FREE PALESTINE
10 juin 2019

C'est le 'sionisme' qui nous intéresse, pas l'antisémitisme

Source: Externe

Depuis un siècle, le sionisme et les classes dirigeantes occidentales, la plupart des intellectuels et des universités occidentaux ont prétendu que toute prise de position contre le sionisme revenait à de l’antisémitisme. En réalité, il s’agit d’une défense pour éviter toute critique du caractère raciste, brutal et colonisateur de l’idéologie sioniste

 

Le sionisme a renforcé ce prétexte ces dernières années, en particulier lorsque de nombreux progressistes et humanitaires du monde entier ont ratifié le mouvement BDS (1). Nettoyer le sionisme des ses crimes est devenu un sujet d'actualité dans la plupart des médias mondiaux dominés par le sionisme et la bourgeoisie occidentale. Laver les mains du sionisme  est toujours lié et fondé sur ce que l'on appelle le «droit à l'autodétermination des nations juives».

Le lien délibéré sournois et malfaisant entre sionisme et antisémitisme sous couvert du «droit du peuple juif à l'autodétermination» est particulièrement dangereux, raciste et hostile aux Palestiniens et aux Arabes.

Il est également trompeur pour le public mondial. Le but est d’extirper le récent réveil des peuples du monde qui défie les mensonges sionistes à propos de la Palestine, car cet argument sioniste est basé sur des mensonges dévoilés provenant de trois ressources principales:

1/ Il n'y a ni terre ni patrie pour les juifs en Palestine. Ils sont venus de près d'une centaine de terres et de près de cent pays qui étaient les patries de chaque minorité juive ici et là, c'est-à-dire dans leurs pays d’origine, de l'Espagne à Norvège et autres lieux.

Ils y vivaient et certains d'entre eux y demeurent toujours. Un de ces petits segments juifs sont les juifs palestiniens que nous appelons al-yahud al-Wataniah, «les Juifs autochtones» de Palestine, occupée et colonisée par les Juifs sionistes du monde entier, soutenus, financés et protégés jusqu'à présent par les ennemis capitalistes occidentaux qui ont conçu la création du régime sioniste ashkénaze (Zionist Ashkenazi Regime, ZAR) comme leur serviteur pour aussi longtemps que le ZAR veut rester en Palestine, et il est toujours vivant.

Jusqu'en 1948, tout ce que le ZAR possédait en Palestine ne représentait que 5,7% de la terre de Palestine qu'ils avaient achetée ou qui appartenaient à des juifs indigènes. Il convient de noter ici qu'énormément de terres ont été achetées par la tromperie, l’escroquerie ou la naïveté de certains Palestiniens.

2/ Avec la croissance de la prise de conscience de l’opinion publique mondiale au sujet des mensonges et des mythes de la «nation juive», de la «Terre promise», le ZAR s’est retrouvé dans une position critique car tout argument en faveur de l’autodétermination ne s’applique qu’aux personnes et aux ethnies qui partagent une terre et une patrie, et la question s'appliquait aux juifs.

Tous les arguments fournis par les sionistes, la politique occidentale, le monde universitaire, etc. sur ce qu'on appelle le «droit juif à l'autodétermination» sont fabriqués de manière à montrer que la Palestine est le pays des juifs et à tenter de montrer que la résistance palestinienne est une agression contre les juifs.

De fait, la résistance continuelle des Palestiniens a déraciné un autre mensonge sioniste selon lequel la Palestine serait le lieu le plus sûr au monde pour les juifs.

3/ L'autodétermination est le droit des nations, des ethnies et des minorités dans leur pays d'origine, un droit qui ne s'applique absolument pas aux juifs du ZAR, car les juifs ne sont pas une nation, ils ne possédaient pas la terre de Palestine, et la plupart d'entre eux ne sont pas de la région.

