FREE PALESTINE
21 mars 2007

"C’est l’occupation qui doit être mise en jugement."

Le Secrétaire général du Front Populaire de Libération de la Palestine refuse de se présenter devant le juge et réaffirme : "C’est l’occupation qui doit être mise en jugement."

Le 14 mars 2006, Ahmed Saadat, député du Parlement palestinien et secrétaire général du Front Populaire de Libération de la Palestine emprisonné depuis 4 ans par l’Autorité palestinienne, était kidnappé par l’armée sioniste dans la prison de Jéricho, ville autonome, au cours d’un raid extrêmement violent lancé quelques instants après que les trois observateurs britanniques furent "partis", laissant ainsi le champ libre à l’armée d’occupation. Ahmed Saadat et les résistants du FPLP avaient été emprisonnés par l’Autorité palestinienne pour l’assassinat du ministre sioniste du tourisme, Rehavam Zeevi, en 2001.

Saadat et les quatre autres résistants du FPLP kidnappés à Jéricho par l’armée d’occupation

Pour l’anniversaire de son enlèvement, Fight Back News Service fait circuler cette déclaration du Secrétaire Général du Font Populaire de Libération de la Palestine et en a assuré la traduction de l’arabe à l’anglais.

"Ce procès ne peut être séparé du processus de la lutte historique en Palestine qui continue aujourd’hui entre le mouvement sioniste et le peuple palestinien, une lutte centrée sur la terre, l’histoire, la

civilisation, la culture et l’identité palestiniennes. C’est pourquoi toute tentative de fermer les yeux sur cette réalité lorsque nous traitons des répercussions du conflit serait une tentative arbitraire contre les faits et la raison. Un jugement arbitraire par des oppresseurs arrogants qui essaient de soumettre les Palestiniens en utilisant les méthodes de l’occupation qui contrôle la terre dans le dit conflit.

Et si la fonction de tout appareil judiciaire est d’obtenir la justice, alors toute pratique honnête, légale et éthique devrait autoriser l’arbitrage d’une autorité indépendante et des lois en accord avec la légalité internationale. Et la légalité internationale et son organe législatif (les Nations Unies), ainsi que l’ensemble des résolutions adoptées par cet organe, n’ont pas légalisé votre occupation ; ils vous ont pressé d’y mettre fin et d’en éliminer les conséquences.

Lorsque Israël a été reconnu comme Etat, l’introduction de la résolution de reconnaissance a conditionné cette reconnaissance au retour des réfugiés palestiniens qui ont été contraints à l’exil. A ce jour, cette condition n’a pas été remplie ; de plus, les conventions signées par les Nations Unies reconnaissent à notre peuple le droit de résister à l’occupation pour arriver à notre indépendance nationale et rendre effectif notre droit à l’auto-détermination.

De même pour votre appareil juridique, d’où est issu ce tribunal : il est l’un des instruments de l’occupation dont la fonction est de donner une couverture de légitimité légale aux crimes de l’occupation, en plus de consacrer son système et d’autoriser l’imposition de ses méthodes sur notre peuple par la force.

Cet appareil juridique soutient également l’administration de cette occupation - qui est la pire forme du terrorisme d’Etat - comme si vous étiez dans un état permanent d’auto-défense. La résistance légitime de notre peuple est vue comme du terrorisme à combattre et à éliminer et ce sont ceux qui l’exercent et la soutiennent qui sont jugés. En face de ces contradictions entre deux logiques, il devrait y avoir une condamnation.

Je ne me sens pas obligé de vous soumettre les pages du droit international, ni celles de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme pour décrire la situation, puisqu’un témoin est déjà parmi vous, l’un des dirigeants du Parti travailliste qui a fondé votre Etat et qui a déjà servi comme témoin il y a de nombreuses années. Ce dirigeant a décrit les lois internationales d’exception de l’Occupation britannique en 1945 comme "pire que les lois nazis" et a ajouté : "C’est vrai que les nazis ont commis des crimes ; néanmoins, ils n’ont pas été jusqu’à légiférer sur ces crimes." A voir comme votre tribunal et la liste des accusations sont basés sur ces lois et placent l’occupation et les accusateurs particuliers comme les émetteurs de la condamnation, bien sûr il devra y avoir une condamnation.

