Vérité en Israël, mensonge au-delà.
Vérité en Israël, mensonge au-delà.
En paraphrasant Pascal, le grand penseur français du XVIIième
siècle, je tenais à rappeler la
relativité de toute vérité, bien entendu, mais je voulais aussi et surtout
dénoncer la manipulation médiatique de l’information…
Au gré des patrons des medias, l’information
est « travaillée » pour atteindre des objectifs bien définis à
l’avance. Pour ne parler que de la problématique palestinienne qui nous occupe
ici, il est bien clair que la « vérité » d’Israël est souvent
présentée au dessus de tout soupçon. Rares sont les journalistes qui osent dire ce qu’ils constatent réellement sur
le terrain.
Dés qu’il s’agit des crimes commis par Israël, l’observateur est tenu à
surveiller ses mots et à bien tenir sa langue et/ou sa plume en laisse. Il est
strictement interdit de comparer certains crimes sionistes à certains crimes
nazis même lorsque les faits sont très semblables ou pires encore. Autrement On
risque d’être accusé de négationniste et/ou d’antisémite. Le fait que les
victimes sont aussi des sémites n’y changera
rien.
Or, œuvrer pour une paix dans cette région du monde, comme
ailleurs, doit d’abord passer par un constat des faits réels et dire un certain
nombre de vérités. Que les Juifs ont été victimes des pires atrocités nazis est
un fait établi et reconnu par la communauté internationale. Cependant, il faut
aussi avoir le courage de dire que ce statut de victime ne leur donnait
nullement le droit d’aller se venger sur un autre peuple faible et paisible et
totalement innocent.
Pour être aussi justes
que conséquents, ceux qui voulaient consoler les juifs, en leur donnant un
foyer, devaient leur créer Israël sur le territoire allemand et non pas en Palestine. Continuer à
raconter n’importe quoi et emballer des contres vérités dans un style aussi
pathétiques que légendaires ne peut justifier l’entreprise et encore moins faire
oublier les crimes sionistes contre le peuple palestinien. Le mythe de la terre
promise pour le peuple élu des Juifs, le mensonge de la terre sans peuple pour
un peuple sans terre ou que sais-je encore comme âneries, ne trompent plus
personne.
Mes
propos ici ne visent, bien évidemment, pas à refaire l’histoire mais juste une
reconnaissance de cette histoire tel qu’elle a été faite. Les Palestiniens ont fait
d’énormes concessions. Ils ont fini par accepter l’inacceptable et partager leur
pays avec des gens venus d’ailleurs bien soutenus et armées jusqu’au dents par
les grandes puissances coloniales.
Cependant le
sionisme se trouve actuellement
face à deux grandes problématiques à l’intérieur comme à l’extérieur. Il y a
aujourd'hui plus de 10 millions de Palestiniens dans le monde dont la moitié vit
sous l'occupation et l'autre moitié se trouve en exil dans les
pays voisins. Ces millions d’êtres humains entassés dans des camps de fortune
depuis 1948 ne cessent de
revendiquer leur doit au retour et agitent les clefs de leur maison dont ils
étaient injustement expulsés. Privés de leurs droits fondamentaux, ils
développent une résistance active et passive face à l'Etat d'Israël qui a tout
fait, sans parvenir, à écraser totalement cette
résistance.
Par ailleurs
les Palestiniens d’Israël ou les arabes d’Israël comme les appellent officiellement Tel-Aviv, ceux qui vivaient
et qui sont restés sur le territoire devenu celui de l’État d’Israël après la
guerre de 1948, étaient environ 160 000. Tous les autres, contraints de partir
pour nulle part, sont devenus des réfugiés au Liban, en Syrie, en Cisjordanie, à
Gaza, en Égypte et ailleurs. Les Palestiniens d’Israël sont aujourd’hui environ
un million, soit 18 à 20 % de la population totale du pays. Ils
revendiquent aussi leurs droits spécifiques et mènent toute une lutte contre
tout un système d’inégalités et discriminations dont ils font l’objet.
La situation extrême de ces inégalités se manifeste, entre autre,
dans le problème récurrent des
villages arabes qui ne sont pas reconnus par l’administration israélienne. Cela
touche une population évaluée à près de cent mille personnes dont soixante-dix
mille dans le Néguev chez les bédouins et trente mille dans le nord du
pays.
Bref, dans ce domaine crucial, les discriminations entre les
citoyens juifs et les citoyens arabes sont particulièrement graves. Il n’est pas
vrai de prétendre, comme on l’entend souvent dans le discours officiel
israélien, que les discriminations entre ces deux catégories de citoyens
n’existent plus. Les citoyens palestiniens ne sont pas considérés comme des
citoyens à part entière. Pour s’en convaincre, outre la persécution des militants syndicaux
et politiques tels que le cas le plus récent du parlementaire Azmi BICHARA, il
suffirait de rappeler le traumatisme particulièrement révélateur subi le 28
septembre 2000 à la suite de la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des
Mosquées à Jérusalem.
Dans un pays censé être démocratique, « Les Citoyens israéliens d’origine arabe » ont voulu manifester leur réprobation en protestant pacifiquement contre ce qu’ils considéraient comme une provocation. La police israélienne a aussitôt réprimé très brutalement ces manifestations ; plusieurs Palestiniens ont été tués par balles et de très nombreux autres ont été blessés dont certains très grièvement. Ce commentaire du journal israélien Haaretz, au lendemain de ces événements, se suffit à lui-même : « Les pogroms de cette semaine ont renforcé le sentiment que notre police est devenue une police raciste engagée seulement dans la défense des Juifs. Elle n’a tiré que sur les émeutiers arabes …».
Sur le plan social, Israël expérimente actuellement depuis juillet 2005 un programme néfaste appelé « Le Plan Wisconsin ». Ce plan importé des USA et géré par des firmes privées a pour objectif déclaré l’activation des demandeurs d’emploi. Sur le terrain il représente tout simplement une véritable machine d’exclusion. L’Etat fait des économies et les firmes privées font des profits sur le dos des chômeurs. Le programme permet aussi (privatisation et globalisation oblige) la mise en place d’un mécanisme infernal de pression sur les salaires des travailleurs. Comme par hasard ce plan est appliqué uniquement dans des zones à forte population arabe, notamment à Nazareth…
Le 10 novembre 1975, l’assemblée générale de l’ONU avait voté la résolution 3379 qui considérait que le Sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale. 16 ans plus tard, en décembre 1991, cette résolution a été abrogée mais les pratiques discriminatoires d’Israël à l’égard des Palestiniens ainsi que ses attitudes quant à leurs droits les plus légitimes, n’ont nullement changé …
Les Arabes ont accepté de
composer avec le fait accompli imposé injustement par les armes. Mais
l’occupant ne semble pas vouloir se contenter du « peu ». Il se croit
le plus fort et donc en droit de tout avoir: la terre, l’argent et l’Arabe comme
esclave. Dans ces conditions on peut parler de paix. Une paix durable n’est
possible que si la communauté internationale se décide enfin d’être un peu plus
juste et d’amener Tel-Aviv à reconnaître et à respecter les résolutions de
l’ONU, y compris le droit au retour
des réfugies sur leur terre natale et le démantèlement des colonies. Aucun
gouvernement israélien ne le fera de lui-même.
Pour finir, le même Pascal, paraphrasé dans le titre de cet article, m’inspire la conclusion : « Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et ne servent qu’à la relever d’avantage. »
Article écrit pour « Rencontres pour la paix »
Bruxelles le 08 juin 2007
Ahmed Bakkali