FREE PALESTINE
22 juin 2014

Gardien de prison ! Je suis libre et vous êtes en captivité

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Gardien de prison !
            Je suis libre et vous êtes en captivité
           
            Frères et sœurs, amis et ma famille bien aimée
 
Le 25 octobre 2013, j’ai envoyé une lettre au Premier ministre et au Ministre de la Défense  israéliens, déclarant mon refus d’être mobilisé dans l’armée israélienne, par la loi imposée aux Druzes, pour des raisons de conscience et de patriotisme. Et je refuse de faire partie de cette armée israélienne et de cet organe qui tue et déplace mon peuple palestinien, démolit nos maisons, vole notre terre et j’ai répété mon slogan encore et encore : « Je ne serai pas l’approvisionnement de votre guerre et je ne serai pas soldat dans votre armée. »
 
Ce message a été diffusé dans le monde et accueilli avec un grand intérêt par les médias, et par un soutien universel ainsi que certaines attaques de certains côtés, et un blackout informatif dans les médias israéliens, avec la détermination des autorités de l’armée israélienne d’ignorer mon humanité, en insistant pour me recruter. Elles m’ont envoyé la date de mon recrutement le 4 décembre 2013.
Et à la date de l’ordre de mobilisation (il y a maintenant 196 jours) vous, mes camarades et partenaires m’avez accompagné, corps et âme, au bureau de recrutement de Tiberias, où j’ai commencé ma bataille de rejet du recrutement dans l’armée israélienne, par une loi imposée aux Druzes, espérant obtenir un certificat d’exemption du service militaire israélien, préférant la prison à prendre les armes contre mon peuple palestinien.
Je n’ai pas été surpris de leur ordre de me mettre en prison, et ils m’ont emprisonné encore et encore, essayant de briser mon esprit et un changement de ma décision, jusqu’à ce qu’ils arrivent à un point où ils ont essayé de me tuer en ne me fournissant pas le traitement médical nécessaire alors que j’en avais un besoin extrême, mais sans effet, et je suis arrivé à l’hôpital à la dernière minute entre la vie et la mort.
 
J’ai été condamné 7 fois pour une période de 150 jours, et il y a 46 jours entre ma maison et l’hôpital, et chaque fois en me sortant de prison, ils me posaient la même question : Pourquoi refusez-vous de servir dans les FDI ?? Appelée en fin de compte « l’Armée de Défense ».
Ma réponse était toujours la même : « Je refuse parce que je fais intégralement partie du peuple arabe palestinien. Je refuse parce que votre armée est une armée d’occupation. Je refuse parce que j’ai des principes et une conscience. Je fais la paix avec mon instrument musical et je refuse de le remplacer par une arme qui génère la mort, et ne fait pas de différences entre un enfant, une femme, un homme et un vieillard. Alors comment pouvez-vous me demander de tuer, d’occuper et d’arrêter mes gens ? Mon arme est mon instrument musical et ne sera remplacé par aucune autre arme. »

Mes frères et sœurs,
Pendant la période où j’ai été en prison j’ai été contacté et si ému par le grand soutien. J’ai été contacté par des enfants-musiciens qui ont présenté des slogans et des photos, avec leurs instruments musicaux, réclamant ma libération.
J’ai  été touché par chaque mot ou article ou commentaire que vous m’avez tous envoyé via les réseaux sociaux/les médias.
J’ai été touché par l’accolade de toutes les forces de la paix et de la démocratie dans le monde et dans notre pays. Emu par les logos et les dessins que je recevais. Emu de voir des enfants, des jeunes et d’autres debout sur la Montagne des prisonniers (nom donné par des manifestants à la colline qui fait face à la prison militaire d’Atlit. Ce nom a été donné lors d’une manifestation réclamant ma libération et la libération de ceux qui refusent de servir pour des raisons de conscience). Ils scandaient contre l’occupation et chantaient pour la joie et la paix.
J’ai aussi été touché par l’honneur que j’ai reçu des Combattants pour la liberté et les prisonniers palestiniens, alors que ce sont eux qui doivent être honorés. Ils sont la lumière et l’intelligence de chaque demande de libération.
J’ai été bouleversé par l’amour de mon peuple dans notre pays assiégé – la Palestine.
J’ai été ému quand j’ai trouvé des étudiants juifs qui appelaient à la liberté et la justice, manifestant en ma faveur et scandant contre l’occupation israélienne.
 