Source: Externe

Mais l’appui au ZAR le plus dangereux au ZAR est venu des Palestiniens et des Arabes qui ont appelé à la normalisation et à la reconnaissance du ZAR en Palestine occupée depuis 1948. Ces deux prises de position fournissent un soutien dangereux à ceux qui ont créé le ZAR. Elles justifient le déni du droit arabe palestinien en Palestine, une trahison qui fait croire à ceux qui sont mal informés que notre peuple palestinien combat le ZAR comme s'il s'agissait d'une entité autonome sur sa propre terre!

Je me souviens que dans mon discours de mars 2003 devant les étudiants du Dr. Atef Kubruci de l'Université de McMaster au Canada, un étudiant m'a demandé: Pourquoi les jeunes Palestiniens ne jouent-ils pas au football au lieu de lancer des pierres contre des Israéliens? Lorsque l'expulsion d'un peuple de son pays natal en est réduite à ce niveau-là, il faut se rappeler de l'échec des médias arabes et palestiniens, d'une part, et de l'hégémonie des sionistes/impérialistes, de l'autre.

Cela signifie que notre combat contre ceux qui normalisent avec le ZAR et le reconnaissent doit se concentrer sur la conscience humaine populaire: notre projet et notre lutte ont pour objectif de faire en sorte que cette lutte garde le cap après avoir longtemps marché sur la tête. En d'autres termes, notre objectif est de libérer toute la Palestine, c'est-à-dire de ne pas rechercher un petit État dans certaines parties de la Palestine, telles que la Cisjordanie et Gaza occupées, en tenant compte du fait que l'écart est énorme entre se libérer et mendier un petit État.

Mais, il est important d’avouer que c’est un travail difficile, en particulier à cause du rôle de ceux qui intériorisent la défaite parmi les régimes, les partis politiques ou les intellectuels de la «sixième brigade intellectuelle» qui, depuis la défaite de la guerre de 1967, sont tombés dans la reconnaissance du ZAR malgré le fait qu’il s’agit d’un État artificiel et non normal.

L’intériorisation du camp de la défaite s’est en fait alliée à la contre-révolution pour confirmer que toute discussion sur la question palestinienne doit commencer après 1967, et non à partir de l’expulsion du peuple palestinien en 1948.

Sur la base des points susmentionnés, tous les arguments qui insistent sur la nécessité de relier l'antisémitisme au  sionisme ne sont que de faux prétextes visant à camoufler la vérité.

Pour nous, Arabes et Palestiniens, l'antisémitisme ne nous intéresse pas, car nous n'avons aucun rôle à jouer, que ce soit dans la pratique ou dans le discours, dans ce crime occidental.

Nous n'étions pas partenaires de cet enfer. Nous ne devrions supporter aucune partie des charges contre les juifs relatives aux questions bancaires et récemment à des fonds spéculatifs.

Nous n’avons jamais participé à l’infiltration juive, surtout après la montée du mouvement sioniste, dans de nombreux régimes au pouvoir et sous leur domination, qui provoquent et irritent les masses de ces pays.

Nous n’avons jamais pris part à la répression ou aux massacres contre les juifs, comme ce fut le cas de la plupart des pays européens, en particulier le régime nazi en Allemagne.

L'antisémitisme est un crime européen d'une part, et d’un certain nombre de riches courtiers juifs de l'autre. Nous, les Sémites, les vrais, dans notre patrie arabe du Yémen à la Mauritanie, ne prenons pas en considération la propagande de l'antisémitisme lors de notre lutte contre le sionisme, car ceux qui poussent à mélanger ces deux objectifs (sionisme et antisémitisme) veulent égarer le conflit trop loin de sa réalité. Notre combat est contre le ZAR, pour le retour dans notre patrie.

Il n’y a aucune crédibilité à une argumentation qui nie le racisme du sionisme en tant que mouvement, et plus tard en tant que régime, qui a volé la terre des autres, les a expulsés et a tout fait pour avoir un État exclusif d’une ethnie, une nation appelée juifs sur les terres qui appartiennent à d'autres. Dans ce contexte, le lien entre l'antisémitisme et le sionisme n'a pas de sens, d'espace ou de justification, du moins en ce qui concerne notre question palestinienne.

