FREE PALESTINE
21 janvier 2018

Analyse cinglante à propos de la propagande israélienne

Source: Externe

 

Les mythes de la propagande israélienne

 

 

Malgré les bases légales qui en font un État membre des Nations unies à part entière depuis 1949, Israël n’a jamais réussi son intégration régionale ou même simplement sa normalisation avec ses voisins. 


Du fait des conditions de sa création – forcée par des puissances coloniales étrangères sur des populations arabes dont on confisqua les terres ancestrales afin d’en faire un nouvel État et une colonie de peuplement pour les populations juives d’Europe et d’ailleurs, chose qu’aucune population occidentale ou autre n’aurait acceptée sur son propre territoire – mais aussi du fait de la violence souvent génocidaire et aveugle d’Israël contre quiconque, hommes, femmes ou enfants, s’oppose à son suprématisme colonialiste, la majorités des populations arabes de la région ne reconnaissent pas la légitimité de cet État. 

De même, 70 ans après sa création, 36 États – une partie significative de la communauté internationale dont 18 des 21 pays des Nations unies membres de la Ligue Arabe –continuent à ne pas reconnaître Israël. 

Intimidation, propagande et lobbying systématique 

Face à cette difficile réalité, Israël et ses soutiens divers et nombreux accusent en général leurs opposants d’antisémitisme – une arme d’intimidation désormais bien émoussée et peu efficace, même si elle a récemment trouvé des nouveaux relais dans des pays comme la France, où l’on entend ses propagandistes bien connus mais aussi des hommes politiques comme Manuel Valls et des intellectuels comme Pierre-André Taguieff déclarer tout de go que tout antisionisme est un antisémitisme. Récemment, même le nouveau président Emmanuel Macron y est allé de ce refrain, suscitant une verte réplique de l’historien israélien post-sioniste Shlomo Sand. 

Apparemment, personne avant Sand n’avait expliqué à Valls, Taguieff, Macron et consorts que les antisionistes les plus virulents sont souvent… des juifs ultra-orthodoxes, dont des milliers de rabbins qui ne se privent pas de manifester régulièrement en masse afin de réclamer ni plus ni moins le démantèlement pur et simple d’Israël (dans leur cas, sur des bases essentiellement théologiques). Cette simple réalité suffit déjà à mesurer l’absurdité ou, plus probablement, la malhonnêteté consistant à faire de l’antisionisme un synonyme d’antisémitisme en espérant faire taire les critiques, comme cela devient assez courant en France, y compris au plus haut niveau de l’État. Source: Externe

Mis à part ces mesquines tentatives d’intimidation et de chantage, qui vont cependant souvent jusqu’aux menaces de mort (cf. le message téléphonique laissé sur la boîte vocale de la journaliste britannique Alison Weir), pour compenser ce déficit de légitimité dont il a bien conscience, Israël se livre à un lobbying absolument massif, poussé à son plus haut degré d’efficacité par des groupes d’influence puissants comme AIPAC. 

Ce lobbying est excessivement nuisible à nos intérêts nationaux (français, européens, américains, etc.), comme l’ont démontré avec brio Stephen Walt de l’Université d’Harvard et John Mearsheimer de l’Université de Chicago, deux professeurs en sciences politiques et relations internationales parmi les plus réputés au monde, dans leur best-seller, 'Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine'

Sans doute en désespoir de cause, le gouvernement israélien en est même dernièrement venu à former des « cybersquads » pour écumer les médias et à recruter des étudiants dont ils paient les études en échange de messages de propagande favorables à Israël sur les réseaux sociaux et la presse en ligne. Entreprise assez pitoyable et au final peu efficace, la raison fondamentale de cet échec étant la « dissonance cognitive », ici de la taille d’un gouffre, entre ces efforts de relations publiques et la réalité de cet État-voyou prédateur (manifeste lors de ses massacres de populations sans défense ou dans la colonisation – ultra-violente, militarisée, barbare – de terres, ressources et populations qui ne lui appartiennent aucunement). 

Tout cela ne cadre évidemment pas avec ce que l’on ne cesse de nous marteler jour et nuit sur Israël, « petit-État-démocratique-si-fragile-entouré-de-vilains-ennemis-arabes-qui-veulent-sa-destruction-comme-avant-eux-les-méchants-nazis », et les sempiternels « Rappelez-vous l’Holocauste », « Never Forget ! », etc. 

