FREE PALESTINE
14 juin 2010

L'ÉCONOMIE ISRAÉLIENNE EST-ELLE PRÉPARÉE À AFFRONTER UN BOYCOTT GÉNÉRALISÉ ?

L'ÉCONOMIE ISRAÉLIENNE EST-ELLE PRÉPARÉE À AFFRONTER UN BOYCOTT GÉNÉRALISÉ ? Les secteurs menacés sont nombreux et variés: finances, commerce, immobilier, tourisme, etc.
Par Jacques Bendelac, à Jérusalem
Rubrique: Boycott
Publié le 14 juin 2010

http://www.israelvalley.com/news/2010/06/14/27781


Les députés israéliens du Likoud et de Kadima se sont mis d’accord pour combattre le boycott d’Israël; ils viennent de déposer à la Knesset une proposition de loi visant à traduire en justice les Israéliens qui appellent les étrangers à boycotter l’Etat juif. Il est vrai que les menaces de boycott de l’économie israélienne se précisent. Ce qui a commencé comme un incident diplomatique avec la Turquie, ou comme un acte de protestation de l’Autorité palestinienne, s’étend aux quatre coins du monde: associations, syndicats et universitaires, lancent à leurs concitoyens des appels à ne pas acheter les produits Made in Israel, voire à rompre toute relation économique avec l’Etat juif. L’économie israélienne doit-elle redouter un tel boycott? Ou bien, au contraire, les intérêts économiques seront-ils plus forts que toute menace politique? Une chose est sûre: Israël doit prendre au sérieux les appels au boycott, même si par le passé, de telles menaces n’ont jamais fait leur preuve.

De la finance au cinéma

En réponse au blocus de la bande de Gaza imposé par Israël, la liste des citoyens de nombreux pays qui appellent au boycott d’Israël s’allonge: Français, Norvégiens, Italiens et Suédois (pour n’en citer que quelques uns) sont appelés à boycotter les produits israéliens. Le boycott ne se limite plus aux oranges et avocats commercialisés dans les supermarchés européens. Désormais, il concerne des activités multiples et variées; la finances, le tourisme, l’immobilier, etc. En Suède, un fonds de retraite vend son paquet d’actions de la société Elbit; en Allemagne aussi, la Deutsch Bank s’est débarrassée de ses participations dans Elbit. En Italie des supermarchés retirent de ses étagères des produits israéliens. Dorénavant, les appels au boycott dépassent même les activités économiques: ils s’étendent aussi aux sports, au cinéma, à la chanson, etc.

Certes, les appels au boycott sont l’initiative d’associations, syndicats et universitaires, et non pas de gouvernements, à l’exception de la Turquie et du presqu’Etat de Palestine. Les traités internationaux, auxquels Israël a adhéré, interdisent à un pays d’imposer des mesures de boycott sur un autre; l’adhésion à l’OCDE, qui prône la libre-circulation des marchandises, et les accords d’association avec l’Europe devraient permettre à Israël d’éviter un embargo officiel.

La menace de boycott comme opportunité économique

On ne peut pas négliger les retombées économiques négatives d’un boycott généralisé. Pour une économie qui, en 2009, a exporté le quart de sa production nationale (PIB), la fermeture de débouchés extérieurs pourrait être fatale. De même, l’approvisionnement de matières premières pourrait être perturbé par un embargo international; néanmoins, les récentes découvertes de gaz et de pétrole vont rendre l’économie israélienne plus indépendante pour ses approvisionnements énergétiques. Quant aux investissements étrangers, ils sont également sensibles à la situation sécuritaire qui prévaut en Israël.

Certes, le boycott finit par peser sur l’économie israélienne. Mais pour certains économistes israéliens, Israël pourrait tirer parti d’un boycott généralisé. Il est vrai qu’Israël a déjà fait face à des appels au boycott beaucoup plus massif et durant des périodes de son histoire plus délicates pour sa survie. L’exemple le plus significatif est celui de l’embargo sur les fournitures françaises déclaré par la France en 1967; Israël a alors décidé de fabriquer lui-même ce que les autres nations ne voulaient plus lui fournir. L’Etat juif s’est constitué une industrie militaire de pointe, qui a entrainé à son tour la création d’un tissu industriel de PME agissant aussi bien comme sous-traitant à l’industrie militaire que comme relais pour reconvertir les technologies militaires au secteur civil.

Buycott contre Boycott

Pour l’heure, l’exemple de la Turquie semble indiquer que les intérêts économiques sont plus forts que toute menace politique. Certes, Ankara a annoncé la suspension de tous ses projets d’infrastructure en partenariat avec Israël; des hommes d’affaires turcs annulent des réunions avec leurs partenaires israéliens; le tourisme entre les deux pays s’est interrompu, etc. Mais les intérêts communs sont plus résistants que la pression politique. Selon l’Institut israélien d’Exportation, environ 900 grandes sociétés israéliennes sont actuellement implantées en Turquie, principalement dans la chimie, l’industrie pharmaceutique, les fournitures médicales, les logiciels et les communications, sans oublier bien sûr les divers prestataires dans le domaine de la défense. Ce tissu de partenariats et d’échanges commerciaux devrait se poursuivre, même dans la discrétion.

Face aux appels à boycotter les produits israéliens, un contre-courant de « buycott » se développe et prospère, notamment en Amérique du Nord; au Canada en particulier, des associations incitent les consommateurs à acheter de préférence des produits en provenance de l’Etat juif. En fait, Israël dispose d’un argument convaincant: si les consommateurs étrangers décident de boycotter massivement les produits israéliens, ils devront carrément changer leur mode de vie: aujourd’hui, il est difficile de trouver dans le monde un téléphone cellulaire, un ordinateur portable ou instrument médical dont une de ses composantes ne sorte pas d’une usine israélienne…


Jacques Bendelac (Jérusalem)

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