FREE PALESTINE
8 février 2020

Israël pousse Trump à reconnaitre la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental

Source: Externe

Depuis lundi 03 février, des médias américains et israéliens rapportent que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ferait un appel du pied à l’administration américaine pour que celle-ci inclue la normalisation entre Rabat et Tel Aviv à son appui à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental

 

Ainsi, Times of Israel indique que la 13è chaîne hébraïque a annoncé des manœuvres de Netanyahu pour conclure un accord tripartite, où les Etats-Unis reconnaîtraient la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en échange du rétablissement des relations diplomatiques officielles entre Israël et le Maroc.

Des tentatives remontant à 2019

Selon la même source, le Premier ministre israélien cherche depuis 2019 déjà à obtenir cet engagement de Washington, mais sa proposition a suscité une forte opposition de l’ancien conseiller américain à la Sécurité nationale, John Bolton.

Avec le départ de ce dernier, en septembre de la même année, Netanyahu est revenu à la charge auprès du secrétaire d’Etat Mike Pompeo, mais la Maison Blanche n’a pas accepté l’accord.

Ces manœuvres interviennent alors que Netanyahu n’a pas réussi à constituer un gouvernement après les élections d’avril et de septembre 2019.

Elles illustrent ainsi l’une de ses tentatives de jouer la carte de la normalisation avec les Etats arabes, afin de persuader les Israéliens déçus du Likud et de reconquérir sa popularité auprès d’eux.

La concurrence électoraliste est en effet rude entre la formation conservatrice et l’alliance Bleu et Blanc, dirigée par Benny Gantz, au moment où Netanyahu s’engage à obtenir «des accords de paix historiques» avec des Etats arabes.

Auprès de la chaîne hébraïque, un responsable israélien déclare par ailleurs que les Marocains ont été insatisfaits de l’écart entre les promesses et les actions de Netanyahu, sur fond de relations informelles avec Rabat et qui serviraient les objectifs politiques personnels du premier ministre israélien.

L’accord, selon la même source, permettrait à Trump de «montrer l’existence de relations avancées entre Israël et un pays arabe», permettant à «Netanyahu de se rendre au Maroc et de tenir une réunion de haut niveau avec le roi Mohammed VI».

Source: Externe

Un coup de lobbying de l’administration Trump

La proposition israélienne a été transmise à la Maison Blanche via le conseiller israélien à la sécurité nationale, Meir Bin Shabat.

Proche du gendre et conseiller principal de Trump, Jared Kushner, Meir Bin Shabat a développé ses relations avec des assistants du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, selon la chaîne israélienne.

Pour sa part, le média américain Axios, qui a révélé ces récentes manœuvres, note qu’à travers les relations tissées par Meir Bin Shabat, le ministre marocain des Affaires étrangères avait discrètement rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en marge de l’Assemblée générale des Nations-unies en septembre 2018.

En décembre 2019, la 12è chaîne hébraïque a rapporté que Netanyahu espérait rejoindre Pompeo, lors d’une visite au Maroc, mais que le pays s’y était opposé.

Officiellement, le Maroc n’entretient pas de liens diplomatiques avec Israël, ces liens ayant été formellement établis en 1993, après la signature de l’accord d’Oslo avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Dans le temps, la démarche a donné lieu à l’ouverture de bureaux de liaison à Tel-Aviv et Rabat. Mais au lendemain de la deuxième Intifada en 2000, le Maroc a annoncé la rupture de ces rapports.

De manière formelle, Israël entretient des relations diplomatiques régulières avec deux pays arabes, l’Egypte et la Jordanie.

Avec l’appui des Etats-Unis, Netanyahu s’est également rapproché de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de Bahreïn et du Sultanat d’Oman.

Sa plus récente manœuvre de normalisation a été annoncée hier, à travers une réunion avec un haut fonctionnaire soudanais en Ouganda.

Source: Externe

Le «Deal du siècle» et les «révélations» de la chaîne israélienne 13 ont volé la vedette à la présentation des projets de loi 37.17 et 38.18 devant les membres de la Commission des Affaires étrangères à la Chambre des conseillers, faite mardi matin par Nasser Bourita.

Les parlementaires du PJD et de son bras syndical (Union Nationale du Travail au Maroc) se sont focalisés sur la position de Rabat vis-à-vis du plan de paix au Moyen Orient présenté le 28 janvier par le président des Etats-Unis Donald Trump.

Les élus islamistes, qui n’ont pas partagé les déclarations du chef de diplomatie sur le «Deal du siècle», ont qualifié la question palestinienne de «première cause du royaume» comme le rapporte des médias.  

Dans sa réponse, le ministre des Affaires étrangères a martelé que «le Sahara reste la première cause du Maroc et non la Palestine».

Et de les inviter à «ne pas être plus palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes». Une manière indirecte de leur rappeler que les Palestiniens avaient signé les accords d’Oslo avec les Israéliens en septembre 1993 et qu'ils continuent leur coordination sécuritaire avec les autorités de Tel-Aviv.

Dahmani Youssef -

04.02.20

Controverse autour des propos de N. Bourita

Les propos du chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, à la Chambre des conseillers sur la question palestinienne, ont déclenché une vague d’indignation qui n’est pas près de faiblir. Mardi dernier, le ministre a en effet déclaré devant les membres de la commission parlementaire des Affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l'étranger, que le Sahara restait «la première cause du Maroc et non la Palestine».

Par la même occasion, le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a lancé aux parlementaires qu’il ne fallait pas être «plus palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes», faisant référence à la signature des accords d’Oslo entre la Palestine et Israël en 1993.

