Les trahisons de pays musulmans à la cause palestinienne continuent
Le chef du Conseil souverain au Soudan a informé lundi cet organe chargé d’assurer la transition après la destitution du président Omar el-Béchir du contenu d’une réunion avec le Premier ministre israélien, une rencontre qui a surpris le gouvernement soudanais.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a eu lundi une rencontre – qui n’avait pas été annoncée – avec Abdel Fattah al-Burhane dans la ville ougandaise d’Entebbe.
Cette ville revêt une importance particulière pour les Israéliens et surtout pour Netanyahu : c’est là qu’a été tué en 1976 son frère Yonathan, «héros» d’un raid israélien ayant mené à la libération d’otages aux mains de pirates de l’air ayant détourné un vol d’Air France en provenance de Tel-Aviv.
Le dirigeant israélien a dit être convenu avec Burhane «d’entamer une coopération qui normalisera les relations entre les deux pays», alors qu’Israël demeure techniquement en état de guerre avec le Soudan, accusé d’avoir soutenu des groupes extrémistes.
Un responsable a indiqué à l’AFP sous couvert d’anonymat que Burhane informait mardi le Conseil souverain de son entretien avec Netanyahu.
Il n’était en revanche pas possible de savoir dans l’immédiat si le général avait également l’intention de briefer le gouvernement, dirigé par un civil, qui a affirmé mardi avoir appris la nouvelle de la réunion à Entebbe via les médias.
Le porte-parole du gouvernement soudanais a pour sa part assuré que le gouvernement de son pays n’avait «pas été averti» à l’avance de cette entrevue, sans davantage de précisions.
Le gouvernement devait tenir une réunion sur ce sujet.
Netanyahu pense que le Soudan se dirige dans la «bonne direction» et en a fait part au secrétaire d’État américain Mike Pompeo, a indiqué le bureau du Premier ministre israélien.
«M. Burhane veut aider son pays à se moderniser en le sortant de son isolement», a ajouté cette source.
«Ce rapprochement avec le Soudan serait d’autant plus significatif que les deux pays ont été longtemps à couteaux tirés. Israël a longtemps reproché à Khartoum d’héberger des dirigeants du Hamas, de soutenir le Hezbollah et de s’aligner sur l’Iran», rappelle RFI.
«Le Soudan a longtemps accusé l’État hébreux d’être à l’origine des frappes aériennes qui ont détruit des installations stratégiques soudanaises et, du moins selon la presse israélienne, des convois d’armes destinés au Hamas», ajoute la radio internationale française.
Omar el-Béchir, président soudanais destitué en avril, accusait notamment Israël de soutenir le chef rebelle du Darfour, Abdelwahid Nour.
La rencontre avec Netanyahu survient alors que Burhane a été invité prochainement à Washington pour une visite officielle, selon le Conseil souverain.
Il s’agit de la première fois en trois décennies que les États-Unis invitent un haut responsable de ce pays d’Afrique de l’Est.
Le Soudan s’évertue de convaincre Washington de l’enlever de sa liste des pays soutenant le terrorisme, dans l’espoir de faire revenir les investisseurs et ainsi sortir de la grave crise économique dans laquelle il est plongé.
Dans le même temps, Israël tente de resserrer ses liens avec des pays arabes qui lui étaient historiquement hostiles.
Et ceci, notamment à la lumière de l’annonce du plan du président américain Donald Trump pour un règlement du conflit israélo-palestinien.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a exhorté les dirigeants arabes, musulmans et africains à dénoncer ce plan, jugé trop favorable à Israël.
«Cette rencontre est un coup de poignard dans le dos du peuple palestinien... au moment où l’administration du président Donald Trump et le Premier ministre israélien Netanyahu tentent de détruire la cause palestinienne», a dénoncé, lundi, Saëb Erekat, négociateur en chef et secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Rédaction de MEE & Agences -
04.02.20
Source: MEE