A petit pas, sur le chemin de la paix

Proche-Orient
A petit pas, sur le chemin de la paix
Renée-Anne Gutter
Mis en ligne le 07/08/2007
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http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=83&art_id=363307

MM. Abbas et Olmert ont jeté les bases d'un règlement final du conflit,
lundi à Jéricho.
Affaibli sur le plan intérieur, le Premier ministre israélien a préféré
ne pas entrer dans les détails.
Mais il s'est dit prêt à étendre la portée des négociations

Correspondante à Jérusalem

Le président palestinien et le Premier ministre israélien ont
officiellement commencé à parler paix définitive. Pas encore à négocier
l'accord final dans tous ses détails, mais tout de même à élaborer une
déclaration de principes, un accord-cadre sur lequel se fondra le
règlement final pour l'établissement d'une Palestine souveraine aux
côtés de l'Etat juif.

Cet accord-cadre devrait servir de base pour le sommet israélo-arabe que
l'administration Bush compte réunir en novembre prochain à Washington.
Pour la première fois, Ehoud Olmert a donc accepté d'aborder les
aspects-clés du règlement de paix israélo-palestinien. Mais uniquement
de façon générale, à ce stade. Car il s'agit des points les plus épineux
: tracé des frontières, partage de Jérusalem, retour des réfugiés
palestiniens.

Vu la fragilité de son propre pouvoir en Israël, M. Olmert préfère en
différer la négociation détaillée. Il a toutefois convenu avec Mahmoud
Abbas, "d'étendre la portée" de leurs négociations pour formuler
l'accord-cadre et arriver "aussi vite que possible" à l'établissement de
"deux Etats pour deux peuples, coexistant en paix et sécurité" .

Les deux hommes ont également convenu de poursuivre les mesures dont ils
avaient décidé ces dernières semaines, suite à la prise de pouvoir du
Hamas à Gaza. Des mesures destinées à consolider la mainmise du régime
Abbas en Cisjordanie, en allégeant le quotidien de la population locale
(levée de barrages routiers, diminution des incursions militaires) et en
resserrant la coordination entre forces de sécurité israéliennes et
palestiniennes.

M. Abbas a demandé de libérer davantage de Palestiniens détenus en
Israël et de rapatrier ceux qui sont exilés à l'étranger (dont un en
Belgique) depuis les hostilités avec l'armée israélienne à Bethléem en
2002. M. Olmert a promis d'y réfléchir.

Mahmoud Abbas tient aussi à faire libérer le leader populaire du Fatah,
Marwane Barghouti, qui est emprisonné à vie en Israël. Mais là, Ehoud
Olmert demeure réticent. Ce n'est plus un secret : M. Abbas compte faire
de M. Barghouti son successeur à la présidence de l'Autorité
palestinienne. Lui-même ne compte plus se représenter aux prochaines
élections présidentielles, quelle qu'en soit la date.

Une première en Cisjordanie

L'entrevue de MM. Abbas et Olmert, ce lundi, a aussi été une première
symbolique. Elle n'a pas eu lieu à Jérusalem, comme par le passé, mais à
Jéricho en Cisjordanie. C'était la première fois qu'un chef de
gouvernement israélien remettait les pieds en territoire autonome
palestinien depuis qu'Ehoud Barak s'était rendu chez Yasser Arafat à
Ramallah en mars 2000.

La rencontre de Jéricho a donc entraîné des déploiements sécuritaires
sans précédent, tant des services d'ordre palestiniens dans la ville que
des forces israéliennes sur le périmètre extérieur. A l'exception des
photographes officiels, la presse a été tenue à plus d'un kilomètre de
l'Intercontinental où se déroulait la rencontre. Celle-ci a néanmoins
rendu un bref souffle de vie à cet hôtel 5 étoiles qui est né dans les
années 90 dans l'euphorie des accords d'Oslo, et dont le casino a connu
des jours de gloire jusqu'au déclenchement de la seconde intifada
palestinienne fin 2000.

La rencontre n'a cependant pas sorti Jéricho de sa somnolence à plus de
40 degrés à l'ombre. Si la sécurité israélienne a autorisé M. Olmert à
s'y rendre, c'est parce que cette oasis dans la torride vallée du
Jourdain demeure la localité la moins agitée des territoires.