Boycott des universités d’Israël
« Nous ne travaillerons pas avec les universités d’Israël », disent 343 universitaires du Royaume-Uni
Un engagement signé par 343 universitaires issus de l’ensemble du système d’éducation supérieure du Royaume-Uni déclare qu’ils n’accepteront pas d’invitations à des séjours professionnels en Israël. Ils ne feront pas d’expertise pour des activités liées aux institutions universitaires israéliennes et ne coopéreront d’aucune autre manière avec les universités d’Israël. [voir le texte complet ci-dessous]. Cet Engagement des universitaires répond à l’appel au Boycott, au désinvestissement et aux sanctions lancé par des organisations de la société civile palestinienne. Il se poursuivra jusqu’à ce qu’Israël se conforme au droit international et respecte les droits humains des Palestiniens. Le carnage en cours en Israël et Palestine rend plus pressante la nécessité d’une solidarité avec le peuple palestinien, comme l’exprime l’Engagement des universitaires britanniques. Les morts sont dans une écrasante majorité celles de Palestiniens manifestant dans la rue contre une occupation de 48 ans de la part d’Israël, occupation toujours renforcée. Les Palestiniens sont poussés à bout par l’intransigeance israélienne et l’annexion larvée de Jérusalem-Est. La semaine passée, 150 écrivains, animateurs de radio ou de télévision, députés conservateurs et autres, certains renommés, d’autres moins, ont diffusé une déclaration commune pour s’opposer au boycott culturel en faveur des droits palestiniens lancé en février dernier par 1000 travailleurs des secteurs de la culture. La publication même de cette tentative de contre-attaque par les amis d’Israël, le délai mis à rassembler cette liste de célébrités, et son remplissage avec des personnes n’ayant qu’une implication faible, voire nulle, dans la culture, montrent tant la puissance que la résonance publique des initiatives de la société civile visant à isoler Israël. Comme l’a dit Conor Gearty, professeur de droit relatif aux droits de l’homme à la London School of Economics, « en tant qu’État aspirant à vivre selon les valeurs de la démocratie, le droit et le respect pour les droits de l’homme, Israël doit de manière urgente changer son comportement vis à vis de ses citoyens palestiniens et des Palestiniens sous son contrôle. Ce boycott est un moyen modeste de dire une chose importante : que l’équité et la justice doivent être une réalité et pas seulement un spectacle, que toutes les lois internationales doivent être respectées et pas seulement celles qui vous arrangent ». Voici comment Jane Hardy, professeur d’économie politique globale à l’université du Hertfordshire, a motivé sa signature : « Ceci est l’occasion pour les universitaires d’ajouter leurs voix au mouvement international croissant qui souhaite demander des comptes à Israël pour ses violations des droits de l’homme, et particulièrement pour le fait de priver nos collègues palestiniens de l’opportunité de participer à la communauté académique globale. Notre engagement n’appelle pas à rompre les liens avec des collègues individuellement, ni à mettre fin au dialogue, mais c’est un boycott des institutions directement ou indirectement complices de l’occupation systématique et illégale de la Palestine ». Malcolm Levitt, membre de la Royal Society et chimiste à l’université de Southampton, a expliqué pourquoi il a signé l’engagement : « pendant des décennies, Israël a bénéficié d’une protection particulière et de privilèges malgré une occupation manifestement illégale et une politique de colonisation. Ce statut privilégié a entraîné Israël dans un cul-de-sac avec des conséquences qui deviennent de plus en plus apparentes à tout le monde. Face au silence et à la complicité de nos représentants élus, les individus doivent faire pression du mieux qu’ils peuvent. Cet engagement me permet, en tant qu’universitaire, de collaborer avec des individus israéliens dans la meilleure tradition scientifique, tout en résistant aux tentatives des institutions israéliennes pour normaliser leur complicité dans des activités injustes et crûment illégales ». Se faisant l’écho de ces sentiments, Rachel Cohen de City University a déclaré : « C’est de la responsabilité de ceux d’entre nous qui ont la liberté d’agir d’exercer cette liberté pour soutenir nos collègues des universités palestiniennes qui n’ont pas