!!Génocide à Gaza: J 606!! 19 mois de silence face au génocide en cours à Gaza...
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Lettre ouverte à celles et ceux qui n’ont jamais répondu:
Madame, Monsieur,
Voilà désormais 19 mois que je vous ai adressé un ou plusieurs courriers concernant la situation à Gaza, les massacres perpétrés par l’État israélien, et votre responsabilité, en tant qu’élu·e, dans l’inaction politique belge et européenne. 19 mois durant lesquels vous n’avez pas jugé utile de répondre. Pas même un accusé de réception. 19 mois pendant lesquels vous avez, par votre silence, cautionné l’indicible.
Aujourd’hui, à l’heure où certains et certaines, du bout des lèvres, effleurent à peine le mot 'génocide', je vous écris à nouveau. Non pas dans l’attente d’une réponse – je ne me fais plus d’illusions – mais pour laisser une trace écrite de votre silence et de ses implications historiques.
Le mot est là, timidement, 'génocide', mais l'inaction demeure
Alors que des voix s’élèvent enfin pour nommer les choses – que ce soit à la Cour Internationale de Justice ou dans les rues de nos villes – vous, élu·e·s du peuple, continuez à détourner les yeux. Certains font mine de découvrir les horreurs, comme si la mise à mort programmée d’un peuple avait commencé en octobre 2023. Comme si Gaza n’avait pas été, depuis des décennies, le laboratoire d’expérimentations coloniales, militaires et carcérales du XXIè siècle.
Oui, le mot est lâché, parfois, par calcul électoral ou sur un ton plus embarrassé que résolu. Mais quelles sont les conséquences concrètes de cette reconnaissance? Qu’avez-vous mis en œuvre, à votre niveau de responsabilité, pour faire cesser les massacres? Quels moyens avez-vous déployés pour sanctionner les criminels, protéger les victimes, soutenir les voix palestiniennes, exiger l’embargo militaire, économique et académique contre l’État d’'Israël'?
Et maintenant, posons la question à l'envers: qu'en est-il des Belges partis combattre à Gaza aux côtés de Tsahal?
Vous vous êtes montré·e·s prompt·e·s à exiger des mesures radicales contre des jeunes musulmans soupçonnés de radicalisation idéologique. Vous avez plaidé pour des programmes de déradicalisation, des lois répressives, des déchéances de nationalité, des dispositifs de surveillance de masse, des peines exemplaires. Mais qu’en est-il aujourd’hui des Belges qui ont combattu ou qui combattent dans les rangs de l’armée israélienne, une armée accusée de génocide par un État membre du Sud global (l’Afrique du Sud), une armée qui bombarde les hôpitaux, extermine les familles, anéantit l'infrastructure civile et transforme une bande de terre en cimetière à ciel ouvert?
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Sont-ils identifiés?
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Sont-ils sous surveillance?
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Leurs crimes sont-ils passés au crible du droit belge ou international?
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Les soumettrez-vous à un programme de déradicalisation du sionisme?
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Assistera-t-on à l’ouverture d’un centre de prévention contre l’extrémisme armé pro-israélien?
Rien. Pas une loi, pas un décret, pas une déclaration publique. Deux poids, deux mesures, encore et toujours, comme si le racisme d’État ne connaissait pas d’exception.
L'impunité blanche et sioniste: l'éléphant dans le salon des 'démocraties' occidentales
Soyons clairs: les jeunes Belges partis combattre aux côtés de l’armée israélienne sont des acteurs directs ou indirects du génocide. Et pourtant, leur blanchité (sociale, symbolique, voire réelle) leur assure un confort et une impunité que n’aura jamais un jeune arabe de Molenbeek.
Vous êtes capables de déployer l’arsenal juridique européen pour punir un ado ayant partagé une vidéo pro-palestinienne sur Tik-Tok, mais vous fermez les yeux sur les combattants belgo-israéliens formés à tuer dans les colonies de Cisjordanie ou dans les unités spéciales de Gaza.
L'histoire jugera votre silence, votre inaction, votre complicité
Vous êtes les héritiers d’un système politique qui n’a su réagir ni au Rwanda en 1994, ni à Srebrenica en 1995, ni au Yémen aujourd’hui. Gaza n’est pas une exception. Gaza est un miroir. Le miroir de votre faillite morale et politique.
Un jour viendra – il vient toujours – où les peuples briseront les silences d’État. Où les documents sortiront. Où les responsabilités seront établies. Où vos votes, vos absences, vos prises de parole, vos silences seront relus à la lumière du droit international.
Nous les non-aligné.e.s, continuerons de parler
Nous continuerons à nommer ce que vous ne voulez pas voir: l’apartheid, le colonialisme, le nettoyage ethnique, l’ingérence, l’impérialisme.
Nous continuerons à tendre la main à celles et ceux qui résistent, dans les camps, les ruines et les prisons.
Nous continuerons à faire des contre-histoires, des récits insoumis, des archives populaires de la dignité.
Et quand vos partis auront disparu, absorbés par l’histoire et l’opportunisme, nous serons encore là, debout, solidaires, avec les peuples opprimés.
À bon entendeur. Cette lettre est publique. Elle restera.
Avec toute ma colère politique,
ma solidarité avec le peuple palestinien
et ma mémoire pour les enfants assassinés de Gaza.
Nordine Saïdi -
31.05.25