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Les faits

Six prisonniers palestiniens se sont évadés de la prison israélienne de Gilboa dans le nord des territoires occupés, ont déclaré ce lundi matin 06 septembre les geôliers de l’occupation israélienne.

Les forces de police de l’occupation ont été largement déployées dans la région à la recherche des détenus à l’aide de drones et d’hélicoptères, a rapporté la télévision israélienne 'i24'.

Les suspects auraient creusé un tunnel pour fuir la prison de haute sécurité, située au nord-ouest de Beït Shean près du lac de Tibériade. Ils ont été portés disparus vers 04h du matin, mais pourraient avoir pris la fuite quelques heures plus tôt.

Les six détenus, condamnés à la prison à vie, étaient tous accusés d’avoir mené des opérations contre l’occupation israélienne.

L’un des prisonniers évadés est Zakaria Zubeidi, un ancien responsable des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, à Jenin en Cisjordanie occupée. Les cinq autres seraient des membres du Jihad islamique palestinien, également originaires de la ville de Jenin.

L’armée d’occupation israélienne a envoyé des renforts aux frontières de Gaza et de la Jordanie pour empêcher la fuite des Palestiniens en question.

Plusieurs analystes israéliens ont évoqué à la radio de l’occupation «un échec très grave», prévenant que «cet incident pourrait se répéter à l’avenir».

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«Cette évasion d’un tunnel creusé par six prisonniers sécuritaires est un très gros échec qui révèle de très graves lacunes dans le renseignement et la sécurité de cet établissement», a indiqué le général israélien de réserve Avi Ben-Yahoo.

La prison de Gilboa, située dans le nord de la Palestine, a été récemment fondée sous la supervision d’experts irlandais. Elle a ouvert ses portes en 2004 près de la prison de Shatta dans la région de Bisan (territoire occupé en 1948).

Cette prison ultra-sécurisée est décrite comme la prison la mieux gardée, dans laquelle l’occupation détient des prisonniers palestiniens que l’occupation accuse d’être responsable d’avoir mené des opérations à l’intérieur des territoires occupés de Palestine en 1948.

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Les héros de l'évasion

1/ Mahmud Abdallah Aredhat

Selon des médias palestiniens, ce serait lui qui a dirigé l’opération d’évasion.

Né en 1975 dans la localité Arabat, dans la province de Jenin, il a été arrêté une première fois en 1992, à l’âge de 17 ans. Il était en classe de première raconte sa mère. C’est en prison qu’il a poursuivi ses études et obtenu son baccalauréat.

Relâché 41 semaines plus tard, en 1996, dans la foulée des accords d’Oslo, il a été arrêté quelques mois plus tard en septembre de la même année, puis condamné à perpétuité plus 15 années de prison pour appartenance au mouvement de résistance palestinien Jihad islamique et participation à des opérations de résistance au cours desquelles des soldats israéliens ont été tués.

Pendant sa détention il a été condamné à l’isolement plusieurs fois: en juin 2011, pour une durée de 4 mois qui a été renouvelée pour une durée de 2 mois, puis à nouveau en juin 2014, après la découverte d’une tentative d’évasion à travers un tunnel dans la prison Chatat où il était incarcéré.

Il est l’un des activistes du Jihad islamique dans les prisons israéliennes: il a été élu membre du Haut-commandement des détenus du mouvement puis son vice-secrétaire général.

En prison, il a rédigé plusieurs livres dont 'Al-Rawahel' qui a été publié ainsi que 'La jurisprudence du Jihad' et 'L’influence de cheikh Ghazali sur le mouvement du Jihad islamique en Palestine'. En prison, on l’appelait l’émir des détenus du Jihad.

Quatre de ses frères et sœurs ont aussi été faits prisonniers par les autorités de l'occupation israélienne.

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2/ Mohamad Qassem Aredhat (39 ans)

C’est un cousin de Mahmud. Arrêté en 2002, il est condamné à trois perpétuités et 20 ans supplémentaires.
Membre des Brigades al-Qods du Jihad islamique, il avait supervisé des opérations martyrs au cours desquelles plusieurs soldats israéliens ont péri.

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3/ Yaacoub Mahmoud Ahmad Qaderi (49 ans)

Natif du village Bir al-Bacha dans la province de Jénine, il a participé à la défense du camp de Jenin en 2002, pendant la seconde intifada. Il a commencé sa lutte en participant à des opérations contre des patrouilles israéliennes en Cisjordanie occupée. Dans l’une d’entre elles, deux colons ont succombé.

Il était traqué depuis l’an 2000, mais n’a été arrêté qu’en octobre 2003. En 2004, il a été condamné à deux perpétuités et à 35 années. Il a fait partie des détenus de la prison de Chatat qui ont tenté de s’évader en 2014 avec Mahmud Aradhat.

A

4/ Ayham Fouad Nayef Kamamji (35ans)

Natif du village Kfar Dan de Jenin, les forces de l’occupation israélienne l’ont arrêté en 2006 après une traque de 3 ans. Il a été condamné à deux perpétuités.

Il avait participé à plusieurs opérations dont l’enlèvement d’un colon qui s’est terminé par sa mort.