cette liberté. L’État israélien se présente comme un bailleur de fonds éclairé des activités universitaires et pourtant il dénie systématiquement aux universitaires et aux étudiants palestiniens leurs libertés fondamentales, comme la liberté de mouvement nécessaire pour assister à des conférences internationales ou simplement pour arriver à des cours à temps ». Parlant au nom des organisateurs de l’Engagement des universitaires, Jonathan Rosenhead, professeur à la London School of Economics, a déclaré : « Ces signatures ont toutes été rassemblées en dépit des pressions exercées sur les gens pour qu’ils ne critiquent pas l’État d’Israël. Maintenant que l’invitation à prendre cet engagement est rendue publique, nous nous attendons à ce que beaucoup d’autres nous rejoignent. Le comportement brutal et répété d’Israël a provoqué un changement radical des attitudes dans le secteur universitaire. Nous conduirons une campagne à travers les universités de tout le pays dans les mois à venir et nous invitons nos collègues universitaires à nous contacter s’ils souhaitent signer l’engagement ». Notes pour les éditeurs 1. Texte de l’Engagement des universitaires Engagement des universitaires du Royaume-Uni en faveur des droits des Palestiniens Nous, universitaires associés à des universités britanniques, sommes profondément troublés par l’occupation illégale du territoire palestinien par Israël, les intolérables violations des droits de l’homme que cet état inflige à toutes les catégories du peuple palestinien et son apparente détermination à résister à tout règlement acceptable.
Nous continuerons cependant à travailler avec nos collègues israéliens à titre individuel. 2. Signataires Toutes les signatures sont à titre personnel. Parmi les personnalités qui ont signé l’engagement figurent : Pr. Sir Patrick Bateson, Fellow of the Royal Society, Université de Cambridge La liste complète est disponible à www.commitment4P.com 3. Contexte de l’engagement Cette initiative des critiques d’Israël dans les universités du Royaume-Uni est une nouvelle étape décisive dans le développement d’un mouvement international pour mettre Israël et ses institutions devant leurs responsabilités pour leur violation du droit international et leur discrimination vis-à-vis des citoyens palestiniens. Des déclarations critiquant les politiques israéliennes ont déjà été largement soutenues et signées par un grand nombre d’universitaires. Celle-ci est la première dans laquelle les signataires se sont personnellement engagés à se désengager des institutions universitaires israéliennes. L’appel à des sanctions du monde académique contre les institutions universitaires israéliennes a été lancé pour la première fois en 2004 par la Campagne palestinienne pour le boycott culturel et académique d’Israël (PACBI). On peut trouver cet appel ici. Se modelant sur la campagne internationale pour isoler l’Afrique du Sud de l’apartheid dans les années 1970 et 1980, l’initiative palestinienne constituait une stratégie nouvelle et non-violente pour libérer les Palestiniens de l’oppression. Des explications complètes sur le bien-fondé d’un boycott universitaire sont disponibles dans le livret Why Boycott Israel’s Universities ? publié par le comité britannique pour les universités palestiniennes. 4. Boycott culturel L’engagement pour le boycott culturel lancé en février 2015, et signé par plus de 1000 artistes britanniques issus de tous les champs de culture, est étroitement lié à l’engagement des universitaires. Les signataires incluent les acteurs Julie Christie et Mark Rylance ; les auteurs dramatiques David Edgar et Trevor Griffiths ; les cinéastes Ken Loach et Mike Leigh ; les écrivains Jacqueline Rose et Gillian Slovo ; l’artiste et écrivain John Berger ; les comédiens Jeremy Hardy et Alexei Sayle ; les poètes Liz Lochhead et Benjamin Zephaniah ; la poétesse et musicienne Kate Tempest ; et les musiciens Jarvis Cocker et Brian Eno. Cet engagement était soutenu par la nouvelle organisation Artists for Palestine UK. Les détails de l’engagement et ses signataires se trouvent sur le site. Voir aussi le livret de l’APUK, The Case for a Cultural Boycott of Israel, disponible sur leur site. L’engagement est ouvert à tous les universitaires affiliés à des établissements universitaires du Royaume-Uni. Ajoutez votre nom sur la page web de l’engagement : www.commitment4p.com/ |