FREE PALESTINE
9 juin 2022

Pourquoi Israël a-t-il si peur du drapeau palestinien?

Source: Externe

Par un vote de 63 contre 16, la Knesset israélienne a donné cette semaine son accord préalable à un projet de loi qui interdirait aux drapeaux palestiniens de flotter dans les institutions financées par l’État

 

Proposé par le parti Likud et soutenu par le 1er ministre israélien Naftali Bennett, ce projet de loi est une démonstration claire de la faiblesse de l’État face à la solidarité palestinienne, montrant qu’Israël – plus de sept décennies après sa création sur les ruines de la Palestine historique – est dans un état de panique.

Le vote a montré une fois de plus que lorsque la coalition au pouvoir est incapable de faire passer un projet de loi, elle a recours à l’opposition parlementaire sioniste d’ultra-droite. La question remarquable ici n’est pas la fragilité de la coalition au pouvoir, mais plutôt le consensus national sioniste et la domination de l’extrême-droite, en particulier le mouvement des colons religieux, sur la vie politique israélienne.

Le fait que des étudiants arabes brandissent le drapeau palestinien lors de manifestations sur les campus israéliens n’a rien de nouveau. Il est utilisé depuis longtemps comme symbole national dans les mouvements populaires, et il a été hissé une fois de plus le 29 mai 2022 en réaction spontanée à la «Marche du drapeau» de Jérusalem, qui a vu des dizaines de milliers de juifs envahir la vieille ville.

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Pendant l’événement, les marcheurs brandissant le drapeau israélien étaient protégés par les forces israéliennes qui occupent la ville. Le véritable défi consistait à hisser le drapeau palestinien pour qu’il flotte au-dessus de la mer de drapeaux bleus et blancs.

Israël accorde une importance particulière à la question du lever du drapeau palestinien à Jérusalem, qu’il présente comme une violation de la souveraineté israélienne, bien qu’il soit une puissance occupante. Il s’appuie sur les accords d’Oslo, et en particulier sur le protocole de Paris de 1994, pour confirmer que l’Autorité palestinienne ne peut pas s’ingérer dans les affaires intérieures israéliennes.

Israël décrit ainsi Jérusalem comme une affaire israélienne et le lever du drapeau palestinien comme une ingérence.

Campagne d’incitation

Le mois dernier, pour marquer le 74è anniversaire de la Nakba, des étudiants palestiniens ont organisé des manifestations sur des campus universitaires. À l’université Ben-Gurion de Beersheba, des manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens lors d’un événement autorisé par l’université, déclenchant une contre-manifestation sioniste et une plainte du maire de la ville.

Des militants d’extrême-droite ont également détourné une manifestation organisée par des étudiants arabes à l’université de Tel-Aviv à l’occasion du Jour de la Nakba, ce qui a donné lieu à une violente confrontation.

Si les protestations et contre-protestations de divers groupes s’inscrivent dans le cadre acceptable des libertés académiques, l’affaire ne s’est pas limitée à ce cadre, se transformant en une campagne d’incitation par les médias et l’establishment politique israéliens.

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L’exemple le plus scandaleux en a été donné le 24 mai, lorsque le membre de la Knesset Israel Katz a tweeté: «J’ai mis en garde les étudiants arabes qui agitent des drapeaux palestiniens dans les universités hier: souvenez-vous de 1948. Souvenez-vous de notre guerre d’indépendance et de votre Nakba… Assez du terrorisme interne des Israéliens arabes. Assez de violence contre les juifs dans les villes concernées. Si vous ne vous calmez pas, nous vous donnerons une leçon que vous n’oublierez pas.»

Cette campagne d’incitation se distingue par une interdépendance étroite entre les médias israéliens, les hommes politiques, les membres du public et les milices locales qui cherchent à intimider les Palestiniens, tandis que la police ferme les yeux.

Si ce type d’interdépendance n’est pas nouveau, il a atteint des niveaux sans précédent. La déclaration de Bennett en mars dernier, qui exhortait les Israéliens à porter des armes, en est un bon exemple.

Réprimer la cause palestinienne

La forte augmentation du nombre d'Israéliens juifs demandant un permis de port d’arme est extrêmement préoccupante dans le contexte de cette atmosphère d’incitation croissante contre les citoyens palestiniens d’Israël, parallèlement à la délégitimation de leur rôle politique.

Israël s’efforce de faire disparaître la question palestinienne de l’agenda national, tout en étouffant sa présence sur la scène internationale par le biais d’accords de normalisation qui étendent l’influence régionale d’Israël et établissent des programmes de coopération en matière de sécurité avec les États arabes voisins.

Tout cela fait partie d’une stratégie israélienne intégrée, dans laquelle la question du drapeau palestinien fait l’objet d’une attention particulière, car il s’agit d’un symbole fondamental de la cause palestinienne. C’est la raison pour laquelle nous assistons à une pression pour interdire le drapeau palestinien, et c’est pourquoi la police israélienne est allée jusqu’à attaquer les porteurs du cercueil de la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh le mois dernier.

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La proposition de loi anti-drapeau s’inscrit dans la volonté d’Israël d’intensifier son occupation et d’affaiblir le rôle des Palestiniens de 48, en supprimant tout lien avec la cause palestinienne. Le projet de loi, qui a été adopté en première lecture cette semaine, interdirait «le déploiement des drapeaux d’un État ennemi ou de l’Autorité palestinienne» dans toutes les institutions financées par l’État, et pas seulement dans les universités.

Cela renforcerait le contrôle d’Israël dans tout le pays et pousserait les institutions à s’autocensurer afin de préserver leur financement public – même si, dans un contexte de discrimination et de racisme structurels, les organisations culturelles palestiniennes en Israël ne reçoivent de toute façon qu’une fraction des fonds disponibles.

En fin de compte, la bataille du drapeau ne porte pas sur le drapeau en soi, mais sur l’existence légitime des Palestiniens dans leur patrie – et leur droit d’utiliser leur voix politique.

Ameer Makhoul -

03.06.22

Source: ISM

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