Ni les politiques ni les commentateurs n’ont été tendres avec le Premier ministre israélien
Le quotidien libanais d'expression française
Mardi 03 Avril 2007 L’Orient-Le Jour
Peres appelle Ryad à « orchestrer » la paix au P-O
Olmert critiqué pour vouloir participer à une conférence régionale arabe
http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=article&id=338393
Ehud Olmert, qui s’est dit prêt à participer à une conférence de paix
régionale sous les auspices de l’Arabie saoudite, a suscité hier en
Israël de virulentes critiques à droite comme à gauche.
Ni les politiques ni les commentateurs n’ont été tendres avec le Premier
ministre israélien après l’annonce dimanche de son intention de se
rendre à « une réunion avec les pays arabes modérés » s’il y était
convié par le roi Abdallah d’Arabie saoudite. « Si le roi saoudien
initie une réunion avec les pays arabes modérés et m’invite, avec le
chef de l’Autorité palestinienne, pour nous présenter les idées
saoudiennes, nous viendrions pour les écouter et serions heureux de
présenter les nôtres », a affirmé M. Olmert au cours d’une conférence de
presse avec la chancelière allemande Angela Merkel.
« M. Olmert est en si mauvaise posture sur la scène politique
intérieure, qu’une telle invitation lui redonnerait un peu de couleurs
», a ironisé le commentateur de la radio militaire. « Malheureusement
pour son avenir politique, il semble que les priorités du roi Abdallah
ne soient pas les mêmes que les siennes », a-t-il poursuivi sur le même ton.
Le chef du gouvernement, qui jouit d’un taux de soutien de l’opinion
publique proche du zéro à la suite des ratés de la guerre du Liban de
l’été dernier, est en plus impliqué dans plusieurs « affaires »
embarrassantes.
« Au lieu de se cacher derrière des mots vides de sens, Olmert ferait
mieux de prendre le taureau par les cornes et au moins engager des
négociations avec nos voisins arabes », a réagi le chef du parti de
gauche Meretz, Yossi Beilin, l’un des artisans des accords d’Oslo de
1993 entre Israël et les Palestiniens.
Un autre député Meretz, Avshalom Vilan, a de son côté estimé que « faire
des déclarations à la presse avant la Pâque juive, c’est insuffisant. Je
rappelle au Premier ministre que la politique internationale se joue par
des contacts secrets et efficaces ».
Pour le député arabe israélien Ahmad Tibi, « les dirigeants arabes
n’accepteront pas la proposition d’Olmert qui n’est rien d’autre qu’une
opération de relations publiques ».
À droite, le ton n’est pas plus encourageant. Zvi Haendel, député de la
formation Union nationale-Parti national religieux, proche des colons, a
carrément accusé M. Olmert de « vivre dans l’illusion ». « Le jour où le
gouvernement est informé que les organisations terroristes s’arment dans
la bande de Gaza, il (Olmert) fait des déclarations complètement coupées
de la réalité, au lieu d’ordonner à l’armée d’éradiquer le terrorisme
meurtrier », a ajouté le député Haendel. Le gouvernement palestinien
d’union a pour sa part accusé M. Olmert de chercher à « se dérober à la
paix » avec les Palestiniens. « Il propose des mesures de normalisation
avec les pays arabes sans un règlement du problème palestinien
restituant ses droits au peuple palestinien et lui permettant de créer
son État indépendant », a déclaré dans un communiqué le ministre de
l’Information et porte-parole du gouvernement Moustapha Barghouthi.
Pour le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ziad Abou Amr, de
telles déclarations du dirigeant israélien « constituent des manœuvres
afin qu’il ne puisse pas faire face à l’initiative arabe » de paix. « Il
met la charrue avant les bœufs, il essaie de sauter par-dessus les
étapes, comme si l’occupation n’existait pas », a souligné le ministre.
De son côté, le département d’État américain a estimé hier que la
participation éventuelle du Premier ministre israélien à une conférence
de paix régionale avec des États arabes est une idée « positive ».
C’est dans le même contexte que le numéro deux du cabinet israélien,
Shimon Peres, a appelé hier l’Arabie saoudite à « orchestrer » les
efforts de paix au Proche-Orient. « Les pays arabes disent vouloir la
paix. Même s’ils posent des conditions difficiles, ils ont troqué leur
stratégie d’extermination d’Israël contre une politique de paix », a
déclaré M. Peres à la radio publique israélienne. « Malheureusement, si
leur partition a changé, il manque un chef d’orchestre pour la faire
jouer, et c’est l’Arabie saoudite qui pourrait assumer ce rôle », a-t-il
ajouté. « Les Arabes ont compris que l’ère de la guerre est finie, que
la guerre n’est pas une solution, et qu’elle ne sert les intérêts de
personne », a encore dit M. Peres.