Le resserrement des liquidités et l’augmentation des dépenses de crédit et de la dette s’ajoutent à la dépression économique de Gaza. C’est un modèle économique profondément défectueux qui n’a pas été créé par les Palestiniens de Gaza eux-mêmes, mais renforcé par le blocus israélien.
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dans l’État de Palestine a récemment mené une enquête sur l’état d’esprit qui prédomine au niveau des ménages à Gaza. 92% des personnes interrogées ont exprimé une anxiété personnelle liée aux conditions économiques générales, et 87% ont déclaré que les troubles politiques et civils en cours sont probablement dus à la mauvaise conjoncture économique.
La fragilité de l’économie des ménages de Gaza est illustrée par la hausse des taux de chômage et une forte augmentation des taux de pauvreté – de 39% en 2011 à 53% en 2017 – ainsi qu’une augmentation significative de la grande pauvreté.
Le travail à temps plein est rare à Gaza. Seulement un cinquième de ceux qui ont répondu à notre sondage ont déclaré occuper des emplois à temps plein. Un peu plus disent travailler à temps partiel. Près de 40% des personnes interrogées actuellement sans emploi ont déclaré que leur chômage durait depuis plus de cinq ans.
Seulement 11% des femmes et 58% des hommes interrogés avaient un emploi. Seulement 18% des répondants âgés de 18 à 24 ans avaient un emploi. En d’autres termes, presque une personne sur deux à Gaza est au chômage et la plupart des femmes et des jeunes sont sans emploi.
Les entreprises de Gaza réduisent leur production en raison de la baisse de la demande des consommateurs, des sanctions financières en vigueur, de l’accès restreint aux biens et aux matériaux et au manque de liberté de mouvement.
La forte réduction du financement de l’UNRWA est un autre contributeur majeur à ce sinistre scénario. Les entreprises essaient de garder leur personnel mais avec des salaires plus bas et des heures réduites.
A cause du blocus, aider la croissance économique par les dépenses de consommation n’est pas possible à Gaza. De plus, dans la situation actuelle, les habitants de Gaza ne peuvent pas répondre par eux-mêmes à leurs besoins socio-économiques si pressants.
Israël, l’Autorité palestinienne et la communauté internationale devront assumer la responsabilité de la reconstruction de la base de production de Gaza et du développement de ses capacités commerciales.
Si l’aide humanitaire demeure un besoin vital, une réflexion à long terme s’impose pour réaliser de réels progrès.
La communauté internationale et le gouvernement palestinien doivent prendre des mesures constructives pour mettre fin au blocus de Gaza, tout en préparant les habitants et l’économie de Gaza à se rétablir après le blocus.
Cela implique de se concentrer sur le potentiel à venir de Gaza plutôt que de condamner le territoire assiégé à un état de crise humanitaire permanente à travers des politiques à courte vue.
Compte tenu de l’augmentation des taux de chômage et du niveau de pauvreté, il est essentiel de faciliter l’investissement et de stimuler les revenus des ménages.
Le PNUD travaille dans les territoires palestiniens occupés depuis quatre décennies. "Nous avons fait d’innombrables interventions qui ont eu un effet positif sur les conditions de vie des Palestiniens. Beaucoup d’autres organisations nationales et internationales travaillent aussi sans relâche pour aider le peuple palestinien. Ensemble, nous essayons de promouvoir un développement humain durable, de protéger les droits de l’homme et d’aider les Palestiniens à mener une vie digne."
Pourtant, l’occupation, le blocus et les divisions intra-palestiniennes empêchent encore et toujours un développement palestinien.
Roberto Valent -
Représentant spécial de l’Administrateur du PNUD
17.06.18
Source: Chronique de Palestine