FREE PALESTINE
6 juin 2021

!! La guerre après la guerre pour les Palestiniens de Gaza + Infos du jour

Source: Externe

Avons nous vraiment survécu?

 

Beaucoup pensent que la guerre s’est arrêtée avec le cessez-le-feu, mais à Gaza, nous vivons maintenant une guerre au quotidien, une guerre à l’intérieur, tandis que nous luttons contre la culpabilité d’avoir survécu, et que nous sommes perdus dans nos tentatives pour revenir à la normale

Il y a environ dix jours, nous, ‘Gazaouis’ faisions les grands titres des nouvelles mondiales et la tendance des médias sociaux alors que nous subissions la quatrième agression israélienne de ces 15 dernières années sur notre ville assiégée.

Le 20 mai, un cessez-le-feu a été annoncé après 11 journées consécutives de bombardements intenses qui ont tué 253 personnes dont 66 enfants, 39 femmes et 17 personnes âgées, et ont blessé 1.948 personnes.

Pour le monde, l’agression était alors terminée. Nous ne faisions plus partie des tendances ou des actualités, sauf à couvrir l’impact de l’agression sur la politique, l’économie, les projets de reconstruction, et quelques histoires humanitaires de gens qui avaient perdu des membres de leur famille, leurs maisons ou leur travail.

Ce que les gens qui ne vivent pas à Gaza peuvent ignorer, c’est que nous vivons maintenant une guerre au quotidien; une guerre qui a commencé avec le cessez-le-feu; une guerre qui n’est ni photographiée, ni couverte par les médias.

Chacun d’entre nous, chacune des deux millions de personnes qui vivent dans cette ville de 360km², a maintenant sa propre guerre intérieure. Nous sommes perdus dans nos attentes de retour à la normale. Ces attentes échouent généralement parce que nous ne pouvons pas dormir la nuit sans cauchemars, ou parce que nous ne pouvons simplement pas dormir du tout, parce que nous sursautons de peur quand la porte claque ou que nous n’arrivons pas à nous concentrer sur les banales tâches du quotidien.

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La culpabilité du survivant

Je racontais à un ami des Etats-Unis, qui travaille à des projets de soutien psychologique, combien cela m’a été difficile après chaque agression par lesquelles je suis passée depuis 2008. Ce fut un combat pour ne pas me sentir coupable de revenir à ma vie quotidienne; d’aller à l’école, à l’université, au travail, ou  même de rendre visite à ma famille et à mes amis tandis que d’autres personnes, y compris des amis et des voisins, souffraient de la perte d’êtres chers ou avaient subi la destruction de leurs maisons ou de leurs entreprises.

En tant que voisine, en tant qu’amie, et en tant que Gazaouie, j’ai l’impression que je ne devrais pas avoir une vie normale tant que tous les gens que je connais ne retrouvent pas eux aussi leur vie normale. Je sais aussi que ce n’est pas une option. Nous n’avons ni le temps ni l’espace pour nous rétablir, et je me retrouve à vivre un conflit intérieur tous les jours pour m’occuper de mes enfants, voir des gens, aller travailler, ou même rire!

En me fondant sur ma conversation avec cet ami, j’ai appris qu’il existait un état en psychologie qu’on appelle ‘la culpabilité du survivant’ qui arrive lorsqu’il une personne croit avoir fait quelque chose de mal en survivant à un événement traumatique ou tragique quand d’autres n’ont pas survécu. Je connais ce sentiment.

Le ministère du Logement de Gaza estime que 16.800 unités de logement ont été endommagées au cours des récentes attaques israéliennes qu’elles ont subies, 1.800 sont maintenant impropres à l’habitat et 1.000 sont complètement détruites. (Photo : Ashraf Amra/APA Images)

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Les premiers jours du retour

Le lendemain de l’annonce du cessez-le-feu, j’ai emmené mes deux enfants, Khalil 2 ans, et Seba 1 an, à la garderie. Quand je suis arrivée, tous les enfants pleuraient, y compris mes deux petits enfants. Je ne  savais pas très bien si les pleurs étaient dus au changement de routine quotidienne, ou à la peur de se séparer de leurs parents qui avaient vécu avec eux les 11 derniers jours. Je pleurais moi aussi pour cette dernière raison.

Cela fait maintenant 10 jours que le cessez-le-feu a été annoncé. Les étudiants sont de retour dans leurs écoles et leurs universités, mes enfants sont de retour à leur garderie et je suis de retour à mon travail, mais mon cœur et mon esprit ne sont pas encore de retour, ils sont coincés dans la vie que j’ai menée quinze jours plus tôt.

