FREE PALESTINE
6 août 2009

La lettre de Saida

Je voulais parler, une fois de plus, de la Palestine, du siège de Gaza,

des gouvernements qui font la guerre et subventionne israel, leur champion,
de la société civile, c’est-à-dire nous tous,
qui avons intérêt à nous bouger si on veut pas finir de la même façon,
emprisonnés, affamés, puis bombardés dans nos cages, tout en étant traités de terroristes
ceci justifiant cela.

 

Je voulais vous faire part de mes doutes,
est-ce qu’il n’y a que moi que ça intéresse, la fin du siège ?
moi et quelques autres « doux rêveurs » comme Paki, Nada et Dine ?
Non, je dis ça parce que je me prépare à retourner à Rafah, pour la quatrième fois.
Mais je vois que ce camp international reste symbolique alors qu’il devrait rassembler des foules,
ou bien qu’il reste représentatif mais au moins une ou deux personnes par pays..
là, en ce moment, ce sont quelques Egyptiens et Paki, qui part bientôt..
il y aura peut-être un autre habitant des USA, faut que je me renseigne s’il est arrivé aujourd'hui..

 

Bref, je voulais vous dire que je me demande s’i ça vaut la peine que j’y retourne
je voudrais quand même pas être le seul à vouloir la libération de la Palestine
je voudrais pas non plus être le seul à penser qu’il faut arracher cette décision mondiale d’abolir le siège sioniste
et non pas le quémander auprès de ceux qui le financent.
De toute façon, s’il n’y a que moi qui pense comme ça, ce siège ne s’arrêtera jamais, 
cette décision ne sera arrachée qu'à une seule condition, si nous sommes, pour l’empire, plus dangereux, ou en tout cas plus embêtants, que les Palestiniens libérés. Il faudrait pour cela harceler les gouvernements jour et nuit, assiéger les parlements, faire des manifs spontanées massives et sauvages, des marches en direction de rafah, etc.

 

 

 

Plutôt que de dire tout ce qu’il faudrait faire,
je vous recopie cette lettre que je viens de recevoir de Saida
qui vit au Maroc et qui nous soutient depuis le début de la campagne, et..
la bise fraternelle


Chris



Bonjour,

J’aurais voulu pouvoir contacter par téléphone, Paki et tous ses camarades qui sont restés dans le camp ou qui l’y ont rejoint plus tard.

Depuis le début du camp international, viennent des êtres libres. Certains d’entre eux, plus d’une fois. Et bien sûr, Paki est toujours là, merveilleusement, depuis le début.

Des noms, des êtres qui nous sont devenus si familiers, si proches, si chers …

Des êtres qui défient courageusement, à chaque instant, la bêtise humaine, dans toutes ses formes les plus horribles, les plus infâmes ; qui témoignent d’un aspect répugnant du crime le plus abject de l’histoire humaine ..


En pensant à Paki et à tous ses camarades qui sont au camp avec elle, à ceux qui y étaient avant et qui ont dû repartir, à ceux aussi qui vont venir, je ne peux pas m’empêcher de penser à d’autres êtres, des milliers, ceux-ci, non loin du camp international.

Des êtres dont on ignore les noms pour la plupart ; noms cependant, si faciles à deviner, à reconnaître, étant ceux d’enfants et de petits-enfants d’illustres martyrEs, ceux de parents, d’enfants et petits-enfants, de frères et sœurs, de cousins et cousines, de proches … d’autres illustres martyrEs. D’ailleurs, qu’importe leurs petits noms, puisque tous portent ce grand nom, ce nom merveilleux, Palestine, que l’infâme empire s’acharne à vouloir nous faire oublier, à vouloir effacer de l’histoire.