En raison de ce gouffre infranchissable entre propagande et réalité, il n’est donc pas surprenant que malgré les fortunes astronomiques englouties pour redorer son image, Israël reste systématiquement perçu et jugé par les opinions publiques internationales comme un des pires pays au monde, y compris au sein des nations alliées qui lui sont le plus favorables. 

Ainsi, sans même évoquer les pays arabes, les populations de l’Union européenne cataloguent elles aussi régulièrement Israël comme l’une des plus grandes menaces, voire la plus grande menace pour la paix dans le monde, tandis qu’au niveau de l’opinion publique mondiale, ce pays est systématiquement considéré comme l’un des pires, classé en 3è ou 4è place tout en bas de la liste (parmi les quelque 220 pays au monde), au même niveau que la Corée du Nord, le Pakistan ou encore l’Iran. Une performance. 

Il va donc falloir en recruter, des étudiants et des cybersquads, pour polluer encore davantage nos médias via des campagnes et messages de propagande avouée ou anonyme. 

Mythes de légitimation 

À un autre niveau, y compris dans les universités, conférences et publications sérieuses, Israël s’efforce de propager un certain nombre de mythes sionistes mensongers, toujours les mêmes, une petite douzaine, répétés en boucle. Ceux-ci font même l’objet de manuels et « kits clés-en-main » à destination du parfait petit propagandiste qui n’aura plus qu’à les réciter pieusement lors de débats, interventions dans les médias ou présentations. (Voir ici en intégralité leur 2009 Global Language Dictionary, qui offre aux propagandistes, activistes ou simplement sympathisants sionistes tous les « éléments de langage » et arguments ou contre-arguments à utiliser contre les adversaires, critiques ou journalistes sur des sujets comme la colonisation de terres palestiniennes, les tueries de civils, et plus.) 

Certains de ces mythes sont structurels et ont à voir avec la nature supposée de l’État et de la société israélienne. Ainsi, pour prendre un exemple, nos médias sont saturés en permanence de louanges dithyrambiques sur le « miracle économique israélien », ses entreprises high-tech, sa richesse, etc., mais quand avez-vous entendu dire que 22 % des Israéliens vivent en-dessous du seuil de pauvreté, dont un enfant sur trois, et qu’Israël occupe la dernière place dans le monde développé et les 34 pays de l’OCDE ? Même le Mexique fait souvent mieux ! (Réponse à la question rhétorique : probablement jamais, et demandez-vous alors pourquoi cette sélectivité des messages et informations).

D’autres sont des mythes des origines, dont le plus fameux est celui de « la Palestine : terre sans peuple pour un peuple sans terre », dont on mesurera le caractère mensonger et révisionniste dans ce magnifique corpus photographique de la Palestine pre-1948 (ou encore ici, où l’on voit une Française implantée dans une colonie illégale mentir sans sourciller, comme une arracheuse de dents, malheureusement comme la plupart d’entre eux). D’autres mythes sont plus conjoncturels (« Gaza n’est plus occupé »). 

 

Source: Externe

Ces mythes de la propagande sioniste ont cependant une chose en commun : ils sont tous archi-faux, sans exception!

 

La Nouvelle Histoire israélienne 


De nombreux critiques et activistes mais aussi des chercheurs et universitaires israéliens réputés (surtout l’école des « Nouveaux Historiens » post-sionistes dont les travaux ont été rendus possibles par l’ouverture d’archives israélienne dans les années 80) ont depuis déjà de nombreuses années déconstruit, voire pulvérisé, la totalité de ces mythes propagandistes et auto-justificateurs visant à consolider la légitimité d’un État dont on a vu plus haut qu’elle reste bien fragile, sinon inexistante, pour une partie impressionnante des populations mondiales. 

En se basant sur ces archives auparavant inaccessibles mais aussi sur des témoignages directs, des journaux d’époque et plus, Ilan Pappé démontre ainsi dans son ouvrage capital 'Le Nettoyage ethnique de la Palestine' que l’exode palestinien de 1948, les déplacements forcés de populations et les massacres de Palestiniens ne touchèrent pas moins de 750 000 Arabes sur les 900 000 qui vivaient depuis des générations sur ces terres, donc l’immense majorité ; que cette tragédie (la « Nakba », comme l’équivalent palestinien de l’Holocauste juif, toutes proportions gardées) constitue bien un nettoyage ethnique ; et que surtout, il s’agissait d’une politique concertée et intentionnelle, désirée par les leaders sionistes afin de garantir le caractère juif de leur futur État, et systématiquement mise en œuvre village après village et ville après ville dès fin 1947 par les groupes terroristes juifs comme l’Irgoun et la Hagannah (l’ancêtre de l’armée israélienne), souvent d’ailleurs fascisants tel le groupe Stern, ainsi que par les chefs du Yichouv. 

