"L’occupation est bonne pour les Palestiniens", dit le chef de l’opposition israélienne
L’ancien chef de l’armée israélienne Benny Gantz pense que l’occupation militaire israélienne est une bénédiction pour les Palestiniens. Il est dans la course pour déloger Benjamin Netanyahu aux élections israéliennes
Benny Gantz, chef de l’armée israélienne pendant le massacre de 2014 sur Gaza par Israël, emprunte les sujets de discussion de l’Afrique du Sud de l’apartheid pour stimuler sa campagne électorale.
Gantz est à la tête de la coalition d’opposition du prétendu centre gauche qui espère déloger Benjamin Netanyahu dans quelques jours aux élections israéliennes.
Lundi, dans une attaque électorale contre le premier ministre d’Israël, Gantz a déclaré que, à la différence de Netanyahu, il aurait autorisé les députées américaines Ilhan Omar et Rashida Tlaib à venir en Israël et dans les territoires occupés.
Si elles avaient pu venir, a prétendu Gantz, elles auraient vu «de leurs propres yeux» que «l’endroit le meilleur pour un Arabe au Moyen-Orient, c’est en Israël… et en deuxième place, le meilleur endroit pour un Arabe au Moyen-Orient, c’est en Cisjordanie».
L’affirmation de Gantz comme quoi l’occupation militaire et la colonisation israéliennes sont une bénédiction pour les Palestiniens fait directement écho aux dirigeants de l’apartheid d’Afrique du Sud qui insistaient pour dire que leur brutal régime suprémaciste blanc était bon pour la population noire.
L’écrivain Ben White l’a fait ressortir dans une interview de 1977 au New York Times avec John Vorster, qui était alors premier ministre du régime raciste d’Afrique du Sud.
«La qualité de vie des Noirs d’Afrique du Sud est deux à cinq fois plus élevée que dans n’importe quel pays d’Afrique noire», a déclaré Vorster.
Cette affirmation était une accroche de la propagande sud-africaine alors que le mouvement mondial de boycott, désinvestissement et sanctions gagnait en force dans les années 1980.
Ce n’est pas surprenant puisque les colonialistes prétendent toujours que leur domination violente est un cadeau pour les peuples qu’ils exploitent et oppriment.
Les échos de la propagande de l’Afrique du Sud de l’apartheid dans la démarche actuelle d’Israël sont très forts.
Et, comme les racistes sud africains qui ont essayé de combattre l’isolement de leur régime, Gantz a déclaré que «quiconque coopère à BDS agit contre l’État d’Israël».
L’ancien chef d’armée a également déclaré que BDS – mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions pour les droits des Palestiniens – est une «forme d’antisémitisme».
C’est en réalité un mouvement antiraciste fondé sur le droit international et les droits universels.
Les déclarations de Gantz montrent que, en dépit des efforts pour le présenter comme une alternative convenable, il ne représente rien de différent de Netanyahu.
Gantz fait face à des poursuites pour crimes de guerre
Les élections israéliennes tombent le 17 septembre. Le même jour, se tiendra une audience aux Pays-Bas dans le procès d’Ismail Ziada contre Benny Gantz.
Ziada, citoyen palestinien-hollandais, poursuit Gantz et un autre chef israélien pour l’attaque du 20 juillet 2014 sur sa maison familiale dans le camp de réfugiés d’al-Bureij à Gaza. Ce bombardement israélien a tué sept personnes – la mère d’Ismail Ziada, Muftia Ziada agée de 70 ans, trois frères, une belle-sœur, un neveu de 12 ans et un ami en visite.
L’attaque de 2014 sur Gaza commandée par Gantz a tué plus de 2000 Palestiniens, dont 550 enfants.
Loin d’avoir honte de ses crimes, Gantz a en fait eu recours à des annonces pour l’élection israélienne d’avril – qui n’a pas réussi à proposer clairement un vainqueur, précipitant ainsi le vote de septembre – se vantant du nombre de Palestiniens qu’il a massacrés en 2014.
«Dialogue» de l’UE avec un criminel de guerre
Le dossier ensanglanté de Gantz et sa défense du colonialisme fournissent aussi un critère sur lequel mesurer le soi-disant soutien de l’Union Européenne aux Droits de l’Homme.
Au lieu de se tenir aux côtés des victimes de Gantz et de leur campagne pour la justice, l’UE privilégie le coupable.
Rien que le mois dernier, Emanuele Giaufret, ambassadeur de l’UE à Tel-Aviv, et ses collègues européens se sont retrouvés avec Gantz pour une douillette conversation.
«Nous avons hâte de poursuivre le dialogue», a dit Giaufret dans un tweet.
Cela tend à prouver qu’il n’y aucun niveau de racisme et de crime commis par un dirigeant israélien contre les Palestiniens qui puisse les priver de l’étreinte chaleureuse de l’UE.
Espérons que les juges néerlandais auront le sens de la justice, la décence et le courage dont manquent de manière si abjecte les diplomates et les politiciens de l’Europe.
Ali Abunimah -
10.09.19
Source: Agence Medias Palestine