FREE PALESTINE
14 janvier 2009

Quels enseignements devons-nous tirer de la tragédie de Gaza ?

Quels enseignements devons-nous tirer de la tragédie de Gaza ?

Mustafa Kastit                                 07/01/2009

En ces jours cruciaux où tous les regards se tournent vers la Palestine, terre des prophéties et messages divins, et plus particulièrement vers Gaza, théâtre d’une tragédie humaine sans commune mesure, un grand nombre d’entre nous se sent envahi par un sentiment mélangeant colère, impuissance et désarroi.

Ceci, alors que la communauté internationale demeure immobile face à cette folie meurtrière qui anime l’Etat d’Israël nullement enclin à écouter la voix de la raison, sans parler de la partialité traditionnelle de certaines grandes puissances qui ne ménagent pas leurs efforts pour saborder toute résolution internationale susceptible de mettre fin à ce carnage indescriptible.

De vaines condamnations par-ci et quelques balais diplomatiques par-là parviendront-ils à lever cet état d’impunité dont jouit Israël ??

Au vu des évènements rien n’est moins sûr…

De plus, les pays arabes se montrent incapables de faire entendre leur voix dans le concert des nations malgré toutes les potentialités et les moyens de pressions dont ils disposent. Leurs dissensions habituelles nous rappelant tristement la célébrissime parole  de l’historien de l’islam Ibn Khaldoun : « Les Arabes se sont mis d’accord pour ne jamais se mettre d’accord

Néanmoins, les réactions des musulmans ainsi que celles d’organisations et de nombreux citoyens non-musulmans à travers le monde ne se sont pas fait attendre : manifestations, expressions de colère, pétitions,…

Cette mobilisation à grande échelle de la Oumma nous rappelle à quel point les sentiments religieux et  de solidarité envers nos frères de foi sont encore vivaces.

Cependant, ces évènements tragiques qui s’abattent à nouveau sur notre communauté nous invitent une fois de plus à une série de réflexions dont nous serons en mesure de tirer plusieurs enseignements. 

1-« Ne vous livrez pas entre vous à des disputes qui entameraient votre union et compromettraient    vos chances de succès. » (Sourate Les Prises de guerre/n°8, verset : 46)

L’impuissance de la Oumma au niveau politique due, entre autres, à des dissensions auxquelles nous avons fait allusion précédemment ne fait que traduire cet état maladif qu’incarne cette gangrène de la division qui ronge non seulement nos sociétés musulmanes mais aussi les communautés musulmanes présentes en terre d’Occident. Celle-ci frappe à tous les échelons : l’individu, la famille, les institutions sociales, culturelles et religieuses pour terminer par les instances dirigeantes.

N’est-il pas navrant de relever que nous nous sommes taillés une réputation à l’image de ce que nous représentons : musulmans=divisions ou conflits d’intérêts.

Comment, dès lors, faire le poids face à un adversaire mobilisé et résolument décidé à aller jusqu’au bout de ses convictions ?

De grâce, n’avons-nous pas entre nos mains les enseignements de l’Islam que nous a dispensés notre Prophète Mohammad (r)il y a maintenant  15 siècles : « J’ai laissé auprès de vous deux choses, jamais vous ne vous égarerez tant que vous y restez fidèles : le Livre d’Allah et  la Sunna de son Messager. » Rapporté par Malik et Al-Hâkim d’après Ibn ‘Abbâs, le cheikh Al-Albany l’a qualifié de fiable (hassan), cf. Assilssila Assahîha n° 1761.

Ainsi, nous ne pouvons mettre fin à ces divisions qui nous affaiblissent sans nous affranchir de nos passions, de nos intérêts partisans ou sectaires et sans nous réunir autour d’une même source qui abreuve ceux et celles qui recherchent la réussite dans ce bas-monde et dans l’au-delà.

Dans le cas contraire, nous continuerons à subir ces sempiternelles querelles accompagnées de malheurs qui ne cesseront de s’abattre sur nous à chaque épreuve confirmant ainsi cette prédiction prophétique : « L’unité est source de clémence, la désunion source de châtiment. » Rapporté par Ahmad et Ibn Abî ‘Âssim dans Assunna d’après Annu’mân Ibn Bashîr , le cheikh Al-Albany l’a jugé fiable (hassan) dans Assilssila Assahîha n° 667.

2-« Mais si vous êtes patients et si vous craignez Dieu, leurs manœuvres ne vous causeront aucun  tort. » (Sourate La Famille d’Imran/n° 3, verset : 120)

Ces différentes crises et épreuves que subit notre Oumma, cette même communauté qui est devenue par le biais de sa religion, de son histoire et de ses valeurs leur cible privilégiée devraient nous amener à nous remettre en question et à nous interroger quant aux causes réelles de nos malheurs.

En effet, crier constamment que nous ne sommes pas aimés et de surcroît pas respectés dans ce qui nous est le plus cher (notre foi, nos valeurs, notre dignité)  nous fera perdre de vue que nous sommes les premiers responsables de cette situation d’humiliation et de faiblesse qui nous affecte.

Allah (U), dans Son Livre Saint, est très explicite à ce sujet : «Ayant subi un revers pour la première fois, après en avoir infligé le double à vos ennemis, vous vous dites : « Comment avons-nous pu mériter cette disgrâce ? » Dis-leur : Vous ne devez vous en prendre qu’à vous-même ! »

Ce verset qui est descendu à la suite du revers subi par les musulmans lors de la bataille d’Uhud garde toute son actualité aujourd’hui.

