FREE PALESTINE
20 septembre 2021

Antisionisme-Antisémitisme: insidieuse confusion

Source: Externe

Qui a intérêt à laisser croire que les antiracistes sont antisémites?

 

La persistance de l'antisémitisme en France, renforcée ces dernières années par un climat social et politique délétère où le racisme est employé par l’État comme un outil de division, se traduit par la banalisation des discours racistes, islamophobes d’abord, mais aussi antisémites tenus notamment par des membres du gouvernement: réhabilitation de Maurras, voire de Pétain, affirmation que les rayons hallal et casher des supermarchés sont contraire à «l’esprit républicain» par un ministre ancien membre de l’action Française, qui décrit les juifs ainsi et sans aucune réserve dans un livre intitulé «Le séparatisme islamiste»: «Napoléon [….] s'intéressa à régler les difficultés touchant à la présence de dizaine de milliers de juifs en France. Certains d'entre eux pratiquaient l'usure et faisaient naître troubles et réclamations.»

Des années de discours islamophobes ont fini par libérer la parole raciste, dans toutes ses dimensions, et logiquement permettent de retourner la parole célèbre de Fanon: "Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille, on parle de vous".

Ces paroles antisémites ont été abondamment entendues et lues sur les pancartes lors des manifestations anti-vax ou anti-passe-sanitaire très largement infiltrées par l’extrême droite. Dans la période troublée et dangereuse que nous vivons, complotisme et donc antisémitisme se déploient librement.

C’est une des raisons pour laquelle nombre des associations, syndicats et partis politiques et la véritable gauche ont appelé le 12 juin dernier à Paris à la «Marche des libertés pour combattre les idées d’extrême droite».

Récemment, un discours s’est fait jour de personnes ou de groupes se réclamant de l’extrême-gauche, qui ne dit pas clairement les choses, mais laisse planer une suspicion: la gauche, le syndicalisme, le mouvement social, l’extrême-gauche seraient inconséquents et ne lutteraient pas réellement contre l’antisémitisme.

Source: Externe

On ne dit pas que les organisations du mouvement social sont antisémites – ou rarement en face – mais qu’elles ne luttent pas sérieusement contre l’antisémitisme. Cette accusation ne porte jamais sur la manière dont la gauche lutterait de façon conséquente ou non contre le racisme sous toutes ses formes, négrophobie, islamophobie, antitziganisme, asiaphobie…

Cette accusation ne visant que l’antisémitisme, veut réintroduire au sein de la gauche cette vieille hiérarchisation des formes que prend le racisme. Cette hiérarchisation s’est d’abord faite sous l’influence de ceux qui instrumentalisent l’antisémitisme comme arme massive de défense de l’apartheid israélien.

La volontaire confusion entre la solidarité avec la Palestine et l’antisémitisme introduite par les organisations françaises pro-israéliennes, est portée au plus haut niveau de l’État par les déclarations du président de la république. Lors de la cérémonie de commémoration de la rafle du 'Vèl d’hiv' en juillet 2017: "Nous ne céderons rien à l’antisionisme car il est LA forme réinventée de l’antisémitisme".

Mais cet agenda, repris au sein même de la gauche, a déjà fait des ravages au sein du Parti travailliste anglais, avec les accusations d’antisémitisme lancées contre Jeremy Corbyn et le courant juif antisioniste du parti et pour finir par l’exclusion de Ken Loach. Il a visé Bernie Sanders aux États-Unis, et attaque Jean-Luc Mélenchon en France, sur la base d’interprétations malveillantes de ses propos. Tous ayant le tort de soutenir la Palestine.

Cela mérite quelques mises au point. Les implicites de ces accusations, pour sournois qu’ils soient, sont cependant transparents. Ces mêmes groupes qui ont revendiqué discrètement la définition de l’antisémitisme par l’IHRA, proches de la gauche sioniste et d’organisations juives communautaires, cherchent à diviser la question du racisme au sein même de la gauche, à réinstaurer une hiérarchie entre les différentes formes de racisme et leurs victimes. Et surtout ils cherchent à bloquer l’expression politique anticolonialiste de nos organisations sur la situation tragique que subit la Palestine.

Source: Externe

Nous tenons à réaffirmer ici à la fois notre engagement contre le racisme sous toutes ses formes, dont bien entendu contre l’antisémitisme et notre solidarité avec la Palestine. Ce sont-là deux piliers indissociables des luttes antiracistes et anticolonialistes qui animent nos organisations.

