FREE PALESTINE
2 novembre 2020

Les simples citoyens toujours victimes des politiques et de leur administration

Source: Externe

Les nouveau-nés palestiniens victimes d’un bras de fer administratif avec Israël

 

Depuis le gel de la coordination civile entre Israël et l’Autorité palestinienne, les nouveau-nés palestiniens ne sont plus enregistrés sur les registres de l’État hébreu. Empêchant leur famille de quitter les Territoires occupés.

Lourice Tetah est née le 11 juin et le début de sa vie n’aura pas été simple.

De ses premières semaines, ses parents, Morgan, américaine, et Saleh, palestinien, propriétaires d’un café à Ramallah, ont tout couché par écrit. Les allers-retours devant l’administration israélienne dans les Territoires palestiniens, les rendez-vous avec l’ambassade américaine pour tenter de sortir du dédale administratif dans lequel la naissance de leur fille les a plongés.

Car comme de nombreuses autres familles dont les enfants sont nés depuis le mois de mai, les Tetah se sont heurtés de plein fouet à l’une des conséquences de la fin de la coordination civile et sécuritaire entre l’Autorité palestinienne (AP) et Israël, annoncée en février dernier par Mahmoud Abbas mais effective depuis six mois seulement.

Si les bébés reçoivent encore leurs titres d’identité palestiniens, Ramallah ne transfère plus ces informations à Israël comme c’est normalement la procédure depuis les Accords d’Oslo. Les nouveau-nés et leur famille se retrouvent alors dans l’impossibilité d’obtenir le «permis de voyager», sésame pour quitter les Territoires palestiniens, dont les entrées et sorties sont contrôlées par l’État hébreu.

Personnel débordé

Sur les 35.000 enfants, au moins, nés depuis mai, difficile d’estimer combien se sont retrouvés dans cette situation. Pour tenter d’y voir plus clair, l’ONG israélienne de défense des droits des Palestiniens dans les Territoires occupés, HaMoked, est récemment devenue le nouvel intermédiaire entre les familles et Israël.

Résultat, des dizaines de demandes leur sont arrivées, laissant le personnel complètement débordé. «Seuls 15 dossiers ont été transmis pour l’instant», explique Jessica Montell, directrice exécutive de l’organisation.

Source: Externe

Depuis, un seul enfant et sa famille ont pu quitter le territoire, une poignée d’autres seraient désormais en mesure de le faire. La petite Lourice est de ces chanceux. Son cas a finalement été régularisé, mais épidémie de coronavirus oblige, ses parents préfèrent attendre pour prendre l’avion direction les États-Unis.

«De l’occupation bureaucratique»

«C’est de l’occupation bureaucratique, explique Jessica Montell. Lier l’inscription au recueil des naissances et le droit de voyager est une décision purement israélienne. L’administration pourrait très bien enregistrer les nouveau-nés aux frontières.»

En arrivant au point de passage entre la Cisjordanie et la Jordanie, certaines familles ont fait demi-tour, l’armée ne les laissant pas passer à moins de laisser leur nouveau-né sur place.

Certains parents se seraient directement rendus auprès de l’administration civile israélienne dans les Territoires palestiniens (Cogat), outrepassant les prérogatives de l’AP.

Un jeu d’équilibriste pour Israël, car la symbolique liée à la gestion des naissances est forte: si pour des tâches aussi essentielles que faire reconnaître son enfant, l’autorité de Ramallah, déjà chancelante, n’est plus indispensable, alors qu’en reste-t-il?

Pour le porte-parole du Cogat, «l’AP se doit d’informer Israël concernant chaque changement dans le registre de la population». Mais ajoute, sibyllin, «à la suite de la suspension de la coordination avec Israël, les demandes d'enregistrement soumises par les résidents palestiniens à l’administration civile sont examinées selon les procédures.»

Contacté, le ministère des affaires étrangères palestinien n’a pas répondu à nos questions.

Salomé Parent-Rachdi -

19.10.20

Source: La Croix

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