FREE PALESTINE
24 mars 2007

Nouveau gouvernement, mêmes défis

Al-Ahram Hebdo  Semaine du 21 à 27 mars 2007, numéro 654

Palestine . A peine formé, le nouveau gouvernement d’union nationale

fait face à un certain nombre de difficultés, avec en premier lieu le

refus d’Israël de reprendre les négociations de paix.

Nouveau gouvernement, mêmes défis

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2007/3/21/marab2.htm

Attendu depuis des mois, le gouvernement palestinien d’union nationale a

finalement vu le jour sans pour autant apporter avec lui l’espoir d’une

levée totale du boycott international auquel sont soumis les territoires

palestiniens depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement du Hamas. En

effet, au lendemain de l’investiture du cabinet Fatah-Hamas, Israël a

exclu de traiter avec la nouvelle équipe, tout en soulignant que le

président Mahmoud Abbass restera son interlocuteur, et a appelé la

communauté internationale à en faire autant. Cette position affichée par

le premier ministre israélien Ehud Olmert a été approuvée dimanche par

le gouvernement israélien lors d’un vote en Conseil des ministres (19

voix pour, aucune contre, deux abstentions). Le premier ministre

israélien a également indiqué que les discussions avec le président

Abbass seraient « surtout liées aux conditions de vie » des

Palestiniens, excluant, pour le moment, des négociations sur le

règlement de paix final du conflit israélo-palestinien. Une position qui

n’est pas étrange d’un Etat qui n’a cessé de tergiverser à maintes

reprises toute discussion sur le statut final. « Israël avait tant

refusé de traiter avec le Hamas ; et aujourd’hui lorsqu’il y a eu un

gouvernement d’union, il maintient sa position car il ne trouve pas un

prétexte qui lui permet de ne pas mettre le processus de paix sur les

rails. La réaction d’Israël est contradictoire, comment accepte-t-il de

traiter avec M. Abbass tout en rejetant de traiter avec des ministres

nommés par Abbass ? », souligne un politologue.

Jusqu’à présent, la communauté internationale avait maintenu un cap de

fermeté à l’égard du précédent gouvernement palestinien, totalement du

Hamas, en exigeant le renoncement à la violence, la reconnaissance de

l’Etat d’Israël et le respect des accords passés, les trois principes

posés par le Quartette (Union européenne, Nations-Unies, Russie et

Etats-Unis).

Tergiversations occidentales

Pourtant, dès l’entrée en fonction du nouveau gouvernement palestinien,

les premières brèches sont apparues samedi au sein de la communauté

internationale. La Norvège, un donateur majeur des Palestiniens, a

immédiatement annoncé la reprise de son aide. La Norvège n’est pas

membre de l’Union européenne mais un des plus importants contributeurs

de l’Autorité palestinienne, ainsi qu’un acteur majeur dans les

discussions en vue de relancer les efforts de paix au Proche-Orient. Des

négociations secrètes à Oslo avaient débouché sur l’accord de paix

historique entre Israéliens et Palestiniens de 1993.

La Grande-Bretagne, la France et l’Onu ont laissé entrevoir un possible

infléchissement de leur position en fonction des actes du cabinet de

coalition. Mais ni les Etats-Unis ni l’Union européenne n’ont annoncé de

changements notables de leurs positions. Dans un communiqué publié

dimanche par la présidence allemande, les Vingt-Sept ont réaffirmé leur

souhait de « travailler et prêter assistance à un gouvernement

palestinien légitime reflétant les principes du Quartette ».

Quant à l’Administration Bush, elle a jugé le discours d’investiture du

premier ministre palestinien « décevant et incohérent par rapport aux

principes du Quartette ». Selon le département d’Etat, les Etats-Unis

continueront de s’adresser au président Mahmoud Abbass, du Fatah. M.

Haniyeh a réitéré, dans son discours devant le Parlement, le droit des

Palestiniens à la résistance tout en promettant d’œuvrer en vue

d’instaurer une trêve dans les violences. Il a affirmé que son

gouvernement œuvrerait à la « création d’un Etat palestinien

indépendant, jouissant d’une pleine souveraineté sur les territoires

occupés en 1967 » sans toutefois parler du droit d’Israël à l’existence

aux côtés de cet Etat. Il a ajouté que le nouvel exécutif rechercherait

« une solution rapide » basée sur un échange de prisonniers en ce qui

concerne le soldat israélien captif dans la bande de Gaza, le caporal

Gilad Shalit, enlevé en juin.

S’agissant des accords internationaux antérieurs signés par l’OLP, le

gouvernement désigné prévoit de les « respecter » et appelle à des

négociations de paix avec Israël dans lesquelles il serait représenté

par Mahmoud Abbass ; tout accord futur sera soumis à un référendum

national, ce qui suggère que le Hamas ne disposera pas de droit de veto.

Le programme appelle en outre à prolonger le cessez-le-feu avec Israël

tout en « affirmant la résistance sous toutes ses formes, en particulier

la résistance non-violente à l’occupation ».

La formulation du programme de gouvernement, finalisé vendredi soir, a

été adoucie par rapport au projet rendu public plus tôt cette semaine,

mais le texte ne comprend toujours pas la reconnaissance explicite

d’Israël pas plus que le renoncement à la violence. Le président de

l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass, issu du Fatah modéré, a

pourtant déclaré samedi devant le Conseil Législatif Palestinien (CLP) à

Gaza que les Palestiniens rejetaient « la violence sous toutes ses

formes » et qu’ils tendaient la main à Israël « pour parvenir à la paix

dans la liberté et l’égalité ».

Rania Ade

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