FREE PALESTINE
26 mars 2007

Des garde-frontière, ont frappé un étudiant palestinien

Des garde-frontière israéliens filmés

alors qu’ils frappaient un étudiant de 17 ans à Hawara

Ali Waked

Ynet (Yediot Aharonot), 22 mars 2007

www.ynet.co.il/articles/0,7340,L-3379622,00.html

Un document est parvenu à Ynet, portant sur un incident survenu hier et au cours duquel des garde-frontière, à Hawara, ont frappé un étudiant palestinien qu’ils soupçonnaient d’avoir, avec d’autres, lancé des pierres. Le jeune homme affirme qu’il rentrait chez lui après l’école : « Deux des policiers ont commencé à me donner des coups dans les jambes avec leur fusil et des coups de poing, à me frapper la tête contre la porte de l’épicerie voisine, ils m’ont jeté par terre et frappé à la tête ». Le commandant de la police des frontière : « Je considère avec gravité un tel comportement. L’affaire a été transmise, pour enquête, au Département d’investigation sur les policiers ».

Coups assassins, en pleine rue : le jeune Palestinien, Hindawi Qawarik, élève de 12e, est aujourd’hui (jeudi) chez lui, le corps couvert d’ecchymoses, résultat de sa rencontre, hier, avec plusieurs agents de la police des frontière qui avaient décidé de lui donner une leçon, dans une rue latérale de Hawara. Mais l’incident a été enregistré par la caméra d’un photographe palestinien et cet enregistrement est parvenu à Ynet. Il y a lieu de noter que seule la fin de l’incident a été filmée [[1]], après que des habitants du lieu aient alerté un voisin photographe.

Le commandant de la police des frontières, le major général Hassein Fares, a réagi en déclarant qu’il considérait « avec gravité un tel comportement. L’affaire a été transmise, pour enquête, au Département d’investigation sur les policiers qui examinera les circonstances de l’incident. Les soldats de la police des frontières œuvrent en permanence à assurer la sécurité des citoyens de l’Etat et ont pour mission de prévenir toute activité terroriste hostile, tout en s’efforçant de faire face à un nombre incalculable d’actes violents lancés contre eux ». Il nous a également été communiqué que les chiffres de l’année 2006 montraient une baisse de 64% des dossiers du Département d’investigation sur les policiers portant sur l’usage de la force par les garde-frontière.

Le jeune Hindawi Qawarik, âgé de 17 ans, explique qu’hier, à 12h30, lorsque ses amis et lui ont terminé les cours et qu’ils ont voulu arrêter un taxi pour se rendre au village voisin de Awarta, ils ont aperçu une jeep de la police des frontières à quelques dizaines de mètres d’eux. « J’ai dit à mes amis que si nous passions près d’eux, ils nous donneraient des coups comme ils l’ont fait il y a quelques semaines ».

« Les policiers ont déchiré des livres scolaires »

Les garde-frontière voulaient vérifier si les jeunes gens avaient pris part à des jets de pierres qui avaient eu lieu, plus tôt, à cet endroit. Les garde-frontière de deux jeeps ont arrêté une vingtaine d’entre eux et leur ont demandé qui avaient lancé des pierres. Après quoi, les garde-frontière leur ont fait signe de poursuivre leur chemin, sauf trois qui étaient retenus pour enquête.

Hindawi était l’un des trois. « J’ai fait comme si je n’entendais pas, parce que j’avais encore en tête les coups que j’avais reçus il y a deux semaines. Mais un des policiers m’a couru derrière. Quand j’ai vu qu’il était sur mes talons, je me suis arrêté. Il m’a tiré pour me ramener à la jeep. Dès qu’on est arrivé au véhicule, il m’a poussé et nous a collés tous les trois au mur, pour que personne ne voie pas ce qu’ils nous faisaient. »

C’est alors, aux dires de Hindawi, que les coups ont commencé. « Deux des policiers se sont mis à me frapper les jambes avec leur fusil, à me donner des coups de poing, à me taper la tête contre la porte de l’épicerie voisine, ils m’ont jeté par terre et frappé à la tête. Et moi je criais tout le temps : je n’ai rien sur moi, je n’ai rien sur moi ! Prenez ma carte d’identité et vérifiez. » Selon lui, un des policiers aurait essayé de convaincre ses collègues d’arrêter. « Il a dit à ses deux copains : peut-être que le gamin n’a vraiment pas entendu quand on leur a dit de s’arrêter. Mais les deux autres ne l’ont pas écouté et ils ont continué à me frapper. »

Le jeune Palestinien explique aussi qu’un des policiers a sorti ses livres de son cartable et a commencé à les déchirer et à les lui lancer à la figure. Après la cérémonie des livres déchirés, « ils m’ont donné ma carte d’identité et alors, l’un d’eux m’a donné une gifle, puis le deuxième m’en a donné plusieurs, et des coups de poing et des coups de pied ». Puis ça s’est arrêté et il a été relâché. Il faut noter que le témoignage de Hindawi est corroboré par les dires d’un témoin oculaire qui a assisté à l’intégralité de l’incident et avec qui Ynet a eu un entretien.

« Notre vie est devenue un cauchemar »

A la suite de cet incident, Hindawi déclare : « Nous sommes déjà habitués aux coups, mais ça complique très fort nos études. La semaine passée, nous sommes allés photocopier un exemple d’examen dans une boutique de photocopie, à côté de la mosquée, et là aussi, les policiers s’en sont pris à plusieurs étudiants en les frappant violemment. Mon sentiment est que ces policiers ont décidé que les étudiants palestiniens n’étudieraient pas et ne passeraient pas leur bac. Parfois ils nous arrêtent déjà sur le chemin de l’école avec pour résultat que bien souvent, nous ratons les deux premiers cours parce que les policiers nous retiennent, nous humilient et nous frappent. »

Des habitants de Hawara ont déclaré, lors d’entretiens avec Ynet, que des policiers et des soldats – essentiellement des membres de la police des frontières – ont transformé la vie de la bourgade en cauchemar. Selon eux, « tous les quelques jours, les policiers et les soldats déclarent le couvre-feu dans le village sous prétexte que des patrouilles de la police des frontières ont été canardées de pierres ». Un des habitants a raconté qu’en plus des violences, les garde-frontière harcèlent les jeunes filles du village, « ce qui entraîne de graves problèmes sociaux au sein des familles palestiniennes et des problèmes psychologiques et sociaux pour les filles qui sont obligées d’essuyer, au vu et au su de tous, des injures inacceptables dans notre société ».

A la municipalité, on déclare que les plaintes adressées au commandant de Coordination et de Liaison n’ont servi à rien. « J’interdis à mes enfants de sortir de la maison », dit un habitant qui ajoute : « Les soldats ont transformé notre vie, et en particulier la vie de nos enfants, en un grand cauchemar, violent et incessant ». Un représentant de l’organisation des « Rabbins pour les droits de l’homme » dans les Territoires, Zacharie Sideh, a expliqué à Ynet que l’incident qui a été filmé lui avait été rapporté et qu’il s’était adressé immédiatement au commandant de Coordination et de Liaison. Selon lui, la vie des habitants de Hawara est devenue insupportable, du fait du comportement de la police des frontières et il faut intervenir pour que cela cesse.

(Traduction de l'hébreu : Michel Ghys)


[1] Cette vidéo accompagne la version originale de cet article. On la trouve aussi, commentée en anglais, sur www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3379890,00.html

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