« Briser le silence » : la riposte nécessaire de la résistance palestinienne
Par Rim al-Khatib
12 mars 2014 - Depuis décembre 2012, le Jihad islamique compte les violations « israéliennes » de la trêve conclue, après la dernière guerre contre la bande de Gaza et la riposte de la résistance : plus de 1300 violations, bombardements, attaques aériennes, assassinats, arrestations des pêcheurs, réduction de la zone de pêche et remise en place de la zone tampon qui sépare Gaza du reste de la Palestine occupée. Tout au long de l’année 2013, le mouvement du Jihad islamique et sa branche armée, les Brigades al-Quds, ont mis en garde les sionistes de poursuivre leurs agressions, que ce soit en Cisjordanie, dans la ville d’al-Quds, ou contre le peuple palestinien dans son ensemble. Mais les dirigeants sionistes n’ont pas voulu entendre : ils se sont considérés inattaquables et ont jugé que la résistance palestinienne ne pouvait pas riposter.
Cependant, la riposte est venue ! En 40 minutes, 130 fusées furent lancées contre les colonies proches de la bande de Gaza. Juste une petite dose de ce que ce mouvement de la résistance palestinienne pouvait lancer, pour mettre en garde et rappeler que la résistance armée est présente, et qu’elle ne pouvait se taire indéfiniment, d’où le nom de l’opération : « Briser le silence ». Briser le silence de la communauté internationale, muette et sourde, quant aux assassinats des Palestiniens en Cisjordanie , quant au blocus contre Gaza, quant à la terreur exercée dans la ville d’al-Quds et les territoires occupés en 48, quant à la profanation quotidienne de la mosquée al-Aqsa, quant à la mort lente des prisonniers, mais aussi briser le silence palestinien qui depuis un an et demi, ne riposte pas aux agressions de l’occupant de manière conséquente et efficace. « Briser le silence » est la riposte nécessaire à l’impunité de l’occupant.
Pas de morts ni de blessés chez les « Israéliens », mais un million de colons dans les abris, une panique générale, une classe politique déchaînée, entre celui qui appelle à l’invasion de Gaza ou celle qui réclame des frappes dures, comme celles qu’elle a ordonnées en 2008-2009. C’est la surprise totale, la déroute, les menaces, et de nouvelles agressions (29 raids aériens sur la bande de Gaza, du nord au sud) pendant la soirée, sans faire de victimes.
Au cours de la soirée, trois autres formations de la résistance sont entrées en action : les Brigades de la résistance nationale (FDLP), les Brigades Abu Ali Mustafa (FPLP) et les Brigades al-Aqsa (une branche du Fateh), pendant que le gouvernement du Hamas à Gaza affirmait que la résistance est légitime.
Abu Ahmad, porte-parole des Brigades al-Quds a déclaré : « notre peuple attendait cet instant, il attendait la riposte aux agressions. Si nous ne ripostons pas, nous verrons bientôt l’occupant s’installer dans nos maisons, » avant de poursuivre : « la résistance frappera tant que l’agression se poursuivra, elle est prête à se sacrifier dans la voie de Dieu, quel qu’en soit le prix. » Il avait en outre déclaré il y a quelques semaines que la résistance frappera quand elle le jugera utile, elle n'a pas besoin d'un feu vert quelconque. C'est elle qui décide du moment, des cibles et de l'ampleur de la riposte. "Briser le silence" a tenu promesse.
Parmi les premières réactions à la riposte, le gouvernement américain qui a donné le feu vert aux agressions sionistes, en condamnant la riposte de la résistance, accusant les résistants de « terroristes », comme d’habitude. Du côté arabe, c’est toujours le silence, alors que les commentateurs palestiniens attendaient la réaction égyptienne. Au cours de la précédente guerre en 2012, le président Morsi avait tenu à intervenir pour faire cesser l’agression qui s’était terminée par une trêve, que les sionistes n’ont pas respectée, mais que l’Egypte n’a pas non plus protégée, abandonnant le peuple palestinien, seul et sans aucune protection politique.
Du côté palestinien, l’Autorité palestinienne a réclamé la cessation des agressions de l’occupant, tard dans la soirée, pendant que le peuple palestinien, impatient de savoir comment les sionistes allaient réagir, affirmait son soutien indéfectible à la résistance. Le professeur Abdel Sattar Qassem a considéré que la riposte était nécessaire car elle seule pouvait mettre fin aux agressions et assassinats commis ces dernières semaines par l’occupant. Ni les communiqués, ni les déclarations, ni les menaces verbales n’ont jamais eu d’effet, au contraire, l’occupant a considéré qu’il avait les mains libres tant que les Palestiniens ne réagissaient que de cette manière. D’où l’importance de la riposte.
Il y a quelques jours, le secrétaire général du mouvement du Jihad islamique, Dr. Ramadan Shallah, mettait en garde contre le plan Kerry en déclarant que ce plan n’a pour but que de liquider la question palestinienne dans son ensemble, et supprimer la Palestine du cœur et de la conscience des Arabes et des musulmans. Il est vrai que la résistance palestinienne ne peut venir à bout de l’occupant, toute seule, sans la participation de l’ensemble arabo-musulman, mais ce qu’elle peut faire, c’est maintenir la flamme de la résistance, c’est riposter aux agressions, c’est matérialiser dans les actes la volonté inébranlable du peuple palestinien, c’est insuffler la détermination et l’optimisme alors que les négociations interminables de l’Autorité palestinienne ont réduit le peuple palestinien à un pessimisme mortel.
« Briser le silence » a mis les sionistes devant des choix difficiles : vont-ils envahir Gaza ? Ils savent qu’une telle aventure signifie une nouvelle défaite, puisque la résistance est mieux préparée qu’en 2008-2009, malgré la destruction des tunnels. Vont-ils lancer des frappes « chirurgicales » en tuant les civils ? Vont-ils assassiner les dirigeants et les cadres de la résistance, et notamment du mouvement du Jihad islamique ? Toute réaction de leur part peut entraîner une guerre plus longue que celle qu’ils souhaitent. Ils ont la bénédiction du monde occidental, pas de doute là-dessus, mais les réactions des peuples arabes peuvent être plus décisives qu’ils ne le croient.
En Jordanie, la colère couve depuis l’assassinat de sang-froid du juge Zu’ayter, il y a quelques jours. Le parlement jordanien réclame l’expulsion de l’ambassadeur sioniste et les Jordaniens ne peuvent que descendre massivement dans les rues et réclamer la fin de l’accord de Wadi Araba qui a officialisé la soumission de la Jordanie à l’occupant sioniste. Dans les territoires palestiniens occupés, la colère a dépassé le stade de l’attente, depuis quelques semaines, puisque des rapports signalent la recrudescence des actes de résistance. Comment les dirigeants sionistes vont réagir ? Ils ne le savent pas encore, et tous les scénarios sont possibles. Mais la résistance armée palestinienne a décidé de ne plus se taire. C’est le plus important. Ses armes vont servir à protéger le peuple palestinien et à empêcher la liquidation de la Palestine.
Que Dieu protège les résistants ! Gloire à tous les martyrs tombés pour que vive la Palestine !
o o O o o
Message vidéo en hébreu des Brigades Al-Qods, l'aile militaire du Jihad islamique, au gouvernement israélien, à son peuple et à son armée