J’ai été emprisonné et aujourd’hui je connais la signification de mettre quelqu’un en prison sans aucun droit, parce qu’il croit en une juste cause.
Aujourd’hui, je sais ce qu’est la détention administrative. Cette arrestation qui met hors service tous les fondements de la démocratie et de la justice, sinon tout démocrate ou homme de loi devrait répondre : Qu’est-ce que cela signifie de détenir une personne et de renouveler son terme sans montrer de motifs de la détention, sans aucune accusation, et sans avoir le droit de poursuivre ou se défendre lui-même ?  N’est–ce pas exactement le travail des systèmes obscurantistes ? N’est pas l’approche de dictatures ? 
 
Aujourd’hui, je me joins à toutes les forces honorables du monde : libérez les captifs administratifs détenus qui font une grève de la faim légendaire, préférant la mort à l’humiliation. Nous ne voulons pas les recevoir comme martyrs. On ne peut pas réaliser la paix si on a un seul combattant pour la liberté en prison, comme il ne peut y avoir de paix alors que la machine qui tue continue à faucher la jeunesse. On ne peut pas réaliser la paix et construire des colonies déployées comme un cancer qui éliminera toute possibilité de vie.
 
En prison, j’ai eu un certain temps pour lire, et j’ai apprécié la lecture du roman "The time of white horses" (Le temps des chevaux blancs) de l’écrivain bien connu Ibrahim Nasrallah, et la nouvelle "Algshawh" pour un ami de l’oncle Radi Shehadeh, du village Mughar ( ??? for a friend from Mughar village uncle Radi Shehadeh,) qui m’ont appris la réalité de la Palestine et la signification de danser entre les gouttes de pluie, et ce qu’est être un Palestinien
par excellence. Ces romans m’ont appris comment tuer le temps de manière utile et m’ont donné de la force.

Mes frères et sœurs,
Je n’aurai pas la place de mentionner tous ceux qui m’ont soutenu et se sont situés à mon côté, mais laissez-moi mentionner en particulier le comité d’initiative arabe druze, mon école et ma maison, dont le plus de refus ont été exprimés depuis plus de 40 ans, sans attendre un mot de remerciements ou quelques minutes sur un grand écran.
Laissez-moi mentionner l’auteur  Mohammed Nafa, et les poètes Sameh Al Qasem, et Nayef Salim et Martyrs Assem al-Khatib et feu le Sheikh Farhood Farhood et tous les frères qui se sont mis à refuser de servir dans l’armée israélienne, et j’espère qu’on ne s’arrête pas aux petites choses, mais à travailler à écrire notre honorable histoire, qu’est notre compétition.
Laissez-moi remercier "Profil Hadash" pour son soutien moral et judiciaire et l’avocate Rowan Aghbarieh, qui a fait de grands efforts malgré les obstacles comme l’interdiction de me visiter, ainsi que les avocats du Bureau de l’avocat "Smadar Ben-Natan," le stagiaire Adi Lerner, et l’avocat "Mikhail Sparad" qu’on a consulté sur différents sujets judiciaires. Et ma gratitude va à “Adalah” et “Amnesty” et toutes les organisations de droits humains qui se sont trouvées à mon côté.
Mes remerciements vont au mouvement « Il y a une limite » et toutes les organisations et partis politiques qui ont manifesté et émis des déclarations pour soutenir ma libération, et une mention spécial va à la Jeunesse communiste et le Front démocratique.
Un merci spécial à tous les médias locaux et internationaux qui ont couvert mon cas.
Je remercie les membres de parlements qui ont soutenu mon cas dans le monde entier et dans notre région.
Et enfin, tout aussi important, merci à ceux qui refusent de servir dans l’armée israélienne, tous ceux qui m’ont précédé et ceux qui étaient avec moi et ceux qui sont venus après moi, dont j’ai appris la signification de la patience et de la lutte.
Merci à tous et j’espère ne pas vous désappointer et que je pourrai vous rendre une partie de votre gentillesse, votre amitié et votre sympathie et générosité.
 
Omar Saad

« Moi, Omar, arabe, homme de paix, je refuse de servir dans votre armée »

 

Sa déclaration de refus est celle d'un (jeune) homme de conviction, la voici dans son intégralité :

 

« Je m'appelle Omar Zahreddine Mohammad Sa'ad, je viens du village de Maghar, en Galiée.

 

J'ai reçu une citation à me présenter au bureau d'enrôlement le 31 octobre 2012 pour passer les tests de routine nécessaire pour le service militaire, obligatoire pour les Druzes. Mais je veux dire la chose suivante :

 

Je refuse de faire ces tests, parce que je suis opposé au service militaire obligatoire pour mon peuple, les Druzes.