Pour signer cette tribune, envoyez un courriel à: contact.hauts-de-france@ujfp.org

Signataires:

  1. Ahmed Abbes, mathématicien, directeur de recherche à Paris

  2. Pierre Abécassis, collectif Ensemble! de Côte d'Or

  3. Jean-Loup Amselle, anthropologue

  4. Simon Assoun, porte-parole de l'UJFP

  5. Michel Bélis, retraité de l’enseignement

  6. Maxime Benatouil, enseignant du 93

  7. Michel Bilis, militant PCF et UJFP

  8. Aude Bonnin, retraitée de l’enseignement

  9. Saïd Bouamama, FUIQP
  10. Pierre Boukhalfa, militant du PCF74 et de la Commission Antiraciste du PCF

  11. Alima Boumediene Thiéry avocate, militante Association Femmes Plurielles 

  12. Houria Bouteldja, QG décolonial

  13. Florence Braud, enseignante, militante antiraciste

  14. Jean Marc Bruneel, militant EELV et pour la défense de la paix et des droits de l’Homme

  15. Maurice Buttin, Président d’honneur du Comité de Vigilance pour une Paix réelle au Proche-Orient (CVPR PO)

  16. Mouhieddine Cherbib, défenseur des droits humains, porte parole du CRLDH-Tunisie 

  17. Ismahane Chouder, féministe antiraciste 

  18. James (Jim) Cohen, professeur, Sorbonne Nouvelle (Paris 3)

  19. Martine Cointy, membre du Mouvement de la Paix

  20. Mireille Court, militante NPA

  21. Léon Crémieux, syndicaliste, militant NPA

  22. Quentin Dauphiné, professeur d'histoire, bureau national de la FSU, Emancipation tendance intersyndicale

  23. Simon Dawes, maître de conférences, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

  24. Sonia Dayan-Herzbrun, professeure émérite à l’Université de Paris

  25. Christine Delphy, sociologue

  26. Ivar Ekeland, président de l'Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP)

  27. Enzo, membre de l'Union Communiste Libertaire

  28. Jérôme Faÿnel, président du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien

  29. Sonia Fayman, UJFP, Cedetim

  30. Jean Francheteau, vice-président CVPR-PO

  31. Armand Gorintin, membre de l’Union communiste libertaire (UCL)

  32. Jean-Guy Greilsamer, militant de la Campagne BDS

  33. Georges Gumpel, partie civile au procès de Klaus Barbie

  34. Gabriel Hagaï, rabbin franco-israélien, activiste du dialogue interreligieux, Paris

  35. Fabienne Haloui, conseil national PCF, conseillère municipale Orange

  36. Martine Hassoun, journaliste

  37. Alain Jacques, Bagneux 92

  38. Nicole Kahn, militante du Collectif 69 pour la Palestine

  39. Marianne VL Koplewicz, Éditrice

  40. Thierry Labica, enseignant, université de Nanterre

  41. Daniel Lartichaux, Émancipation

  42. Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire

  43. Michel Le Drogo, AFPS Beauvais

  44. Nicole Lefeuvre, UJFP

  45. Didier Lestrade, journaliste, écrivain

  46. Daniel Lévyne, militant juif antisioniste

  47. Jean Claude Meyer, UJFP Alsace

  48. Monique Monfort, AFPS

  49. José-Luis Moraguès, militant antiraciste-BDS France, Montpellier

  50. Marieke Mouzarine, prof des écoles, syndicaliste Snuipp-FSU

  51. John Mullen, syndicaliste SNESUP

  52. Dominique Natanson, militant juif antiraciste

  53. Josiane Olff-Nathan, UJFP et Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP)

  54. Perrine 0lff-Rastegar, UJFP et Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Palestine (CJACP)

  55. Béatrice Orès, UJFP, ATTAC

  56. Mariejo Parbot, AFPS

  57. Raphaël Porteilla, universitaire

  58. Karine Prévot, professeur de philosophie, bureau national de la FSU, Emancipation tendance intersyndicale.

  59. Nahed Pust, Collectif Judéo Arabe et Citoyen pour la Palestine, Strasbourg

  60. Ali Rahni, militant EELV

  61. Evelyne Reberg, AFPS, UJFP

  62. Jean Baptiste Rieunier , membre de l’AFPS Oise

  63. Claude Roussie, communiste, 64360 Monein

  64. Michel Ruff, UJFP 45

  65. Nordine Saidi, militant décolonial et membre de Bruxelles Panthères

  66. Claire Sciuto, retraitée de l'Education Nationale

  67. Fabienne Serbah Le Jeannic écrivaine

  68. Michèle Sibony, militante de l'UJFP

  69. Boualem Snaoui, militant antiraciste

  70. Richard Srogosz, UJFP Grand Est.

  71. Irène Steinert, UJFP, adhérente de Ander Joods Geluid, une Autre Voix Juive (Pays-Bas)

  72. Lisette Sudic, militante EELV

  73. Jean-Paul Vanhoove, militant associatif

  74. Olivier Vinay, professeur de SVT retraité, Bureau national de la FSU, Emancipation tendance intersyndicale

  75. Laurent de Wangen, militant antiraciste donc antisioniste

Organisations :

  • AFPS, Comité de Beauvais

  • AFPS, Comité de Dinan

  • AFPS-Lyon

  • AFPS Paris 14-6

  • Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF)

  • Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine (AURDIP)

  • Bruxelles Panthères

  • Collectif 69 de soutien au peuple palestinien

  • Collectif Palestine Vaincra

  • Émancipation, tendance intersyndicale

  • Mouvement Citoyen Palestine (Belgique)

  • Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network

  • Union juive française pour la paix (UJFP)

Dominique Natanson -

19.09.21

Source: Tribune Mediapart

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