Des êtres dont on ignore les traits ; traits qui sont cependant eux aussi, si faciles à deviner, à reconnaître également, étant ceux d’enfants et petits-enfants de martyrEs, ceux de parents, d’enfants et petits-enfants, de frères et sœurs, d’oncles et tantes, de cousins et cousines, de proches d’autres martyrEs, ceux également d’amours, de camarades de lutte, d’amiEs, de voisins et voisines, de concitoyens/nes de ces autres martyrEs … ; des traits de futurEs martyrEs ; des traits qui ne peuvent qu’être beaux et même les plus beaux du monde ; de cette beauté singulière qui émane du martyre, ainsi que de tout ce qu’il implique, tout ce à quoi il se rapporte, de plus beau, de plus noble, de sublime : amour, engagement, résistance, fidélité, détermination, sacrifices, douleur tue, surpassée….

Des êtres dont on connaît cependant, la mémoire endolorie, meurtrie. Et pour cause! Tout s’y marque, tout s’y grave au fer rouge : chaque goutte de sang des êtres chers, versé à flots, de sang froid ; chaque instant des éternelles détentions et épouvantables tortures dans les geôles sionistes, mais aussi celles des frères, loin des êtres chers ; chaque instant des éternelles détentions et épouvantables tortures des êtres chers dans ces geôles ; chaque instant des innombrables et interminables expulsions de la chère terre, de la terre des frères, loin des êtres chers, loin des camarades de lutte ; chaque instant des innombrables et interminables expulsions des êtres chers ; chaque instant de détention meurtrière dans ce qui n’est pas encore confisqué de la chère terre ; chaque instant de défaite ; chaque instant des insurmontables déceptions, suite à la défaillance, à l’abandon des camarades, à la traitrise des frères, au défaut ou à l’inefficacité des moyens de lutte ; chaque instant des longues attentes aux check-points ; chaque instant des insoutenables situations d’humiliation, d’avilissement de la part de l’ennemi, mais aussi, de la part des frères ; chaque douloureuse privation ; chaque pierre de chaque maison détruite, souvent sur la tête de ses chers propriétaires ; chaque feuille, chaque fruit de chaque arbre déraciné, détruit ; chaque grain de sable de chaque parcelle de terre confisquée, mutilée ; chaque élément de l’histoire, de l’identité communes –aussi infime soit-il- confisqué, falsifié, détruit ..

Des êtres dont on connaît la douleur et la souffrance exceptionnelles, sublimes, mais aussi la lutte, la résistance, la détermination, le défi,..  exceptionnels également et sublimes.

On les connaît, cette douleur, cette souffrance, ainsi que cette lutte, cette résistance, cette détermination, ce défi .., de fait qu’ils font depuis plusieurs générations, partie de la réalité quotidienne, de l’identité commune et de l’histoire populaire de ces êtres. J’ai l’impression même, que ces êtres sont faits de lutte, de résistance, de détermination, de défi, .. mais aussi de douleur et de souffrance .. d’où leur exception, leur grandeur, ..

D’ailleurs, comment pourraient-ils ne pas être exceptionnels, alors que la destinée que leur a réservée l’empire est de la pire et la plus ignoble des exceptions de l’histoire humaine.

 

J’aurais voulu pouvoir parler à Paki et à chacun et chacune de tous ses camarades, même si j’éprouve souvent des difficultés à trouver mes mots, même si je dois avoir recours à un dictionnaire pour préparer ma petite phrase en anglais, .. 

Je voudrais leur dire tout simplement combien je suis fière de leur fraternité et leur solidarité.

Je voudrais également saluer leur engagement, leur détermination et leur courage.

Je voudrais enfin, rendre hommage à leur être humain qui – comme c’est le cas pour tous les êtres libres du monde entier- a su défier le monstre impérialo-sioniste et ses vils serviteurs, ainsi que leurs infâmes démarches systématiques, visant à l’altérer, le déformer, le détruire .. et a pu ainsi, rejoindre ces êtres exceptionnels dans leur lutte contre le monstre.

Mais comme je suis dans l’incapacité matérielle surtout, de me permettre ce contact direct avec Paki et ses camarades, je me fie à vous pour leur transmettre le message, ainsi qu’à tous ceux qui étaient merveilleusement là et qui ont dû repartir pour revenir sûrement un jour ; à ceux qui viendront un jour, sans faute aussi ; à ceux qu’on a empêchés un jour, de venir ; à Dine et à vous-même également.

Merci infiniment

Fraternellement

 

Saida

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