Je n’arrive toujours pas à dormir la nuit. Je n’arrive toujours pas à m’habituer au nouveau visage de la ville avec ses immeubles détruits dans presque chaque quartier. J’ai l’impression de ne pas passer assez de temps avec ma famille et mes amis depuis que mon travail implique de répondre aux besoins d’urgence humanitaire des Gazaouis après l’offensive.

Tout simplement, mon corps et mon esprit ne fonctionnent plus de la même façon. J’ai l’impression de ne plus être la même personne. Il y a une inertie tellement forte qui me retient de faire ce qu’il faudrait ou que je voudrais faire. J’ai lancé ce récit trois jours après l’annonce du cessez-le-feu. Je n’ai pu m’y mettre que 10 jours plus tard.

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Je ne suis pas seule

Un moyen que j’ai trouvé pour faire baiser le stress a été de partager mes pensées et mes sentiments sur Facebook. Ce fut un soulagement quand j’ai su que je n’étais pas la seule à traverser cela. Mes amis ont commencé à partager leurs propres combats pour revenir à la normale.

Tous ceux que je connais ont redit à quel point cette agression est ressentie comme la plus difficile depuis 2008, alors qu’Israël a commencé là où il s’était arrêté en 2014 en ciblant les immeubles résidentiels où vivaient des centaines de familles dans la Bande densément peuplée.

Cela ressemble au sel mis sur les blessures de 15 ans de siège, d’agressions, des Marches du Grande Retour, et des multiples escalades militaires.

Les enfants aussi

Les personnes que j’ai incluses dans cet article ont eu la chance de ne pas avoir perdu un membre de leur famille, un logement ou un travail. Ce n’est qu’une réflexion sur ce que des gens comme moi, les survivants, ressentent. Je ne peux pas me mettre à décrire à quel point c’est difficile pour les autres qui ont tant perdu pendant cette agression.

Mon ami Mohammed m’a parlé de son fils Omar, âgé de 5 ans, qui à chaque bruit de bombardement a dit, pris de peur, à son père: «Mon cœur me fait mal». Après la fin de l’agression, Mohammed prenait son petit déjeuner en famille et son fils l’a surpris en disant: «Papa, mon cœur me fait encore mal.»

«Je ne pensais pas qu’Omar comprenait ce qu’est le cœur alors qu’il est si jeune. J’ai supposé qu’il répétait ce qu’il avait peut-être entendu dire par quelqu’un d’autre. Je lui ai demandé de me montrer où il avait mal et j’ai eu la surprise de le voir pointer son cœur avec sa petite main», a dit Mohammed.

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Un autre enfant qui m’a surprise fut une petite fille nommée Amal, âgée de 7 ans. Dans une vidéo de trois minutes partagée sur les réseaux sociaux, Amal a dit à quel point elle était triste quand elle a vu les rues et les immeubles détruits après la guerre. Elle a aussi exprimé à quel point elle a été terrifiée pendant le bombardement, se bouchant les oreilles et dormant dans la cuisine.

La partie la plus triste de sa vidéo fut lorsqu’elle a fait part de ses projets d’avenir en disant: «Je deviendrai un médecin quand je serai grande. Si la guerre revient, je serai à l’hôpital et ils ne nous cibleront pas. C’est un endroit plus sûr que la maison.»

‘Tawjihi’ est la dernière année de lycée et c’est la plus cruciale car les diplômes de cette année là servent généralement à déterminer si les les élèves sont qualifiés pour rejoindre le collège ou l’université qu’ils ont choisie.

Les élèves de terminale se préparent pour leurs examens de fin d’année en juin et, malheureusement, ils n’ont pas la possibilité d’attendre de se remettre ; ils doivent se préparer aux examens comme si rien ne s’était passé.

Fouad rêve de s’inscrire à l’école de médecine et il a toujours été un excellent élève en classe. Mais après l’agression, il n’arrive plus à se concentrer et à préparer ses examens.

«Je sens que je perds mon rêve. Je pense sérieusement à repousser mes examens à l’année prochaine, je ne sais pas si je serai capable d’obtenir des notes suffisamment élevées pour intégrer l’école de médecine», m’a dit Fouad.

Il a ajouté: «Je continue à penser aux scènes des gens sous les décombres. Je n’arrive pas à les sortir de mon esprit une seule seconde.»

