FREE PALESTINE
14 mai 2022

L’objectif israélo-américain reste d’interdire tout 'droit au retour' aux réfugiés palestiniens

Source: Externe

Les Palestiniens craignent à juste titre que le mandat attribué à l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, ne touche à sa fin

 

La mission de l’UNRWA, en vigueur depuis 1949, a fait plus que fournir une aide et un soutien urgents à des millions de réfugiés. C’était aussi une plate-forme qui a protégé et préservé les droits de plusieurs générations de Palestiniens.

Bien que l’UNRWA n’ait pas été créé en tant que plate-forme politique ou juridique en soi, le contexte de son mandat était largement engagé, puisque les Palestiniens ont été transformés en réfugiés à la suite d’événements militaires et politiques: le nettoyage ethnique du peuple palestinien par Israël et le refus de ce dernier de respecter le 'droit au retour' des Palestiniens tel qu’énoncé dans la résolution 194 (III) de l’ONU du 11 décembre 1948.

«L’UNRWA a un mandat humanitaire et de développement pour fournir une assistance et une protection aux réfugiés palestiniens en attendant une solution juste et durable à leur sort», lit-on dans la résolution 302 (IV) de l’Assemblée générale des Nations-Unies du 8 décembre 1949.

Hélas, ni une «solution durable» au sort des réfugiés, ni la moindre perspective n’ont été atteints. Au lieu d’utiliser cette prise de conscience comme un moyen de revenir sur l’échec de la communauté internationale à rendre justice en Palestine et à tenir Israël et ses bienfaiteurs américains responsables, c’est l’UNRWA et, par extension, les réfugiés qui sont l’objet d’une punition.

Tirant la sonnette d’alarme le 24 avril, le responsable du comité politique du Conseil national palestinien (PNC), Saleh Nasser, a déclaré que le mandat de l’UNRWA pourrait arriver à expiration. Nasser faisait référence à une récente déclaration du commissaire général de l’ONU, Philippe Lazzarini, sur l’avenir de l’organisation.

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La déclaration de Lazzarini, publiée un jour plus tôt, laissait place à une certaine interprétation, même s’il était clair que quelque chose de fondamental concernant le statut, le mandat et le travail de l’UNRWA était sur le point de changer.

«Nous pouvons considérer que la situation actuelle est intenable et entraînera inévitablement l’érosion de la qualité des services de l’UNRWA ou, pire, leur interruption», a déclaré Lazzarini.

Commentant la déclaration, Nasser a dit que c’était «un prélude à l’arrêt par les donateurs de leur financement de l’UNRWA».

Le sujet de l’avenir de l’UNRWA est désormais une priorité dans le discours politique palestinien, mais aussi arabe. Toute tentative d’annulation ou de redéfinition de la mission de l’UNRWA posera un défi sérieux, voire sans précédent, aux Palestiniens.

L’UNRWA fournit un soutien en matière d’éducation, de santé et autre services essentiels à 5,6 millions de Palestiniens en Jordanie, au Liban, en Syrie, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. Avec un budget annuel de 1,6 milliard de dollars, ce soutien et le large réseau créé par l’organisation ne peuvent pas être facilement remplacés.

La nature politique de l’organisation est tout aussi importante. L’existence même de l’UNRWA signifie qu’il y a une question politique qui doit être abordée concernant le sort et l’avenir des réfugiés palestiniens. En fait, ce n’est pas le simple manque d’enthousiasme pour financer l’organisation qui a causé la crise actuelle. C’est quelque chose de bien plus lourd et sinistre.

En juin 2018, Jared Kushner, gendre et conseiller de l’ancien président américain Donald Trump, s’est rendu à Amman, en Jordanie, où, selon le magazine US Foreign Policy, il a tenté de persuader le roi Abdallah de Jordanie de retirer le statut de réfugié aux 2 millions de Palestiniens vivant actuellement dans le pays. Mais cette tentative, comme d’autres ont échoué.

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En septembre 2018, Washington, sous l’administration Trump, a décidé de stopper son soutien financier à l’UNRWA. En tant que principal bailleur de fonds de l’organisation, la décision américaine a été dévastatrice, car environ 30% de l’argent de l’UNRWA provient des seuls États-Unis.

Pourtant, l’UNRWA a tenté de gérer la crise en augmentant sa dépendance vis-à-vis du secteur privé et des dons individuels.

Bien que les dirigeants palestiniens se soient réjouis de la décision de l’administration Biden de reprendre le financement de l’UNRWA le 7 avril 2021, une petite mise en garde concernant la décision de Washington a été largement gardée confidentielle.

Washington n’a accepté de financer à nouveau l’UNRWA qu’après que cette dernière ait accepté de signer un plan de deux ans, connu sous le nom de Cadre de coopération.

Le point le plus important est que ce plan a de fait transformé l’UNRWA en une plate-forme pour les politiques israéliennes et américaines en Palestine, par laquelle l’organe de l’ONU a cédé aux demandes américaines – donc israéliennes – de s’assurer qu’aucune aide n’atteindrait un réfugié palestinien ayant reçu une formation militaire «en tant que membre de la ainsi nommée Armée de libération de la Palestine», ou d’autres organisations, ou qui «s’est livré à un acte de terrorisme».

De plus, le nouveau cadre impose à l’UNRWA de surveiller le «contenu du programme palestinien».

En concluant un accord avec le Département d’État américain, «l’UNRWA s’est effectivement transformée d’une agence humanitaire qui fournit une assistance et des secours aux réfugiés palestiniens, en une agence de sécurité faisant avancer les objectifs politiques et répressifs des États-Unis, et finalement d’Israël».

Le Centre de ressources BADIL – Resource Center for Palestinian Residency and Refugee Rights – l’a bien noté. Les protestations palestiniennes, cependant, n’ont pas changé la nouvelle réalité, qui a effectivement totalement modifié le mandat accordé à l’UNRWA par la communauté internationale il y a près de 73 ans.

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Pire, les pays européens ont emboîté le pas quand, en septembre dernier, le Parlement européen a proposé un amendement qui conditionnerait le soutien de l’UE à l’UNRWA à l’édition et à la réécriture des manuels scolaires palestiniens qui, soi-disant, «incitent à la violence» contre Israël.

Au lieu de se concentrer uniquement sur la fermeture immédiate de l’UNRWA, les États-Unis, Israël et leurs partisans s’efforcent de changer la nature de la mission de l’organisation et de réécrire entièrement son mandat initial.

L’agence qui a été créée pour protéger les droits des réfugiés est désormais censée protéger les intérêts israéliens, américains et occidentaux en Palestine.

Bien que l’UNRWA n’ait jamais été une organisation idéale, elle a effectivement réussi à aider des millions de Palestiniens au fil des ans, tout en préservant la nature politique de leur sort.

L’Autorité palestinienne, diverses factions politiques, les gouvernements arabes et d’autres ont protesté contre les manœuvres israélo-américaines contre l’UNRWA, mais de telles protestations ne feront probablement pas beaucoup de différence, étant donné que l’UNRWA elle-même cède aux pressions extérieures.

Alors que les Palestiniens, les Arabes et leurs alliés doivent continuer à se battre pour la mission initiale de l’UNRWA, ils doivent développer de toute urgence des plans et des plates-formes alternatives qui empêcheront les réfugiés palestiniens et leur droit au retour de devenir marginaux et, finalement, de tomber aux oubliettes.

Si les réfugiés palestiniens sont retirés de la liste des priorités politiques pour aboutir à une paix juste en Palestine, ni la justice ni la paix ne pourront prévaloir.

Ramzy Baroud -

07.05.22

Source: Chronique de Palestine

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