. Elle est souvent le fruit des intérêts opportunistes ou de la naïveté de quelques personnes qui se servent de cette injure pour parvenir à leurs fins. Il y a là certes de l’ « hypocrisie » et de la « mauvaise foi », mais surtout un usage machiavélique et instrumentalisé du langage et de la réalité. On peut ainsi, à la lecture de ce livre, proposer une autre définition de ce qu’est aussi l’antisémitisme aujourd’hui en France : une accusation qui sert de roue de secours à ceux qui, manquant d’arguments ou par un opportunisme cynique, choisissent la calomnie mensongère pour discréditer l’adversaire, servant ainsi (consciemment ou non) les injustices de l’Etat d’Israël.

Plus que tout, le dernier paragraphe expose intelligemment quelques pistes qui font office de manuel de résistance aux mensonges et aux manipulations des gouvernants. Dommage que les deux auteurs n’aient pas davantage développé : « Finalement, on ne peut pas, il ne faut pas se défendre. La seule réaction efficace, c’est l’attaque. Il faut démonter le système, montrer de quelle colline parlent les accusateurs, quel est leur passé, quelles sont leurs raisons politiques, quels avantages personnels ils tirent de leurs mensonges, quels sont leurs liens et leurs complicités ».

 Indéniablement, un petit livre à méditer, fort utile par les temps de mensonge et de manipulation qui courent.

Shawn Hennessy Witkowski

Commentaires
T
Nous ne sommes pas contre les juifs, nous ne sommes pas antisémites, nous sommes anti-sionistes. Vous, les connards, avec vos étoiles de David, et théories de Herzl, n'oubliez pas que votre père lui même a été antisémite, que l'étoile de David, n'est en fait pas l'étoile du prophète de David, mais une étoile évoqué par les MAGES NOIRES LORS DE L'INVOCATION DES ESPRITS QUI ONT TRANSFERES LEURS POUVOIR AUX SATANISTES ET ONT ETE REDIGES DANS DES LIVRES QUI ONT FINI SOUS LE TEMPLE DE SALOMON. Un peu d'histoires à vos conneries.
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