Eléments fuités du "plan de paix" de Trump
Yisrael Hayom a publié aujourd’hui un document contenant les «points principaux» du prétendu «deal du siècle» de l’administration Trump, dans lequel il expose un projet de solution à deux États prévoyant la création d’un État démilitarisé de «Nouvelle Palestine», l'annexion par Israël de toutes les colonies de peuplement en Cisjordanie, un accord foncier avec l'Égypte et des capitales partagées à Jérusalem.
Le document indique que si Israël ou les Palestiniens, y compris le Hamas et l'OLP, rejettent l'accord, les États-Unis imposeront des sanctions sévères. Les États-Unis couperont toute aide à Israël et veilleront à ce qu’«aucun pays au monde ne transfère de l'argent» aux Palestiniens, dont l'économie est tributaire de donateurs étrangers.
Le document avertit que si l'OLP accepte le plan et que le Hamas ou le Jihad islamique à Gaza le rejette, «les États-Unis soutiendront Israël pour qu'il porte personnellement atteinte aux dirigeants du Hamas et du Jihad islamique» lors d'une future escalade, et tiendront les dirigeants du Hamas pour «responsables d'un autre cycle de violence entre Israël et le Hamas».
Le texte poursuit: «Il est inconcevable qu'un groupe de quelques dizaines de personnes détermine la vie de millions d’autres», ce qui fait écho aux sentiments similaires exprimés par Jared Kushner la semaine dernière.
Yisrael Hayom rapporte que le document a été partagé par des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères d'Israël, bien que le journal ne soit pas en mesure de confirmer l'identité du rédacteur ou d'authentifier les détails du «plan de paix». Il a été publié avec l'avertissement: «Voici le message. A vous de juger», et une réponse d'un haut responsable anonyme de la Maison-Blanche qui aurait qualifié le rapport de «spéculatif» et «inexact».
Mondoweiss n'a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante l'exactitude du document. Certains des éléments concordent avec des articles précédents sur des éléments non confirmés du «deal».
Alors que le projet comporte un cadre général sur les questions de statut final telles que les frontières et Jérusalem, comme l’a déclaré Kushner la semaine dernière, il comprend également des détails spécifiques sur les relations économiques entre l’Etat palestinien proposé et Israël. Une route à péage serait construite en Cisjordanie, et les Palestiniens paieraient une somme à Israël pour assurer la sécurité.
L’accord comprend un important soutien financier des États-Unis, de l’Europe et des États du Golfe au nouvel État palestinien, à hauteur de 30 milliards de dollars sur cinq ans, ainsi qu’un soutien supplémentaire de l’Australie, du Canada, du Japon et de la Corée du Sud à des projets de développement spécifiques.
La majeure partie du financement proviendra des «pays producteurs de pétrole», décrits comme «les principaux bénéficiaires de cet accord».
Création d’une «Nouvelle Palestine»
Le plan appelle à la création d'un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza, et cède à Israël tous les territoires occupés par les blocs et colonies de peuplement. Cela signifie vraisemblablement que le plan annexerait une majorité de la zone C de la Cisjordanie, environ 62%. La totalité de la vallée du Jourdain, environ 30% de la Cisjordanie, sera annexée à Israël.
On ignore si les Palestiniens qui y résident, environ 65.000, deviendront citoyens de l'État d'Israël. Le plan précise en outre que la route principale de la vallée du Jourdain, la route 90, «deviendra une route à péage à quatre voies». Il est difficile de savoir si les Palestiniens auront accès à cette route.
L’État palestinien contrôlera deux frontières internationales avec la Jordanie, contournant probablement le point de passage Allenby sous contrôle israélien entre la Cisjordanie et la Jordanie.
La nouvelle Palestine aura une force de police locale qui sera autorisée à détenir des «armes légères». Le nouvel État palestinien ne sera pas autorisé à former une armée. Israël sera responsable de la sécurité moyennant des frais payés par le gouvernement palestinien.
Jérusalem, capitale partagée
Jérusalem sera une capitale partagée pour Israël et la Nouvelle Palestine. L'accord souligne que Jérusalem «ne sera pas divisée».
Aujourd'hui, Jérusalem abrite quelque 350.000 résidents palestiniens qui ne sont ni citoyens israéliens ni résidents de la Cisjordanie, et 550.000 Israéliens, dont environ 200.000 colons à Jérusalem-Est.
En vertu de l'accord, tous les Israéliens et les Palestiniens seront en mesure de rester là où ils vivent, mais les Israéliens ne seront plus en mesure d'acheter des maisons à des Palestiniens, ce qui pourrait mettre fin brutalement à l'expansion future des colonies de peuplement de Jérusalem-Est.
L'accord empêcherait également les Palestiniens d'acheter des maisons à des Israéliens, ce qu'ils peuvent faire actuellement.
Les Palestiniens de Jérusalem deviendraient citoyens de la «Nouvelle Palestine», mais recevraient les mêmes services de la municipalité de Jérusalem, régie par Israël, que les résidents israéliens de Jérusalem.
Les projets prévoient que l'Autorité palestinienne sera responsable de payer la municipalité pour ses services, à l'exception des écoles, qui seront gérées par le gouvernement palestinien.
Bail de terre de l'Egypte
Alors que les accords de paix précédents avaient approuvé les principes d'échange de terres entre Israël et l'Autorité palestinienne, l'accord de D.Trump exigerait une location de territoire à l'Égypte pour la création d'un aéroport et d'une zone industrielle.
«L’Égypte louera de nouvelles terres à la Palestine dans le but de créer un aéroport pour l’établissement d’usines et de commerce, et pour l’agriculture, autre que le logement», précise le plan. «La taille des territoires et le prix seront déterminés entre parties par le biais de la médiation des pays venant en soutien».
Selon l'accord, Gaza s'ouvrirait considérablement sur le monde extérieur, nonobstant la suppression des capacités militaires du Hamas. Le Hamas serait tenu de remettre toutes ses armes à l'Égypte.
Dans un délai d'un an, la Nouvelle Palestine organiserait des élections où «chaque citoyen palestinien sera éligible».
L'accord précise que «toutes les frontières de la bande de Gaza seront ouvertes au transport de marchandises et de travailleurs vers Israël». Gaza sera accessible à la Cisjordanie grâce à la création d'un pont terrestre.
Le plan comprend des exigences palestiniennes supplémentaires présentes dans les négociations passées. Les prisonniers palestiniens seront libérés au cours des trois prochaines années. Cependant, les réfugiés palestiniens, qui sont aujourd’hui quelque 7 millions, sont totalement exclus du document.
Allison Deger -
13.05.19
Source: ISM/Mondoweiss