FREE PALESTINE
31 mars 2008

une interview de Khalid Mash’al

Sommet de Damas : une interview de Khalid Mash’al

lundi 31 mars 2008 - Ma’an News Agency

Voulant connaître l’opinion du Hamas sur la conférence de Damas, Ma’an et d’autres journalistes arabes ont discuté avec Khalid Mash’al, le responsable politique en exil du Hamas.

Après avoir atteint le bâtiment où se trouvait le dirigeant du Hamas, nous avons été chaudement accueillis par ses gardes du corps. Nous n’avons pas eu à attendre longtemps avant qu’il n’arrive avec deux autres membres du bureau politique du Hamas.

Dès le premier moment, Mash’al a été attentif au moindre détail. Il semblait interpréter toute expression sur nos visages et était très réactif à ce que nous disions.

Alors que nous chuchotions, il s’est rendu compte que nous voulions fumer, et avec le sourire il nous a dit qu’il ne nous l’avait pas interdit.

Pendant l’entrevue, Ma’an a interrogé Mash’al au sujet des entretiens pour une trêve avec Israël, sur les négociations pour la libération du soldat israélien captif Gilad Shalit, et sur d’autres questions.

« Nous ne prierons pas Israël pour une trêve. Ils doivent accepter [une trêve] et s’engager [à la respecter] en Cisjordanie et dans la bande de Gaza s’ils veulent l’obtenir » nous a-t-il dit.

« Israël a refusé de libérer des prisonniers purgeant de longues peines, et à la date d’aujourd’hui les négociations pour la libération de Shalit sont quasiment gelées. »

Mash’al explique ensuite les plans israéliens pour engager de nouvelles guerres dans la région. Quoique l’Israël ait l’appui des Etats-Unis, il ne s’attend pas à ce qu’Israël attaque la Syrie, mais se concentre plutôt sur le Hizbullah au Liban et la bande de Gaza.

Qu’attend le Hamas du sommet de Damas ?

Selon Mash’al, le Hamas veut deux choses : le soutien arabe pour la cause palestinienne, et que les pays arabes résolvent leurs conflits internes.

Ma’an : Pourquoi les Palestiniens se combattent-ils avec une telle violence ? Le Hamas ne devrait-il pas endosser une partie des critiques pour cette situation ? Ne devrait-il pas s’imposer une certaine autocritique ?

Khalid Mash’al : « Il est normal dans des circonstances si dures que des erreurs et des réactions se produisent. Nous ne prétendons pas que ces erreurs étaient obligées, ni ne pouvons prétendre que le Hamas s’est comporté de la façon la plus responsable. Mais ne blâmons pas la victime, et au contraire observons et critquons ceux qui montent des conspirations contre leur propre peuple ... Dans certaines occasions il est compréhensible que la victime puisse faire certaines erreurs, mais nous sommes prêts pour deux choses :

« En premier : comme je l’ai dit aux officiels arabes, le Hamas serait d’accord sur une enquête impartiale et honnête sur ces événements regrettables [dans Gaza]. Nous pratiquons l’auto-critique, et nous avons donné notre accord a ce qui a été suggéré par la Conférence Islamique qui a proposé qu’une commission d’enquête composée de juges arabes examine les événements qui se sont produits dans Gaza.

Deuxièmement : le Hamas a le droit d’exercer le pouvoir pendant quatre ans, et après cela vous pourrez juger ce que nous avons fait. Et s’il y a de nouvelles élections nous y participerons. »

Ma’an : Pourquoi le Hamas tient-il à l’Autorité comme le Fatah ?

Khalid Mash’al : « Nous avons eu des discussions à l’intérieur du Hamas à ce propos, en dehors comme dans les prisons israéliennes, et nous avons proposé comme décision de participer aux élections. Notre décision était en partie pour protéger la résistance palestinienne après la mort de Yasser Arafat, pour sauvegarder la résistance. Nous avons également voulu combattre la corruption de l’Autorité palestinienne qui affectait notre peuple.

Il n’y a aucune autorité à laquelle nous soyons accrochés. Mais il y a une situation de fait qui nous force à être présent, et au cas où il y aurait des garanties pour une bonne gestion à Gaza et que l’AP [de Ramallah] ne cherche pas à nous saper, alors nous abandonnerons l’Autorité le jour qui suit. »

Un journaliste égyptien a interrogé Mash’al sur la différence qui existait entre le premier ministre Isma’il Haniyeh du Hamas et le président palestinien Mahmoud Abbas, prétendant qu’ils étaient tous les deux les faces de la même pièce de monnaie.

Mash’al a répondu : « N’accablez pas le Hamas. L’Autorité est un obstacle et un fardeau, et si le Hamas voulait simplement le pouvoir, il aurait donné satisfaction au Quartet international et aux Etats-Unis afin de garantir ce pouvoir. Cependant, Haniyeh et [le responsable du Hamas Mahmoud] Az-Zahhar travaillent à partir des bunkers de la résistance et ils envoient leurs fils mourir comme martyres. »

Ma’an : Si le Hamas convient d’une trêve de dix ans, comment pourrait-il néanmoins se faire appeler un mouvement de résistance ?

Khalid Mash’al : « Le Hamas voit la trêve comme une tactique pour contrôler le niveau du conflit israélo-palestinien. »

Ma’an : Dans quelle mesure le Hamas a-t-il été préoccupé par le pouvoir, et où se situe la résistance ?

Khalid Mash’al : « Il y a deux questions sur lesquelles le Hamas ne peut pas être critiqué. La première est qu’il n’y a aucune véritable Autorité palestinienne. Deuxièmement, s’il y avait une véritable Autorité, qui est nécessaire, cette Autorité devrait être consacrée au service du peuple palestinien plutôt qu’à son exploitation. Ceux qui sont à blâmer pour la faiblesse de cette Autorité sont ceux qui ont signé les Accords d’Oslo, et pas le Hamas. »

Mash’al a également expliqué que les Etats-Unis avaient récemment envoyé des émissaires officieux pour rencontrer la direction du Hamas, et que ce dernier avait refusé de les rencontrer. Le Hamas a également refusé des contacts informels avec Israël.

Quant à savoir si le Hamas mène un conflit religieux contre Israël, Mash’al a arguumenté sur le fait que le Hamas est un mouvement de libération nationale, et non pas une organisation voué à une guerre religieuse.

Ma’an : Comment se sont passés les entretiens entre le Hamas et le Fatah à Sana’a ?

Khalid Mash’al : « Nous avons convenu de discuter la question des élections anticipées en dépit de nos craintes que ce pourrait être des élections trafiquées en fonction des souhaits d’Israël et des Etats-Unis qui veulent bien de ces élections à condition que le Hamas ne les gagnent pas une seconde fois.

Nous avons refusé de dialoguer avec la délégation de l’OLP simplement parce qu’un côté [le Fatah] ne doit pas employer l’OLP comme un écran contre l’autre côté [le Hamas]. »

Ma’an : Pourtant vous vous parlez du Fatah en tant que mouvement qui collabore avec l’occupation israélienne ; comment pouvez-vous dans ces conditions dialoguer avec lui ?

Khalid Mash’al : « Nous sommes en désaccord avec certaines tendances et certains dirigeants du Fatah, et nous voulons ce dialogue parce que nous estimons que la réconciliation dans la patrie palestinienne est impérative. »

30 mars 2008 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
[Traduction : Info-Palestine.net]

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