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Face aux décombres

Saïd, 79 ans, vit dans la zone d’Al-Rimal à Gaza ville, l’un des meilleurs quartiers avec des immeubles résidentiels et commerciaux. Saïd a l’habitude de passer ses soirées assis de l’autre côté de la rue à jouer au backgammon avec un ami.

Al-Rimal a vécu un bombardement intensif tout au long du onzième jour de l’agression, y compris sur un immeuble juste en face de la maison de Saïd.

«Israël a tué la beauté de Gaza. J’ai perdu mon envie de vivre après avoir perdu la seule chose que j’aimais faire avec mon seul ami», a dit Saïd.

Alors que nous avons tous l’impression que ce fut l’agression la plus dure, pourtant je pense que nous avons peut-être ressenti la même chose en 2014, en 2012 et en 2008! Et à, chaque cycle de violence, nous restons là à combattre cette culpabilité, comme quoi une fois de plus, nous avons survécu pour vivre une autre journée jusqu’à la prochaine agression.

Je ne suis pas sûre qu’il y ait une définition pour une culpabilité «répétée» du survivant, mais nous tous les deux millions de Gazaouis pouvons aider les psychologues à en créer une.

J’ai écrit les lignes ci-dessous après 2014 et je ne peux trouver de fin plus appropriée à cet article:

"Le massacre est terminé mais la douleur des morts qui manquent ne l’est pas

Le massacre est terminé mais les blessés ne sont pas guéris

Le massacre est terminé mais les maisons ne sont plus debout

Le massacre est terminé mais nos âmes ne sont pas encore guéries".

Sarah Algherbawi (Gaza) ⁻

02.06.21

Source: Agence Medias Palestine

 

Gaza

INFOS DU JOUR:

Afin de rassurer les enfants profondément traumatisés après les 11 jours de bombardements israéliens intensifs sur la bande de Gaza, des jeunes motivés poursuivent leurs activités récréatives, afin d'apporter un soutien psychologique aux enfants. Le samedi 29 mai, une semaine après le cessez-le-feu, ils ont organisé une activité d'animation et de soutien psychologique pour les enfants de Beit-Hanoun, au nord de la bande de Gaza. 

Ce programme d'activités a pour objectif principal d’approcher les enfants pour leur faire oublier les horreurs des offensives militaires israéliennes. Les 30 participants ont été très attentifs et intéressés. Ils ont fortement apprécié ces activités ludiques et ont montré une joie et un excellent accueil. 

L'équipe formée en septembre 2014, et qui s’occupe de différents centres d’accueil de la bande de Gaza, leur a proposé plusieurs activités. Lors de cette séance, les enfants, garçons & filles se sont bien amusés, avec des moments de bonheur et de rires mélangés à des applaudissements chaleureux malgré le contexte après la tragédie vécue. Ziad Medoukh (Gaza) -

- Les médias israéliens ont rapporté le jeudi 3 juin que l’administration américaine a été choquée par les propos du 1er ministre israélien B. Netanyahu, dans lesquels il a déclaré qu'Israël agira contre l’Iran même au prix de frictions avec le États-Unis d’Amérique. Cet étonnement a été exprimé au cours de la réunion à Washington entre le ministre israélien de la Défense B. Gantz d’une part et le secrétaire d’état américain pour les Affaires étrangères A. Blinken et le conseiller à la sécurité nationale J. Sullivan de l’autre.

Le correspondant de la chaine de télévision israélienne 'Canal13' a indiqué qu’il ne se souvient pas d’un tel étonnement de la part de l’administration américaine à cause de ce que Netanyahu a dit. «Tout simplement, l’administration Biden ne comprend pas pourquoi Netanyahu a évoqué des frictions avec Washington, en dépit de la coopération étroite entre les deux parties sur la question nucléaire iranienne».

Source: Externe

- Des dizaines de milliers de colons se préparent pour participer à la 'marche des drapeaux', le jeudi 10 juin prochain pour commémorer la «Journée de l’unification juive de Jérusalem», a indiqué le journal israélien 'Israel Today'. Ils insistent pour organiser la marche parce que c’est «la victoire de la Jérusalem sioniste libre, sur les organisations de l’axe du mal et des ténèbres», selon le journal. «Nous exigeons l’unification de Jérusalem pour toujours. Nous retournons marcher dans les rues de Jérusalem et à Rosh Marom avec les drapeaux israéliens, chantant et dansant pour la terre de Sion et de Jérusalem», ont déclaré de nouveau les organisateurs de cette manifestation.

04.06.21

Source: Almanar 

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