Sur la base de ce qui a déjà été dit, je considère votre jugement contre les combattants de notre peuple comme un crime et comme le prolongement des autres crimes commis contre les fils et les filles de notre peuple, y compris l’expropriation de leurs terres, la confiscation de leur liberté et l’assassinat de leurs enfants, femmes, personnes âgées et dirigeants politiques.

Les jugements contre les combattants et les dirigeants, comme les assassinats de Abu Ali Mustafa, Sheikh Ahmad Yassin et Yasser Arafat, sont aussi des crimes, comme la détention des ministres et des députés démocratiquement choisis au cours d’élections légitimées par la communauté internationale, qui a salué leur transparence, leur honnêteté et leur liberté, et qui ont été approuvé, à l’époque, par votre gouvernement. Vous continuez à commettre ces crimes, et c’est pour cette raison que nous demandons au garant de la légalité internationale d’y mettre fin d’urgence, et de traîner l’occupation et ses dirigeants devant la Cour internationale de justice comme "criminels de guerre".

Mais plus important, et même pire, le comportement de vos gouvernements successifs continue à mettre en pratique une logique dévoyée pour imposer une solution, au lieu de chercher une résolution politique, basée sur la légalité internationale, d’un conflit chronique qui dure depuis plus d’un siècle. Cette voie ouvrirait un chemin démocratique, civilisé et humain vers la fin du conflit.

La direction israélienne exploite le déséquilibre des forces internationales favorables aux intérêts militaires israéliens, et ainsi Israël a continuellement recours au langage de l’arrogance et de l’orgueil pour tenter d’éliminer un conflit qui gagne en vitalité sur la base de la réalité historique objective.

Cette direction essaie de saboter toute tentative ou geste pour résoudre le conflit pacifiquement et par des moyens politiques, démontrant sa prédisposition à rejeter toute initiative de construction d’un projet politique équilibré en accord avec les résolutions internationales. C’est ainsi que l’initiative de la France, de l’Espagne et de l’Italie pour organiser une conférence internationale a été rejetée, avant même que ses fonctions aient été déterminées.

Cette politique correspond peut-être aux intérêts de tel ou tel gouvernement ou administration nord-américain, mais elle ne sert pas les slogans que la direction israélienne essaie de vendre à la population juive de Palestine ou aux peuples du monde, avec la référence à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme. Parce que la sécurité ne pourra jamais être obtenue dans une région où il y a un conflit entre une machine militaire et la brutalité d’une force d’occupation et le peuple dont la terre est occupée.

Seule une paix basée sur une prise en compte objective des réalités du conflit pourra garantir la sécurité et cette paix doit commencer par la fin de l’occupation et la reconnaissance des droits nationaux du peuple occupé. Elle commencera avec le respect des lois internationales, et non en traitant l’occupant comme si il était au-dessus des lois, revenant à la logique de l’arrogance et de l’orgueil, symbolisée par la citation : "Ce que pense Mussolini, c’est la vérité", qui nourrit le cycle du conflit. Votre gouvernement sera responsable des vies gâchées et de la perte de la stabilité personnelle, sociale et économique des deux côtés en conflit. Cette réalité devrait obliger les juifs de Palestine et les peuples du monde qui aspirent à la promotion de la justice et de la paix à comprendre les causes et les impulsions de cette politique.

Nous sommes certains que les raisons de la politique d’occupation ne prennent pas leur source dans l’ignorance politique, la peur de l’avenir, ou la préservation de la sécurité des juifs (comme certains le suggèrent).

Ce qui impulse les politiques de votre gouvernement, ce sont les buts assignés à Israël par l’impérialisme. L’objectif convertit les slogans énoncés par la direction israélienne pour les masses juives en slogans malhonnêtes, et choisit comme logique non seulement la justification des crimes de l’occupation, mais aussi la politique de discrimination raciale pratiquée contre les masses de notre peuple en Palestine occupée en 1948. Cette discrimination vise également, à cause de leurs cultures distinctes, la communauté juive orientale ou les immigrants juifs originaires d’Afrique et d’Ethiopie en particulier.

