La nakba permanente
Les intentions du sionisme
Les intentions du sionisme, fils de l’impérialisme, étaient claires dès le premier jour de leur domination de la Palestine, bien avant la déclaration unilatérale du 14 mai 1948 et le début effectif de la Nakba.
Comme l’explique El Cheikh Abdelhamid ibn Badis dans Ech Chihab – Août 1938: «Le conflit n’est pas entre un arabe palestinien et un juif palestinien; il n’est pas entre les musulmans et les juifs du monde entier. Il est entre le sionisme et l’impérialisme britannique d’une part et l’Islam et les Arabes d’autre part. L’impérialisme britannique veut utiliser le sionisme pour diviser le corps arabe et profaner les lieux saints de Jérusalem.»
En effet, depuis 1948, les dirigeants successifs de l’entité sioniste n’ont jamais été des gens de paix. Bien au contraire. De Ben Gurion à Benyamin Netanyahu, en passant par Ehoud Olmert, Itzak Rabin ou Golda Meir, ces leaders sionistes n'ont eu pour but que d’humilier les Palestiniens, asservir la nation arabe et profaner ses lieux les plus sacrés.
Par ailleurs, l’arrogance israélienne n’a en fait jamais eu de limite. Une arrogance politique savamment soutenue par les grandes puissances dans un jeu gagnant-gagnant.
Il n’y a qu’à écouter les leaders politiques de l’entité sioniste pour se rendre compte qu’ils n’entendent nullement rendre de compte à personne au mépris de toutes les lois humaines et toutes les résolutions internationales, dans un silence protecteur et complice des démocraties du monde civilisé!
Cette même arrogance fait que des colons venus des quatre coins de la terre élisent des représentants sur un programme de poursuite des violations de toutes les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations-Unies qui en appellent à la fin de la colonisation des territoires palestiniens.
Sur le plan régional, l’entité sioniste profite d’un climat favorable créé par les contre-révolutions qui entendent casser toutes les forces émancipatrices dans le monde arabo-musulman, avec la complicité active des pétromonarchies qui soutiennent financièrement et militairement la déstabilisation de tous les pays et de tous les mouvements hostiles à leur politique de normalisation avec Israël, dans une «capitulation face à l’ennemi sioniste».
Ce que vit le monde arabo-musulman est la suite logique des accords Sykes-Picot qui ont donné naissance à des États nations «arabes» caractérisés par le monopartisme dans la version populaire ou monarchique, prétendument théocratique avec des pouvoirs absolus et dictatoriaux dans tous les cas.
Ce manque de démocratie réelle est incontestablement une première étape dans l’asservissement de la Oumma. En effet, le panarabisme a fragmenté la question palestinienne sur plusieurs acteurs tenus par des considérations et des agendas nationaux opposés.
Tout le monde connaît bien la citation arabe: «Les Arabes se sont mis d’accord pour ne jamais être d’accord entre eux». Sur le terrain cette division se traduit par l’existence de deux pôles majeurs:
– Le pôle de la normalisation avec l’entité sioniste, composé essentiellement des monarchies et des mouvements laïco-progressistes dépourvus d’un passé révolutionnaire;
– Le pôle du refus «hostile à toute reconnaissance de l’entité sioniste» composé majoritairement des pays avec un passé révolutionnaire anticolonial et des mouvements politiques de culture islamique ou révolutionnaire, voire les deux à la fois.
Ce climat de division a permis aux forces impérialistes de mettre la main sur les richesses de nos pays et de dévitaliser les résistances avec la complicité des pouvoirs illégitimes en contrepartie de leurs soutiens aux dictatures, de passer sous silence toutes les violations des droits les plus élémentaires de la population et surtout de réprimer massivement et durablement toutes les forces contestatrices.
Ce tableau certainement très noir, mais malheureusement très réel de l’état du monde arabe, entretient la nakba permanente, et fait du monde arabe et de l’Afrique des proies faciles à la prédation des multinationales, et alimente les guerres fratricides avec l’intervention directe des forces néocoloniales.
En même temps, en Occident au cœur de la machine impérialiste, les mouvements d’émancipation sont pourchassés, muselés, «les manifestations interdites de la génération Gaza » avec des dispositifs de plus en plus liberticides, sous le prétexte de lutte contre le terrorisme.
La nouvelle loi sur le renseignement qui a permis la violation de la vie privée sur des présomptions d’activités suspectes est la preuve incontestable de cette dérive sécuritaire, favorisée par une hybridation du racisme structurel, plus particulièrement la négrophobie et l’arabophobie, en islamophobie institutionnelle.
Moungi Rouaiguia -
03.05.20
Source: smdmedia