 

Je refuse parce que je suis un homme de paix, et abhorre la violence sous toutes ces formes et je crois que l'institution militaire est la forme suprême de violence physique et psychologique. Depuis que j'ai reçu la citation, j'ai l'impression que ma vie est complètement bouleversée. Je me sens nerveux, incapable de me concentrer. Je me rappelle ces milliers d'images si dures, et je ne peux me voir en uniforme militaire, participant à l'oppression de mon peuple, les Palestiniens, ou combattant contre mes frères arabes. En fait, je me déclare objecteur de conscience et refuse de servir dans quelque armée que ce soit.

 

Je déteste l'oppression et m'oppose à l'occupation, je déteste toute forme de fanatisme ou de répression de la liberté, et je déteste quiconque arrête les enfants, les femmes et les vieillards.

 

omar-saad-music.jpgJe suis un musicien, et je joue du violon et j'ai des amis, des musiciens de Ramallah, Jericho, Jéusalem, Hébron, Naplouse, Jénine, Shafa’amr, Eilaboun, Rome, Athènes, Amman, Beyrouth, Damas, Oslo, et nous jouons tous pour l'humanité et la paix. Notre seule arme, ce sont nos instruments de musique, et nous ne porterons pas d'autre arme.

 

J'appartiens à une communauté qui a été soumise à une grande injustice par une loi oppressive. Comment lutter contre nos proches en Palestine, Syrie, Jordanie, au Liban et en Égypte ? Comment porter des armes contre mes frères et mon propre peuple en Palestine ? Comment être soldat au check-point de Qalandia ou sur toute autre barrière quand on a connu l'oppression des barrières ?

 

Comment puis-je empêcher les gens de Ramallah de visiter leur ville, Jérusalem ? Comment garder le mur de séparation ?

 

Comme puis-je être le geôlier de mon propre peuple quand je sais que la plupart d'entre eux sont des prisonniers de guerre, et des gens qui recherchent la justice et la liberté ?

 

Je joue pour la joie, la liberté et une paix juste, avec la fin des colonies et de l'occupation militaire, la libération de tous les prisonniers et le retour des réfugiés. Je joue pour l’insaturation d'un État palestinien qui aurait Al-Quds pour capital.

 

Nous avons été nombreux parmi les Druzes à servir dans l'armée israélienne selon la loi sur le service militaire obligatoire. Mais qu'y a-t-on gagné ? Nous sommes discriminés à tous les niveaux. Nos villages sont les plus pauvres, nos terres ont été confisquées, il n'y a pas de planification urbaine ni de zones industrielles. Le taux de diplômés universitaires venant de nos villages est le plus faible dans la région, et le taux de chômage est le plus élevé. La loi sur le service obligatoire nous a éloigné et isolé de notre communauté arabe.

 

Cette année, je vais sortir diplômé du lycée et j'espère être en mesure de reprendre mes études universitaires. Je suis sûr que l'armée tentera de m'empêcher de réaliser mon ambition humaine mais je le déclare haut et fort : je suis Omar Zahreddine Mohammad Saad et je ne serai pas de la chair à canon pour vos armes, je ne serai pas un soldat dans votre armée ».

 

La déclaration d'Omar Saad est un modèle, pas une once de violence déplacée, de haine envers ses camarades juifs. Simplement le refus de l'injustice sioniste, le sentiment de fraternité envers son propre peuple palestinien.

 

Arabes ou juifs, ils sont des centaines de jeunes israéliens à refuser de servir dans l'armée de la honte !

 

En tant que jeune communiste, Omar a lutté pour la libération de ses devanciers Natan, Alon, Noam ou Omer. Ces derniers jours, ce sont les jeunes communistes israéliens, accompagnés de diverses associations pacifistes qui ont exprimé leur solidarité devant la prison militaire où il est incarcéré.

 

Les jeunes communistes israéliens appellent à amplifier la solidarité avec ces jeunes, Arabes ou Juifs, qui refusent de servir dans l'armée de la honte.

 

Cette cause est la nôtre, refusons le racisme sous toutes ces formes, refusons le colonialisme, disons non à l'injustice sioniste, sans céder le moindre terrain à l'anti-sémitisme ! Solidarité avec Omar et avec les autres prisonniers politiques !

 

PS : Les jeunes communistes israéliens nous encouragent à envoyer les messages de soutien à l'adresse suivante : messages2prison@newprofile.org (en anglais). Les messages de soutien seront lus à chaque visite à Omar.

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