Nouveau gouvernement, mêmes défis
Al-Ahram Hebdo Semaine du 21 à 27 mars 2007, numéro 654
Palestine . A peine formé, le nouveau gouvernement d’union nationale
fait face à un certain nombre de difficultés, avec en premier lieu le
refus d’Israël de reprendre les négociations de paix.
Nouveau gouvernement, mêmes défis
http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2007/3/21/marab2.htm
Attendu depuis des mois, le gouvernement palestinien d’union nationale a
finalement vu le jour sans pour autant apporter avec lui l’espoir d’une
levée totale du boycott international auquel sont soumis les territoires
palestiniens depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement du Hamas. En
effet, au lendemain de l’investiture du cabinet Fatah-Hamas, Israël a
exclu de traiter avec la nouvelle équipe, tout en soulignant que le
président Mahmoud Abbass restera son interlocuteur, et a appelé la
communauté internationale à en faire autant. Cette position affichée par
le premier ministre israélien Ehud Olmert a été approuvée dimanche par
le gouvernement israélien lors d’un vote en Conseil des ministres (19
voix pour, aucune contre, deux abstentions). Le premier ministre
israélien a également indiqué que les discussions avec le président
Abbass seraient « surtout liées aux conditions de vie » des
Palestiniens, excluant, pour le moment, des négociations sur le
règlement de paix final du conflit israélo-palestinien. Une position qui
n’est pas étrange d’un Etat qui n’a cessé de tergiverser à maintes
reprises toute discussion sur le statut final. « Israël avait tant
refusé de traiter avec le Hamas ; et aujourd’hui lorsqu’il y a eu un
gouvernement d’union, il maintient sa position car il ne trouve pas un
prétexte qui lui permet de ne pas mettre le processus de paix sur les
rails. La réaction d’Israël est contradictoire, comment accepte-t-il de
traiter avec M. Abbass tout en rejetant de traiter avec des ministres
nommés par Abbass ? », souligne un politologue.
Jusqu’à présent, la communauté internationale avait maintenu un cap de
fermeté à l’égard du précédent gouvernement palestinien, totalement du
Hamas, en exigeant le renoncement à la violence, la reconnaissance de
l’Etat d’Israël et le respect des accords passés, les trois principes
posés par le Quartette (Union européenne, Nations-Unies, Russie et
Etats-Unis).
Tergiversations occidentales
Pourtant, dès l’entrée en fonction du nouveau gouvernement palestinien,
les premières brèches sont apparues samedi au sein de la communauté
internationale. La Norvège, un donateur majeur des Palestiniens, a
immédiatement annoncé la reprise de son aide. La Norvège n’est pas
membre de l’Union européenne mais un des plus importants contributeurs
de l’Autorité palestinienne, ainsi qu’un acteur majeur dans les
discussions en vue de relancer les efforts de paix au Proche-Orient. Des
négociations secrètes à Oslo avaient débouché sur l’accord de paix
historique entre Israéliens et Palestiniens de 1993.
La Grande-Bretagne, la France et l’Onu ont laissé entrevoir un possible
infléchissement de leur position en fonction des actes du cabinet de
coalition. Mais ni les Etats-Unis ni l’Union européenne n’ont annoncé de
changements notables de leurs positions. Dans un communiqué publié
dimanche par la présidence allemande, les Vingt-Sept ont réaffirmé leur
souhait de « travailler et prêter assistance à un gouvernement
palestinien légitime reflétant les principes du Quartette ».
Quant à l’Administration Bush, elle a jugé le discours d’investiture du
premier ministre palestinien « décevant et incohérent par rapport aux
principes du Quartette ». Selon le département d’Etat, les Etats-Unis
continueront de s’adresser au président Mahmoud Abbass, du Fatah. M.
Haniyeh a réitéré, dans son discours devant le Parlement, le droit des
Palestiniens à la résistance tout en promettant d’œuvrer en vue
d’instaurer une trêve dans les violences. Il a affirmé que son
gouvernement œuvrerait à la « création d’un Etat palestinien
indépendant, jouissant d’une pleine souveraineté sur les territoires
occupés en 1967 » sans toutefois parler du droit d’Israël à l’existence
aux côtés de cet Etat. Il a ajouté que le nouvel exécutif rechercherait
« une solution rapide » basée sur un échange de prisonniers en ce qui
concerne le soldat israélien captif dans la bande de Gaza, le caporal
Gilad Shalit, enlevé en juin.
S’agissant des accords internationaux antérieurs signés par l’OLP, le
gouvernement désigné prévoit de les « respecter » et appelle à des
négociations de paix avec Israël dans lesquelles il serait représenté
par Mahmoud Abbass ; tout accord futur sera soumis à un référendum
national, ce qui suggère que le Hamas ne disposera pas de droit de veto.
Le programme appelle en outre à prolonger le cessez-le-feu avec Israël
tout en « affirmant la résistance sous toutes ses formes, en particulier
la résistance non-violente à l’occupation ».
La formulation du programme de gouvernement, finalisé vendredi soir, a
été adoucie par rapport au projet rendu public plus tôt cette semaine,
mais le texte ne comprend toujours pas la reconnaissance explicite
d’Israël pas plus que le renoncement à la violence. Le président de
l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass, issu du Fatah modéré, a
pourtant déclaré samedi devant le Conseil Législatif Palestinien (CLP) à
Gaza que les Palestiniens rejetaient « la violence sous toutes ses
formes » et qu’ils tendaient la main à Israël « pour parvenir à la paix
dans la liberté et l’égalité ».
Rania Ade