FREE PALESTINE
16 novembre 2007

Comment Gaza est peu à peu asphyxiée

Proche-Orient
Comment Gaza est peu à peu asphyxiée
Renée-Anne Gutter
Mis en ligne le 15/11/2007
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http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=83&art_id=383390

Jamais les habitants de la Bande de Gaza n'ont eu un quotidien aussi douloureux.
Les sanctions israéliennes produisent leurs effets.
Sept Gazaouis sur dix vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le pouvoir survit grâce aux dons de l'étranger.

A deux semaines du sommet israélo-palestinien à Annapolis, alors que le  président Mahmoud Abbas et son gouvernement de Ramallah ne s'entendent toujours pas avec le gouvernement Olmert sur une déclaration politique commune, Gaza, laissée pour compte, souffre. Jamais son million et demi d'habitants n'ont eu un quotidien si difficile, avec un étau qui n'a cessé de se resserrer au fil des durcissements israéliens contre le Hamas - début 2006 avec l'élection du Hamas dans l'ensemble des territoires palestiniens, en juin dernier avec le "coup d'Etat" du Hamas à Gaza, depuis septembre en riposte aux tirs incessants sur le sud d'Israël.

Proclamée " territoire hostile ", " entité ennemie ", Gaza se voit aujourd'hui fermer les dernières portes de et vers Israël. Marchandises et personnes ne transitent plus qu'au compte-gouttes. Or, pour vivre, Gaza importe quasiment tout d'Israël. Produits de consommation courante autant que matières premières et équipements industriels. Et elle dépend d'Israël pour son exportation.

Désormais, trois quarts de la population dépendent de l'aide humanitaire, sept Gazaouis sur dix vivant en dessous du seuil de pauvreté (deux dollars par jour). Les vivres se font rares, les prix ont flambé. L'essentiel - farine, riz, lait, huile, sucre, sel - est à peine accessible. Viande, cigarettes, café, savon, boissons gazeuses sont devenues luxe.

Le chômage frôle les 70 pc. Près de 75 000 salariés du secteur privé, qui font vivre plus d'un demi-million de personnes, ont perdu leur emploi; 95 pc des quelque 5 000 usines locales ont fermé leurs portes. L'exportation vers Israël est en rade : 1 600 conteneurs de produits finis - dont meubles et vêtements - sont bloqués aux terminaux de sortie.
Israël entrave aussi l'exportation de Gaza vers l'étranger, à l'exception des fraises, fleurs et tomates promises à l'Europe. Mais l'agriculture locale a diminué de moitié, par manque de fertilisants, pesticides, produits d'emballage qui venaient jusqu'à présent d'Israël, et par manque d'argent pour payer les ouvriers de la cueillette.

Projets belges à l'arrêt

Les projets onusiens et européens - constructions et infrastructures - ont été suspendus par manque de ciment, fer et autres matériaux de base. Y compris, des projets belges de construction d'écoles et de développement hospitalier. L'arrêt des chantiers fera perdre des centaines de millions de dollars et affecte dès à présent plus de cent mille employés locaux.

Israël est par ailleurs en train de réduire l'approvisionnement de Gaza en devises. Et d'ici peu, le chekel israélien - la monnaie courante dans les territoires - viendra à manquer. Les banques israéliennes ont annoncé l'arrêt prochain de leurs activités à Gaza. Le gouvernement Hamas a payé les récents salaires de milliers de ses fonctionnaires et hommes armés en "cash" prélevé des valises de dollars que ses activistes continuent à introduire régulièrement via l'Egypte.

Pénurie de médicaments

Sans oublier le carburant. Depuis fin octobre, Israël a réduit sa fourniture d'essence de moitié (47 000 litres par jour au lieu de 90 000) et celle de diesel d'un tiers (190 000 litres par jour au lieu de 300 000). Les taxis de Gaza ont déjà doublé leurs tarifs. Et bientôt, il sera difficile d'alimenter les générateurs dont la population est de plus en plus dépendante au fil des coupures d'électricité causées par l'armée israélienne. Pour l'heure, la Justice israélienne interdit de systématiser ces coupures, mais la Défense menace de passer outre.
Le réseau médical, pour sa part, souffre d'une pénurie croissante de médicaments et équipements. Une centaine de médicaments sont épuisés dans les hôpitaux et pharmacies. Les anesthésiants commencent à manquer, les machines à rayons X et autres appareils sont hors de fonction, par manque de maintenance. Les tensions entre milices rivales qui se disputent le contrôle des hôpitaux compliquent le suivi des patients.
Plusieurs malades sont décédés récemment, parce qu'Israël leur a interdit de poursuivre leur traitement sur son territoire.

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