FREE PALESTINE
26 juin 2007

Le chef de guerre du Hamas révèle ses plans pour instaurer la paix dans Gaza

www.info-palestine.net

Le chef de guerre du Hamas révèle ses plans pour instaurer la paix dans Gaza

lundi 25 juin 2007 - Mitchell Prothero - The Observer

Au plus fort des 10 jours de combat dans la ville de Gaza, le commandant des militants du Hamas faisant le siège du quartier de l’Autorité Palestinienne a reçu un appel de son alter-ego du Fatah resté coincé à l’intérieur. « Il a demandé si nous allions envahir et prendre le bâtiment, » a dit Abu Obieda, le premier commandant militaire du Hamas pour la bande de Gaza. « Il a ajouté que si nous entrions dans son bâtiment, il se tuerait. »

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Combattant du Hamas à Gaza - Photo : Reuters/Mohammed Salem

« Abu Obieda l’a prié de ne pas commettre un tel péché, » s’exclame alors Abu Khalid, un de ses lieutenants. « Il lui a promis que lui et tous ses hommes auraient la vie sauve s’ils se rendaient. Et finalement ils se sont rendus. Et tous sont encore vivants et libres à leur domicile. »

Les responsables du Fatah dans Gaza ont confirmé cette histoire mais en demandant que le commandant ne soit pas nommé par peur de la honte.

Dans une entrevue exceptionnelle, Abu Obieda - qui ne doit pas être confondu avec la personne du même nom qui assure les fonctions de porte-parole du Hamas - a accepté de rencontrer l’Observer pour parler du conflit qui a fait de nombreux morts dans Gaza au cours des dernières semaines. Abu Obieda commande les brigades d’Izzidine Qassam, l’élite et la branche militaire du Hamas, et passe toujours très peu de temps au même endroit par crainte d’être assassiné par les israéliens.

Nous nous sommes réunis dans un bureau dans un des nombreux bâtiments autrefois occupés par les serices de sécurité inféodés au Fatah et maintenant aux mains de la Force Exécutive du Hamas qui assure aujourd’hui le rôle de la police et gère la sécurité publique. [...]

A notre arrivée, les combattants des brigades Qassam ont gardé mon téléphone portable et mon équipement électronique mais n’ont mis aucune condition quant au contenu de l’entrevue. « Les hommes du Fatah que nous avons combattus ne sont pas mes ennemis, » a dit d’emblée Abu Obieda. « Ce sont des soldats comme n’importe lequel d’entre nous ici dans cette pièce. Les ordres qu’ils ont dû suivre sont venus d’en dehors de Gaza : de Ramallah, des israéliens, d’Amérique. Je ne déteste pas les hommes du Fatah ; ce sont nos frères. »

Au sermon du vendredi dans une mosquée de la ville de Gaza, le premier ministre Ismail Haniyeh a réclamé des discussions entre le Hamas et le Fatah pour résoudre les divisions, une suggestion qui a été jusqu’ici rejetée par le président du Fatah, Mahmoud Abbas, qui a dénoncé les militants du Hamas comme étant des terroristes.

« Nous pardonnons à n’importe quel membre du Fatah qui voudra revenir et nous aider à améliorer la vie dans Gaza, » a-t-il dit. « Mais « l’Alafu » [le concept islamique du pardon] peut être accordé une seule fois. S’ils ne cessent pas leurs activités, alors il n’y aura aucune pitié. »

Abu Obieda voit ce combat comme un échec pour les Palestiniens des deux bords. « Nous ne sommes pas heureux, » dit-il. « Je ne suis pas fier d’avoir défaits et tué des hommes du Fatah. C’est une honte pour tous les Palestiniens parce que nous nous aimons. »

Le problème, explique-t-il, c’était des services de sécurité corrompus et menés par un chef du Fatah, Mohamed Dahlan, qui avait mené des attaques, des arrestations et des exécutions à plusieurs reprises contre des membres du Hamas ces dix dernières années. En dépit de la formation en février d’un gouvernement d’unité entre les deux factions, Abu Obieda savait que la guerre entre les deux camps se produirait. Il a commencé à s’y préparer alors même que les dirigeants essayaient de négocier la paix.