Quoiqu’il ait plus récemment nuancé ses propos antérieurs et renié les Nouveaux Historiens dont il était le chef-de-file, Benny Morris parle lui aussi dans son ouvrage central 'La Naissance du problème des réfugiés palestiniens 1947-1949' de nettoyage ethnique, tout en relativisant le caractère intentionnel et méthodique que lui confère Pappé. Il ne nie cependant pas qu’à la fin de cette première guerre, via un mélange d’expulsions forcées, de déplacements de populations, de massacres et d’exode de civils sans défense fuyant la guerre et le terrorisme juif, la majorité du pays avait bel et bien été vidée de ses populations arabes. Lui aussi documente les nombreuses atrocités et exactions commises sur des populations arabes sans défense, dont il ne fait guère de doute qu’elles constituaient autant d’actes de génocide. 

D’autres travaux plus récents, comme ceux de Rosemarie Esber, sont venus confirmer ceux d’Ilan Pappé, cette fois-ci en se basant sur des archives britanniques récemment ouvertes, tandis que la célèbre trilogie de Shlomo Sand, professeur d’histoire à l’Université de Tel Aviv, s’est attaquée dans ses recherches sur « l’invention du peuple juif » aux mythes fondateurs et récits nationaux les plus centraux et essentiels au sionisme et à Israël, en montrant leur nature artificielle, construite et largement inventée. 

Inutile de le préciser, tous ces historiens furent et restent la cible de sauvages (et prévisibles) campagnes de délégitimation, dénigrement et diffamation (sur le mode du « juif qui déteste sa propre race » ou du « traître aux victimes de l’Holocauste »), campagnes de haine exacerbées par le fait qu’ils sont eux-mêmes israéliens, juifs et historiens professionnels au plus haut niveau. 

Mais après cette avalanche de travaux majeurs qui ont changé bien des choses, il faut être soit bien sot, soit bien ignorant, soit très malhonnête ou un mélange des trois (ce qui est hélas le cas de bien des journalistes, têtes parlantes de plateaux télé et politiciens français et autres) pour croire encore aux crasses balivernes et grossiers mensonges de la propagande israélienne.

 

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Israël, une démocratie ? Nationalité, citoyenneté, mariage

Une fable perdure et s’entend cependant plus que les autres : celle d’« Israël, seul État démocratique de la région », ce à quoi l’on ajoute même quelquefois « seul État démocratique, égalitaire et libéral, à l’occidental » de la région, afin de mieux perpétuer l’illusion d’une similarité de régimes, d’une communauté de destin et donc d’une alliance naturelle entre l’Occident et Israël (qui plus est par opposition aux régimes arabes et aux sociétés musulmanes, elles nécessairement « barbares », sous-évoluées et non démocratiques, encerclant le « petit Israël »). 

Ce mythe contient ainsi l’écho d’un autre encore plus vaste, raciste et dangereux, celui du « choc des civilisations » de Samuel Huntington (et avant lui, Bernard Lewis, dont Huntington fut l’élève) comme reformulation de la « différence des races » – sous-idéologie et sous-pensée du ressentiment qui ne cesse d’essaimer de manière virulente, paranoïaque et hystérique via nos « nouveaux réac’ », Alain Finkielkraut, Eric Zemmour, Renaud Camus, ou dans des groupuscules extrémistes comme Riposte laïque et Fdesouche et des torchons comme le magazine Causeur d’Elizabeth Lévy. 

Plus inquiétant, cette sous-idéologie trouve une expression politique puissante dans « l’internationale islamophobe » mondiale, de Trump et son alt-right à Geert Wilders, l’AfD allemande ou le Premier ministre indien Narendra Modi et son ultra-nationalisme hindou tourné lui aussi contre les musulmans. Sans même parler de la campagne de nettoyage ethnique contre les Rohingyas en cours au Myanmar, qui vire elle carrément au génocide dans la passivité internationale la plus parfaite ou au mieux la dénonciation molle (« Ce ne sont que des musulmans, nos nouveaux juifs, donc pas la peine de s’affoler ». À comparer avec la réaction internationale immédiate et massive qui suivit les dix-sept morts de Charlie Hebdo).