En effet, jamais la Oumma ne s’est sentie autant respectée, à travers son histoire, que lorsqu’elle demeurait fidèle aux enseignements de l’Islam et ne se rangeait que sous sa bannière : « Ô croyants ! Si vous défendez la cause de Dieu, Il vous soutiendra et raffermira vos pas. » (Sourate Muhammad/n° 47, verset : 7)

Une analyse succincte de notre réalité en fera certainement réfléchir  plus d’un : dissensions ; analphabétisme et ignorance tant sur le plan religieux, scientifique qu’intellectuel ;  délaissement de l’ABC élémentaire de l’Islam, entre autres la prière ; relation à Allah qui ne tient qu’à un fil ; violation des interdits ; dégradation morale.

Cet état des lieux, ne concernant pas l’ensemble de la communauté et loin d’être pessimiste, devrait nous permettre en toute sincérité de mettre le doigt sur les points défaillants inhérents à notre vie individuelle et sociale.

Le temps est donc venu de ranger de côté nos lamentations et notre recherche absolue des coupables de nos tragédies et de s’atteler enfin à procéder à une refonte sérieuse, rigoureuse et profonde de notre personnalité à partir des enseignements de notre religion, en espérant qu’Allah puisse nous accorder des jours à venir meilleurs pour nous et les générations futures.

Cette réforme doit être entreprise à tous les échelons de la Oumma : l’individu, la famille, les institutions religieuses, pédagogiques, sociales, culturelles, intellectuelles et politiques.

Chacun étant appelé à prendre ses responsabilités.

L’imam Mâlik avait vu juste lorsqu’il dit un jour : « La réforme de cette Oumma ne se fera que de la manière dont elle fut entreprise lors de son avènement. »

3-Soyons la communauté de l’action et non de la réaction !

Nombre d’observateurs attentifs doivent se demander combien temps durera cette fièvre et cet élan qui animent la Oumma après l’agression israélienne sauvage de Gaza.

En effet, force est de constater que nos réactions sont souvent ponctuelles au gré des évènements mais qu’une fois la tempête passée, nous retournons à notre torpeur habituelle.

Il suffit de penser, pour ne citer que ces exemples, à la campagne d’appel au boycott des produits appuyant l’entité sioniste et ses alliés, à la guerre du Liban de l’été 2006, à l’affaire des caricatures de notre Prophète Mohammad (r)  pour constater que ce large mouvement de protestation, une fois l’affaire dépassée, s’essouffle inexorablement. 

Et Seul Allah sait quel prochain évènement viendra secouer notre insouciance et allumer à nouveau la flamme de notre colère et de notre protestation ?

En aucun cas, il ne faudrait réprimer ces élans  mobilisateurs autour d’évènements qui sensibilisent la Oumma mais plutôt s’efforcer d’inscrire les actions qui en découlent dans le temps afin qu’elles ne soient pas vaines.

Pour exemple, la tragédie que vivent nos frères de Palestine ne date pas d’aujourd’hui, elle a malheureusement 60 ans d’histoire mais qui garde ce fait en tête? 

Il revient donc à chacun d’entre nous, en plus de la réforme préconisée plus haut, de se doter d’une conscience historique qui nous rappellera à tout moment nos devoirs et nos responsabilités envers notre religion et la Oumma.

Ceci passe, bien entendu, par un long travail de conscientisation que doivent mener  les familles, les imams, les prédicateurs, les professeurs, les intellectuels en créant en parallèle à ce processus  des relais avec des personnalités, des acteurs et des organisations même non-musulmans qui partagent nos préoccupations et militent pour des causes qui nous sont communes.

Dans une autre mesure, il faut aussi user de tous les moyens d’expression pacifiques et légaux, sans oublier les invocations et  l’aide financière via des organisations humanitaires fiables et crédibles ; et ce, dans le respect de nos principes religieux et de notre éthique musulmane qui nous permettront de défendre notre cause qu’elle quelle soit.

4-« Le croyant est circonspect jusqu’à ce qu’il s’avise » Hassan Al-Basri.             

En ces périodes de crise, les rumeurs vont bon train ; qu’il s’agisse de celles que nous déversent quotidiennement les médias nous réduisant ainsi  à de simples consommateurs à l’affût de toute nouvelle information sans que nous puissions procéder, dans la mesure du possible, à une vérification critique de ce que nous entendons et lisons ; ou encore celles provenant des nouveaux moyens de communication, à savoir l’internet et les sms.

C’est la raison pour laquelle le croyant est ainsi invité à ne pas perdre son temps dans la recherche d’informations qui ne sont ni toujours authentiques, ni nécessairement utiles.

D’ailleurs, la démarche à adopter est claire et nous est proposée par le Coran :

« Reçoivent-ils une nouvelle, rassurante ou alarmante, ils s’empressent de la diffuser, alors qu’ils auraient dû, avant tout, en référer au Prophète et à leurs chefs qui seuls sont à même d’en connaître la portée et d’en apprécier la véracité. » (Sourate Les Femmes/n°4, verset :84)

L’imam Ibn Kathîr dit au sujet de ce verset : « Il y a là une réprimande à l’encontre de ceux qui concourent à percevoir des nouvelles avant de les vérifier, puis en font part et les répandent, alors qu’elles peuvent s’avérer sans fondement. » (Tafsîr Al-Qorân Al-‘Adhîm , 2/364)

Dans l’attente de mettre à profit ces enseignements, j’invoque Allah (U) qu’Il protège nos frères à Gaza, qu’Il couvre ses martyrs de Sa clémence, qu’Il accorde la guérison et la patience à ses blessés et qu’Il fasse triompher leur cause juste. Amine.

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