FREE PALESTINE
10 janvier 2009

L'ambassadrice d'Israël à Bruxelles, Tamar Catarivas-Samash, réagit aux derniers événements à Gaza.

Tamar Catarivas-Samash : " Entre ce qui s'avère désagréable pour les Palestiniens et ce qui est vital pour les Israéliens, je choisis ce qui est vital. " - F.Pauwels

L'ambassadrice d'Israël l'affirme: "Personne ne nous arrêtera"

08/01/2009 09:10

L'ambassadrice d'Israël à Bruxelles, Tamar Catarivas-Samash, réagit aux derniers événements à Gaza.

Le Vif/L'Express : Après deux semaines d'offensive, Israël accepte d'ouvrir un couloir humanitaire à Gaza, mais refuse le cessez-le feu. Pourquoi ?

Tamar Catarivas-Samash : Une trêve humanitaire permettrait au Hamas de se ressaisir. De plus, elle n'est pas nécessaire. Car tout ce qui est humanitaire entre dans la bande de Gaza : des vivres, de l'essence, des ambulances... Nous y avons transféré aussi des dons de sang effectués en Jordanie. Nous ne sommes pas en guerre contre le peuple palestinien.

Des ONG jugent pourtant la situation humanitaire catastrophique...

Cela fait partie de la guerre de propagande menée contre Israël. En réalité, des dizaines de tonnes de farine et d'autres produits sont stockés dans les hangars de Gaza et ne sont pas distribués à la population.

Le commissaire européen Louis Michel accuse Israël de ne pas respecter le droit international humanitaire...

Louis Michel doit réviser ses notions de droit international. Ce droit est clair : la population civile doit être protégée, mais quand des militaires se cachent derrière des boucliers humains, c'est différent. Notre armée cherche à éviter de faire des victimes civiles, mais dans un conflit, il y en a toujours.

La dernière guerre du Liban, à l'été 2006, a été un échec cuisant pour Israël, incapable d'écraser le Hezbollah. Ce revers de Tsahal n'a, semble-t-il, pas servi de leçon aux responsables israéliens.

Nous avons, au contraire, tiré les leçons de la guerre du Liban. Cette fois, notre armée était prête et nous ne laisserons personne, pas même l'ONU, nous arrêter avant d'avoir atteint notre objectif : mettre fin aux attaques terroristes sur le sud d'Israël. Et, dans la foulée, ramener le calme à Gaza, dont les habitants sont, eux aussi, les otages du Hamas.

Les tirs de roquettes du Hamas ne sont-ils pas une forme de réponse à l'interminable blocus de la bande de Gaza ?

Les attaques à la roquette ont commencé bien avant le début du blocus. En 2005, nous nous sommes retirés de la bande de Gaza, laissant à l'Autorité palestinienne des infrastructures, des serres... Les terroristes ont alors multiplié les tirs sur Israël. En 2006, après la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, les attaques se sont poursuivies. D'où le blocus.

Si l'offensive israélienne à Gaza réussit, ce qui est loin d'être assuré, Israël gagnera, au mieux, quelques mois de répit, pronostiquent de nombreux experts. Le Hamas sera peut-être affaibli, mais la colère contre Israël ne redouble-t-elle pas d'intensité dans le monde arabo-musulman ?

Cette opération ne changera rien : la haine d'Israël et du Juif est déjà bien présente parmi les Palestiniens. En dépit des accords conclus avec le président Mahmoud Abbas, cette haine continue à être enseignée dans les écoles palestiniennes et est propagée par les télévisions arabes.

Que pensez-vous des manifestations anti-israéliennes qui se déroulent en Belgique ?

Je trouve regrettable de voir le conflit israélo-palestinien transféré ici. Trouvez-vous normal que des jeunes qui n'ont jamais mis les pieds au Proche-Orient manifestent, à Bruxelles, en tant qu'islamistes, avec les drapeaux du Hamas ? Ils sont entraînés par des meneurs qui ont tout intérêt à générer la violence.

De quoi a peur Israël ? Votre pays n'a-t-il pas le soutien inconditionnel des Etats-Unis et de plusieurs pays européens ?

Notre histoire nous enseigne que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Aucun pays, pas même les Etats-Unis, qui sont loin, ne viendrait aider Israël si nous étions attaqués. Je pense surtout à la menace iranienne. Téhéran s'immisce toujours plus dans la région par l'intermédiaire du Hezbollah libanais, du Hamas palestinien et des Frères musulmans égyptiens.

Les images des souffrances vécues par la population de Gaza ne sont pas diffusées par la télévision israélienne. Pourquoi cette guerre à huis clos ?

Nous n'avons pas l'habitude de faire du grand guignol. Nous ne montrons ni nos victimes, ni celles de l'adversaire. Exhiber des photos de souffrances d'enfants palestiniens est obscène. Cela ne veut pas dire que la population israélienne n'est pas au courant de ce qui se passe à Gaza.

Le traitement du conflit par la presse belge vous déplaît-il ?

Elle diabolise Israël, alors que personne ne s'est élevé pour dire que, depuis huit ans, des enfants israéliens vivent sous les bombes. Des enfants dont le premier mot n'est pas « Papa » ni « Maman », mais « alerte rouge » !

La construction de colonies et de check-points se poursuit...

Les check-points répondent à la nécessité d'assurer la sécurité des citoyens israéliens. Entre ce qui s'avère désagréable pour les Palestiniens et ce qui est vital pour les Israéliens, je choisis ce qui est vital.

Le mur de sécurité éloigne les deux peuples. Est-ce la bonne façon de favoriser le retour de la paix ?

C'est malheureux, Palestiniens et Israéliens se connaissent de moins en moins. Mais il fallait éviter les attentats et les frictions. J'espère que l'on pourra bientôt abattre ce mur et avoir à nouveau des contacts. Je pourrai alors recommencer à faire mes courses à Bethléem, comme autrefois. Et mes amis palestiniens de Bethléem pourront prendre le café avec moi à Jérusalem.

Ne sera-t-il pas encore plus compliqué de s'entendre avec les Palestiniens après cette guerre de Gaza ?

Je ne crois pas. La paix se fait entre ennemis, pas entre amis.

Entretien : François Brabant et Olivier Rogeau

http://www.levif.be/actualite/monde/#

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