Répéter ad nauseam un mensonge ne suffit pas à en faire une vérité. Israël n’est aucunement une démocratie (encore moins libérale, égalitaire et à l’occidentale). Deux simples faits, aisément vérifiables par les sceptiques, suffisent à eux seuls à le démontrer : 

1. L’acquisition de la nationalité et citoyenneté via la religion. Du fait du caractère religieux de « l’État juif » – en soi déjà en contradiction totale avec l’essence laïque et égalitaire d’États comme la France ou les États-Unis –, la loi dite « du retour » permet à tout juif de par le monde d’y émigrer et d’y acquérir automatiquement la citoyenneté « le jour même de son arrivée », qu’il y ait ou non déjà mis les pieds, qu’il y ait ou non des attaches familiales ou autres. 

Cette voie royale vers la citoyenneté est bien évidemment réservée exclusivement aux personnes de religion juive et déniée aux « membres d’une autre religion », comme le précise le site du ministère des Affaires étrangères. La discrimination religieuse est donc systématique et institutionnalisée à la base (possibilité ou non d’émigrer, de devenir citoyen, etc.). C’est dès le départ qu’Israël opère la distinction entre les juifs et les autres, établissant ainsi un traitement différentiel en fonction de la religion, chose strictement incompatible avec une démocratie ou même un simple principe égalitariste. 

Imaginez dans quelle « démocratie » nous vivrions si en France, en Angleterre ou aux États-Unis, seuls les catholiques ou les protestants pouvaient immigrer et acquérir de suite nationalité et citoyenneté sur l’unique base de leur appartenance à la religion majoritaire, un droit qui serait exclusif à cette religion et dont serait privée toute autre personne. 

2. Le mariage. Fait peu connu en raison de la propagande pro-israélienne massive qui réussit à censurer toute vérité embarrassante, seules les autorités religieuses des religions reconnues par l’État sont habilitées à célébrer des mariages. Les mariages non-religieux sont interdits. Pire, les mariages interreligieux sont également strictement interdits par la loi ! Ainsi, autre exemple parfait de la nature archaïque et anti-démocratique de cet État, un juif ne peut épouser qu’une juive, un chrétien une chrétienne, un musulman une musulmane, ce qui force de plus en plus de couples interreligieux ou athées à des contorsions invraisemblables, comme partir à l’étranger, pour pouvoir se marier. Là encore, imaginons ce qu’il adviendrait des vraies démocraties comme la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou les États-Unis si elles appliquaient ce principe. 


Malgré ce système déjà draconien, l’État israélien arrive même à donner des tours de vis supplémentaires, par exemple en punissant de deux ans de prison les couples qui auraient choisi, pour se marier, une autorité religieuse autre que celles accréditées par l’État. Et après tout cela, Netanyahu vient nous expliquer qu’Israël est un État laïc, égalitaire, ouvert et tolérant alors même que les mariages non-religieux, et pire encore, les mariages entre personnes de religions différentes restent interdits ! 

D’ailleurs, le simple fait que les autorités politiques d’Israël le définissent ouvertement eux-mêmes comme « l’État juif » suffit à démontrer son caractère anti-démocratique, anti-égalitaire, religieux, sectaire et ethnocratique (du fait de l’amalgame supplémentaire entre religion et nationalité, qu’il serait ici trop long d’exposer).

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Apartheid et discriminations institutionnelles et juridiques 

Pensé et conçu dès le départ comme un « État juif » comme d’autres se pensaient comme des États blancs (l’Afrique du Sud ou les États-Unis sous le régime ségrégationniste, par exemple), il n’est pas surprenant que fut institué assez rapidement en Israël un véritable système d’apartheid. 

Les sionistes et officiels israéliens peuvent bien continuer à la nier, cette réalité, visible pour quiconque se rend sur le terrain, a également été depuis longtemps abondamment exposée au grand jour, y compris par des grands médias américains pourtant pro-Israéliens depuis toujours (voir le documentaire retentissant de la chaîne CBS « L’Apartheid israélien exposé aux Américains ») ; par les organisations des droits humains tant internationales, comme Amnesty, que nationales, comme la CJPMO ; par des comités d’investigation sur le terrain mandatés par les Nations unies ; par des ONG israéliennes comme B’Tselem et des activistes juifs ainsi que des rabbins ultra-orthodoxes, qui sont souvent d’ailleurs les plus virulents. 