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5/ Zakaria al-Zubeidi (45 ans)

Né dans le camp de Jenin, il est un ancien chef des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, bras armé du Fatah. Il a été élu membre du Conseil révolutionnaire de ce mouvement en 2006.

Sa mère et son frère sont tombés en martyrs lors de l’invasion israélienne du camp de Jenin.

Il a été arrêté en 2019 dans la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée, pour son appartenance à ces brigades. Son verdict n’a pas encore été rendu.

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6/ Mounadel Yaacoub Abdel Jabbar Nfiaat ( 32ans)

Il en est de même pour ce prisonnier dont le verdict n’avait pas encore été rendu à l’issue sa troisième arrestation en 2020 pour appartenance aux Brigades al-Qods, bras armé du Jihad islamique et participation à des opérations de résistance.

Il avait été capturé une première fois en 2006 et a été libéré 9 années plus tard en 2015. Puis une seconde fois en 2016.

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Comment les résistants palestiniens se sont-ils évadés?

Plus de questions que de réponses s’imposent sur le 'comment' de l’évasion de 6 résistants palestiniens de la prison de Gilboa, la mieux gardée et la plus sécurisée des 4500 prisons israéliennes.

Dans les médias et chez les responsables israéliens, très peu d’éléments de l’affaire sont sûrs, sauf qu’ils ont pris la fuite en empruntant un tunnel. Mais pour commencer, on ne sait pas combien son creusement a pris de temps: entre plusieurs mois et plusieurs années.

Ensuite, l’évasion aurait eu lieu peu après minuit, vers 01h30 selon la direction des prisons, mais les geôliers ne s’en sont rendus compte que vers 03h30. D'abord de la disparition de 3 prisonniers puis celle de 3 autres, une demi-heure plus tard.

Ailleurs, les indications sont dubitatives. Selon une version rapportée par le site d’information 'Walla', le tunnel aurait été creusé depuis le lavabo de leur cellule, jusqu’à l’extérieur de la prison. Les images semblent corroborer cette version et invalider celle qui avance qu’ils ont creusé au-dessous de leurs lits.

A propos du lanceur de l’alerte, il s’agirait selon 'Walla' d’un chauffeur de taxi qui aurait, vers 01h49, téléphoné à la police israélienne pour leur dire qu’il avait vu des personnes suspectes portant des choses suspectes dans cette région désertique.

Après que celle-ci se soit rendue sur les lieux et ait procédé à des recherches, elle a informé la direction de la prison vers 02h14.

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Or, la 'Chaîne 12' avance que ce sont des agriculteurs qui avaient les premiers vus les évadés palestiniens et auraient par la suite informé la police croyant que c'était des voleurs.

Autre point de discorde sur la nature du tunnel. Le quotidien israélien 'Haaretz' évoque un tunnel de plusieurs dizaines de mètres dont l’ouverture a été découverte à quelques mètres de la tour de la prison. Alors que selon le 'Times of Israël', des responsables de la prison ont indiqué que les évadés n’ont pas creusé un tunnel mais ils ont ouvert une brèche vers une cavité souterraine qu’ils ont alors empruntée.

Beaucoup d’interrogations également sur  la manière par laquelle il a été creusé. Grâce à des ustensiles, suppose la 'Chaîne 12'. Mais le site 'Times of Israel' assure pour sa part que mêmes les cuillères étaient interdites dans les cellules des prisonniers. Et le sous-sol est formé de béton et de métal!

«Comment ont-ils creusé sans que les geôliers ne s’en rendent compte, sachant que c’est l’une des prisons les mieux gardées, et comment ont-ils pu cacher le tunnel et le sable extrait du creusement», s’est demandé une source sécuritaire israélienne, rapporte 'Walla'.

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Autre interrogation de la part d’un chroniqueur israélien Tal Ram Leev: Zacaria al-Zubeidi qui appartient au Fatah avait demandé quelque temps avant l’évasion d’être transmis à l’aile de la prison consacrée aux détenus appartenant au Jihad islamique: comment les geôliers n’ont-ils rien suspecté, surtout que la tentative d’évasion précédente avait eu lieu dans cette aile?

Les médias se demandent aussi si les évadés ont reçu une aide extérieure surtout que des vêtements abandonnés supposés être les leurs ont été retrouvés, selon 'Haaretz', s’interrogeant non sans inquiétude sur les projets des évadés.

D’aucun avancent qu’ils pourraient fuir vers la Jordanie surtout. Mais pas vers la Cisjordanie, ni la bande de Gaza, en raison du mur de séparation.

D’autres n’excluent pas qu’ils tentent d’enlever des Israéliens pour obtenir en échange la libération de détenus palestiniens, prédit le quotidien 'Yediot Ahronot'. D’autant qu’ils sont toujours dans les territoires de 1948.

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Dans l’attente des réponses décisives, tous s’accordent à croire qu’il s’agit d’un grand revers. «C’est un fiasco très important qui révèle les lacunes d’une grande dangerosité dans les renseignements, et dans la sécurité de l’installation», selon l’évaluation du Général de réserve Ave Ben Yahoo.

Pour le grand bonheur des Palestiniens qui ont fêté un peu partout et en grandes pompes, cette évasion.

Rédaction de Almanar -

06.09.21

Source: Almanar