FREE PALESTINE
12 juillet 2021

Témoignage poignant: Gaza, le tourment d’être médecin + Infos du jour

Source: Externe

Hanan Abukmail est médecin et chercheuse dans la ville de Gaza, ainsi qu'une participante à Global Shapers Community - Gaza Hub. Le fait d'avoir survécu à trois guerres en Palestine occupée et d'être confrontée quotidiennement à des patients lui a appris la véritable signification de l'empathie, c'est-à-dire à maintenir le noble idéal de toujours traiter les gens avec gentillesse. "J'admets que la vie à Gaza ne m'a pas donné ce que je demandais", dit-elle. "Cependant, elle m'a donné les personnes, les lieux et les situations qui me permettent de recevoir encore plus. J'espère que mes écrits et ma profession de médecin scientifique peuvent être un moyen de servir notre mère, la Palestine. Ici, redonner est un devoir, pas une charité."

 

Des semaines se sont écoulées depuis la fin de la quatrième guerre israélienne contre Gaza. Et bien que le monde soit passé à autre chose, nous, à Gaza, devons ramasser les morceaux

 

Et moi? Je me retrouve à remettre en question ma décision de devenir médecin. Lisez un seul extrait de mon journal intime et vous comprendrez peut-être pourquoi…

Ces derniers jours, mon hôpital est imprégné de l’odeur du sang et de la mort. Comment puis-je la décrire, si vous n’y avez jamais été confronté? L’odeur est comme une sorte de fumée, elle pénètre dans mes cellules sans permission, me donnant la nausée et me faisant me sentir faible.

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A certains moments, je suis obligée de me réfugier dans une autre pièce jusqu’à ce que je puisse revenir.

Je reviens brutalement à 2014, lorsque j’ai commencé mon parcours pour devenir médecin. La plus longue des attaques militaires israéliennes a été dévastatrice, mais elle m’a poussée à poursuivre mon rêve d’enfant d’être un 'ange vêtu de blanc'.

Maintenant, me voici sept ans plus tard, devenue médecin qui a survécu à une autre des attaques brutales d’Israël, et se posant ces questions: combien de temps encore mon cœur pourra-t-il supporter d’être témoin de toutes ces vies massacrées? Pourquoi suis-je née dans ce pays? Pourquoi ai-je choisi cette profession?

L’inimaginable se reproduit

Au milieu de la nuit du 15 mai, l’aviation israélienne a attaqué un immeuble résidentiel appartenant à la famille Abu Hatab. Un enfant de 5 mois est le seul survivant d’une famille entière disparue dans ce génocide.

Un jour après cette destruction, la pire nuit de bombardement a commencé. Une étudiante en troisième année de médecine dentaire, âgée de 21 ans, Shimaa’ Abu Alaouf, a été tuée. Elle avait prévu de célébrer son mariage le mois suivant avec Anas, l’homme qu’elle aimait.

Elle rêvait probablement du jour de sa remise de diplôme, de travailler comme dentiste, d’élever des enfants dans sa propre maison. Mais au lieu de cela, la future mariée, ainsi que son amour et ses passions, ont été enterrés par les frappes aériennes israéliennes qui ont détruit sa maison.

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Nos hôpitaux sont submergés par les morts et les blessés. L’hôpital al-Shifa, qui est l’hôpital central de la bande de Gaza, n’a qu’une capacité de 250 lits. Mais ces jours de guerre, nous avons largement dépassé cette capacité. Nous avons une grave pénurie dans notre réserve centrale de sang. Nous n’avons pas assez de lits et nous n’avons pas assez de sang.

Mon magasin de fleurs préféré de la rue Al-Wehda a été bombardé. Toutes les fleurs que j’offrais à ceux que j’aime ont été achetées ici, avec un message écrit à la main: “Prends bien soin de toi, toi que j’aime”.

J’y allais souvent, simplement pour regarder les fleurs. Maintenant, il n’y a plus de fleurs à contempler, plus de fleurs à offrir et plus de messages d’amour à envoyer. Plus de 10 familles ont été rayées de l’état civil.

Permettez-moi de le répéter: plus de 10 familles entières ont disparu…

J’avais l’habitude de m’endormir tôt et j’attendais avec impatience de me rendre au travail. Je veillais alors à chaque pas à me libérer de mes pensées et à soulager mon cœur. Respirant profondément dans la lumière du matin, j’arrivais à l’hôpital joyeuse, comme neuve et prête à entamer ma journée.

Mais maintenant, mes sanglots étouffent le bruit des missiles tombant sur la tête de mon peuple.

J’ai peur pour ceux qui survivent

Quelques heures plus tard, je regarde et j’attends que les gens soient extraits des décombres. Les vivants et les morts attendent d’être retrouvés. La plupart des blessés que je soigne à l’hôpital ont du mal à croire qu’ils sont en vie. Ils ont le cœur brisé et le visage reflète leur état de choc.