Nasser Bourita a répondu de la sorte aux remarques de certains députés, notamment ceux du PJD, qui l’ont interpelé en ouverture de la réunion sur la position marocaine mi-figue, mi-raisin quant au 'Deal du siècle'.

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Une position en porte-à-faux avec le discours royal

S'en est alors suivie une vague de consternation que se partagent certains acteurs politiques avec les militants anti-normalisation avec Israël au Maroc, qui ont alerté sur le danger de «hiérarchiser des causes qui se rejoignent». D’autres encore ont choisi de réagir à ces propos en ressortant un extrait du discours royal du 17 janvier 2014 à Marrakech.

En effet, le roi Mohammed VI y avait évoqué la priorité de la question palestinienne au Maroc par ces mots:

«Depuis la dernière session du Comité Al-Qods, nous ne sommes pas restés les bras croisés, d’autant que la question d’Al-Qods est une responsabilité collective qui nous engage tous. Nous l’avons érigée en cause prioritaire, au même titre que notre première cause nationale [le Sahara, ndlr], et l’avons inscrite parmi les constantes de notre politique étrangère.»

Des militants propalestiniens montent au créneau

Réagissant à la polémique auprès de Yabiladi, l’ancien membre du bureau exécutif de l’Association marocaine de soutien à la lutte du peuple palestinien, Anis Balafrej, estime qu’il est impossible de «résoudre une cause par la trahison d’une cause».

Selon lui, «donner blanc-seing à Netanyahu en Palestine revient à être d’accord sur un plan qui efface la Palestine du monde». Le militant alerte même qu'en agissant de la sorte, «la logique du fait accompli sioniste s’exercera dans le monde arabe et le Maroc y perdra sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire».

«Dans le monde globalisé où nous vivons, il n’y a plus de hiérarchie entre les causes. La cause du Sahara impacte sur la cause palestinienne et inversement. Autrement dit, notre intégrité territoriale est une cause arabe et internationale, de même que la cause palestinienne.» a ajouté Anis Balafrej.

De ce fait, le militant estime auprès de Yabiladi que «poser le problème en termes de priorité ne doit pas signifier l'abandon de la cause palestinienne pour rechercher la solution à la question du Sahara».

Abondant dans le même sens, le Groupe d’action nationale pour la Palestine a choisi de réagir sur sa page Facebook. «Nous disons à N. Bourita honte à quiconque se tienne du côté des usurpateurs, des colonisateurs et de ceux qui soutiennent leurs crimes contre les Palestiniens et contre Al-Qods», a fustigé l’association.

Pour sa part, le journaliste et écrivain Abdelaziz Gougas a estimé que «la question palestinienne est une question à dimension humaine qui affecte toutes les personnes dignes dans le monde». Et d’ajouter que «la tragédie des Palestiniens, leur extermination et leur exil est le crime le plus grave après ce qui est arrivé aux Indiens d’Amérique, ce qui implique que l’on soit effectivement plus palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes».

Du côté des islamistes, les propos de Bourita ont tout autant fait réagir Al Adl Wal Ihsane. Au sein de l’association, Omar Iharchane s’est adressé au ministre, le questionnant sur «qui a demandé à ce qu’on ne soit pas plus palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes? Soyez simplement marocain comme tous les Marocains et méfiez-vous d’être sioniste plus que les sionistes eux-même», a-t-il encore lancé au chef de la diplomatie.

Source: Externe

Consternation plus timide des acteurs politiques

Les réactions du côté des acteurs politiques sont restées plus discrètes, bien que ces derniers soient plus nombreux à appeler à rejoindre la marche nationale contre le «Deal du siècle», prévue le 9 février à Rabat. Toutefois, certains parmi eux ont choisi de répondre à Bourita via les réseaux sociaux. C’est le cas de Mohamed Hafid, vice-secrétaire général du Parti socialiste unifié (PSU).

«Si Bourita recommande aux Marocains de ne pas être plus palestiniens que les Palestiniens, pourquoi leur roi se donne alors la peine de présider le Comité Al-Qods?», s’est-il interrogé. Et d’enchaîner en se demandant «qu’est-ce qui a poussé Bourita à se mettre dans un engrenage dont il ne mesure pas le danger?»

Ancien militant de gauche, ex-détenu politique dans les années 1970 avant d’occuper le poste d’ambassadeur du Maroc au Chili pendant cinq ans, l’écrivain Abdelkader Chaoui a également réagi aux propos du chef de la diplomatie, exprimant sa colère de voir ce dernier tenir de tels propos.

«Oui, nous devons être plus palestiniens que les Palestiniens, parce qu’Israël est un Etat colonisateur expansionniste et que le sionisme est une idéologie raciste et terroriste. Les Affaires étrangères marocaines font montre d’ignorance, de vide et d’inutilités politiques.» a  lancé Abdelkader Chaoui.

Dans la foulée, des médias officiels ont tenté de venir à la rescousse de Nasser Bourita. Essayant de faire le pompier, ce jeudi, l’Agence marocaine de presse (MAP) a loué à maintes reprises les efforts de la diplomatie nationale pour la cause palestinienne. Encensant ainsi le cabinet Bourita, elle s’est même attelée à relayer les points de vue, notamment celui de l’ambassadeur du royaume au Liban, Mohamed Grine, pour qui le pays est un «rempart infranchissable devant les manœuvres visant son intégrité territoriale».

Dans ce contexte, la marche nationale contre le «Deal du siècle» peut prendre une toute autre tournure. Annoncé initialement comme un signe de protestation contre les manœuvres américaines de l’administration Trump auprès du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour une «proposition de paix» qui ne satisfait pas la communauté internationale, ce rassemblement pourra être également une occasion pour ses participants de fustiger la position en biais de la diplomatie marocaine.

Ghita Zine -

06.02.20

Source: Yabiladi

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