FREE PALESTINE
4 octobre 2019

USA-Israël: Présence officieuse du Maroc à une réunion pour relancer le 'Deal du siècle'

Source: Externe

L’administration Trump parie sur le Maroc pour la relance de son «Deal du siècle». En témoigne la présence d’Ahmed Charai à un briefing de Jared Kushner consacré à cette question


Le «Deal du siècle» était au menu d’un petit déjeuneur organisé par Eran Lerman, vice-président de l’«Institut Jerusalem Institute for Strategy and Security (JISS)» et colonel de réserve à l’armée israélienne, auquel il a convié Jared Kushner et l’éditeur marocain Ahmed Charai, membre d’influents think-tank aux Etats-Unis, indique le Jerusalem Post.

Une occasion pour le conseiller spécial de Donald Trump de plaider pour l’instauration d’un «nouveau partenariat entre Israël et certains pays arabes importants face à des ennemis communs», précise Lerman dans une déclaration à la même publication.

Ce petit déjeuner réunissant un Américain très proche du locataire de la Maison blanche, un Israélien et un Marocain «traduit cette nouvelle réalité régionale», précise le n°2 de l’institut JISS.

Et d’enchainer en brossant les contours de ce qu’il entend par «nouvelle réalité régionale».

Pour Lerman, le plan de paix supposant un retrait de l’armée israélienne aux frontières d’avant la guerre des six jours de 1967 n’est plus d’actualité. Pire cette demande a, selon ses dires, «constitué un obstacle à une paix réelle».

L’administration Trump parie sur Rabat pour la relance de son projet

«C’est une ‘sagesse acceptée’ mais qui au fil du temps n’est plus sage ni réaliste», ironise-t-il. En revanche «le plan Trump devrait offrir de nouveaux paradigmes qui reflètent plus particulièrement les priorités d’Israël et de ses nombreux partenaires arabes dans la région», argumente Eran Lerman.

Au-delà de la pertinence ou non des positions exprimées par le colonel de réserve de l’armée israélienne, la présence d’un Marocain proche des cercles du pouvoir est une preuve de plus du pari de Washington sur Rabat pour la relance de son «Deal du siècle».

De par ses bonnes relations avec les Palestiniens, le Maroc a une chance de convaincre Mahmoud Abbas pour une reprise du dialogue avec les Israéliens rompu depuis de nombreuses années. Un objectif que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Egypte ont échoué à réaliser.  

La présence d’un représentant -non officiel- du royaume à ce petit déjeuner consacré à l’examen d’une question importante comme l’est le processus de paix au Moyen-Orient offre au royaume une opportunité de se rapprocher davantage de l'administration Trump, sans pour autant s’engager officiellement. 

L’entretien du 28 mai à Rabat, entre le roi Mohammed VI et Jared Kushner a marqué un tournant dans la politique américaine dans la région. Cette réunion tripartite en est le prolongement.

Source: Externe

Par ailleurs, petit retour historique: Shimon Peres entretenait des relations chaleureuses avec Hassan II mais froides avec Mohammed VI

Shimon Peres jouissait d’une bonne presse auprès du Maroc officiel, notamment sous le règne de Hassan II. En revanche, les organisations de défense des droits des Palestiniens et certains partis panarabes et islamistes gardent de lui une autre image.

En 2015, des avocats marocains avaient même demandé son interpellation alors qu’il était sur le point de se rendre à une conférence internationale organisée par la Fondation Clinton à Marrakech

Shimon Peres est décédé le 28 septembre 2016 à l’âge de 93 ans. L’ancien président d’Israël a été célébré en Europe et aux Etats-Unis pour son «engagement en faveur de la paix» et le «dialogue» entre Palestiniens et Israéliens. En témoigne d’ailleurs la teneur des messages de condoléances émanant de chefs d’Etats occidentaux.

Néanmoins, l’homme a laissé de lui une autre image auprès des peuples arabes. Ils gardent de lui le souvenir du massacre de Qana au sud du Liban en 1996, causant le décès de centaines de civils libanais, lors de la sinistre opération «Raisins de la colère». Une opération lancée à la veille de la tenue d’élections législatives que l’ancien Premier ministre avait perdu face à la droite.

Deux rencontres officielles avec Hassan II…

Au Maroc, Shimon Peres jouissait d’une bonne réputation, notamment sous le règne de Hassan II, mais également auprès de médias francophones locaux qui reprenait les louanges de la presse internationale à son égard. Officiellement, l’Israélien s’est rendu à deux reprises au royaume.

La première remonte au 22 et 23 juillet 1986 à Ifrane, alors Premier ministre d’un gouvernement d’union nationale avec le Likud d’Yitzhak Shamir, parti à tendance nationaliste actuellement présidé par B.Netanyahu.

La réunion de deux jours était censée relancer le processus de paix. Elle intervenait seulement huit mois après que Hassan II avait exprimé sa disposition à rencontrer des dirigeants israéliens en sa qualité de président du Comité Al Qods.  

Même si l’impact de la visite sur la suite des événements fut limité, elle a permis aux Israéliens de briser le «boycott» arabe, réitéré lors du sommet de Bagdad de 1979.

En revanche, le Maroc y a perdu des points. L’Alliance arabo-africaine, scellée deux ans auparavant avec Kadhafi à Oujda, a en effet volé en éclats, le «Guide» libyen reprenant son hostilité à l'égard du royaume dans la foulée.

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...mais aucune avec Mohammed VI                                                

Sept années après ce premier contact officiel entre Hassan II et Shimon Peres, les deux hommes se sont retrouvés en septembre 1993. La conjoncture, elle, se présentait sous un tout autre jour. Alors vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, l’Israélien, accompagné d’Itzhak Rabin, le chef du gouvernement, avait fait une escale au royaume pour remercier Hassan II de son engagement en faveur de la paix au Moyen-Orient.

Les deux hommes arrivaient tout droit de Washington où ils avaient signé, le 13 septembre, dans le jardin de la Maison blanche, les accords d’Oslo et serré la main de Yasser Arafat, le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Ce sera la dernière visite officielle de Shimon Peres au Maroc.

En octobre 2010, alors président d’Israël, ce dernier avait saisi l’organisation de la 6è édition du Forum de l’avenir à Marrakech pour arracher une rencontrer avec Mohammed VI.

Sa tentative ne fut pas concluante: le souverain déclina, avec diplomatie, l’offre du vieil homme «en raison de la situation politique avec les Palestiniens», indiquèrent des médias israéliens. Quelques mois auparavant, l’armée de Tel-Aviv avait mené une guerre contre les Palestiniens de Gaza.

Cinq années plus tard, la presse israélienne faisait de nouveau état du projet d’une visite au Maroc de Shimon Peres dans le cadre de sa participation à une conférence internationale organisée par la Fondation Clinton.

Mais face à la mobilisation d’ONG marocaines et de demandes émanant de partis arabes et islamiques, Rabat a finalement opposé son véto à la participation de Shimon Peres aux travaux de la 3è session de la Clinton Global initiative, tenue du 5 au 7 mai 2015.

Mohammed Jaabouk -

28.09.19

Source: Yabiladi

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