L’aide à Gaza sous le contrôle d’un criminel de guerre israélien
samedi 7 février 2015g
(Par David Cronin)
Avec la complicité des gouvernements de l’Union européenne, c’est à un criminel de guerre israélien, le général Yoav Mordechai, qu’a été donné un droit de veto sur les aides destinées à la bande de Gaza, détruite par ce même général.
(à gauche, le général Mordechai, célébrant on ne sait trop quel crime)
Dans une contribution à Electronic Intifada, le journaliste David Cronin rappelle qu’en début de semaine, Yoav Mordechai, a quand même été obligé de renoncer à une visite au Parlement européen, suite aux protestations du mouvement de solidarité et d’un certain nombre de députés européens eux-mêmes.
Mais cela ne l’a pas empêché de rencontrer, plus discrètement, les représentants des 28 gouvernements de l’Union européenne.
La démarche des diplomates européens est tout à la fois monstrueuse et logique, note David Cronin.
Monstrueuse, parce qu’elle confère une certaine dose de respectabilité à ce criminel.
Mais logique, en ce sens que l’Union européenne est le premier fournisseur d’aide à la Palestine …. et que Mordechai est l’homme en charge du contrôle de la distribution de ces aides.
L’UE s’est ainsi engagée, lors de la conférence du Caire d’octobre 2014, à verser quelque 450 millions d’euros pour aider à la reconstruction de Gaza, après les terribles destructions perpétrées par Israël en juillet et août.
Mais l’argent est censé être versé via un « mécanisme de reconstruction » impliquant les Nations-Unies, l’Autorité Palestinienne, et un organisme militaire israélien, le COGAT (acronyme signifiant « Coordination des activités gouvernementales israéliennes dans les territoires »). En tant que patron du COGAT, le général Mordechai a donc la haute main sur l’argent du contribuable européen censé aider à la reconstruction de Gaza. La procédure signée au Caire prévoit ainsi que le COGAT reçoit les données personnelles de chaque receveur potentiel de l’aide, et qu’il a le pouvoir de refuser selon son bon plaisir.
Or, ce militaire a un lourd passé d’exactions contre la population de Gaza, souligne David Cronin.
Il commandait ainsi l’un des bataillons de la sinistre brigade Golani qui prit part à l’assaut contre Gaza en janvier 2009, où elle fit un usage abondant de phosphore blanc contre les populations civiles, provoquant d’atroces brûlures et des lésions mortelles.
Il y a six ans, Mordechai contribuait à détruite Gaza. Et le voilà maintenant, sans avoir jamais exprimé le moindre regret pour ses agissements, faisant partie d’une équipe internationale chargée de la reconstruction.
Le COGAT, qui est un instrument-clé de la domination israélienne tant en Cisjordanie qu’à Gaza, n’hésite pas, à des fins de propagande, à se présenter comme un organisme humanitaire, qui ne veut que le bien des populations palestiniennes.
Il vient ainsi d’éditer une brochure, indique David Cronin, où il se vante d’avoir donné son feu vert à 235 projets pour Gaza « procurant des emplois et améliorant la qualité de vie des habitants ».
Bien entendu, il n’est nulle part indiqué, dans cette brochure destinée à des diplomates occidentaux ne demandant qu’à être trompés, que nombre de ces projets concernent des sites précisément précisément attaqués par l’armée israélienne, comme l’hôpital Al-Quds à Gaza par exemple.
« On peut admettre que pour apporter de l’aide à une population captive, il faille passer certains compromis. Mais dans le cas qui nous concerne, les donateurs internationaux ne se contenant pas de faire un compromis avec l’occupation israélienne, ils s’aplatissent devant elle », conclut amèrement David Cronin.