Il dit aussi qu’Israël « nous a amenés à ce point, mais nous ne sommes pas prêts à le refaire. Notre peuple a besoin d’aide ; ils ont besoin de travail, d’argent et d’une police. Ils n’ont pas besoin de se combattre entre frères. »

Malgré ses mois de préparation pour une telle guerre, Abu Obieda a été étonné par la rapidité de la victoire : « Je m’attendais à ce que cela prenne un mois. C’était ce pour quoi nous nous étions préparés et entraînés. Mais dès le début, tous les commandants du Fatah se sont enfuis de leurs quartiers dans des ambulances et sont partis en Egypte. Ils ont laissé leurs hommes exposés à la mort. Qui peut faire une chose pareille ? »

Lors d’un combat pour un complexe de sécurité - où ses hommes ont ensuite trouvé des armes, des munitions et de la nourriture qui permettrait de soutenir un siège de trois mois - il a écouté sur une radio des combattants du Fatah postés sur des toits voisins implorant leurs commandants pour avoir des munitions qui ne sont jamais arrivées. « Ils étaient tous déjà partis, » explique Abu Obieda. « Les combattants du Fatah sont braves mais est-ce que vous combattriez pour un commandant qui vous laisse tout seul face à la mort ? »

Il a confirmé que quelques responsables du Fatah ayant des liens avec Dahlan avaient été arrêtés et étaient soumis à une enquête. Il a exigé que tous soient libérés mais a admis que quelques exécutions sommaires se sont produites durant le combat et hors de tout contrôle.

« Le Hamas ne fait pas cela, mais pendant la bataille quelques hommes qui étaient très détestés pour avoir massacré des partisans du Hamas ont été exécutés par les membres des familles de leurs victimes. Nous avons mis un coup d’arrêt à cela, parce que c’est une erreur. Maintenant n’importe quel chef du Fatah peut rentrer en sécurité chez lui. »

Tandis que la Force Exécutive du Hamas - les troupes paramilitaires dans les rues et en uniforme bleu - mènent la plupart des opérations de maintien de l’ordre et de sécurité, Abu Obieda et ses brigades Qassam ont d’autres objectifs prioritaires. « Nous avons beaucoup de violence clanique dans Gaza et nous nous activons pour que des familles cessent de se disputer à propos de faits passés, » dit-il. « Mais nous travaillons aussi très dur pour la libération d’Alan Johnston, le journaliste de la BBC. »

Johnston, qui est détenu depuis plus de 100 jours par un groupe connu sous le nom d’ « armée de l’Islam », se trouve lui-même imbriqué dans une situation inextricable. Le groupe se compose de membres de la famille Dogmosh, qui a une inimitié faite de sang avec le Hamas. Les combattants de la Force Exécutive et des brigades Qassam encerclent le secteur de la ville contrôlé par la famille et les négociations se poursuivent.

Mais Abu Obieda fait savoir que la BBC a limité ses choix possibles. « Je peux libérer Alan Johnston en l’espace de deux heures si mes hommes entrent et le prennent par la force, » explique-t-il. « Mais plusieurs fois, la BBC m’a appelé en me demandant de ne pas attaquer et de laisser les discussions continuer. Donc nous négocierons parce que nous voulons qu’aucun mal ne soit fait à cet homme. »

L’autre question qui domine est la résistance face à Israël. Le Hamas a demandé à tous les groupes militants de stopper les tirs de fusée vers Israël, avec un certain succès pour l’instant.

« Tirer des fusées vers Israël n’est pas un objectif du Hamas ; ce n’est pas une vraie cible, » dit-il. « Mais quand Israël nous attaque, c’est notre seul moyen de riposter. Nous ne souhaitons pas tuer des gens en Israël avec ces fusées, mais c’est une réplique nécessaire. »

Abu Obieda dit avoir été personnellement en pourparler avec le Jihad Islamique, un groupe militant qui tire la plupart des fusées. Et, typiquement, il fait la liaison entre la violence inter-palestinienne et la question d’un cessez-le-feu avec Israël. « Nous comprenons tous que nous devons attendre jusqu’à être provoqués. Peut-être une semaine, peut-être un mois, mais c’est sûr que cette provocation viendra. Mais pour l’instant nous devons stabiliser l’économie, assurer la sécurité pour le peuple de Gaza et les étrangers qui souhaitent venir ici ainsi que résoudre les problèmes avec les familles [clans]. Nous ne pourrons rien avant que nous en ayons terminé avec cela. »

S’accordant un moment de répit dans le bureau décoré d’un ancien chef de la sécurité, il nous montre une plaque. Il traduit grossièrement : « celui qui se repose sur cette chaise ne possède pas la chaise. Seul le bureau possède la chaise. »

« Je garde cette place ici. Car bien que je sois maintenant au poste de commande, cette place ne m’appartient pas, elle appartient au peuple de Gaza, » conclut-il.

24 juin 2007 - The Observer - Vous pouvez consulter cet article à : http://observer.guardian.co.uk:80/w...
[Traduction : Claude Zurbach - Info-palestine.net]

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