Pourquoi devrions-nous supporter l'hypocrisie de l'Europe qui a opprimé les juifs et puis qui a tenté de s’en laver les mains en commettant un autre crime en créant le sionisme et en lui permettant d'occuper notre patrie et d'expulser notre peuple. Une Europe qui prétend être le principal porteur de la mission de défendre les droits de l'homme et du «droit» à l'autodétermination des juifs dans notre patrie! Le créateur de deux crimes ne sera jamais le libérateur de l'humanité.

Source: Externe

Tout Arabe ou Palestinien qui évite de contester le crime occidental commis contre notre peuple et prétendant qu'il existe une justification à une relation entre l'antisémitisme et le sionisme, se trouve en fait dans le camp de l'ennemi. La déconnexion du lien artificiel entre l'antisémitisme et le sionisme est une mission impérative pour déconstruire la domination euro-centriste/anglo-saxonne sur les médias, le monde universitaire, la culture et la politique.

Il n’y a aucune chance de faire avancer notre droit en tant que peuple si nous n’expliquons et ne rejetons la légitimité du ZAR sur la moindre partie de la Palestine. Je veux dire que toute discussion sur le conflit arabo-sioniste doit commencer depuis le début, à partir de 1948, la Nakba. C'est un fait que nous n'avons pas réussi à expliquer et à prouver à l'opinion publique mondiale.

Cela nous amène à contester les sionistes qui trompent l’humanité, comme David Harris, directeur du Comité américano-juif, qui a déclaré l’année dernière que: « (...) Nier au peuple juif, de tous les peuples de la planète, le droit à l'autodétermination est certainement discriminatoire». (2) 

Peter Beinart a noté à ce propos: « (…) Tous les peuples de la terre? Les Kurdes n'ont pas leur propre État. Ni les Basques, les Catalans, les Écossais, les Cachemiris, les Tibétains, les Abkhazes, les Ossètes, les Lombards, les Igbo, les Oromo, les Ouïghours, les Tamouls et les Québécois, ni des dizaines d'autres peuples qui ont créé des mouvements nationalistes pour obtenir l'autodétermination mais n'ont pas réussi à y parvenir». (3) 

Cependant, toutes les minorités, ethnies et peuples mentionnés sont différents des juifs. Ils font partie des peuples de certains pays et ils vivent sur leurs propres terres, alors que les juifs n’ont jamais appartenu à un seul pays. Ils appartiennent à près de cent pays et nations en tant que minorités religieuses. Ils ne sont pas Palestiniens, à l'exception de quelques milliers de juifs palestiniens autochtones. En conséquence, les juifs du ZAR sont des colons en Palestine.

Mon argumentation ici est de montrer que tous ceux qui plaident pour l'autodétermination juive en Palestine ne sont que des menteurs, car ils savent mieux que d'autres que les colons juifs ont effectivement occupé la Palestine. La plupart de ces imposteurs sont issus de régimes/pays qui ont participé à la colonisation juive et à l'occupation de la Palestine.

Mais l'argument le plus laid et le plus faible est celui d'un Palestinien ou d'un Arabe qui soutient que: d’abord, les juifs ont le même droit à l'autodétermination que nous, en tant que Palestiniens; ensuite, le peuple palestinien doit reconnaître la fausse autodétermination des juifs en Palestine; enfin, tout Palestinien, arabe ou quiconque contribue à l’argumentation fausse qui lie l’antisémitisme au sionisme et attaque notre rejet de la thèse qui met sur le même plan la critique de l'antisionisme avec l’antisémitisme est de fait en contradiction avec la réalité. 

Notes:

(1) Ces derniers jours, le parlement allemand a voté contre les activités du BDS contre le sionisme. Il semble que le sang nazi coule toujours dans le corps des bourgeois allemands et de la plupart des partis politiques.
(2)(3) «Détruire le mythe selon lequel l'antisionisme est antisémite» de Peter Beinart. Cet article a été publié dans The Forward.

Adel Samara -

02.06.19

Source: ISM

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