Mieux (ou pire, c’est selon), des survivants de l’Holocauste dénoncent eux aussi Israël, que certains d’entre eux n’hésitent plus à décrire comme un État fasciste. Et on peut être assuré que lorsque l’on est passé par les camps de la mort, comme le professeur Hajo Meyer, on sait reconnaître le fascisme quand on le rencontre. 

Quant aux ex-militants anti-apartheid d’Afrique du Sud, y compris le célèbre archevêque Desmond Tutu et les anciens activistes de l’ANC de Nelson Mandela, ils déclarent à chacune de leurs visites dans les territoires palestiniens occupés que ce qu’ils y ont vu non seulement s’apparente à ce que eux ont vécu en Afrique du Sud, mais qu’à bien des égards, la situation des Palestiniens y est même pire ! Et pour avoir vécu une bonne partie de leur vie sous un régime d’apartheid, pour l’avoir confronté directement et finalement vaincu, eux aussi savent reconnaître une situation d’apartheid lorsqu’ils en ont une sous les yeux.

Israël et ses suppôts tentent bien évidemment de faire passer pour des préjugés anti-israéliens, de la « rhétorique incendiaire », voire de l’antisémitisme ce qui est en réalité des faits et des réalités constatables par tous, y compris par des organisations et des présidents américains pro-Israéliens et alliés à cet État, comme Jimmy Carter. 

Voici, par exemple, ce que le gouvernement américain Bush-Cheney, le plus radicalement sioniste et inconditionnellement pro-israélien de toute l’histoire de l’humanité, a constaté sur cette « démocratie libérale » dans son très officiel Rapport du département d’État : 

a. « la discrimination institutionnelle, sociétale et légale contre les citoyens arabes du pays » [en d’autres termes, le racisme d’État] ; 
b. « la discrimination contre les juifs non orthodoxes dans les affaires de droit personnel et civil » [voilà qui est encore plus intéressant : l’État d’Israël discrimine aussi systématiquement contre ses propres juifs non orthodoxes] ; 
c. « la discrimination et la violence sociétale contre les femmes » et autres groupes, y compris « le trafic de femmes et de travailleurs étrangers »

Ces données datent de 2005 et, à tous les niveaux, la situation a depuis dramatiquement empiré. On voit donc ce que même l’allié le plus fidèle d’Israël pense réellement de sa pseudo-démocratie lorsque les caméras s’arrêtent de tourner. 

En Israël, la discrimination contre les Arabes palestiniens n’est pas seulement sociétale, économique, culturelle, etc. : elle est officielle, étatique et institutionnalisée de manière systémique et systématique, y compris dans l’ordre juridique. Comme le montre par exemple le professeur de droit à l’Université de Haïfa et Tel Aviv Youssef B. Jabareen : 
« Le droit israélien comprend quantité de dispositions qui affirment explicitement l’inégalité entre juifs et Arabes et l’institutionnalisent. (Pour ne citer qu’un exemple, le drapeau d’Israël, frappé de l’étoile de David, ne représente que la majorité juive de la population). Cette différence de traitement ne se limite pas au champ symbolique ; elle existe dans tous les domaines trouvant leur origine dans le statut juridique d’une minorité quelle qu’elle soit : la définition de l’État et de ses symboles, l’immigration, la citoyenneté, la participation à la vie politique, la terre, la culture, la religion, la politique budgétaire, etc. » 

En plus de ceux déjà cités, voici un autre exemple concret de ce traitement différentiel, de ces discriminations et inégalités entre citoyens inscrits dans l’ordre juridique lui-même : comme la Loi du retour, les colonies de peuplement en territoires palestiniens occupés, qui constituent déjà une violation majeure du droit international qu’Israël dit pourtant respecter, sont, tout comme les ressources considérables que l’État y investit (transports publics, logements, infrastructures, etc.), réservées exclusivement à des juifs. 

Une démocratie, Israël ? Imaginez alors que la France se mette à envahir militairement et annexer illégalement des territoires limitrophes qui ne lui appartiennent aucunement selon le droit international universellement reconnu, puis y établisse des colonies où seuls des catholiques auraient le droit d’habiter ! 

