courrier à plusieurs élu-e-s nationaux et européen-ne-s... et voici la réponse de Reynders, ministre des AE...
Un courrier de Daniel Vanhove à plusieurs élu-e-s nationaux et européen-ne-s... et voici la réponse de Reynders, ministre des AE...
Madame, Monsieur,
qui d'entre vous, lorsqu'une femme est violentée, lui refusera qu'elle se débatte, et déclarera que son agresseur a le droit de se défendre des coups de pieds et des coups de poings que lui assènera sa victime !? Que celui-là s'annonce et décline son identité.
Votre position dans le conflit qui oppose l'armée occupante d'Israël, à la population de Gaza et de la Palestine en général, est d'une lâcheté rarement égalée et risque de vous assimiler un jour à des complices de crime qui sont pourtant dénoncés par le Droit international, mais dont vous semblez vous accommoder sans sourciller.
Méfiez-vous... l'Histoire a démontré que dans certains cas, elle avait de la mémoire !
Depuis des semaines maintenant, Israël bombarde Gaza y compris ses écoles et ses hôpitaux, massacrant en très grande majorité de nombreux civils.
Depuis des décennies, Israël bafoue le Droit international et les Résolutions onusiennes,
en perpétuant l’occupation des territoires palestiniens, en maintenant un blocus de la Bande de Gaza, en développant une politique annexionniste par la colonisation de territoires volés, et en mettant en œuvre une politique raciste d’apartheid vis-à-vis des populations arabes.
Depuis des décennies, cela se passe dans le silence de la communauté internationale, et dans l’impunité la plus totale.
La Belgique doit sortir de son apathie et de son lâche discours d’équidistance !
Aucune équidistance entre un violeur et sa victime !
Votre silence terrifiant, s'apparente vraiment à de la complicité !
Aujourd’hui, de plus en plus de citoyen-ne-s belges attachés à la notion d'Etat de droit, face à la barbarie de l’Etat israélien, demandons à nos représentants de porter notre voix et de condamner fermement les massacres en cours qui violent le Droit humanitaire et les Conventions internationales (notamment la Quatrième Convention de Genève).
Dans l’immédiat :
§ La Belgique doit suspendre l’ambassadeur d’Israël en Belgique tant que Tel Aviv usera d’une violence disproportionnée au nom du droit à la sécurité (faut-il vous mettre sous le nez et vous rappeler ce qui est reconnu par le Droit international comme étant l’occupant et l’occupé!?)
§ La Belgique doit participer à l’embargo militaire (demandé par de nombreuses associations palestiniennes et israéliennes pour la paix) : les régions doivent cesser de vendre des armes à Israël.
§ La Belgique doit rendre illégale et effectivement impossible l’importation et la vente des produits israéliens issus des colonies installées en territoire palestinien.
§ Nous exigeons aussi que tous les moyens de pression soient utilisés pour que cessent l’occupation du territoire palestinien et l'inhumain blocus de Gaza, réduit en ces instants à un camp d'extermination !
L’Europe, la Belgique, les régions et communautés ont des moyens de pression. Les nombreux accords d’association et accords commerciaux doivent être conditionnés au respect du Droit international. Il faut les suspendre tant que celui-ci n’est pas respecté.
En tant que citoyen-ne-s, nous exigeons de notre gouvernement et de nos parlementaires européens de défendre cette position au Conseil de l’Europe et au Parlement européen.
Si vous ne réagissez pas à ces évènements avec la plus grande fermeté et reniez de la sorte vos propres textes, ainsi que le Droit international, ne vous étonnez pas de voir monter les extrémismes et comprenez que c’est par votre attitude irresponsable que vous importez vous-mêmes le conflit en nos frontières !
La source de la violence se situe dans l’occupation. Toute personne en quête d’une vraie justice, qui veut la fin de la violence qui s'exerce à l'encontre des civils doit aujourd’hui soutenir la fin de l’occupation et de la colonisation, la libération des prisonniers politiques, ainsi que la levée immédiate du blocus de la Bande de Gaza.
Nous attendons que vous ayez enfin un peu de courage politique, par des gestes fermes, à la hauteur du respect du Droit !
Daniel Vanhove –
31.07.14
Observateur civil en Palestine - Auteur
Le Mercredi 6 août 2014 15h12, Contact Reynders - Cab AE/BZ <contact.reynders@diplobel.fed.be> a écrit :
Cher Monsieur,
Votre message sur le conflit à Gaza a retenu toute mon attention. Comme vous, je suis extrêmement préoccupé par l'escalade de la violence qui a fait trop de victimes, essentiellement civiles. Les images et rapports des opérations en cours sont choquants et ne laissent personne indifférent, surtout quand des femmes et des enfants en sont les victimes.
Les deux parties ne peuvent toutefois être mises sur le même pied puisqu'il y a, d'une part, un mouvement terroriste, et, d'autre part, un Etat qui a le droit et le devoir de défendre sa population.
J'ai condamné de la manière la plus ferme toutes les violations du droit international par toutes les parties au conflit. J'ai aussi rappelé leurs obligations en la matière et j'ai insisté tout particulièrement sur la neutralité et l'inviolabilité des écoles et des hôpitaux. Il est intolérable autant qu'illégal que de tels bâtiments, qui plus est sous l'égide des Nations Unies, servent de lieu de stockage ou de lancement de roquettes ou qu'ils soient des cibles de frappes aériennes. Tout incident doit impérativement faire l'objet d'une enquête et les responsables doivent être poursuivis.
