FREE PALESTINE
16 juillet 2008

La Sûreté Générale interroge un haut responsable des « Médecins pour les Droits de l’Homme »

La Sûreté Générale interroge un haut responsable

des « Médecins pour les Droits de l’Homme » à propos de l’activité de l’association

Akiva Eldar

Haaretz, 3 juin 2008

www.haaretz.co.il/hasite/spages/989637.html

Version anglaise : Physicians for Human Rights official detained by Shin Bet www.haaretz.com/hasen/spages/989448.html

La Sûreté Générale [Shabak] a récemment interrogé un des hauts responsables de l’organisation des Médecins pour les Droits de l’Homme (PHR-Israël) sur l’activité de l’association, son budget, l’identité des contributeurs, elle a pris des renseignements concernant d’autres employés de l’association et a voulu savoir si les médecins bénévoles recevaient de l’argent pour leur activité en son sein. En outre, le responsable en question, Salah Haj Yehya, s’est vu interdire de rendre visite aux membres de l’organisation à Gaza, après avoir été placé sous statut d’ « empêché pour raison de sécurité ». La Sûreté Générale a fait savoir à « Haaretz » que cet empêchement pour raison de sécurité visant Salah Haj Yehya était lié à une activité hostile et qu’à aucun moment il n’avait été dit que cela découlait d’une activité politique.

Salah Haj Yehya, un Israélien de Taibeh qui travaille comme directeur des cliniques de l’organisation, a été interrogé sur des rencontres qui avaient été organisées par les représentants des « Médecins pour les Droits de l’Homme » dans la Bande de Gaza, notamment avec le Président du Parlement et Ministre de la Santé. Il a été interrogé sur son appartenance à des associations caritatives et à des associations politiques ainsi que sur ses déclarations faites dans les médias, et il a été invité à livrer ses numéros de téléphone. Son interrogateur lui a fait clairement comprendre que les détails de sa vie personnelle étaient parfaitement connus de la Sûreté Générale et il lui a même demandé, comme incidemment : « ça vous dérange si je vous téléphone de temps à autre ? »

Salah Haj Yehya a organisé une équipe de médecins membres du PHR et l’a conduite à l’occasion de deux visites qui ont eu lieu cette année à Gaza. Au cours de ces visites, les médecins ont rencontré des membres du corps médical et ont récolté des informations sur la crise humanitaire dans la région. Les membres de la délégation ont dispensé des soins médicaux à des patients dans les deux principaux hôpitaux de la Bande de Gaza. Les notes de cette visite ont été publiées sur le site Internet de l’association et dans des communiqués de presse.

Il y a six semaines, le commandant [israélien] chargé de la coordination et de la liaison à Gaza a donné son accord pour une autre visite des médecins dans la Bande de Gaza mais en annonçant que Salah Haj Yehya se trouvait, lui, « empêché pour raison de sécurité ». En réponse à une démarche effectuée auprès d’elle par deux membres de la direction du PHR, le professeur Raphi Valden et le Dr Dany Filc, par l’intermédiaire du député Haim Oron, la Sûreté Générale a fait savoir que l’empêchement serait levé si Salah Haj Yehya prenait l’engagement de ne s’occuper que de questions humanitaires, lors de ses futures visites à Gaza, et pas de questions politiques.

Le même jour, avant même que les membres de l’association n’aient eu le temps de demander des éclaircissements quant à l’autorité censée décider de la définition de l’idée de « questions politiques », Salah Haj Yehya était convoqué pour interrogatoire par la Sûreté Générale. Au terme de l’interrogatoire, l’enquêteur leur a fait savoir que « l’empêchement pour raison de sécurité » avait été levé après qu’il ait été dit à Salah Haj Yehya qu’il devait s’abstenir de toute activité qui ne soit pas humanitaire.

Dans une lettre adressée à Youval Diskin, chef de la Sûreté Générale, les membres de la direction du PHR ont protesté contre « un franchissement d’une ligne rouge dans un régime démocratique », en indiquant que puisque la seule raison de la convocation de leur collègue était son activité dans le cadre de l’association, cette convocation et cette intimidation – fût-elle dissimulée – étaient totalement illégales et invalides. Les médecins ont affirmé que la menace voilée d’intrusion dans la vie privée du directeur de clinique et le choix d’un Arabe israélien et de quelqu'un qui n’est pas médecin parmi les membres de la délégation, constituaient une tentative de porter atteinte à la capacité de celui-ci et à celle de l’association d’agir librement. Les médecins ont insisté sur le fait que les rencontres qui avaient eu lieu dans la Bande de Gaza ne touchaient pas à la sécurité de l’Etat et ne constituaient pas une violation de la sécurité.

D’après eux, la Sûreté Générale a elle-même expliqué, au départ, que « l’empêchement pour raison de sécurité » visant Salah Haj Yehya se fondait sur une activité politique. Les médecins ont ajouté que leurs rencontres professionnelles à Gaza et l’information qu’ils ramènent d’un lieu rendu inaccessible aux journalistes [israéliens] étaient effectivement susceptibles de casser l’image de la réalité que la Sûreté Générale tente de donner, mais contribuaient à la solidité de la démocratie israélienne.

(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)

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