Les dizaines de lois israéliennes explicitement, ouvertement ou plus indirectement discriminatoires envers les citoyens palestiniens en Israël et/ou les résidents palestiniens des territoires occupés sont très bien recensées. Elles sont consultables par exemple sur cette banque de données et son site interactif, où l’on voit qu’elles s’appliquent à tous les domaines de la vie des Palestiniens : citoyenneté, éducation, droits civiques, politiques et économiques, lieux de résidence autorisés ou pas selon sa religion (l’exemple des colonies réservées aux seuls juifs), langue, culture et religion, etc. 

Même l’accès à l’eau, la ressource la plus vitale pour la vie, fait l’objet d’un traitement différentiel selon que vous êtes juif ou Arabe palestinien. Et Israël n’hésite jamais non seulement à confisquer cette ressource au profit des seuls citoyens juifs, mais aussi à l’utiliser comme arme de guerre pour punir des populations palestiniennes indociles, comme l’a documenté Amnesty International dans son rapport (« Troubled Waters. Comment Israël prive d’eau les Palestiniens »).

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Colonisation, crimes de guerre, État-voyou 

On mesure donc à quel point la « démocratie israélienne » n’est qu’une fable pour grands naïfs ou propagandistes malhonnêtes qui s’efforceront évidemment d’omettre pudiquement tout cela. 

Il n’est en fait même pas besoin d’évoquer d’autres réalités pour lesquelles Israël est devenu tristement célèbre : 

- sa politique de colonisation, bien sûr, et son impérialisme expansionniste acharné, sans répit, ultra-violent, mené armes à la main par son armée et ses hordes de colons fanatisés. Vols de terres qui ne lui appartiennent pas mais qu’Israël annexe néanmoins par la force et en toute impunité, alors que le droit international reconnu à l’unanimité, même par les États-Unis, a depuis longtemps statué que cette colonisation – qui est également une forme de suprématisme juif – est parfaitement illégale et doit immédiatement cesser. On en mesurera les effets dévastateurs, y compris pour les chances de paix. 

- deuxièmement, son mépris total du droit international, invoqué uniquement lorsque celui-ci sert ses intérêts propres mais superbement violé ou ignoré dans les autres cas. Au cours de son demi-siècle d’occupation et d’annexions illégales, Israël a violé, en général en permanence jusqu’à aujourd’hui, à peu près tout ce que le droit international compte de conventions, de traités et de résolutions majeures, y compris les plus fondamentales, à commencer par celles qu’elle a elle-même signées : Conventions de Genève, Charte des Nations unies, résolution sur la partition de la Palestine de 1947, accords de Camp David ou d’Oslo, etc. 

Israël est donc bien l’un des pires États voyous de la planète (voir la liste partielle des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies violées et ignorées, dont les fameuses résolutions 242 et 338 ne sont que les plus célèbres). En comparaison, même l’Iran son ennemi juré, fait figure d’élève modèle (l’Iran n’envoie pas ses armées coloniser des territoires qui ne sont pas les siens, pour ne citer qu’une différence) !

Quant à ses crimes de guerre (la colonisation en fait d’ailleurs partie selon le droit international), crimes contre l’humanité et actes de génocide tels que cibler écoles et hôpitaux, réduire en cendres des familles entières (comme les 29 membres de la famille Samouni en prétextant qu’un « soldat du Hamas » se cachait parmi eux) ou bombarder des populations civiles avec des bombes au phosphore également interdites, c’est à peine si Israël prend désormais le temps de nier, comme à son habitude, ces atrocités qu’elle accomplit pourtant au vu et au su de tout le monde. 

Du reste, devant l’amplitude et la gravité de ces crimes de guerre, ce sont maintenant les soldats israéliens eux-mêmes, par centaines, y compris des membres des unités d’élite, qui témoignent, dénoncent et exposent ces atrocités commises massivement et volontairement contre les populations civiles palestiniennes. 

Mais eux aussi sont sans doute, comme tous les autres, des « antisémites », et bien sûr, c’est Netanyahu qui nous dit la vérité ! « Israël, seul État démocratique de la région ». Oui, certes, à condition d’ignorer ou d’oublier tout cela.

Alain Gabon -

16.01.18

Source: MEE (Middle East Eye)

 

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