Depuis le début de la crise, j'ai appelé toutes les parties à un cessez-le-feu et j'ai soutenu les efforts menés par l'Egypte pour mettre fin à ce cycle infernal de violence. J'espère que la trêve humanitaire en vigueur depuis le 5 août dernier pourra être consolidée en un cessez-le-feu durable répondant, avec l'appui actif de la communauté internationale, dont l'Union européenne, aux aspirations du peuple palestinien et aux préoccupations sécuritaires d'Israël.
J'encourage par ailleurs les Palestiniens à se rallier massivement au Président Abbas qui représente seul la légitimité du peuple palestinien. Mahmoud Abbas est désireux de négocier et d'atteindre la solution des 2 Etats, ce qui n'est pas le cas du Hamas, qui ne recherche ni la paix, ni une solution politique durable et équilibrée.
La politique étrangère de la Belgique s'inscrit traditionnellement dans un cadre européen. C'est d'autant plus le cas dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Mes déclarations et démarches diplomatiques visent à renforcer la politique de l'UE en la matière. Il n'est ni pertinent, ni efficace d'aller au-delà, surtout si l'on veut que l'UE joue un rôle plus politique.
S'agissant de votre demande spécifique d'embargo sur les armes, je souhaite rappeler que, de manière générale, un embargo s'avère contreproductif s'il ne s'applique pas à toutes les parties. Or, les sources du Hamas (essentiellement l'Iran, via la Syrie et le Hezbollah) ne sont pas disposées à prendre en compte une telle initiative de la communauté internationale. Au niveau de l'Union européenne, toute exportation ne peut se faire que dans le respect du code de conduite de 2008 qui comprend toute une série de critères à apprécier au cas par cas en fonction du matériel et du destinataire final. En Belgique, les Régions ont la compétence exclusive de ces exportations.
Concernant les produits des colonies israéliennes, le SPF Economie a publié fin juillet des recommandations relatives à l'étiquetage, la Belgique devenant le 3ème pays européen à le faire. J'avais marqué mon accord en ce sens dans le but d'informer au mieux les consommateurs conformément à la législation européenne. Par contre, il ne peut être question de boycott qui, comme pour les sanctions ou le renvoi de l'Ambassadeur d'Israël, n'est pas à l'ordre du jour au niveau européen.
J'estime que seule la relance du processus de paix permettra à terme de résoudre le conflit israélo-palestinien. Comme je l'ai plaidé au dernier Conseil Affaires étrangères, l'UE est disponible à jouer, avec les Etats-Unis et les autres partenaires, un rôle politique en ce sens.
En vous assurant de mon engagement en faveur de la solution des 2 Etats, je vous prie d'agréer, cher Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
Didier REYNDERS.
Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères,
du Commerce extérieur et des Affaires européennes
Monsieur Reynders,
une certaine idée de la politesse et mon éducation m'amènent à vous répondre, ce qui me paraît élémentaire...
Mais force est de constater que dans votre courrier dont j'aurais par avance, deviné la teneur, vous ne faites que répéter en d'autres mots, ce que tout observateur extérieur sait déjà, à savoir, les poncifs habituels des gouvernements occidentaux dominants...
Avec un peu de recul – et en se remémorant une histoire pas si ancienne que ça – lors de la dernière guerre mondiale, vous vous seriez donc rangés du côté de l'envahisseur, à savoir l'Allemagne dirigée alors par Hitler, fustigeant les résistants aujourd'hui représentés majoritairement à Gaza par le mouvement politique Hamas pour lequel – je vous le rappelle au passage, vous qui vous présentez à la moindre occasion comme défenseur de la démocratie – la population a voté massivement lors des élections que vous et vos pairs n'avez pas voulu reconnaître!
Je vous laisse donc méditer sur vos propres contradictions et sur vos funestes choix... et ne sais si l'Histoire vous donnera raison – mais je me permets d’en douter – sans cela, vous pourriez bien être un jour derrière les tribunaux internationaux pour soutien à un Etat terroriste et colonial, pratiquant l'apartheid, des crimes de guerre et le lent génocide à l'encontre d'un peuple qui refuse de se laisser coloniser!
Et je vous rappelle au passage – autre contradiction – l'ineptie consistant à pousser en avant un Président – M. Abbas – qui n'a plus aucune légitimité puisque son mandat est échu depuis près de 3 ans!
Vous avez cependant raison sur un point: les deux parties ne peuvent en effet être mises sur le même pied, sauf que dans votre distribution des rôles, vous inversez les responsabilités, car c'est bien l'Etat d'Israël qui pratique un terrorisme d'Etat via son armée contre la population civile de Gaza qui tente de se défendre avec les moyens dont elle dispose.
A cet effet, je vous prie de relire ce qui suit avec cette fois, "tout l'attention" requise :
La Résolution 2621 XXV, du 12.10.1970 des Nations Unies affirme « le droit inhérent des peuples coloniaux de lutter par tous les moyens nécessaires contre les puissances coloniales qui répriment leur aspiration à la liberté et à l'indépendance. » Cette légitimation du droit à la résistance est confortée par l'article 1er §4 du premier protocole additionnel de Genève du 08.06.1977 aux termes duquel, parmi les conflits armés internationaux, figurent ceux « dans lesquels les peuples luttent contre la domination coloniale et l’occupation étrangère et contre les régimes racistes dans l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes,… »
A la lecture de cette Résolution on ne peut plus claire, je vous invite donc, de toute urgence, à repenser enfin de manière strictement personnelle ce que vous pensez être "votre" engagement, mais qui n'est rien d'autre que la répétition de ce que l'Empire tente d'imposer comme stratégie pro-sioniste à l'encontre d'un peuple, afin d'en corriger les multiples erreurs...
En restant à votre disposition au cas où d'autres éléments vous éclaireraient d'avantage, je vous prie d'accepter Mr Reynders, mes salutations citoyennes,
D. Vanhove –
12.08.14
Observateur civil en Palestine
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