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J’ai peur pour mes patients. J’ai peur pour les survivants trouvés dans les décombres. J’ai peur pour leurs familles.

Les dommages psychologiques causés par le traumatisme d’être littéralement enterré vivant avant d’être finalement secouru sont énormes: accélération du rythme cardiaque, inhalation de poussière et de toxines, peau déchiquetée par les éclats d’obus et peur constante d’être piégé et de ne jamais être retrouvé.

Certains survivants se vident lentement de leur sang et meurent quelques minutes après avoir été réanimés. Comment leurs familles, qui les attendaient, peuvent-elles surmonter cette épreuve?

Pour nous, qui vivons sous l’occupation israélienne et la menace d’un bombardement à tout moment, ce ne sont que quelques minutes qui séparent la vie de la mort.

Encore et encore, Israël viole nos droits les plus élémentaires et les conventions internationales en prenant pour cible des civils non armés et des établissements de santé.

Nous savons que la guerre reviendra, si ce n’est l’année prochaine, l’année suivante ou celle d’après. J’ai peur et je fais tout ce que je peux pour survivre et servir mon peuple.

Pourtant, au-delà de ma peur, nous avons vu et ressenti la solidarité et l’espoir d’une communauté internationale de militants et autres sympathisants. Cela nous donne l’espoir dont nous avons besoin pour aller de l’avant et poursuivre la lutte.

Hanan Abukmail -

11.07.21

Source: Chronique de Palestine

 

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INFOS DU JOUR :

- Palinfo signale que samedi soir, des sources locales ont rapporté que des colons ont attaqué les maisons de citoyens dans le village de Hawara, au sud de Naplouse, y causant des dégâts, avant que des dizaines de jeunes résistants ne repoussent l'attaque et n'expulsent les colons de l'endroit. Les mêmes sources ont déclaré que d'importantes forces armées d'occupation ont pris d'assaut le village et ont procédé à la sécurisation de la sortie des colons, avant que des affrontements limités n'éclatent avec les jeunes hommes à la périphérie du village. Les colons ont intensifié récemment leurs attaques contre les habitants et leurs biens. Il y a quelques mois, les forces d'occupation ont commencé à construire une route de colonisation, appelée «contournement de Hawara», qui vise à contourner le village de Hawara et à ne pas entrer dans son centre par la rue n°60, mais elle est en cours de construction jusqu'à l'est du village. Elle reliera les colonies de 'Dhar al-Jabal' entourant Naplouse aux colonies de Salfeet, Tulkarm et Qalqilya. Il y a déjà 13 colonies et 55 avant-postes sur les terres de Naplouse, et des routes de contournement de 104km de long. L'occupation établit 24 camps pour elle sur les terres du gouvernorat et impose la fermeture de 80 zones. Cette route de contournement alternative est l'un des projets de colonisation les plus dangereux de Naplouse;

Source: Externe

- Palinfo signale aussi pour ce même samedi soir, que 51 civils palestiniens ont été blessés lors d'affrontements avec les forces armées d'occupation israéliennes, dans les villes de Beita et Qasra où les activités de confusion nocturne se poursuivent à l'encontre d'implantations coloniales. Les jeunes insurgés de Beita ont marqué un pas et une nouvelle réalisation, après avoir réussi à atteindre la périphérie de l'avant-poste de la colonie 'Givat Avitar', qui a été construit sur le mont Sabeeh, et ont enlevé et brûlé le drapeau de l'occupation. Ils ont également brûlé des dizaines de pneus à quelques mètres de l'avant-poste colonial. Les soldats de l'occupation ont alors tiré des grenades lacrymogènes sur les jeunes et allumé des grenades tandis que les jeunes ont riposté en relançant des grenades lacrymogènes qu'ils avaient saisies aux soldats lors d'affrontements précédents. Pour le 2è mois consécutif, les habitants de Beita poursuivent leurs activités de confusion nocturne visant à épuiser les forces d'occupation et les colons, les forçant à démanteler et à retirer l'avant-poste 'Givat Avitar' qui a été établi début mai;

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- toujours d'après Palinfo, des colons extrémistes hyper protégés par les forces d’occupation ont envahi ce dimanche matin la mosquée al-Aqsa à partir de la porte des maghrébins. Ces envahissements font suite à des appels lancés par des groupes extrémistes incitant les jeunes portant des tenues religieuses à mener des promenades provocatrices dans les esplanades de la mosquée al-Aqsa et à suivre des explications historiques et religieuses sur le Temple présumé tout en accomplissant des rites talmudiques sous le regard bienveillant des forces sécuritaires israéliennes. Ces profanations et agressions se déroulent au moment où les jérusalémites, habitants des lieux, doivent lutter et passer par le tamis sécuritaire pour accomplir leurs prières dans la sainte mosquée.

Rédaction du MCP -

11.07.21

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