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En Israël, des cerfs-volants enflammés, lancés depuis la bande de Gaza, déclenchent des départs de feux qui inquiètent de plus en plus le gouvernement. Depuis fin mars, selon les autorités, 200 envois palestiniens ont incendié 900 hectares de champs et de réserves naturelles.

À quelques dizaines de mètres de la frontière avec Gaza, sur la route du kibboutz de Nahal Oz, des marques noires, autant de signes d’incendies, apparaissent dans les champs de blé.

"Le feu est devenu une menace permanente qui perturbe le quotidien", explique Aviad.

Cet habitant de Nohal Oz s'est improvisé pompier, comme une quarantaine d'autres volontaires du kibboutz. Ils se sont organisés en fondant un groupe sur l'application WhatsApp.

"Les pompiers mettent du temps avant de venir, alors ils nous disent, 'Allez-y faites ce que vous pouvez pour éviter que les feux touchent les kibboutz'", témoigne-t-il.

"Ça peut arriver à n'importe quelle heure, vous vous en rendez compte avec l'odeur. On se prévient. Et on regarde si l'un de nous est à proximité, s'il peut foncer pour combattre le feu" dit Aviad", au kibboutz de Nahal Oz à Franceinfo.

Ces derniers jours, les flammes se sont approchées de la ville de Sdérot, également proche de la bande de Gaza.

Un débat de plus en plus tendu

Le ministre israélien de la Sécurité intérieure plaide pour que l’armée vise les lanceurs de cerfs-volants.

L’autorité qui gère les terres menace de poursuivre le Hamas devant une cour internationale. Et le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, envisage de ponctionner financièrement l’Autorité palestinienne, en raison du coût des dégâts.

Mais au kibboutz de Nahal Oz, Iran Rahamin doute de l’efficacité des menaces. Pour ce jeune homme, "qui ne voit pas arriver de solution", cette affaire de cerfs-volants devrait plutôt servir à relancer le sujet du développement à Gaza. 

"Tous les débats dans le gouvernement ou l'opinion publique, c'est qu'il faut frapper Gaza encore plus fort, mais ça ne résoudra rien" dit Iran Rahamin, habitant du kibboutz de Nahal Oz à Franceinfo.

À Gaza, depuis deux mois, les cerfs-volants enflammés, poussés par le vent de la mer, sont devenus l’outil numéro un pour perturber le camp israélien. Des vidéos sur internet montrent comment les fabriquer.

À présent, ces engins sont perfectionnés par des ballons gonflés à l’hélium. L’un des derniers ayant touché le kibboutz de Nahal Oz, représentait Bob l’éponge, le personnage de dessin animé.

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Après l'avoir inspecté, l'Israélien Avner Yona soulève le cerf-volant artisanal, presque aussi grand que lui: une feuille de plastique transparent, ornée de bandelettes de papier journal en arabe et fixée à une frêle structure en bois.

«Ils accrochent des vêtements imbibés d'essence ici et y mettent le feu», explique cet agriculteur de 54ans en désignant un tissu noirci accroché au cerf-volant.

Le cerf-volant et sa flammèche ont été lancés depuis la bande de Gaza, le territoire palestinien dont la silhouette des immeubles en béton se détache à l'horizon, de l'autre côté de la barrière israélienne, à moins d'un kilomètre du kibboutz Nahal Oz.

Cette fois, le feu n'a pas pris sur le sol israélien, tout juste quelques ronces ont-elles roussi. Mais, depuis plus d'un mois, des centaines de cerfs-volants se sont écrasés autour de Nahal Oz et de la bande de Gaza, incendiant des centaines d'hectares de champs, de broussailles et d'espaces naturels.

Après les pierres, le cerf-volant et sa déclinaison incendiaire sont devenus le symbole de la mobilisation palestinienne depuis le 30 mars, dans l'enclave dirigée par le mouvement Hamas, ennemi d'Israël.

Pour ceux qui les font décoller dans Gaza sous blocus, c'est un moyen de fortune pour faire mal aux Israéliens de l'autre côté de la barrière lourdement gardée par l'armée, tout en se tenant à distance des tirs qui ont fait plus de 125 morts, depuis le 30 mars.

C'est aussi un moyen de préserver le caractère proclamé pacifique de la mobilisation - et contesté par Israël - pour mettre Gaza à l'abri d'une lourde réplique militaire.

«Le feu à leurs fermes»

Le cerf-volant relevé par Avner Yona est peut-être parti du camp de réfugiés palestiniens d'Al-Bureij. Là, une dizaine de jeunes hommes en préparent d'autres, assis sur un large banc de sable.

«Si tu attaches une corde assez grande, tu peux aller jusqu'à 20, 30 kilomètres», estime l'un d'eux, qui se fait appeler Abou Moussa, 25 ans.

«Dès que le cerf-volant est assez loin, on la coupe. On a l'intention de mettre le feu à leurs fermes», dit un autre âgé de 28 ans, «comme ça on les fait souffrir».

De l'autre côté de la barrière, les Israéliens relèvent l'impressionnant rapport investissement/impact: «Cinq shekels (un peu plus d'un euro) pour le matériel, cinq minutes à fabriquer, et regardez le résultat», dit Avner Yona, désignant des épis de blé calcinés.

«Mon cœur saigne, mais  c'est notre terre, on la travaillera jusqu'au dernier mètre, on ne se laissera pas vaincre».

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«Liquidations ciblées»

Le kibboutz a déjà perdu 2 millions de shekels, selon lui.

«Certains systèmes d'irrigation ne fonctionnent plus». Les ouvriers ont avancé en urgence la récolte de blé, quitte à en jeter une partie, pas assez mûre.

Le gouvernement israélien a estimé les dégâts à 5 millions de shekels (1,2 million d'euros) au total et promis d'indemniser les agriculteurs. Le Premier ministre Netanyahu, a demandé d'examiner les moyens de faire payer les dégâts par l'Autorité palestinienne.

Le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a appelé à des «opérations de liquidation ciblées contre ceux qui manipulent les cerfs-volants de la terreur».

L'armée lance des drones à la rencontre de ces torches volantes pour les endommager ou les abattre.

Selon le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, 400 cerfs-volants ont été interceptés sur les quelque 600 lancés. Mais le gouvernement semble toujours chercher la riposte absolue.

Résistance palestinienne -

07.06.18

Source: Soutien-Palestine