FREE PALESTINE
9 août 2007

Les fortes têtes de Tsahal

Israël : Les convictions religieuses des soldats l'emportent parfois sur les ordres donnés par la hiérarchie militaire

Colons et religieux : les fortes têtes de Tsahal
Par Serge Dumont, correspondant à Tel-Aviv, Le Soir, 8 août 2007

"Il faut trancher dans le vif si nous ne voulons pas que notre armée tombe en morceaux". A l'instar de nombreuses autres personnalités, le député progressiste Ran Cohen (Meretz) exige des peines sévères pour la trentaine de soldats d'une unité d'élite de Tsahal qui ont refusé de participer mardi à l'évacuation de deux familles de colons d'Hébron qui s'étaient installées dans des bâtiments volés à des Palestiniens. Pour l'occasion, 3000 policiers et soldats avaient été mobilisés et l'opération a été achevée en moins d'une heure.

Mais l'opinion est choquée par le fait que des éléments d'élite de Tsahal ont préféré suivre les recommandations de rabbins leur interdisant de participer à la mission plutôt que de respecter les ordres de leurs supérieurs hiérarchiques. "Ce phénomène est apparu durant l'évacuation de la bande de Gaza (en août 2005) et il s'est étendu. Il constitue un danger pour l'armée et pour notre système démocratique, estime Cohen. Si nous n'y prenons pas garde, Tsahal deviendra une sorte d'auberge espagnole où chacun acceptera ou non de participer à des opérations en fonction de ses idées politiques ou de la profondeur de sa foi religieuse."

Déloger un juif? Dieu dit non

Selon les chiffres de l'État-major, la motivation des Israéliens citadins et laïques à s'engager dans l'armée décroît chaque année. Usant de divers subterfuges, un appelé sur quatre "s'arrange" pour ne pas effectuer son service militaire. A contrario, la volonté de servir ne cesse d'augmenter dans les cercles nationalistes religieux principalement constitué de colons. En 2006 par exemple, 55% des membres des unités d'élite de Tsahal et des diplômés de l'école d'officiers de la Force terrestre provenaient de colonies ou avaient effectué leurs études dans des yeshivot hesder (écoles talmudiques). Cela, alors que les nationalistes religieux ne représentent pas plus de 20% de la population juive du pays.

Interviewé par Kol Israël (la radio publique), l'ex-ministre de la Défense Shaoul Mofhaz a déclaré que les soldats issus de cette mouvance sont "plus motivés que les autres". Mais il a également reconnu que les théories politico-religieuses qui leur sont inculquées au frais de l'État "posent problème". De son côté, le porte-parole des rabbins de Cisjordanie Yichaï Baabad a trouvé normal que des soldats demandent conseil avant de partir en opération. "Nous incarnons la volonté de Dieu et celle-ci prime le reste, a-t-il dit. Si nous encourageons nos ouailles à combattre l'ennemi arabe, nous leur interdisons de porter la main contre un autre juif ou de les déloger de chez eux, même si un tribunal prétend le contraire".

A en croire Baabad, ces consignes sont d'autant plus fermes qu'Olmert se déclare prêt à évacuer la plus grande partie de la Cisjordanie, dans le cadre d'un accord de paix avec les Palestiniens. "Dans ce cas, ce ne sont pas trente soldats qui refuseront les ordres mais trente mille!", a-t-il promis.

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