En Israël, le sommet de la pyramide politique a toujours été tenu par ceux qui étaient favorables aux intérêts d’une poignée de capitalistes sionistes locaux ou internationaux, alliés des compagnies du monopole impérialiste mondial qui aujourd’hui gèrent et guident les politiques des Etats-Unis et d’Israël. La paix, la sécurité, la démocratie et le bien-être pour les juifs en Palestine, à part d’être déjà des slogans éculés, ne sont rien d’autres que des ingrédients pour l’imposition du projet impérialiste US du "plus grand" ou "nouveau" Moyen-Orient, comme l’appelle Shimon Peres. Les membres des extrêmes de la mondialisation impérialiste internationale, avec les Etats-Unis à leur tête, ne le nie même plus, ni ne tente de le dissimuler.

Basé sur tout ce que j’ai dit, et en défense de la justice de notre cause et de la lutte légitime de notre peuple contre l’occupation, je refuse de reconnaître la légitimité de votre tribunal ou de légitimer votre occupation ou de me présenter devant celui-ci. Parce que ce que vous appelez une liste d’accusation et "d’infractions à la sécurité" sont en réalité mes devoirs patriotiques, "qu’ils soient réalisés ou non" et ils doivent être raplacés dans le contexte du devoir général de résistance à l’occupation.

En même temps, et en qualité de Secrétaire général du Front Populaire de Libération de la Palestine, je veux réaffirmer ma fierté de faire partie du Mouvement révolutionnaire palestinien et des extensions de ce mouvement dans les projets régionaux, nationaux et internationaux qui forment les composantes du mouvement international contre le système impérialiste de mondialisation. Ceci est le cadre principal des peuples du monde et des classes sociales opprimées qui luttent pour la liberté, la démocratie, le socialisme, le progrès global, la juste redistribution des richesses, l’égalité parmi les peuples et la paix - rejetant la répression et le concept impérialiste de la liberté basé sur le pillage, l’injustice et la discrimination raciale. Ce mouvement soutient la construction d’une culture et d’une civilisation globale, humaniste et progressiste de manière à rendre à l’homme son humanité et de lui ouvrir les voies d’un développement libre.

Je suis fier d’être un combattant luttant pour mettre fin à l’occupation israélienne, pour arriver à l’indépendance nationale, pour garantir le retour de notre peuple et pour bâtir les mécanismes nécessaires à une solution démocratique au conflit en Palestine. Une solution capable d’obtenir une paix permanente pour toute la population de Palestine, qu’elle soit arabe ou non arabe. Une solution capable de réussir une réconciliation historique, l’égalité et l’impartialité, en devoir et en droit, à l’intérieur du cadre d’un seul Etat démocratique soutenu par un système qui rejette toute forme de discrimination basée sur la religion, le nationalisme, l’ethnicité, la classe sociale ou l’orientation sexuelle.

Pour terminer, peut-être que la cour ne souhaite pas écouter ces prises de position ; elle peut ne pas vouloir les prendre en considération comme étant en dehors du cadre de ses attributions pour maintenir une théorie dans une certaine perspective étroite. Toutefois, ma position est dictée par la logique, les fondamentaux du conflit et ses causes objectives ; car la solution simple est celle qui traite les causes, plutôt que les conséquences.

J’aimerais terminer ma déclaration en disant ceci : c’est votre tribunal et vous avez la force pour le faire fonctionner et me condamner sur la base de vos listes d’accusations, celles qui sont publiques et celles qui sont secrètes, et vous pouvez édicter une sentence préparée par l’appareil politique et sécuritaire qui est derrière cette cour.

Mais j’ai moi aussi la volonté nourrie par la justice de notre cause et la détermination de notre peuple de rejeter toute décision de ce tribunal illégal, pour préserver un équilibre logique et cohérent, et pour continuer avec détermination à résister à l’occupation aux côtés des fils et filles de mon peuple, en dépit de l’espace restreint que vous imposez à mes mouvements déjà limités, comme "prisonnier pour la liberté"."

Manifestation du FPLP en soutien aux prisonniers à Naplouse, novembre 2006

Source : Fight Back News Traduction : MR pour ISM

l'Association France Palestine Solidarité : http://www.france-palestine.org

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