FREE PALESTINE
19 septembre 2007

Néo-nazis israéliens : des victimes sans adresse

Néo-nazis israéliens : des victimes sans adresse

mercredi 19 septembre 2007 - Meron Rapoport - Ha’aretz

La semaine passée, quand toutes les chaînes de télévision du pays ont montré les images des jeunes « jeunes néo-nazis » attaquant des victimes prises au hasard, l’attention du public s’est portée sur les agresseurs. Cela se comprend facilement. Il est difficile d’appréhender le fait qu’un groupe néo-nazi opère chez nous, dans l’Etat des Juifs. Cette combinaison - des néo-nazis juifs - paraît inconcevable même dans d’autres pays - c’est pourquoi cette histoire a fait la une dans les quotidiens à l’étranger.

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Chez nous, le débat s’est immédiatement porté sur la Loi du Retour. Comme si le phénomène devait disparaître si nous n’autorisions l’entrée en Israël que des Juifs jugés tels par la halakha [loi rabbinique]. Cet argument infondé oublie à la fois qu’une partie des membres de ce groupe néo-nazi sont juifs selon la halakha et aussi que des Juifs casher [conformes à la halakha] peuvent eux aussi, malheureusement, se comporter comme des néo-nazis.

Il s’agit sans aucun doute d’un phénomène terrifiant et il y a lieu de s’occuper des agresseurs et de l’environnement qui a engendré ce mode de comportement. Mais il vaut la peine de prêter attention aux victimes également. La plupart d’entre elles étaient des travailleurs étrangers, mais cela on le sait de la bouche des agresseurs. Roni Singer, journaliste à Haaretz, a rapporté que la police avait multiplié les efforts pour identifier les personnes agressées, afin de renforcer le dossier d’accusation, mais en vain. Aucune des victimes ne s’est plainte à la police. Apparemment, en Israël, un travailleur étranger craint davantage la police que les voyous qui le frappent sans pitié. Le travail acharné de la police de l’immigration porte apparemment ses fruits.

Cela ne surprendra pas ceux qui travaillent dans ce secteur. Noa Kaufman, directrice d’une clinique gérée par l’organisation « Médecins pour les droits de l’homme », dit que se présentent régulièrement chez eux des travailleurs étrangers qui ont été battus. Ils les encouragent à porter plainte à la police mais généralement, les travailleurs ont peur.

Le fait que personne ne se plaint de ces agressions brutales visant des travailleurs étrangers doit nous interpeller d’autant plus qu’elles se produisent dans des lieux publics. Même si les membres du gang veillent à ce qu’il n’y ait pas de témoins de leurs forfaits, on peut supposer qu’ils abandonnent sur place leurs victimes ensanglantées. Qu’arrive-t-il alors à celles-ci ? Est-il possible que personne ne les ait vues ? Ou que des passants les aient vues mais aient poursuivi leur chemin ?

La police a manifesté de la fermeté dans cette affaire, mais on a le sentiment que pour les gens dépourvus de droits, les « autres » en tous genres, il n’y a pas de véritable adresse en Israël où ils puissent demander protection. Il semble parfois que les autorités ferment les yeux sur les violences dont ils sont l’objet. Durant la seconde Intifada, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées, après un attentat, autour de la mosquée Hassan Bek, à Jaffa, et s’étaient mises à lancer des pierres sur les fidèles musulmans qui s’étaient alors retranchés dans le bâtiment. Se distinguaient clairement parmi les assaillants plusieurs skinheads russophones, portant des tatouages, qui, aux yeux du profane que je suis, avaient incroyablement l’air de néo-nazis. Ils forçaient sans arrêt les rangs de la police qui cernaient la mosquée et ils lançaient des pierres de tout près dans les fenêtres de la mosquée. Les policiers les regardaient faire et ne faisaient rien. A un moment donné, plusieurs assaillants ont soulevé des barrières de la police et les ont lancées vers la mosquée et vers les voitures des fidèles. Les policiers ont continué d’observer avec curiosité. Personne n’a fait l’objet d’une arrestation.

Même s’il n’y a pas de lien entre ces skinheads et le groupe de Petah Tikvah, ceux-ci ont pu déduire du comportement de la police à ce moment-là, qu’elle ne s’émouvait pas réellement des violences visant « les autres ». Peut-être ces mêmes skinheads n’ont-ils pas salué en levant le bras. Peut-être ne vénéraient-ils pas Hitler. Mais ils vénéraient la violence à l’encontre de plus faibles qu’eux. Ce n’est pas moins grave. Et tant que la société israélienne ne combattra pas sérieusement ce sinistre racisme, elle continuera à considérer les « néo-nazis » comme des aliens atterris tout à coup ici, et à croire qu’il suffirait de les renvoyer sur leur lointaine planète pour que tout soit résolu. Ce n’est vraiment pas le cas.

Meron Rapoport - Ha’aretz, 17 septembre 2007
Version anglaise : Jews are capable of acting like neo-Nazis
Traduit de l’hébreu par Michel Ghys

http://www.info-palestine.net

Voir aussi: Des néo-nazis en Israël http://mcpalestine.canalblog.com/archives/2007/09/10/6164475.html

Des cas d’antisémitisme dans l’armée israélienne

http://mcpalestine.canalblog.com/archives/2007/04/26/4745523.html

Commentaires
B
Ce n'est pas un Etat nationaliste qui sera un refuge mais une éthique vraiment chrétienne, juive, musulmane et marxiste.<br /> Faut-il suivreGandhi ou Che Guevara ?
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